7 Mars de l’An 2000 de l’Âge d’Acier

Ah les Duchés, une terre source de bien des images à son égard. Terre de liberté décomplexée, de mercenariat, terre d’opportunités, de commerçants avides et de richesses. Tout cela étant plus ou moins vrai, mais s’il y a une chose qu’aimaient bien les duchéens en effet, c’est le commerce et le fait de s’enrichir. S’il y avait une pratique pour eux qui serait sacrée dans un sens presque religieux, ce serait le commerce. Plus ou moins légal et plus ou moins standard et évidemment… En tant que duchesse, Osami s’intéressait au commerce.

Légal évidemment, enfin pas forcément que selon les ducs, certains étant plutôt intéressés par des choses comme la mafia, la contrebande, le marché noir… Mais pour sa part elle se contentait de ce qui était légal et jugé comme honorable par le pays voisin qui était Akkaton. Son duché était producteur et exportait beaucoup, mais il était aussi grand importateur.

Après tout, les montagnes ne suffisaient pas au niveau de la production agricole pour nourrir tout ceux les peuplant, mais les produits miniers qu’on pouvait extraire de celles-ci, entres autres, étaient du genre à intéresser aussi bien les habitants des duchés et comtés alentours, que le grand empire occidental. Et pas que les minerais, comme ils n’importaient pas que de la nourriture, il fallait aussi répondre aux besoins de luxe de certains, épices, tabac, café, soie, sucre… Le sucre qu’Osami importait d’Akkaton évidemment, ces derniers le vendant à un prix presque ridicule… Du moins ridicule en comparaison de celui qui se pratiquait avant que quelqu’un n’ait la bonne idée de presser en masse des betteraves en usine de ce qu’elle avait compris. Transformant un produit de luxe, en un bien que n’importe quel agriculteur modeste des duchés pouvait s’acheter.

Mais ce n’était qu’un produit parmi tant d’autres vendu par l’empire Occidental, un empire avec lequel Osami visait à consolider les relations d’affaires depuis sa prise de pouvoir encore assez récente et cela passait notamment par la réception de divers marchands plus ou moins prestigieux qui répondaient à ses invitations.

Dont une qui aujourd’hui était dans le haut du panier, de ce qu’elle avait compris, une probable future Arcadia, dont le commerce familial était spécialisé dans le transport, dont les dirigeables, ce qui était plus pratique pour transporter des personnes et bien jusque chez elles, on le conviendra, que des bateaux.

Quoiqu’il en soit, lorsqu’elle arriverait, il serait fait bon accueil à Victoria qui serait réceptionnée par la garde ducale qui mènerait celle-ci avec déférence vers le palais ducal, qui était impressionnant. Quoique moins ostentatoire dans sa décoration intérieure que le commun des haut bourgeois duchéen. Même si selon des normes Akkatoniennes ça l’était quand même pas mal il fallait le dire. Entre les décorations d’arts, les tapis et matières précieuses, la propriétaire des lieux répondait quand même aux exigences de son rang. Après tout dans les duchés, montrer sa richesse était une part essentielle de la compétition permanente qu’était la politique locale.

Mais bon cette compétition ne s’appliquerait pas aujourd’hui et finalement ce serait dans un splendide salon décoré à l’Ikhyldienne que la marchande serait amenée, ou l’attendait une duchesse assise sur un cousin qui se releva avec fluidité. Le kimino qu’elle porta alors ne cachait pas ses origines, quoiqu’il en soit elle salua son vis à vis avec grâce et politesse par une inclinade polie avant de dire.

« Salutation à vous dame Vabsley, puis-je vous offrir quelque chose à boire ? » Sous doute entendait-elle par là, thé, café ou autre boisson non alcoolisé qu’il serait de bon ton d’offrir à son interlocutrice avant de commencer les discussion. Enfin, alcool aussi pourrait sans doute se faire, mais sachant qu’Osami y était immunisé peut-être en tant que kitsune transformiste, ce ne serait pas l’idée du siècle de boire en sa compagnie et négocier avec elle. Même en partant du principe qu’elle voulait évidemment se faire bien voir de l’Akkatonienne lui faisant bien face et donc n’allait pas négocier purement « à la duchéenne ». Il y avait dans l’idée après tout que l’humaine ne regrette pas l’échange et conseille à ses pairs de venir commercer avec elle.

« J’espère que le voyage jusqu’ici était agréable, je suppose que vous êtes venu à l’aide de l’un de ces fameux dirigeable ? Une merveille technologiste cela est certain. » Une manière peut-être sinon de commencer la discussion, sans en avoir l’air, tout en laissant la jeune Akkatonienne s’installer. Il y avait un fauteuil à la duchéenne dans les environs, sinon… Des coussins à l’Ikhyldienne. Cela donnait une atmosphère un peu à part à cette pièce, car même si les touches Ikhyldiennes ne manquaient pas dans ce palais, ça faisait presque un îlot de culture de l’empire oriental, au milieu des duchés du Sud.

Être l'héritière d'une longue lignée de marchands prestigieux comme pouvaient l'être les Vabsley pouvait être vu comme un privilège, et Victoria était assez réaliste et critique sur sa propre vie pour assumer que, en effet, cela l'était certainement. Après tout, elle n'avait jamais manqué de rien, avait reçu une excellente éducation et avait aussi en main les clefs pour se bâtir une réussite que certains devaient déjà durement batailler pour acquérir. Malgré tout, cela s'accompagnait aussi d'un fardeau invisible, d'une sorte d'obligation morale, posée sur ses épaules sans que cela n'ait jamais été acté formellement mais avec toute la réalité d'une vérité indéniable. Il lui revenait de se montrer à la hauteur et de développer les affaires familiales pour laisser à la génération suivante des chances au moins égales. Plus encore, il lui revenait non seulement de conserver mais de faire prospérer, d'une manière ou d'une autre, les affaires familiales un peu plus loin, de se montrer à la hauteur, d'ajouter une nouvelle dorure sur l'honneur familial des Vabsley.

Personne ne le lui avait jamais imposé, ses propres parents ne l'auraient jamais formulé ainsi, mais c'était ainsi que Victoria le ressentait, en tous cas, profondément ancré dans son âme, comme l'une des pierres d'angles de son être. Et pour se montrer à la hauteur de tout cela, donc, elle avait devant elle toutes les potentialités possibles du continent orzanien ! À elle maintenant de saisir les occasions, sans doute. Et même si elle ne pouvait planifier exactement toutes les nuances que cela demanderait, elle pouvait du moins identifier quelques essentiels, avec, parmi eux, l'ouverture de nouveaux marchés. Le transport aérien était florissant en Akkaton, mais Akkaton n'était pas la totalité du monde et, particulièrement en Orzian, il y avait de nombreux marchés possibles en-dehors de l'Empire où les nouveaux moyens de transports, que ce soit de biens ou de marchandises, étaient encore bien trop peu développés !

