28 Octobre de l’An 2000 de l’Âge d’Acier

Du temps avait passé depuis que Lilyneska était partit des Duchés, et depuis ce temps, les choses n’avaient pas vraiment changées, du moins en dehors d’une bonne dose d’inquiétude ambiante concernant l’invasion Teïderienne au Nord et l’accroissement de la présence de morts vivants dans les campagnes qui devaient d’ailleurs pas mal réjouir les mercenaires en recherche de travail qui rôdaient un peu partout.

Cela faisait en vérité plusieurs jours qu’elle était dans les duchés, poussée par son instinct ou sans doute un désir de régler certaines choses en suspend depuis trop longtemps, à s’y rendre. Pourquoi ? Retrouver sa mère sans doute, mais aussi son ancien maître. Pour la première elle ne savait pas trop où chercher, pour le dernier, ses pas l’avaient menées à Inveïs, la légendaire cité neutre des mercenaires Duchéens… Une cité qui avait changée de duc la dirigeant il y a seulement quelques mois à peine et qui comptait l’une des plus grande et célèbre arène des Duchés du Sud.

C’était là que son maître se trouvait depuis peu, pour participer à une grande session de combats qui aurait lieu dans quelques jours et où il comptait s’enrichir. Il avait fait évidemment pour cela déplacer tout son personnel et ses esclaves combattants pour les installer dans une propriété terrienne dans les environs lointains de la ville neutre. Une propriété terrienne servant habituellement à l’exploitation de vignerons pour le vin, mais comme il commençait à se faire tard dans l’année pour ce genre de culture, elle était maintenant louée à ceux en ayant les moyens pour les loger confortablement quelques temps. Eux et leurs suivants.

Et quel était l’objectif de Lilyneska en ces terres fertiles pour le vin, le mercenariat et les affaires louches comme celles de son ancien maître ? Elle avait en tout cas pu observer discrètement la propriété, elle était gardée par quasiment dizaine de gardes sans doute engagés par son maître, la propriété étant assez isolée de la cité, il y avait probablement moyen pour une transformiste revancharde, discrète et forte comme elle de s’en sortir. Néanmoins, peut-être un mélange de peur de l’échec ou de revoir son ancien bourreau pouvait peut-être la gêner pour agir, cela et la perspective d’échouer étant donné qu’elle était bien seule devant cela.

La moitié des gardes patrouillaient quoiqu’il en soit à l’extérieur proche de la demeure et l’autre moitié devait être à l’intérieur. Ils ne semblaient pas s’imaginer vu leur nombre réduit qu’on allait les attaquer ou s’en prendre à leur maître, peut-être étaient-ils surtout là au cas où un petit groupe de morts vivants solitaires se manifesteraient inopinément…

Quant aux esclaves gardés dans la demeure, ils devaient êtres sans doute dans celle-ci, gardés enfermés… Peut-être y avait-il moyen en les libérant de se faciliter les choses ? Mais peut-être cela serait-il plus facile de les libérer en récupérant les clés en possession de celui les gardant en cage ?

Difficile à dire, il y avait plusieurs approches possibles, y aller directement, surtout que la nuit approchait, voir pour libérer les prisonniers ou confronter la maître en s’infiltrant discrètement, ou bien au risque d’être moins discrète, profiter de sa magie et talents pour neutraliser les gardes avant d’entrer ? De façon à réduire le nombre de problèmes à gérer ? Cela ou bien peut-être n’avait-elle pas envie d’agir aujourd’hui.

Lilyneska n’y avait pas trop réfléchi lorsqu’elle avait quitté prématurément sous la forme d’un oiseau sa chambre louée pour la nuit à l’auberge du Chien Errant. C’était là que les deux gardes qui l’accompagnaient avaient décidé de s’arrêter et c’est au 28e jour d’octobre qu’elle avait finalement pris l’opportunité de leur faire faux bond. Étant transformiste, ils savaient que la seule raison qu’elle restait avec eux était parce qu’elle le désirait et ils pouvaient seulement espérer qu’elle coopère. Ce n’est pas qu’elle ne les aimait pas, loin de là, ou qu’elle voulait leur causer des ennuis. Seulement, elle avait pris pour acquis qu’ils refuseraient de la laisser partir.

Est-ce que les choses avaient changé ici? Pas vraiment… C’était toujours et encore l’argent qui régnait dans les Duchés. De nombreuses annonces étaient posées ici et là pour requérir l’aide de mercenaires. Seulement, cette fois-ci, c’était majoritairement pour pallier aux morts-vivants et à la crainte de l’invasion Teïderienne.

Lilyneska s’était arrêtée dans une taverne. Bien sûr, elle avait pris une autre apparence : celle d’un humain dans la quarantaine à la barbe poivre et sel. On pouvait dire qu’elle avait changé depuis qu’elle avait quitté l’endroit. Elle n’était plus une esclave aux soldes d’un homme infâme et elle était en voie de gagner sa citoyenneté akkatonnienne. Sa maîtrise de la magie transformiste s’était beaucoup améliorée également, surtout en prenant compte qu’elle faisait des sorts plus diversifiés et non seulement liés à devenir un animal de combat. Mais il y avait des éléments qui n’avaient pas changés. L’on pouvait dire que l’hybride était encore enchaînée à son passé. Elle avait beaucoup rêvé à sa mère dernièrement, ça n’aidait pas. L’homme dont elle avait la forme déposa quelques piécettes argentées au tavernier en échange d’informations, mais tout ce qu’elle apprit concernant sa génitrice, Alice Myrr’del, elle le savait déjà : elle ne faisait plus partie du décor duchéen. Ça n’évoquait rien au tavernier qui connaissait tout le monde. Lily déduisit que sa mère était soit morte ou soit qu’elle avait quitté les Duchés. Elle refusait de penser à la première idée et préférait continuer de croire qu’elle était retournée à Teïder. Elle avait tellement d’émotions différentes lorsqu’elle pensait à elle.

Plus d’argent, quelques individus louches et des oreilles indiscrètes - facile quand t’es une souris- lui avaient permis de retourner sur les traces de ce cher maître Kezham. Autant elle voulait s’en éloigner le plus possible qu’elle voulait lui rendre la monnaie de sa pièce. Il continuait de faire des combats d’arènes et de traumatiser de malheureux individus qui ne souhaitaient qu’être libres.

Que ferait-elle lorsqu’elle l’aurait en face? Lilyneska n’en était pas encore tout à fait certaine. Choses certaines, elle désirait libérer le plus de gens possibles et en bonus, récupérer son collier s’il existait toujours. Elle avait sillonné les alentours de la maison qui servait normalement à l’exploitation des vignerons en prenant la forme de petits animaux. Elle avait ensuite attendu que la nuit tombe pour prendre l’apparence d’un petit oiseau au plumage gris foncé. Battant des ailes et profitant des jappements des chiens sauvages comme distractions, elle se glissa à travers une fente au niveau du toit.

À quoi ressemblait l’intérieur maintenant? Où étaient les esclaves? Maître Kezham? Elle voulait d’abord trouver les cages et mettre la patte sur les clés.

L’intérieur était celui d’une riche villa duchéenne étalée sur trois étages, si on comptait le sous sol. La premier étage qui servait aux pièces utilitaires et de vie telles que le hall d’entrée, la salle à manger et une d’exposition, le deuxième celui des chambres et bureaux, mais aussi éventuellement la salle de bain à la duchéenne avec des moyens magiques d’entretenir son hygiène. Et le sous sol, sans doute pour stocker la production des alentours ou la raffiner, même si actuellement c’est un tout autre type de produit qui devait y être stocké. Dans toute la demeure à la nuit tombée, deux gardes maintenaient un tour de garde constant, un devant la chambre de leur employeur qui dormait peut-être à cette heure et l’autre devant l’entrée du sous-sol qui se situait dans une petite pièce reliée au hall d’entrée de la demeure. Sous sol qui devait menait aux esclaves, mais pour y passer il faudrait ouvrir une trappe, chose difficile sans se faire remarquer. Le garde devant le sous sol semblait être un nain en armure de mailles menu d’une masse et celui devant la chambre une humaine en mailles avec une arbalète et une épée. Le premier était attentif et vigilant, tandis que le deuxième paraissait légèrement somnoler…

Quant aux autres gardes, en dehors de ceux se trouvant à l’extérieur, ils devaient sans doute dormir à cette heure là. La sécurité des lieux était minime donc, signe que le locataire des environs n’avait pas prévu de rencontrer le moindre problème par ici. Lilyneska pouvait donc sans difficulté, du moins tant qu’elle était discrète, se promener dans l’ensemble du manoir, par contre pour entrer dans ces deux pièces gardées, soit il allait falloir passer les gardes, soit trouver un autre moyen, surtout car les fenêtres menant à la chambre de son ancien maître étaient fermées. Et évidemment, connaissant ce dernier, il devait avoir les clés sur lui, même quand il dormait.

C’est alors que Lilyneska put voir un garde de l’extérieur rentrer et aller voir le garde allant vers le sous sol et lui dire en lui tendant quelques pièces. Visiblement c’était un humain lui aussi. Et il parlait avec un ton légèrement sadique.

« Le patron veut que je file une petite leçon à l’un des esclaves, alors fais pas gaffe si tu entends des cris de douleurs. Je doute qu’il survive à son premier combat dans l’arène suite à cela… » Et visiblement, il s’apprêtait sur ce à aller au sous sol. Alors que l’autre commençait à déverrouiller la trappe.






Apparence de la villa :

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La première étape s’était bien passée : Lily était à l’intérieur. Passée par une fente du plafond, elle s’était ensuite tapie dans l’ombre du deuxième étage. Avant de poursuivre, il fallait observer les lieux et s’assurer de ne pas être remarquée. Il ne semblait pas y avoir beaucoup de gardes. Devant l’une des chambres dont la porte était fermée, il y avait une femme en armure. À ses hanches se tenaient une épée et une arbalète, elle était vêtue de mailles. Pour garder une seule pièce de l’étage, cela voulait que ce devait être une pièce importante et certainement celle où dormait son ancien maître. Elle s’y rendrait… Mais pas immédiatement, car avant, l’hybride désirait explorer les lieux. Il lui paraissait plus sage de connaître les issues ainsi que le nombre de gardes présents.

Se posant sur le plancher, elle se transforma en petite souris brune pour se fondre dans le décor. C’était pratique de pouvoir se transformer en ce qu’elle désirait et était bien contente d’être plus talentueuse dans ce domaine. Se dirigeant vers l’escalier, elle entendit des ronflements en passant devant une pièce et elle vit des silhouettes dans des lits. Il y avait d’autres gens-là en tout cas et pour le moment, ils dormaient à point fermé.

Lily découvrit le premier étage après avoir délicatement descendu les marches. C’était calme, là également. Il n’y avait personne dans les quelques pièces. Le seul garde qu’elle avait vu était installé devant la trappe pour se rendre au sous-sol. C’était là que les esclaves devaient se trouver! Mais comment descendre? Elle ne craignait pas trop de se faire repérer vu sa petite taille, mais il fallait que quelqu’un soulève la trappe. Un frisson lui parcourut l’échine à l’idée de ce que devait subir les esclaves.

La porte de la demeure s’ouvrit et laissa apparaître un autre garde. La bonne nouvelle était que la sortie n’était pas verrouillée… Mais ses mots lui firent bouillir son sang dans ses veines de rongeurs! Que de mensonges! L’individu ne voulait que s’amuser aux dépends d’autrui… À moins que le patron ne soit à l’extérieur ou qu’il avait un moyen de communication avec lui? Vérité ou non, elle lui ferait regretter amèrement son désir.

Elle prit une grande respiration pour se calmer. L’opportunité de passer dans le sous-sol ne se reproduirait pas une deuxième fois aussi facilement. Le nain commença à déverrouiller la trappe et à la relever. Tandis que l’autre garde avançait vers lui, elle se faufila pour le suivre comme son ombre. Elle restait à ses pieds, cachée par ses bottes et sauta à l’intérieur de l’ouverture dès qu’elle le put.

Maintenant, que lui réservait le sous-sol?

Lilyneska entra sans difficulté dans le sous-sol, notamment car elle ne se fit absolument pas remarquer des gardes qui même s’ils étaient munis de lanternes, auraient bien du mal à distinguer une souris passant très rapidement à leurs côtés pour devancer l’un d'eux. Alors une en plus une souris essayant d'être discrète...

Ainsi, elle put arriver bien avant le premier de ces gardes, là où étaient détenus les prisonniers. Et avant même que la lumière de la lanterne de celui-ci ne soit amenée ici ou qu'il n’ait allumé les dispositifs magiques conçus pour éclairer les environs, elle put sans doute grâce à sa magie distinguer les alentours.