La cible la plus évidente étaient les Duchés du Sud, où plusieurs grandes citées s'étaient déjà mises sur la carte des liaisons aériennes régulières, mais où bien d'autres encore vivaient sans... ce qui expliquait, donc, sa venue dans le Duché de Sarrasi. Non seulement elle espérait le mettre potentiellement sur cette carte, mais en plus il y avait sans doute nombre d'autres éléments commerciaux à mettre en place avec cette entité politique qui avait récemment changé de dirigeant. Cette forme de pouvoir accordé au plus fort n'était pas vraiment ce qu'elle préférait dans les Duchés mais bon, il fallait bien faire avec pour forger des occasions commerciales. Elle fut donc en tous cas amenée devant la Duchesse locale, et lui rendit son salut en retour, à l'Ikhyldienne, ayant appris les principaux codes du grand empire oriental lors de sa formation et ayant connaissance des origines de son interlocutrice du jour – même si la pièce aurait sûrement suffit à la renseigner sur la question au besoin !

Salutation à vous Dame Osami, et merci de me recevoir ! Je prendrais volontiers du thé, puisque vous le proposez si aimablement.

Victoria était une grande amatrice de thé, même si elle savait que les traditions akkatoniennes et ikhyldiennes différaient sur de nombreux points en ce domaine... mais bon, elle n'allait pas s'arrêter à ce genre de nuance. Elle prit le temps de laisser son regard parcourir la pièce, meublée majoritairement à l'oriental, dans lequel elle tranchait sans doute quelque peu, elle qui était vêtue au contraire d'une tenue assez typiquement akkatonienne, mais sans s'en tracasser plus que cela... après tout un marchand devait s'habituer au fait de déparer un peu dans le paysage quand il allait à l'étranger, non ? La commerçante nota aussi la beauté de la noble vêtue elle aussi très nettement à l'orientale, décidément fidèle à ses origines ! Elle ne s'assit pas tout de suite, attendant que son interlocutrice le fasse éventuellement.

Je suis venue avec mon propre aéronef, en effet, et le voyage fut plutôt paisible. Je ne doute pas que de nombreux visiteurs seraient prêts à emprunter la voie des airs pour venir visiter votre beau duché... mais je ne voudrais pas que vous pensiez qu'en soulignant cela je cherche à vous convaincre d'établir une telle ligne aérienne, bien sûr !

Osami vit que sa visiteuse du jour la salua à l’orientale, signe sans doute qu’elle voulait en partie faire honneur à l’Ikhyldienne d’origine qu’elle était. C’était appréciable, en soit elle aurait aussi volontiers acceptée un salut plus duchéen, mais elle appréciait des fois se rappeler ses origines orientales, même si évidemment aujourd’hui elle était avant tout duchéenne.

« Bien, à l’Akkatonienne je suppose, ou à l’Ikhyldienne ? » Puis disant cela la duchesse prendrait la peine de préparer le thé, ce qu’elle savait faire assez rapidement, tout en glissant amusée. « Je sais cuisiner oui, même si contrairement à beaucoup de mes collègues je ne crains pas d’être empoisonnée, mais au moins c’est une tradition locale de plus d’honorée. » Visiblement elle s’amusait du fait qu’en effet pas mal de gouvernants duchéens faisaient eux-mêmes leur cuisine, en général du moins, par sécurité…

Elle avait bien entendu fait le geste poli à son invitée de s’asseoir, pour ne pas la faire poireauter pendant qu’elle s’occupait rapidement du thé, une invitée vêtue avec goût. Les Akkatoniens avaient aussi tout un style vestimentaire agréable aussi, même si elle se disait qu’ils aimaient décidément bien les couleurs un peu sombres.

« Oh, vous savez, je suis peut-être originaire d’Ikhyld comme je l’affiche, mais je suis depuis le temps devenue une duchéenne en grande partie et donc je suis sensible à tout ce qui pourrait apporter un bénéfice à mes terres. Nos marchands seraient en plus satisfait de voir de plus de monde chez nous, comme toujours, les Akkatoniens sont en plus de bons voisins. » Glissera t-elle sinon amusée aux derniers propos de l’humaine, avant de revenir avec le thé, elle tendit à tasse à Victoria, puis alla s’asseoir avec la sienne, avant d’ajouter avec fluidité.

« J’ai crû comprendre que votre entreprise familiale était donc spécialisée dans le transport, notamment de marchandises ? Dîtes-moi, ne m’y connaissant pas trop, pourriez vous m’expliquer les avantages du dirigeable pour cela, est-ce sûr ? » Visiblement elle lui proposait de vendre son produit, sans doute en partie pour jauger son argumentaire. Car si elle ne tenait pas à négocier durement, elle tenait tout de même à savoir à quel genre de commerçante elle avait affaire.

Mais sinon, oui, pour elle les Akkatoniens étaient de bons voisins. Cela changerait sans doute le jour où ils auraient des envies plus expansionnistes, mais quand ils n'avaient pas d'envie expansionnistes justement, on pouvait tout à fait commercer avec eux ou tirer beaucoup d'autres intérêts de leur voisinage.

Les manières de la Duchesse étaient exquise, quoique très teintées d'une influence orientale, mais cela n'avait rien de très déconcertant de la part de quelqu'un qui avait son rang et son origine, il fallait bien l'avouer. Victoria sourit doucement à sa première question, tout en hochant la tête pour confirmer son acceptation.

Je le préfère à l'Akkatonienne mais ma foi je me plierai volontiers aux choix de mon hôtesse en la matière, cela va de soit.

Après tout, elle aimait le thé en général, et elle n'était pas du genre à faire des pieds et des mains pour que ses moindres désirs spécifiques soient satisfaits... moins encore dans une négociation commerciale, bien entendu ! Elle était du reste au fait que les hauts-bourgeois Duchéens avaient pour coutume de préparer eux-mêmes ce qu'ils mangeaient et souvent même buvaient, pour décourager toute tentative d'empoisonnement... aux yeux de Victoria c'était repousser le problème, sauf à imaginer un Duc qui cultiverait lui-même chaque ingrédient de chacune des choses qu'il avalait jamais, mais elle se gardait bien, bien entendu, de le faire remarquer quand elle traitait avec un Duchéen. De toute façon, si tous ces gens avaient voulu réellement optimiser leur système, ils en auraient changé, mais c'était là une autre question.