Il n’y avait pas moins de dix personnes qui étaient détenues là, toutes enchaînées et enfermées dans des cages grandeurs nature. Visiblement l’ancien maître de Lilyneska été de l’école des maîtres de gladiateurs esclaves qui considéraie,t que des conditions de détention discutables avant une compétition étaient du genre à aiguiser la férocité de ses poulains… Quoiqu’il en soit ils étaient dix donc, trois humains environs, deux thérianthropes à l’odeur de loup qu’elle pouvait légèrement distinguer chez eux, deux nagas, un kitsune et deux… Elfes ? En tout cas il y avait quasiment autant d’hommes que de femmes et ils ne semblaient pas forcément dans le meilleur état qui soit. Le reste de la cave elle était le genre d’endroit où en effet on stockait du vin en attendant qu’il vieillisse, sec, entouré de pierres et dépourvu actuellement de tonneaux. Sans doute un endroit assez insonorisé en vérité…

Puis, après l’observation rapide de la jeune femme, le garde finit de descendre, celui-ci se contenta ensuite de sa lanterne pour s’éclairer, il ferma la trappe l’ayant mené jusqu’ici, puis s’approcha alors de la cage où était détenue une thérianthrope en train de gémir, et l’ouvrit.

« Tu vas payer pour m’avoir mordue jusqu’au sang en tentant de t’échapper, chienne ! » Et ceci dit il la sortit de la cage sans réelle délicatesse pour le jeter ensuite au sol, ce avant visiblement de prendre un gourdin en main. Il était probable qu’il allait la battre si rien n’était fait pour l’en empêcher…

La petite souris s’était glissée sans la moindre difficulté dans les ténèbres du sous-sol où, derrière elle, la trappe se referma. Elle sautilla, marche après marche, derrière l’autre homme qui descendait puis le dépassa pour continuer son périple sur le plancher. Ses prunelles s’étaient déjà habituées à la faible luminosité et elle voyait la silhouette de cages s’élever devant elle. Son cœur se glaça et elle sentit son sang bouillir dans ses veines à la vue des individus qui y étaient enfermées. Pas si longtemps que cela, elle y était… Lilyneska reconnut parmi les dix prisonniers une naga et une thérianthrope qu’elle avait connues jadis. Les autres semblaient être de nouvelles acquisitions et, à son grand étonnement, il y avait autant de femmes que d’hommes.

Elle s’éloigna lorsque le garde se rapprocha d’une cage, lanterne à la main. Elle porta une attention particulière à la façon dont il procéda pour l’ouvrir. Elle devait agir avec précaution et non pas se laisser envahir par ses émotions. Ce fut toute une épreuve de se contrôler pour ne pas simplement sauter sur l’agresseur. Aussi horrible que le maître, il voulait faire du mal à la thériantrope. Elle la connaissait en plus sous le nom de Camille! Elle n’était clairement pas en état de se défendre.

Lorsqu’il souleva son gourdin, elle avait déjà repris son apparence humanoïde et avait commencé à incanter. Elle se projeta sur lui pour finalement toucher sa peau dans le but de le rétrécir. Il lâcha une exclamation de surprise, mais trop tard. Il devenait de plus en plus petit jusqu’à la taille d’une souris et son gourdin ne ressemblait plus qu’à un petit cure-dent. Elle l’attrapa par le pied, nulle envie de se faire mordre! Puis le déposa dans un baril vide.

« Sshh. » Fit-elle pour l’inciter au silence. « Camille? C’est moi, Lily. Je vais vous sortir de là. » Poursuivit-elle. Elle l’aida à se redresser. « Es-tu capable de marcher? » S’enquit-elle. Elle semblait mal en point, mais à quel point?

La prochaine étape, c’était l’ouverture des autres cages. Heureusement, elle avait vu comment le garde s’était pris pour les ouvrir.  

Spoiler:

Le garde choqué protesta quand il se fit attrapé après avoir été rétrécit, puis déposé dans un baril, mais au vu de sa taille, sa petite voix avait tendance à ne pas porter très loin, à peine une plainte aiguë légèrement désagréable aux oreilles à entendre pour ceux se tenant près du baril... Quoiqu’il en soit, cela faisait une menace de neutralisée, du moins tant que le sort durerait, sans doute au moins une heure, voir deux. Ensuite, le bougre serait sans doute de sale humeur, mais peut-être qu’il s’en tirait à bon compte si les choses n’allaient pas plus loin. Quoique, méritait-il de s’en tirer à si bon compte ? Lui et les autres ? Difficile à dire.

Quant aux esclaves, ces derniers avaient l’air mal en point, Camille notamment qui néanmoins semblait avoir assez de force pour se tenir debout, mais probablement pas assez pour faire grand-chose de plus comme se battre. En vérité, pas parce qu’elle était blessée, mais car on aurait dit qu’elle avait été droguée pour l’affaiblir, sans doute était-ce un moyen comme un autre de rendre les esclaves passifs quand nécessaire.

« Je peux marcher… Lilyneska, c’est toi ? » Finit donc par dire la jeune femme qui avait visiblement du mal à se concentrer, elle semblait néanmoins soulagée, même si étrangement passive aussi, sans doute à cause de cette drogue. Elle eut néanmoins la présence d’esprit de dire.

« Ils nous ont drogués pour que nous nous tenions tranquilles ce soir, ils comptaient nous stimuler juste avant les combats demains. Cela fait plusieurs jours qu’ils nous affament, soit disant pour nous rendre plus agressive… Alors, tu es ici pour nous libérer ? J’avais peur que... Tu sois morte depuis le temps. » Elle avait visiblement envie d’être plus émotive qu’elle l’était à l’instant. Quoiqu’il en soit, ouvrir les cages ne fut sinon pas difficile pour Lilyneska, mais de ce qu’elle avait compris donc, ils n’étaient pas vraiment en état de se battre.

Celle-ci avait donc le choix, tenter de les faire sortir discrètement, surtout qu’il faisait nuit, du manoir, que ce soit en tentant de neutraliser les gardes ou sans. Ou bien les laisser ici le temps que tous les problèmes soient réglés. Après, ce n’était pas parce qu’ils n’étaient pas vraiment en état de se battre qu’ils ne pouvaient pas se déplacer et essayer d’êtres discrets…

Après il y avait plusieurs solutions se présentant à Lilyneska quelle que soit la voie qu’elle choisirait, autant faire comme avant, que prendre la forme du garde qu’elle avait neutralisée, mais sans son armure malheureusement, que prendre les clés de celui-ci… Et, visiblement la jeune thérianthrope venait de se rappeler quelque chose, car elle ajouta pensive.

« Je crois me souvenir que ce domaine possède un passage secret, relié à cette cave… Mais je crois que le maître possède la clé pour celui-ci, il mène à la cité d’Inveïs… Si tu pouvais prendre la clé, nous pourrions ouvrir la voie sans risquer une mauvaise surprise et je suppose qu’ensuite, nous pourrions disparaître dans la nature tout simplement. J’aimerai tant retrouver les miens en Eïrn… » Quoiqu’il en soit, cette piste pointait Lilyneska vers une possibilité, aller voir son ancien maître…

Lilyneska était soulagée de savoir que son ancienne camarade soit capable de marcher, mais son état l’inquiétait. Une expression de dégoût se dessina sur son visage lorsque Camille décrivit les tactiques de son horrible maître. Rien n’avait changé… C’était même pire. « Oui, je suis ici pour vous libérer. Je vais faire tout mon possible, mais je suis seule. Il faut que je procède avec précaution. » Dit-elle. En effet, la jeune hybride était seule face à de nombreux gardes et aux sordides projets de maître Kezham. Elle ne pouvait pas compter sur l’aide des esclaves, pas dans leur état, et elle ne voulait pas mettre leur vie en danger non plus. « Il m’est arrivé beaucoup de choses après que Melk m’ait libérée… J’ai su survivre et j’espère que Melk aussi. En tout cas, attendons après que vous soyez libérés pour parler davantage. » Poursuivit-elle. Elle demande l’aide de la thériantrope pour ouvrir les cages des autres. Elle partagea ses rations avec tous, c’était horrible de les affamer ainsi. « Prend ceci Camille. C’est une potion de vitalité, une potion de soins majeurs et un collier qui permettra de communiquer ensemble. » Lui donna-t-elle. Elles pourraient ainsi garder contact tandis que Lily partirait à la recherche de la clé. « Tu retourneras à Eïrn, Camille, mais avant il faut sortir d’ici. Faites semblait d’être encore prisonnier et improvisez au besoin. » Dit-elle.

Avant de partir, elle retourna au baril et ramassa le mini-humain qu’elle enferma dans une bouteille puis la glissa dans son sac. Elle se transforma ensuite en petite souris et se glissa à l’extérieur par une fente dans le mur. Toujours aussi pratique de pouvoir se transformer. À l’extérieur, elle prit la forme d’un oiseau et passa par le toit pour atteindre le deuxième étage comme elle l’avait fait.

La garde était toujours en face de la porte de la chambre du maître. Rien ne semblait avoir bougé. Comment y entrer? Pour l’instant, la forme souris lui avait porté chance. Elle comptait simplement se glisser sous la porte en toute discrétion.

« Je… Merci à toi, nous allons faire de notre mieux malgré notre état lamentable… Je suis vraiment heureuse que tu sois revenue. » Dit la thérianthrope à la fois émue et désolée pour le fait qu’elle ne pouvait pas être d’une grande aide. « Oui tu as raisons, il vaut mieux sortir d’ici avant, j’ai hâte de retrouver la liberté… » Ajouta t-elle sinon en essayant d’être optimiste, mais Lilyneska put contempler pendant un instant à travers les yeux de l’esclave une lueur, celle d’une pointe de désespoir, comme si elle voulait y croire, mais redoutait justement la déception. Comme si c’était trop beau pour être vrai d’une certaine façon.

Mais quoiqu’il en soit elles n’eurent que peu de mal toutes les deux à ouvrir les cages, et c’est avec reconnaissance qu’ils mangèrent les rations qui leurs furent offerts. Et visiblement, ils semblaient y prendre un certain plaisir, témoignage du fait qu’il ne mangeaient pas vraiment à leur faim en temps normal…

« D’accord, je te laisserai prendre l’initiative de me parler dans ce cas, je n’aimerai pas nuire à ce que tu vas faire en te faisant repérer. » Ajouta sinon Camille en prenant ce qui lui offrit Lilyneska et en lui témoignant un léger sourire. Puis elle hocha simplement la tête aux dernières paroles de son amie hybride et alla expliquer aux autres esclaves qui pour beaucoup étaient confus, ce qu’il fallait faire.

Sur ce, en dehors de quelques protestations du prisonnier de Lilyneska qui néanmoins ne put faire grand-chose avant d’être enfermé, celle-ci se glissa assez discrètement jusqu’à son objectif. La garde protégeant la porte semblant en partie somnoler, l’hybride pouvait en conclure que la sécurité des environs était vraiment relâchée, expliquant la facilité qu’elle avait eut à s’introduire ici grâce à ses dons. Passer par-dessous la porte ne fut donc qu’une simple formalité et elle put alors pénétrer dans la chambre de son ancien maître…

C’était une chambre vraiment luxueuse, dans le plus pur style duchéen. Un lit à baldaquin magnifiquement ouvragé, quelques meubles de rangements en bois nobles, ainsi qu’un bureau se trouvant du côté de la pièce opposé au lit sur lequel était disposé des livres et documents à l’ancienne. Pas d’électricité ici, mais l’hybride reconnut un système de lumière magique basé sur des pierres luminescente ceintes au plafond qui étaient désactivées. On pouvait sinon noter quelques dispositions pour le confort, une douce odeur de rose régnait dans la pièce, qui certes possédait quelques plantes en pot, mais l’odeur semblait surtout émaner d’une sorte de pierre rosâtre posée sur le bureau…

Ainsi que chose intéressante, la jeune adulte reconnut un de ces dispositifs qu’elle avait vu à Ikhyld dans une chambre, pour empêcher les sons d’entrer ou sortir d’une pièce, qui semblait activé, il avait la forme d’un cristal verdâtre posé sur un socle d’argent. Intéressant et guère étonnant, elle savait que son ancien maître avait le sommeil léger, ce qui faisait qu’il préférait ne pas être dérangé par les bruits extérieurs à sa chambre. Cela voulait donc dire qu’aucun des sons ne venant d’ici n’en sortirait…

Quant au propriétaire actuel des lieux, celui-ci était en train de dormir dans le lit à baldaquin évidemment, assez profondément au vu des ronflements qu’il émettait. Il semblait avoir un peu maigrit depuis la dernière fois que Lilyneska l’avait vu, sans pour autant ne plus être bien en chair… Il était évidemment enrobé dans les draps du lit et à côté de lui si Lilyneska était curieuse, elle pouvait voir sur une table de nuit, des friandises disposées à côté d’un trousseau de clé... Ce n’était pas vraiment quelque chose de hors de prix dans les duchés, surtout vu à quel point Akkaton inondait le monde de sucre assez bon marché… Mais, cela était un signe comme un autre qu’il ne se privait clairement pas contrairement à ses esclaves, cela et les quelques bouteilles de vin disposées sur le bureau... Qui ne devaient pas être de la petite piquette.