Elle préféra plutôt écouter ce que la belle Osami avait à dire d'une oreille attentive, avant d'accepter la tasse offerte et de prendre place une fois que son hôtesse en eut fait autant, laissant la boisson refroidir un peu tout en souriant à ses paroles, la laissant aller au bout de ses pensées avant de répondre à ses divers propos.

Ma foi, à défaut d'être duchéenne moi aussi, j'ai fais du négoce ma profession, aussi je ne peux que partager votre vision positive des bénéfices ! Ceci dit, duchéens ou non je ne connais pas beaucoup de dirigeants qui se plaindraient de ce genre de choses, même s'il est certain aussi que c'est une préoccupation vitale de vos administrés plus encore que de la plupart des autres.

On voyait rarement un citoyen akkatonien ou ikhyldien se révolter pour un manque d'occasion commerciale, mais elle imaginait très bien la chose arriver ici, dans les Duchés ! Et sans doute une duchesse réellement arrivée en place avait-elle plus à cœur encore que ses compatriotes d'éviter ce genre de velléités de la part de ses sujets.

Du reste vous êtes bien informée, le transport de marchandises et de personnes est la grande spécialité de notre entreprise, bien que nous faisions aussi commerces de nombreuses choses ainsi transportées.

Ils ne faisaient en revanche pas commerce des gens transportés, mais elle jugea préférable là aussi de le préciser, puisqu'elle était ici pour conclure des accords, et pas pour ouvrir les questions de tension entre leurs deux pays...

Quant au dirigeable hé bien... oui, c'est un moyen sûr et efficace de convoyer sur de longs trajets, surtout dans un territoire montagneux et dépourvu d'accès à la mer comme le votre. On peut transporter facilement d'assez grandes quantités en n'ayant pas à se soucier des accidents de terrains divers, et à une vitesse impossible à atteindre par voie terrestre ! Bien entendu, il est aussi beaucoup plus difficile d'attaquer ce genre de transport, et en cas de traversée d'une zone délicate on peut toujours lui adjoindre une escorte voir opter pour un transport armé qui, tout en ayant moins de capacité de transport proprement dit, sera capable de se défendre. Je pense donc que Sarassi, vu ses caractéristiques géographiques notamment, aurait tout à gagner à bénéficier de ce genre de liaisons.

Victoria avait encore d'autres atouts dans sa manche au niveau des négociations, mais elle savait aussi qu’assommer son interlocuteur de paroles était rarement une stratégie gagnante, aussi laissa-t-elle Osami digérer ce premier grand argument tout en savourant doucement une première gorgée de thé, son sourire venant confirmer l'appréciation qu'elle avait du breuvage.

« Ce sera donc à l’Akkatonienne, tel est mon choix. » Glissera donc Osami avec une pointe d’amusement, mais agréable quand son invitée la laissera faire son choix à ce niveau. Osami optera donc pour le thé à la façon du grand empire occidental.

Elle put donc apporter peu après du thé à l’occidental à eux deux, des boissons pas forcément très locales, mais ça convenait ! Cela et puis les bourgeois duchéens consommaient aussi beaucoup de produits importés, même si évidemment au niveau du café et du vin issues des duchés, ils n’avaient pas trop à rougir. Après tout, il serait étrange qu’un pays autant basé sur le commerce, n’ait pas accès avec une certaine abondance aux produits de pays plus ou moins voisins qui commerçaient eux aussi avec le monde entier, comme l’empire Ikhyldien et Akkatonien.

Quoiqu’il en soit, elles purent donc s’installer et commencer aimablement la discussion, elle sourit doucement évidemment aux paroles de son invitée, avant de glisser au sujet des duchéens.

« Le commerce est au cœur de la vie des états depuis, avant même l’existence des états ? Je ne saurais dire, peut-être même plus que la guerre, n’est-ce pas ? Enfin, c’est là un sujet sur lequel je n’ai pas assez de connaissances historiques pour me prononcer, mais sincèrement, j’apprécie qu’il soit actuellement au centre de la mienne. Et je suppose aussi, de la votre ? » Après tout il y avait peu de choses aussi répandues, même si pas universelle probablement, que le commerce, même si pas forcément sous les mêmes formes selon les époques et communautés.

Quoiqu’il en soit, être duchesse en ces terres impliquait de savoir commercer, donc évidemment par la force des choses elle se faisait négociante, plus ou moins habilement. Et étant face à une commerçante Akkatonienne, c’est donc cet aspect de sa personne qu’elle devait mettre en avant, même si sans doute avec moins de désir de gagner le plus qu’avec d’autres. Le but étant aussi, de plaire à son interlocutrice, pour un partenariat sur le long terme ?

« Le commerce par les airs ? Vos dirigeables sont en plus un moyen je suppose plus fiable et moins cher à long terme que le transport de marchandises par des créatures volantes de toutes sortes. Mon duché n’ayant aucun accès à la mer comme vous le dîtes, je vous mentirai si je disais que cela ne m’intéressait pas vivement. Pour transporter diverses marchandises, tel que les minerais que nous extrayons des montagnes, ou notre joaillerie. » En tout cas elle percevait les bénéfices qui pourraient se faire et la praticité pour un duché enclavé dans les terres comme les siens.

Après, ce serait le genre de chose qu’elle ne dirait pas à un négociant duchéen, car celui-ci réfléchirait à comment faire monter les enchères ou jouer dessus, mais son interlocutrice n’était pas duchéenne de un, de deux Osami comptait faire un geste commercial, même si évidemment elle comptait au fait que l’entreprise lui soit bénéficiaire rapidement.

« Je suppose que les services de vos dirigeables sont en location possiblement, si je veux en disposer de quelques-uns à mon compte ? Dans les limites d’utilisation que nous inscrirons en contrat évidemment. Et que concernant l’escorte, en dehors de ceux venant de l’empire, qui seront éventuellement escortés par vos concitoyens, je dois m’occuper de la protection de ceux que je louerai pour mon compte ? Sauf si vous commercez aussi cela ? » Après tout les Akkatoniens aussi s’ils n’avaient pas l’existence d’une abondance de mercenaires comme les duchéens, et sûrement pas un droit aux armes aussi aisé, pouvaient sans doute fournir ce genre de choses à leurs partenaires commerciaux.

Quant au reste oui, elle supposait qu’il vaudrait mieux discuter, si elle louait des dirigeables, à son compte, de ce qu’elle en ferait. Pas qu’elle comptait faire du commerce d’esclaves, chose existant à Sarassi, même si assez différemment de la tendance duchéenne classique, mais elle préférait spécifier par contrat qu’elle n’userait pas des dirigeables pour cela, par exemple, elle savait après tous les Akkatoniens sensibles à ce sujet. Elle-même n’avait pas une grande opinion de l’esclavage à la duchéenne d'ailleurs, pour cela qu’elle n’en employait aucun au palais... Après, la politique locale était déjà si tendue, qu'elle ne pourrait faire des réformes, ne serait-ce que légères à ce sujet, avant longtemps, au risque sinon de déclencher une nouvelle guerre civile au pire moment. Mais bon, ce n'était pas un sujet dont elle s'amuserait à discuter ici.