Quoiqu’il en soit, l’homme qu’elle redoutait le plus par le passé était là, en train de dormir, semblant loin d’être dangereux pour elle. Mais, il est probable que les souvenirs de ce qu’il lui avait fait étaient encore vivaces… Cela et aurait-elle le courage de se confronter à lui maintenant ? De la façon qu’elle avait envisageait si elle avait déjà une idée en tête ? Que ressentait-elle d’ailleurs en le voyant ? Haine ? Frayeur ? Colère ? Anxiété ? Tristesse ? Ou un mélange de tout cela ?

La souris qu’elle était s’était faufilée avec facilité sous la porte de la chambre et elle s’était glissé sournoisement de l’autre côté. Lilyneska s’écarta le long du mur et resta immobile pendant ce qui lui parait très long, mais qui n’était en fait qu’une trentaine de secondes. Le silence et l’immobilité des lieux la rassurèrent. Si la garde l’avait remarquée, elle serait venue à ses trousses, n’est-ce pas? Des ronflements lui parvinrent à ses oreilles, musique qui la rassura.

Elle décida de ne pas prendre sa forme naturelle pour explorer la chambre. À la place, elle revêtit l’apparence de la femme armurée. Ses azurs balayèrent l’endroit. C’était plutôt luxueux. Elle voyait les couvertures sur le lit se lever et s’abaisser au rythme de la respiration de son maître, mais elle n’avait pas un bon angle pour voir son visage. Son regard s’accrocha à un objet brillant et elle plaqua une main sur sa bouche avant de faire l’erreur de faire le moindre bruit. Les clés! Juste là? Jamais elle n’avait cru que ce serait aussi facile de mettre la main sur elle.

Son front se plissa. Elle n’entendait rien du tout de l’extérieur, ce n’était pas normal. Était-elle dans une illusion? Était-ce un piège?! Elle sentit son cœur rompre la chamade, mais les battements se calmèrent lorsqu’elle aperçut un cristal verdâtre posé sur un socle d’argent. C’était un dispositif magique qui empêchait les sons d’entrer ou d’en sortir. Cela ne l’étonna guère puisque monsieur avait le sommeil fragile. Tout ce qui importait c’était son confort à lui et à lui seul. Elle ressentit de la colère alors qu’elle s’approcha de la table de chevet. Elle attrapa les clés qu’elle glissa lentement dans son sac. Elle y ajouta les bonbons et les bouteilles pleines à sa portée.

Qu’est-ce qui l’empêchait de l’égorger? Lily se le demandait en allongeant ses griffes. La colère brulait dans ses veines. Elle avait tué de nombreuses fois déjà, qu’est-ce qu’un de plus sur sa liste allait changer? Certes… Elle avait tué parce qu’elle n’avait pas eu le choix, c’était elle qui y aurait passé sinon. Elle imaginait son ancien maître mort, le lit ensanglanté. Cette pensée était alléchante. Il n’était qu’à quelques centimètres d’elle…

Un ronflement retentit puis l’homme, toujours endormi, se tourna sur le côté. Voyant clairement son visage, ce sont d’autres émotions qui vinrent prendre le dessus. Elle recula d’un pas. La peur venait de l’envelopper, tel un manteau dont elle ne pouvait détacher. Son cœur fracassait sa cage thoracique. Il était l’homme de ses cauchemars. Même impuissant, il le restait… Elle commença à paranoïer, se disait que c’était impossible qu’il soit ainsi sans défense. C’était un piège! Il fallait qu’elle sorte d’ici!

Alors que la femme se tourna vers la porte, une autre image lui vint en tête : celle de sa mère la vendant. Le maître lui avait arraché son dernier souvenir d’elle et autant elle détestait sa génitrice, qu’autant elle désirait remettre la main sur le collier qu’il lui avait dérobé. Ce serait probablement sa seule opportunité. Où avait-il bien pu le mettre? Il n’était pas du genre à se départir de ses objets. Il devait l’avoir mis à quelque part? Son désir de retrouver son bien remporta contre l’idée de s’enfuir ou de tuer l’homme. Elle fouilla dans sa bourse, dans les poches de son manteau accroché puis dans le tiroir de la commode… Elle se faisait le plus silencieuse.

Le maître continuait à dormir, d’un sommeil visiblement assez paisible, mais le connaissant, il ne suffirait sans doute que de peu de bruit à l’intérieur de sa chambre pour le sortir de son sommeil. Néanmoins, telle n’était pas l’intention de Lilyneska qui pour l’instant prit de peur s’était contentée de subtiliser quelques biens, puis après un temps de réflexion, de chercher le médaillon de sa mère. Clairement quoiqu’il en soit, malgré un mode de vie assez égoïste et malfaisant, son maître était le genre d’homme tout à fait capable de bien dormir la nuit, mais était-ce vraiment étonnant ? Il ne considérait sans doute pas ses esclaves comme de possibles égaux ou d’autres êtres pensants, mais probablement davantage comme des marchandises ou biens devant lui rapporter quelque chose.

Quoiqu’il en soit, Lilyneska chercha le médaillon de sa mère, cela dura pendant de longues minutes ou nul doute que l’hybride angoissait pleinement, soit que son maître se réveille, soit que quelqu’un tente d’ouvrir la porte pour une raison ou une autre. Mais, rien ne se passa pendant qu’elle faisait cela, même si le silence e la chambre, seulement interrompu par des bruits de ronflements, prenait des allures sinistres pendant ce temps… Puis finalement, elle trouva en effet le médaillon, dans un petit coffret caché sous le lit, parmi quelques autres bijoux d’un style proche, démontrant qu’il n’avait sans doute pas dérobé des choses qu’à elle…

Ceci fait, qu’elle récupère son médaillon ou davantage de bijoux, elle constatait qu’elle n’avait toujours pas réveillé le maître, mais que le ronflement de celui-ci était légèrement perturbé, comme s’il y avait des chances qu’à ce rythme elle finisse par le réveiller. Quoiqu’il en soit, si elle désirait partir, il était maintenant toujours temps… Nul doute après tout que plus le temps passait, plus les risques que quelque chose dégénère étaient grands. Par exemple, quand le garde qui surveillait les environs de la trappe allait se dire que le fait que son collègue ne revenait pas était étrange ? Quand le maître finirait par se réveiller à force de petits bruits dans sa chambre ? Quand le prisonnier de Lilyneska au bout de deux heures allait finir par reprendre sa vraie taille ? Beaucoup de problèmes qui même s’ils n’étaient pas urgent pour certains car ça ne faisait pas vraiment une heure, bien moins qu’elle était ici, se posaient quand même...

Gardant un œil constant sur son ancien maître, Lilyneska se déplaçait agilement dans la pièce. Hors de question d’accrocher un soulier qui traîne, de tomber pour des raisons imbéciles ou de faire grincher inutilement les meubles. Heureusement ces derniers collaboraient. L’armoire qu’elle ouvrit ne fit moindre bruit et elle fouilla à travers les vêtements pour finalement dénicher une boîte en bois au fond d’un sac. Son instinct lui indiqua de l’ouvrir et elle étouffa un cri de victoire en voyant briller des bijoux de toutes sortes. Ses azurs avaient glissé sur un médaillon dont les gravures lui étaient familières. Elle savait que c’était le sien, même si elle ne l’avait pas ouvert. Elle le glissa autour de son cou puis enfouit le coffret dans le fond de son sac. Le maître les avait gardé comme trophée, avait arraché une possession à chacun de ses esclaves. Il y avait des colliers, des boucles d’oreilles, des bagues, mais aussi des mèches de cheveux, des photos et des lettres ou des messages sur des bouts de parchemin. Elle ne retrouverait pas les propriétaires de tous ces objets… Mais elle savait que ceux en bas pourraient au moins les récupérer. Encore fallait-il s’enfuir.

Le temps lui était compté, car les ronflements avaient cessé et avaient été remplacés par une respiration plus chaotique, signe qu’il allait bientôt se réveiller. C’est un regard empli de dégoût qu’elle posa sur l’homme. La mort serait trop douce pour lui, il méritait que la suite de sa vie ne soit pas un cadeau. Posant ses mains sur ses tempes, elle s’arma de magie transformiste : « Couleuvre, tu es. » Elle l’attrapa par le cou le petit serpent qui, désormais, gesticulait bien réveillé. « Je dois te remercier d’une chose. C’est grâce à toi que j’ai appris que j’étais une transformiste hors pair. » Lui dit-elle doucement avec le visage de sa garde du corps. Elle ouvrit le tiroir et le fit pendre au-dessus. « Je te laisse un seul et unique avertissement. Si j’apprends un jour que tu as recommencé l’esclavage, je ferai de ta vie un réel enfer. Et ce sera bien plus pénible que d’être une couleuvre vingt-quatre heures. J’espère que tu m’as bien compris. Tu ne pourras pas te cacher de moi. » Le menaça-t-elle. Elle saurait le retrouver. Faisait-elle une erreur de lui donner une chance?

En même temps, en ce jour, il perdait beaucoup et la valeur d’une personne dans les Duchés était basée sur l’argent. Si les plans de Lily fonctionnaient tel que prévu, Kezham n’aurait plus d’esclaves sous la main et il ne pourrait participer à la lutte prévue. Il avait de nombreux gardes à payer, en serait-il encore capable? Ce ne serait pas long pour qu’ils se retournent contre lui s’il n’avait rien à leur donner. Bref, elle plaqua le reptile dans le tiroir et le referma en s’assurant qu’il ne serait capable d’en sortir seul.

Lily se permit de voler quelques derniers objets dont ses souliers, ses vêtements et sa bourse. Un obstacle de plus sur sa route lorsqu’il redeviendrait humain. Elle prit également possession du cristal verdâtre et son socle. Il n’en aurait plus de besoin et elle avait une idée en tête.

Une fois sa sacoche bien remplie, elle se retransforma en souris et quitta. Elle fit le même chemin qu’elle avait pris, mais à l’inverse. Une fois sur le toit, elle quitta sa forme oiseau et jeta un œil aux alentours. La tranquillité des lieux était apaisante. « Camille? Tu es encore là? » Demanda-t-elle. Entendre la voix de son amie fut rassurante. Elle la mit rapidement aux faits et lui indiqua qu’elle revenait.

Quelques minutes plus tard, une souris se glissa dans le sous-sol puis se changea en une jeune hybride. D’un signe de la main, elle indiqua de rester silencieux. Elle installa la pierre verte sur son socle et réactiva l’objet magique pour que le son ne puisse quitter la pièce. « J’ai la clé. Allons-y. » Dit-elle en sortant la clé de son sac. Elle l’enfonça dans sa serrure et le mécanisme œuvra pour ouvrir un passage. « Allez allez! » S’exclama-t-elle. Camille passa la première tout en aidant deux autres compagnons. Peu à peu, ils prirent le passage secret et il ne resta plus que Lily derrière.

Elle avait une dernière chose à faire et pour se faire, elle se transforma en un énorme gorille. Avec ses poings, elle vint écraser les cages. Dans les décombres de l’une d’elle, elle vint poser le mini-garde dans un gobelet métallique qui avait encore un petit fond de bière. « Je chercherais un autre travail, si j’étais toi. Tu as été chanceux cette fois-ci. »

Sur ce, la jeune femme se glissa dans le passage.

Le maître lorsqu’il se transforma, se réveilla immédiatement et fut sans doute fort surprit d’être une couleuvre, il fallait dire, ce n’était pas une chose normale que de se réveiller en étant soudainement une autre créature. Quant à son imitation de la couleuvre surprit, Lilyneska avait vu peu de serpent surpris, mais celui-ci avait l’air justement assez comique… Probablement se demandait-il si tout cela était bien réel, quoiqu’il en soit son état ne permettait pas vraiment de répondre verbalement.

Quoiqu’il en soit, Lilyneska ne saurait pas dire exactement ce qu’il retiendrait de la leçon, mais pour le coup elle s’était assurée que ce sera assez marquant, et peut-être aussi de retirer toute envie à l’homme à l’avenir, de consommer de la viande de serpent… Ah et quelques fractures probablement si personne ne le sortait à temps du placard, mais ça ce ne serait sans doute pas quelque chose pour lequel elle le plaindrait...

Ainsi l’hybride repartit non sans avoir volée quelque affaires au passage, elle se rendit alors jusqu’au toit où elle finit par débuter une courte conversation à son amie qui lui glissa.

« Oui, je suis là, ils n’ont encore rien remarqués, mais je ne saurais dire si ça va durer... J’ai hâte de quitter cet endroit. » Répondit la femme avec un peu d’appréhension, mais surtout une petite hâte bien compréhensive dans son ton, après tout elle n’était sans doute point contre de retrouver enfin sa liberté.