« J’avais entendu dire sinon, que certains de vos dirigeables, particulièrement luxueux, offraient des voyages de plaisances agréables, à ceux en ayant les moyens ou longuement économisés pour ? Cela pourrait peut-être intéresser certains de mes sujets, d’autant plus si je leur en parle, d’autant plus si je lance le mouvement en faisant un de ses voyages ? Je pourrais évidemment, si vous vendez ce genre de services, faire un échange de bon procédé à ce niveau. »

Ce serait inconfortable pour elle, car pour sur un dirigeable sans danger, il faudrait un collier inhibant la magie, mais après tout elle pourrait faire l’effort pour un profit commercial meilleur. Car oui, elle n’allait pas faire ça gratuitement, mais sans doute que son interlocutrice ne se serait pas attendue à l’inverse.

Son hôtesse choisi donc finalement de partir sur un thé à l'occidentale, ce dont Victoria la remercia d'un doux sourire, appréciant le geste. Bien entendu elle savait bien qu'elles étaient dans une discussion commerciale, et qu'en soit ce genre d'attention visait toujours à peser d'une façon ou d'une autre dans la balance des négociations, mais cela n'empêchait pas d'en profiter tant qu'on restait lucide à ce sujet, non ? Elle sirotta donc doucement son thé en écoutant les réponses d'Osami, qui en soit trahissaient une certaine finesse de négociation dans son chef... ce qui n'avait rien de très étonnant. Après tout, même si c'était par la force qu'elle avait pris le pouvoir ici, pour le conserver dans un pays tel que les Duchés il fallait plus que de la simple force, ou plutôt disons que même la conservation d'une force suffisante pour cela requérait de la finesse, dans ces contrées.

Ma foi je ne suis pas historienne non plus, mais j'aime à penser que l'esprit d'échange est au moins aussi ancien que l'esprit de violence... les deux ne sont-ils pas au fond deux moyens d'arriver à la même fin, à savoir obtenir ce que l'autre possède et que l'on convoite ? Je préfère toutefois y arriver par le commerce, et je ne peux que me ravir que ma partenaire commerciale du jour soit du même avis, bien entendu.

La belle négociante avait ajouté ce dernier point avec un doux sourire un peu malicieux, car en effet il n'aurait guère été pratique pour elle que son interlocutrice préfère la force à la négociation quand elle venait négocier, c'était sûr ! Mais vinrent ensuite les questions plus concrètes sur la négociation proprement dites, notamment sur les possibilités offertes par les dirigeables, et la façon dont ils pouvaient être loués et employés.

Hé bien oui, je pense qu'on peut dire que les dirigeables sont actuellement le moyen présentant le meilleur rapport entre coût et efficacité pour transporter toutes sortes de marchandises... après tout les transporter en ballons simples serait moins coûteux mais aussi drastiquement moins efficaces puisque vous ne pourriez pas choisir où vous transporteriez tout ça ! Et bien entendu nous pouvons offrir un service de location, aussi bien que des forfais pour l'établissement de lignes régulières de transport de marchandises. Mais nous aurons le temps de mettre au point tous les détails bien entendu.

On pouvait après tout imaginer soit qu'Osonia loue des dirigeables et gère la chose comme elle veut, soit qu'elle fasse établir des lignes régulières qui emporteraient par exemple du minerais toutes les semaines d'ici à un autre point, et toute une série de variations, qui offraient plus ou moins de libertés et plus ou moins de coût. Victoria avait dans ses valises des documents détaillant les possibilités existantes et d'autres pouvant être aménagés selon les besoins du client – ou ici, de la cliente.

Pour ce qui est de la protection hé bien... nous ne pouvons pas louer librement de dirigeables militaires, mais nous pouvons convenir que les dirigeables de transports seront dotés d'une escorte. Vous comprenez, notre gouvernement n'a rien contre le fait que nous assurions la sécurité de nos convois, mais n'est pas prêt à laisser louer des armes akkatoniennes dans des guerres extérieures ! Enfin, je me doute que vous n'y pensiez pas mais mieux vaut toujours préciser. En soit vous pouvez aussi imaginer faire escorter certains convois par des unités volantes plus classiques pour vous, cela peut dépendre des cas et des besoins, mais là encore je ne doute pas que notre large palette d'offre saura vous satisfaire...

Victoria préférait toujours se montrer exhaustive sur les détails, plutôt que de les laisser dans le flou... cela pouvait éventuellement bousculer certaines illusions du client, mais cela valait mieux qu'un client déçu ou qu'une offre détournée en prétextant un manque d'informations, après tout.

Et enfin oui, nous proposons aussi des dirigeables de luxes, et organisons parfois des croisières d'agréments... je ne doute pas que votre participation à ce genre de choses charmerait non seulement vos riches vassaux mais aussi d'autres bourgeois dans les Duchés, après tout vous y avez votre réputation... mais je me doute également que pour accepter un voyage comportant de tels désagréments pour vous, vous demanderiez plus que le billet gratuit, je me trompe ?

« Des paroles pleines de sagesses, et sans doute assez vraies, même si aucune de nous deux n’est historienne. » Glissera Osami d’accord avant qu’elles ne changent ensuite de sujet, même si… Quelqu’un de chipoteur aurait sans doute put leur dire que certes elles n’étaient pas historiennes toutes les deux, mais visiblement avaient une certaine éducation, Victoria encore plus élevée que le minima Akkatonien qui était déjà assez exigeant, et Osami était une fille de la noblesse Ikhyldienne, en plus d’être duchesse. Clairement, des agriculteurs duchéens modestes auraient difficilement put avoir le même type de conversation.

Quoiqu’il en soit, en effet commercer arrangeait Osami, surtout qu’il serait stupide d’extorquer des choses aux citoyens Akkatoniens, en étant chef d’un état voisin ! Ce serait un coup à vexer l’empire stupidement, empire qui était un client commercial important du duché, en plus d’être le genre plus ou moins susceptible sur les bords…

« Oui, je laisserai mes suivants plus doués dans le domaine s’en occuper, vous aurez ainsi moins à expliquer les tenants et aboutissants du contrat. » Glissera sinon la kitsune avec accord au sujet du fait qu’ils s’occuperaient des détails de coût et aussi de services plus tard. Après tout ce sera là une discussion très technique et en effet Osami si elle était loin d’être incompétente, savait fort bien qu’elle y gagnerait plus en déléguant aux bonnes personnes. Bonnes personnes qu’elle saurait garder à l’œil évidemment !