Et peu après ils se retrouvèrent dans le sous-sol, Lilyneska prit la peine de rendre les environs plus silencieux pour l’extérieur avant d’ouvrir le passage, ce qui ne fut pas de trop, car en effet l’ouverture du passage fut assez bruyante. C’était littéralement un mécanisme assez rudimentaire, probablement impulsé par magie, qui fit que le mur de mouva en partie pour révéler un tunnel sous forme de grotte…

Un tunnel dans lequel les esclaves n’hésitèrent pas à s’engager malgré ses aspects peu engageants, bien conscients qu’il ne valait mieux pas s’attarder ici de toute façon. Puis Lilyneska décida avant de les suivre de s’occuper des cages et de laisser son prisonnier ici, prisonnier qui allait sans doute être soucieux de sortir du gobelet avant que le rapetissement ne s’achève, sinon il risquait d’être pas mal égratigné par le verre qui se briserait autour de lui, mais au moins l’homme retiendrait probablement la leçon.

Quoiqu’il en soit le tunnel lui fut… Dénué de tout péril, c’était un tunnel creusé dans la roche tout ce qu’il y a de plus normal, et inhabité, mais un peu humide. Et surtout assez sombre, le genre où il fallait se guider soit avec une lumière, soit au tâtonnement.

Et la petite troupe finit peu de temps après l’avoir emprunté, par sortir un peu à l’écart de la grande cité des mercenaires, au pied d’un grand arbre solitaire au milieu des champs agricoles. Personne dans les environs, ah si quelques soldats d’une patrouille mercenaires qui rôdaient, mais rien de bien folichon.

Lorsqu’ils furent tous sortis, la jeune amie de Lilyneska décida alors de reprendre la parole. D'un ton où se sentait la joie, mais aussi une profonde appréhension.

« Nous sommes libres enfin libres... Mais je t’avouerai que je ne sais pas où aller et actuellement je ne suis probablement pas la seule. Je ne veux pas dire que je ne sais pas où sont les miens que je désire retrouver, mais je crains que nous devions pour cela traverser les terres duchéennes et d’autres périlleuses ensuite pour y arriver… N’importe quoi pourrait arriver en cours de route, surtout au vu de notre état... » Elle semblait assez préoccupée par cela et en effet les autres parurent y réfléchir tout à coup, puis elle demanda avec un sourire à Lilyneska.

« Enfin, quoiqu’il en soit je suis heureuse de savoir que tu est toujours vivante et te portes bien, qu’est-ce qui t’es arrivée depuis le temps ? Comment as tu fais pour t’en sortir par la suite ? Je suppose que maintenant l’on peut en parler un peu. Encore merci quoiqu’il en soit de nous avoir aidés. Je ne sais pas comment te remercier, mais sache que tu seras la bienvenu chez les miens lorsque je serais de retour à mon foyer. » Et là si Lilyneska le permettait, la jeune femme la prendrait un peu dans ses bras dans une étreinte amicale.

Le passage secret était sombre et d’aspect peu accueillant, mais personne parmi les anciens esclaves ne reculèrent. Quoiqu’il y ait au bout, ce serait plus doux que les rudes batailles  et les horribles conditions qui les attendaient s’ils étaient restés avec le vieux maître. Sans lumière, ils avancèrent doucement. Lily avait pris les devants pour les guider et les avertir de ce qui les attendaient.

Plus d’appréhension qu’autre chose, car au bout d’un long moment, ils parvinrent enfin à la sortie. VICTOIRE! Lilyneska leur fit signe d’attendre en premier et partie en éclaireur pour s’assurer que la sortie était sécuritaire. Elle n’avait surtout pas envie de tomber sur un piège et ses compagnons n’étaient pas dans un état pour se battre. Elle leur fit finalement signe de se joindre à elle et après quelques minutes de marche, se placèrent près d’un arbre solitaire. « Vous êtes enfin libres! » leur dit-elle. Camille était inquiète et c’était compréhensible. Elle-même, elle était passée par là et ce n’était pas il y a si longtemps de cela. Elle posa avec douceur ses azurs sur les anciens esclaves. « En effet, cela peut être déroutant au début… C’est tout un nouveau monde qui s’offre à vous et c’est vous, désormais, qui détenez les rênes. Imaginez toutes les possibilités. C’est ça la liberté. »

La question de Camille la fit sourire. Elle les invita à s’asseoir près d’elle pour prendre un petit temps de repos afin de se revigorer et elle leur raconterait par la même occasion son histoire à elle. Elle leur tendit son outre d’eau dont l’eau fraîche se remplissait automatiquement par magie. Fouillant dans son sac, elle en sortit tout ce qu’elle avait volé dans la chambre du vieux maître et les offrit à ses compagnons. Il y avait là vêtements, monnaie et friandises. Elle s’était gardé les bouteilles d’alcool, car disait-on que cette boisson tapait plus sur des estomacs vides et des corps frêles. Lily avait vu l’action des boissons alcoolisés sur les gens et repensant à ces gens soûls, elle réprima un frisson. Elle rajouta quelques morceaux de viandes séchées et salées ainsi que des pâtisseries qu’elle avait ramenées d’Ikhyld. « Après que Melk ait brisé ma cage dans son escapade, je me suis enfuie. Je ne l’ai pas revue depuis. » Précisa-t-elle avant que quelqu’un le lui demande. Camille l’avait connue, mais elle n’était pas certaine pour les autres. Les pensées de l’hybride vagabondèrent un instant. Où était-elle? Que faisait-elle? Avait-elle trouvé un endroit pour vivre heureuse et libre? « J’ai erré dans les Duchés durant des mois. Je me suis débrouillée comme j’ai bu. J’ai volé ici et là. Puis j’ai fait une rencontre puis je suis allée vivre à Akkaton. Oh! Mais je suppose que ça pourrait être une option pour ceux qui n’ont nulle part où aller ou qui veulent quitter les Duchés. » S’exclama-t-elle.

Lilyneska avait ajouté des détails sur ce qu’elle avait fait dans les derniers mois et quelles expéditions elle avait fait. Elle ne voulait pas leur cacher que son bienfaiteur était Otmar Ehrlich Deffarès. Parlant, elle se rendit compte qu’elle avait complètement oublié les objets précieux qu’elle avait dérobés et vit leur visage rayonner quand ils les prirent ce qui leur appartenait.

Elle se perdit momentanément dans ses pensées. Elle n’était pas certaine comment cela fonctionnerait pour que des esclaves duchéens passent à Akkaton, mais pourquoi ne pas demander à celui qui en savait le plus? « Papa ? » Prononça-t-elle tandis qu’elle activait sa puce électronique pour entrer en communication avec le vieil homme. Elle avait choisi d’activer l’écran virtuel pour qu’ils puissent se voir tous les deux. « Ne sois pas fâché, d’accord? Mais j’ai besoin de ton aide. » Poursuivit-elle. Après tout, elle avait décidé de faire cette mission personnelle sur un coup de tête et avait laissé en pans ses gardes du corps. Qui sait s’ils l’avaient déjà contacté ou non. « Je te présente d’anciens esclaves… nouvellement libérés. » Dit-elle en ajoutant un mouvement de son bras pour les lui présenter. « Certains n’ont nulle part où aller… Et craignent pour leur sécurité… Pourraient-ils se rendre à Akkaton? » Lui demanda-t-elle. La majorité était encore que des enfants et ils étaient dans un piteux état.