Mais elle sentait qu’elle partirait sur le fait d’établir un trafic constant, pour livrer et importer de la marchandise, après tout le duché était à la fois très importateur et exportateur, cela l’arrangerait donc de pouvoir gérer ces deux aspects ainsi avec une certaine régularité et stabilité. De plus, le fait d’établir des lignes commerciales plus rentables avec Akkaton avait ses avantages.

« En effet je n’imaginais pas employer des dirigeables Akkatoniens dans des guerre si cela peut vous rassurer. Par contre, assurer leur escorte va être important, comme vous le savez nous sommes à la frontière avec Teïder, en plus des éventuels risques de bandits azuriens audacieux et monstres sauvages un peu trop téméraires, si je doute que de tels convois soient souvent soumit à des attaques, le risque n’est pas inexistant. Risque qui pourrait s’aggraver en cas de « tensions » avec Teïder, mais nous verrons bien si cela venait à arriver. » Après tout, dans un tel cas elle doutait que ces fanatiques se gênent à attaquer des transports commerciaux, même aériens, surtout qu’ils avaient les moyens pour.

Mais bon quoiqu’il en soit, elle conclurait sinon avec réflexion, au sujet du dernier axe de leur conversation. Il fallait donc qu’elle propose un « prix » pour un service qu’elle pourrait rendre.

« En effet, disons que je ne serais pas contre un « geste commercial » en retour, quant à savoir quel genre de geste. Il y a la classique réduction de tarif, à titre temporaire je suppose, mais peut-être avez vous d’autres idées ? » Après tout, si jamais la jeune marchande avait une idée, autant lui laisser cette opportunité, mais sans doute qu’au pire Osami se contenterait de réduction de prix...

Les principaux points de la discussion commerciale, ou du moins du volet principal de celle-ci, semblaient entendus, et il restait maintenant à peaufiner, ce qui pouvait être tout aussi important, après tout ! On pouvait convaincre un partenaire de céder plus en peaufinant bien les détails, ou, au contraire, mettre en péril l'ensemble du deal à cause au contraire de quelques détails négatifs ! Victoria ne doutait pas, du reste, que ces négociations seraient également à ne pas négliger, car les fonctionnaires duchéens n'étaient pas vraiment connus pour laisser facilement s'échapper des profits, que du contraire même ! Elle se considérait toutefois de taille face à cela, et vu que, de toute façon, elle était du genre à proposer des marchés honnêtes, qui pouvaient profiter aux deux parties, plutôt que de simplement tenter de gruger ses partenaires, elle n'avait pas peur de solides négociations, où il s'agissait du coup non pas de tromper l'autre mais simplement de défendre ses propres intérêts pour, finalement, arriver à un bon équilibre.

Le dernier point véritablement développé par la belle Duchesse sur le marché lui-même fut celui des escortes, qu'elle tint à justifier, Victoria se contentant de hocher doucement la tête à ses divers arguments, avant de lui répondre avec un léger sourire.

Ne vous en faites pas, il ne me venait pas à l'idée de récuser l'opportunité de fournir une escorte, surtout dans cette région en effet, entre le fait que nous sommes dans les Duchés, ce qui dit sans vouloir vous offenser sur les mœurs de vos compatriotes semble une raison suffisante, et, en effet, la proximité de la frontière teïderienne, même s'ils n'auraient rien à gagner à attaquer ce genre de convois, sauf à vouloir jouer l'escalade. Mais bon, prudence est mère de sûreté...

De fait, à la place des autorités teïderiennes, Victoria n'aurait certainement pas attaqué des convois akkatoniens, fussent-ils là pour commercer avec les Duchés : c'était le meilleur moyen de donner un prétexte en or à tous les bellicistes de l'Empire, et ils étaient nombreux, pour contre-attaquer en force. Mais bon, il y avait tellement de choses qu'elle n'aurait pas faite à la place des autorités teïderiennes que la liste aurait pu remplir plusieurs volumes d'encyclopédies, au bas mot, alors elle comptait bien prendre malgré tout ses précautions.

Quant à votre rémunération pour ce genre de services, ma foi, il est vrai qu'une réduction est toujours une possibilité, surtout si les bénéfices pour la compagnie surclassent celle-ci, mais ce serait en quelque sorte mêlées une affaire publique et une privée, ce qui manquerait d'élégance, ne pensez-vous pas ?

La marchande eut un léger sourire amusé tout en prenant une gorgée de thé, se laissant quelques instants pour réfléchir à la question. En soit ce n'était pas que la réduction brute la dérangeait tant que ça, mais elle trouvait que cela aurait en effet manqué... d'élégance ? De classe ? Difficile à quantifier exactement, mais elle fini donc par proposer autre chose à Osami.

Hmmm... ce n'est qu'une idée lancée ainsi, mais peut-être un payement plus personnalisé pourrait-il être sous la forme de ristournes pour certaines marchandises comme des bijoux ou des objets précieux vous étant destinés, voir directement sous la forme de bijoux que vous porteriez en ces occasions et qui vous seraient ensuite offerts, ou remis à prix réduits en fonction de leur valeur ? Bien sûr ce n'est qu'une proposition à chaud.

Proposition qu'elle accompagna d'un léger sourire, bien qu'elle ne serait sans doute pas spécialement peinée non plus si elle venait à être refusée. Disons plutôt simplement qu'elle considérait que cela valait la peine d'être proposé, mais si cela ne tentait guère Osami ce ne serait pas très grave. Elle-même se dit qu'elle aurait apprécié l'idée, mais après tout toutes les femmes n'étaient pas pareilles de ce point de vue !

« Cela est vrai, comme il est vrai que prudence est mère de sûreté en effet, surtout quand on aimerait éviter ce genre de choses, même si assez improbable. » Glissera Osami amusée et d’accord à ce sujet, il est vrai qu’elle ne s’attendait pas à ce que les Teïderiens s’amusent à attaquer des convois Akkatoniens en temps de paix, mais qui sait ? Ils pourraient aussi vouloir faire cela et déguiser la chose, mais bon autant ne pas rentrer dans ce genre de réflexion alambiquée sur l'instant. Par défaut, elles feraient sans doute un peu escorter les convois de toute façon…

Quant au reste, elles parlèrent donc d’aménagement de frais et la commerçante Akkatonienne était plutôt ouverte à la chose, restait à voir ce qu’elle proposait ? Au pire Osami avait largement les moyens sinon de payer ce qu’il fallait. Quant au fait d’éviter de mêler la chose publique et privée, la duchesse glisserait amusée.

« Il est vrai que la chose peu paraître maladroite, après en ces terres c’est souvent ambigu vous savez, tel comte étant prince marchand et tel autre maître de guilde, mais je comprend que concernant notre accord, cela pourrait paraître peu élégant. » Puis, elle écouterait attentivement et patiemment la proposition de sa vis à vis, qui ne manquait guère d’intérêt, au contraire, à un détail précis… Osami ajouterait donc cordialement.

« Hum, eh bien je n’ai rien contre la chose, tant que ce ne sont pas des bijoux justement que vous m’offrirez. Vous comprenez, Sarassi est spécialisée dans l’extraction de pierres précieuses et leur raffinage, si je mettais à mettre en avant autre chose que la joaillerie locale, ce serait contre-productif. » En somme, le léger souci ne tenait qu’à ce détail ci, par contre… Et elle le préciserait avec amabilité. « Mais, l’idée de ristournes sur d’autres types de bien précieux me va parfaitement et je ne doute pas que l’empire en a beaucoup de différents à proposer… » En somme c’était plutôt un oui et ce serait sans doute plus élégant fait ainsi ? La duchesse, ne manquerait pas sinon d’ajouter. « J’aurais peut-être le plaisir de vous croiser à de telles occasions d’ailleurs ? »

Puis, buvant un peu de thé, elle ajouterait ensuite avec une aimable assurance et se disant que les discussions avançaient bien.

« Quand j’y pense, en parlant de marchandises précieuses, vous qui êtes mon invitée, peut-être aimeriez vous voir certaines des productions locales les plus, recherchées ? Je gage que votre regard acéré saura estimer s’ils peuvent ou non intéresser vos compatriotes. Et puis, quitte à repartir d’ici avec un accord, peut-être apprécierez vous de la faire aussi avec quelques marchandises ? » Après tout même si Osami était duchesse, elle était aussi un peu marchande au fond comme elle s’occupait de la revente de pas mal des produits conçus à la capitale, donc si elle pouvait trouver une acheteuse supplémentaire aujourd’hui, pourquoi pas ?

Victoria eut un doux hochement de tête en réponse aux propos de son hôtesse sur les teïderiens, ne jugeant pas pertinent de développer plus en avant sur cet axe au milieu de discussions commerciales... après tout, l'imprévisibilité de Teïder, avec leur façon de voir le monde déformée par leur religion étrange, aurait pu fournir toute une trame de conversation, et il aurait eut fort à parier qu'avec tout cela les deux femmes n'auraient plus eut l'occasion de parler d'autre chose, ce qui n'était pas le but ! Elle eut en revanche un sourire à mi-chemin de la grimace quand Osami lui fit remarquer que, dans les Duchés, il n'était pas rare de voir un responsable terrien avoir battit sa fortune, et l'entretenir également, par ses talents de marchands !

Il est vrai que j'ai répondu quelque peu à chaud, et sans pousser plus que cela ma réflexion sur une réflexion personnelle, sans prendre en compte que bien des hauts-bourgeois ont construits leur fortune sur le commerce, ce qui d'ailleurs n'a rien de spécialement problématique, c'est aussi parfois le cas dans l'Empire pour certains politiciens Arcadia ! Mais disons que, même dans ce cadre, je ne saurais dire, je trouverais personnellement cela... inesthétique, disons, de mélanger aussi intimement les deux domaines. Mais peut-être suis-je trop vieux jeu pour certaines mentalités duchéennes, après tout, même si je suis heureuse de voir que ce n'est pas le cas à vos propres yeux !

La belle marchande respectait bien entendu le point de vue de ces gens tournés comme elle vers le commerce, mais pour elle, tout n'était pas à vendre, et même les négociations se devaient de se faire avec une certaine classe ! Elle exposa quoiqu'il en soit sa proposition à la sublime Kitsune, qui sembla apprécier l'angle choisi, bien que pas forcément l'exemple mis en avant, ce qui fit cette fois-ci sourire plus franchement l'Humaine aux cheveux clairs.

Ahah, bien sûr, loin de moi l'idée de vouloir offenser les joailliers de Sarassi, ou de vouloir vous imposer ce que vous devriez porter en ce genre d'occasion, Nous pourrons voir en détail à chaque fois les biens sur lesquels nous entendre, les bijoux ne sont pas après tout les seuls objets de prix qui peuvent faire l'objet de tels échanges.

Savoir rester modulable était après tout toujours une qualité pour une marchande comme Victoria, et elle avait en soit accès à de nombreux biens de luxes dont elle ne doutait pas que certains intéresseraient Osami. En attendant, rebondissant sur le sujet lancé plus ou moins involontairement par l'Akkatonienne, la belle Kitsune proposa d'aller voir de belles pièces de joaillerie de son Duché, ce qui fit de nouveau sourire doucement son invitée.

Je constate que quand vous parliez de hauts-bourgeois marchands, vous ne le faisiez peut-être pas qu'au nom de vos compatriotes, et je dois dire que j'admire la pirouette ahah. Je verrai volontiers les pièces que vous voudrez me montrer, Votre Grâce, et qui sait en effet si mon œil, ou mon cœur de marchande, ne sera pas charmé par certains !

Souriant toujours, la belle jeune femme aux cheveux clairs fini doucement sa tasse de thé et la reposa avec élégance, se tenant prête à suivre son hôtesse vers ce qu'elle voudrait bien lui montrer, donc !

« Oh, cela dépend et disons que Sarassi fonctionne de façon un peu particulière elle-même, mais bon je ne suis pas spécialiste en économie et je risquerai de dire d’éventuelles âneries. » Dira la kitsune sympathique et amusée au sujet de la manière dont certains ducs et comtes n’hésitaient à bien s’investir au niveau économique et commercial.

Pour le reste, elle entendait néanmoins assez en commerce et économie, mais ce n’était guère étonnant pour une ancienne générale mercenaire, pour deviner l’intérêt de la proposition de son interlocutrice qui sut évidemment s’adapter à certains détails. Lui valant une réponse fort aimable de la kitsune qui dirait.

« Nous verrons à chaque fois, que ce soit vous et moi ou un de vos responsables, même si je n’aurais rien contre de vous croiser de temps en temps, vous avez de l’esprit. » Un compliment sincère, même si évidemment elle disait aussi cela parce qu’elle estimait que peut-être son interlocutrice préférait qu’on complimente son intelligence acérée, que sa beauté certes grande.

Pour le reste, la kitsune dirait avec un certain entrain en se levant ensuite. Du moins après avoir finit le temps de boire son thé et sans brusquer sa jeune interlocutrice.