Les anciens esclaves semblaient heureux d’êtres enfin libres, mais aussi inquiets, cela expliqua peut-être qu’ils ne s’exclamèrent pas, cela ou le fait de vouloir êtres discrets. Telle était la question après tout, maintenant qu’ils étaient libres en quelque sorte, que faire de cette liberté ? Et comment la conserver ? C’était cela souvent le souci quand on avait été privé d’une telle chose pendant un certain temps, il fallait apprendre à nouveau à en profiter...

Quoiqu’il en soit, ils furent tous contents de s’asseoir et reconnaissants de la générosité de Lilyneska qui leur offrit de quoi boire et manger et leur rendit leurs effets personnels, tirant des larmes à certains, avant de raconter son histoire qu’ils écoutèrent respectueusement. Après tout à leurs yeux, cette dernière devait être devenue en quelque sorte leur héroïne, ou plutôt bienfaitrice. S’il y avait bien une fois dans sa vie où Lilyneska pouvait se sentir fière de ses actions, c’était probablement celle-ci…

Et d'ailleurs, ils furent surpris par son histoire, elle put même remarquer quelques étincelles d’envie dans le regard de certains, une envie qui néanmoins ne surpassa pas le moins du monde leur reconnaissance envers elle, sans doute à l’idée qu’elle devait mener une belle vie. Et ils semblèrent pour certains considérer rapidement l’idée de Lilyneska lorsqu’elle parla de l’empire Akkatonien. Carmilla elle-même glissa pensive.

« Ce serait peut-être une idée en effet. Le temps de se ressourcer un peu, Eïrn a une frontière avec Akkaton je crois, peut-être que je pourrais demander à quelqu’un de me déposer chez moi, pour argent comptant probablement, mais au moins je ne risque pas de finir à nouveau en cage en Akkaton contrairement aux duchés... » Elle devait savoir parfaitement que les Akkatoniens ne pratiquaient pas l’esclavage après tout. Ils avaient leurs défauts, mais pas d’apprécier ce genre de pratiques.

Quoiqu’il en soit lorsque Lilyneska voulut appeler Otmar, elle dû attendre un peu, sans doute que ce dernier se réveille, car il était probablement en train de dormir, mais elle le vit alors en effet répondre par l’intermédiaire du prototype qu’ils employaient tous les deux. Elle put voir alors qu’il était vêtu d’un costume assez classe comme à son habitude, probablement s’était-il rapidement habillé avant de répondre. L’homme était le genre à aimer être propre sur soi et bien habillé en général.

« Ne t’inquiète pas. » Dit quoiqu’il en soit son père de l’air de l’homme qui forçait son esprit à se réveiller quand elle lui dit de ne pas se fâcher, puis il sembla considérer ce qu’elle lui dit ensuite un peu étonné. Et finit par répondre avec réflexion. « Je suppose qu’il faudra que je te demandes plus tard des détails quant à cela, mais sinon… Oui, tu pourrais les déposer une ambassade de l’empire, là-bas ils finiront par les ramener au pays s’il le désirent, du moins s’ils sont en effet des anciens esclaves... Ensuite, je suppose que ce sera à l’administration de se creuser la tête à leur sujet s’ils veulent rester au pays, mais je pense qu’ils pourront reconstruire leur vie dans la province s’ils le désirent, ou ailleurs si leurs proches les attendent. Je te conseille quoiqu’il en soit de les déposer assez rapidement dans une ambassade, tu n’auras ainsi plus à te préoccuper des dangers des duchés les concernant. » Après tout peu seraient idiots au point de tenter de pénétrer illégalement dans une ambassade Akkatonienne pour des esclaves. Déjà car Akkaton ne reconnaissait pas le statut d’esclaves et interdisait les pratiques s’en approchant sur son sol, autant dire que les gardes là-bas seraient habiletés à agir pour empêcher une telle chose.

Lily sourit à son père. Son visage et son regard prirent une expression soulagée par les mots qu’elle entendit. Il y avait là de la reconnaissance, également. Bien sûr, elle ne s’était pas attendu qu’Otmar explose de colère face à ce qu’elle avait fait. Elle ne l’avait jamais vu hausser le ton envers elle, d’ailleurs… Elle avait pris pour acquis que ce n’était pas dans sa nature, mais elle avait toujours une certaine incertitude. Néanmoins, se faire dire de ne pas s’inquiéter avait fait évaporer le restant de ses craintes. Toute son attention s’était alors posé sur ses protégés, c’est comme ça qu’elle les considérait. Ils le seraient jusqu’à ce qu’ils puissent partir de leurs propres ailes et ce, en toute sécurité. « Oui, une fois à la maison, je te promets de tout te raconter. » Lui répondit-elle.

Lilyneska hocha la tête quant à l’ambassade. C’était la meilleure solution pour le moment. Là-bas, ils seraient hors d’atteinte de l’esclavagisme des Duchés du Sud. « Où est l’ambassade la plus proche? Nous sommes ici. » Précisa-t-elle. Heureusement, le terme ici était suivi d’une géolocalisation transmise à la puce électronique jumelle à la sienne. « Pourrez-vous annoncer notre arrivée ? Ils risquent d’être fort surpris sinon… » Demanda-t-elle.

Otmar s’occuperait heureusement des préparatifs et d’avertir l’ambassade. De son côté, tout ce que l’hybride devait faire c’était d’y emmener les anciens esclaves. Elle leur décrivit le plan et s’assura que tout le monde était d’accord. Elle ne forcerait personne avec ses idées, mais elle les avisa qu’ils y seraient en sécurité. Par la suite, ils pourraient rentrer chez eux dans leur contrée ou s’ils le désiraient, se faire une nouvelle vie à Akkaton. Les détails les attendraient là-bas. En tout cas, l’idée de se ressourcer là-bas plut à l’ensemble.

Malgré la fatigue, le groupe reprit la route. Venant de sortir de la cave et étant tant en proximité avec la demeure, ce n’était pas une bonne idée de rester immobile pendant un long moment. Lily, sous la forme d’une monture, prit quelques anciens esclaves sur son dos à tour de rôle. Le soleil commençait à pointer le bout de son nez lorsque la silhouette de l’ambassade apparut sous leurs yeux. C’était la même ambassade qu’elle avait été, jadis.