« Je ne doute pas que cela pourrait vous intéresser, ou alors je serais peinée de décevoir vos attentes. Si vous voulez bien me suivre. » Dirait-elle alors en sortant du salon avec son interlocutrice, puis en traversant une partie du magnifique palais montagnard, ce pour finir…

Dans une grande salles légèrement bleutée aux allures de musée ou de salle d’exposition, ou en effet des produits divers semblaient êtres présentés, et plusieurs gardes surveillaient les entrées, la kitsune dirait alors avec amabilité.

« Nous nous servons de cette salle pour les démonstrations à certains visiteurs qui commercent avec le palais ou la cité. Ou bien pour ceux qui veulent voir certaines merveilles fabriquées dans le duché. Rien de technologique malheureusement, mais je vous garantis que la plupart de ces produits ne sont pas enchantés. » Elle guiderait alors Victoria vers une partie de la salle où pouvaient se trouver tout ce qui avait un lien avec les « gemmes », visiblement c’était rangé par thèmes de matériaux…

« Il y a ici une sélection de gemmes et pierres précieuses produites dans le Duché. » Dira alors Osami en désignant une grande sélection de pierres précieuses en effet, même si loin d’être universelle, mais par exemple on pouvait trouver de l’or, de l’argent, du rubis, saphir, de l’émeraude et divers autres plus ou moins spécifiques… « Et des bijoux fabriqués avec, allant d’assez modestes et accessibles, à des plus fastueux dira t-on. Je suppose que vous auriez plus goût pour l’entre-deux ? » Et en effet une sélection de bijoux était présent, allant de modestes mais jolis, à des choses presque scandaleusement fastueuses… Autant des bagues, que des colliers, bracelets, bijoux de jambes ou boucles d’oreilles, mais pas que… Il y avait même des ceintures ? Puis Osami achèverait en indiquant quelques produits plus, exotiques ?

« Et d’autres œuvres de nos joailliers, des mécanismes jouant sur les pierres comme cette petite horloge, ou bien cette boîte à musique aux sonorités cristallines. » Il y avait aussi des lustres et quelques pièces en céramiques ou mémoires incrustés, mais Osami s’attarda sur les boîtes et dira amusée. « Chacune selon les gemmes employées a des sonorités différentes. » Et elles semblaient toute aller de peu, à très luxueux… Mais en même temps, elles jouaient toutes sur des gemmes visiblement assez pures. Et donc, ces boîtes à musique avait des sonorités différentes ? Il faut dire, elles semblaient utiliser des pierres précieuses aussi dans leurs mécanismes...

Victoria avait donc conclu l'affaire « principale », restait maintenant à peaufiner les détails d'une bonne entente, si l'on pouvait dire les choses ainsi ! Se positionner en acheteuse pour certains des biens précieux de Sarassi, en plus de pouvoir promettre un certain bénéfice si elle se montrait à la hauteur de sa tâche de marchande en pouvant les revendre avec une marge ensuite, de pouvoir également gagner un peu plus la faveur de la Duchesse et des marchands locaux en leur montrant une fois de plus que les akkatoniens pouvaient être de bons partenaires commerciaux ! Un point qui, particulièrement chez les duchéens lui semblait-il, était toujours utile à souligner !

Ma foi, je suis heureuse que nous soyons d'accord sur cela, et je ne doute pas que vous revoir à l'avenir soit toujours un plaisir, pour moi comme pour ceux qui auraient la chance de me représenter lors de telles entrevues. Même si j'espère pouvoir en effet m'en charger autant que possible en personne.

L'avantage quand on avait affaire à une partenaire de discussion aussi belle et charismatique qu'Osami, c'était bien qu'on avait au moins guère d'efforts à faire pour complimenter en étant sincère ! Elle ne doutait pas que tout représentant serait heureux de traiter avec la magnifique Kitsune, bien qu'il lui faudrait de son côté faire attention à ce que le représentant en question ne soit pas du genre à se laisser trop facilement charmer, sans doute ! Elle remarqua aussi, au passage, que la salle où l'emmenait la Duchesse semblait solidement gardée, confirmant à priori la valeur des bijoux et autres créations conservées ici, comme le mit également son interlocutrice en soulignant le but auquel était destiné l'endroit en question.

Même si la technologie permet de réaliser bien des merveilles, personne n'a jamais prétendu qu'elle était la seule à pouvoir réaliser des créations de toute beauté, heureusement ! Quant aux enchantements, même s'ils ne sont pas forcément les plus faciles à mettre en avant au près d'une certaine clientèle, ils ne sont pas forcément rédhibitoire non plus, vous savez. Je porte moi-même souvent quelques bijoux enchantés.

Après tout, tant qu'on n'était pas suffisamment bardé – ou composé pour les mécanisés ou les Automatons, ce qui était encore autre chose – de matériel technologique pour que le moindre objet magique génère une foule d'interférence, ceux-ci avaient souvent bien des petites capacités utiles, quand elles n'étaient pas bien plus grandes encore que cela ! Quoiqu'il en soit, Victoria fut donc amenée en ce fameux lieu, considérant d'abord les matériaux bruts avec une certaine admiration. Elle n'était pas joaillière de formation à proprement parler, mais son maître avait veillé à ce qu'elle soit compétente pour expertiser des pierres de toutes sortes, et elle considéra celles proposées aux regards avec attention.

Hé bien... je n'avais jamais douté du fait que Sarassi ait des richesses incroyables en son sein, mais j'avoue que cette sélection est assurément magnifique à voir. Avec de tels matériaux, guère étonnant que vos artisans aient appris à travailler finalement les matières précieuses, le contraire aurait été gâché ce cadeau de la nature !

De fait, elle ne s'étonnait guère que certains joailliers de la Province Orzanienne fassent venir leurs pierres d'ici, et que certains spécimens partent même au-delà de l'océan... elle considéra ensuite les productions réalisées avec, tout en souriant doucement aux propos d'Osami.

Il est vrai qu'au goût akkatonien général, les pièces les plus chargées de votre étale pourraient avoir l'air un peu trop... ostentatoires. Une différence de goût entre nos deux pays. Mais même celles-ci sont magnifiquement réalisées, je dois dire.

D'aucuns auraient qualifié lesdites pièces de « bling bling », mais ce n'était guère un vocabulaire à employé devant une souveraine, surtout quand elle envisageait de vous vendre les objets en question ! Du reste, l’œil expert de Valéria avait en effet captées certaines pièces d'exceptions...

Je suis curieuse de voir les mélodies que vos artisans ont pu créé à partir des seules pierres précieuses, pourrions-nous écouter cela ?

Après tout même si Osami lui montrait ses richesses, elle ne se voyait guère manipuler elle-même des pièces qu'elle n'allait pas explicitement acheter, du moins pas sans autorisation. Cela aurait été le genre de situation pouvant vite mené à certains quiproquos... quoiqu'il en soit, après avoir écouté la réponse de la Kitsune, et éventuellement sur ce nouveau fond musical le cas échéant, elle désigna le collier qu'elle portait elle-même autour du cou.

J'ai déjà repéré quelques objets d'intérêts mais puisque vous connaissez votre stock sans doute mieux que personne, j'aimerais vous demander conseil... comme vous le voyez, ma famille s'attache plutôt aux émeraudes, et l'anniversaire de ma mère approchant, je cherche justement un cadeau à lui adresser... auriez-vous quelque chose à me proposer autour de ce thème ?

Il n'était jamais inutile de laisser un commerçant – rôle que la Duchesse semblait bel et bien remplir, en l'occurrence – montrer ce qu'il considérait comme ses belles pièces... d'une part s'était souvent révélateur sur ledit commerçant, et d'autre part après tout il – ou ici elle – était mieux placé que quiconque pour en désigner les objets les plus intéressants, sans compter que si une vente se concluait ainsi cela pouvait aussi avoir un effet flatteur, après tout !

Osami apprécia les compliments de la jeune humaine et savait aussi fort bien qu’ils étaient sincères, car si certes la kitsune n’était pas du genre arrogante, même si avec une certaine fierté et estime d’elle-même, elle savait fort bien qu’elle avait un certain charme et que pas mal de monde appréciait sa simple compagnie. Après évidemment, elle se doutait aussi fort bien que si la jeune marchande était talentueuse, cela n’affecterait pas trop ses dires et ses intentions en pleine négociation marchande, mais ça restait tout de même une qualité pour savoir obtenir de bonnes affaires !

Quoiqu’il en soit, la kitsune apprécia aussi que la salle dans laquelle elle mena la jeune humaine, sembla faire une certaine appréciation à celle-ci. S’il y a une chose dont pouvait se vanter Sarassi après tout, c’était ses richesses minières diverses, le duché montagnard était après tout un des grands producteurs des Duchés concernant tout ce qui était métal et gemme. Certes pas le seul, les Duchés du Sud étant en général un territoire fort montagneux, mais disons que Sarassi l’était pour sa part extrêmement… Mais surtout, avait depuis longtemps une industrie arcanique ou hybride tout à fait compétente concernant la manière d’user de ces ressources primaires pour produire des biens manufacturés intéressants.

« Nous faisons aussi beaucoup de bien n’étant pas enchantés, mais il est intéressant de savoir que cela ne vous gênera pas dans votre examen de nos plus belles richesses. » Glissera quoiqu’il en soit Osami aimablement et en notant de manière favorable que Victoria n’aura pas forcément grand-chose contre l’obtention de choses ayant un lien plus ou moins lointain avec les arcanes… Ce n’était pas plus mal en soit, même si au pire la kitsune aurait fait avec, après tout les Duchés du Sud en tant que nation hybride savaient aussi faire autre chose de la magie.

« Il faut remercier les nains de Sarassi pour cela, si évidemment ce ne sont pas les seuls à avoir innovés en la matière, le savoir faire des artisans du duché se sont inspirés avec les millénaires de leurs méthodes et accomplissements. Il faut dire, la duché a toujours eu une population naine importante. » Ajoutera t-elle sinon appréciative quand la qualité des productions de son duché fut vantée, elle ajouterait même amusée. « Et peut-être aussi la clientèle duchéenne et étrangère toujours avide de ce genre de produits. Que seraient après tout les commerçants et artisans sans leur clientèle ? »

Pour le reste, suite à ce petit trait d’esprit, Osami se fit la réflexion qu’elle aussi n’était pas du genre à apprécier les bijoux beaucoup trop chargées. Elle aimait le luxe évidemment et n’était guère du genre à faire œuvre de fausse modestie, mais disons qu’elle trouvait en général qu’en faire trop n’était pas forcément de bon goût. Après elle était duchesse en soit, elle avait donc bien des manières de démontrer sa richesse et puissance sans passer par un habillement ostentatoire par exemple…

« Moi-même ai tendance à apprécier un raffinement sobre, mais présent dans les bijoux, je trouve sinon que la pièce de joaillerie se met elle-même plus en valeur, que la personne qui la porte. Du moins, tel est mon point de vue. » Confiera t-elle donc avec une légère complicité, ce avant d’ajouter ensuite avec appréciation concernant les boîtes à musiques marchand à l’aide de diverses gemmes notamment.

« Bien évidemment, n’hésitez pas à actionner les boîtes à musique vous intéressant si vous le désirez, je vous fais confiance après tout pour ne rien abîmer. » Une manière de faire preuve de confiance et d’amabilité qui serait sans doute appréciée songea Osami, tout en laissant la jeune humaine faire, ce avant d’ajouter un peu plus tard, ce sous un fond musical cristallin, quoique d’une tonalité variant fortement selon le choix de la jeune femme lui faisant face.

Quant à montrer une œuvre d’art qui lui semblait intéressante parmi les pièces présentes, Osami apprécia autant la demande, qu’elle devina la légère intention devant cela. Elle dirait donc en esquissant un charmant sourire. « Les émeraudes ? Leur éclat vert et profond est hypnotisant, certains affirment qu’elle symbolisent l’amour comblé, même si pour ma part je m’émerveille surtout de leur éclat à la fois agréable aux yeux et intriguant. »

Ceci dit, elle ferait donc signe à Victoria d’approcher et montrerait un pan de la grande salle dédier à tout ce qui était horlogerie à la duchéenne, que ce soit de grandes ou petites horloges. Osami montrerait alors un petit modèle mural et un plus grand qui était littéralement un meuble, fait de noble bois sombre et sculpté, mais dont la pièce centrale, celle servant à donner l’heure employait justement l’émeraude et n’usait nullement de magie.

« Comme vous le voyez le cadran est fait en émeraude, une teinte particulièrement sombre et de bon goût et qui a l’avantage de ne pas être trop éclatant et ainsi ne pas faire « tapageur ». De plus, les aiguilles ainsi que les marques indiquant l’heure elles sont faîtes en ivoires… C’est ainsi très luxueux, sans trop attirer le regard. » En somme c’était assez sobre d’apparence tout en étant fort raffiné et luxueux… De plus comme c’était une horloge évidemment, les gens avaient tendance à la regarder !

« Nous avons aussi des modèles ou c’est l’inverse concernant le cadre, avec l’ivoire utilisé pour ce dernier et le mécanisme apparent employant l’émeraude. » Bien entendu, le prix devait sans doute dépendre de la pureté des émeraudes employées...