La vie d'un mercenaire était faites de toutes sortes de contrats, parfois bien étranges. Et un bon espion qui voulait se faire passer pour ce genre de mercenaire devait forcément aussi parfois accepter les contrats les plus étranges pour parfaire sa couverture et avoir une certaine crédibilité face à ses employeurs futurs... car après tout n'accepter que des missions relatives à l'espionnage aurait eut le désavantage évident de très vite devenir suspect. Consacrer du temps et des efforts à des contrats qui permettaient simplement d'asseoir sa réputation en tant que mercenaire et de, tout bêtement, s'inscrire dans le paysage du pays où on se trouvait n'était jamais vraiment du temps perdu. De plus, ces contrats permettaient souvent de gagner de l'argent, ce qui était toujours utile même quand en réalité on était salarié, ne fut-ce que pour couvrir les frais de missions divers et variés qui pouvaient survenir de-ci, de-là.

C'était justement une de ces occasions pour Uahbra, qui avait accepter de combattre dans un combat clandestin pour une jolie somme d'argent. Plus exactement, il avait reçu un payement pour sa participation, et on lui promettait une prime en cas de victoire. Une victoire de ce genre aurait, outre l'avantage financier, celui d'asseoir sa réputation, mais même une défaite serrée pourrait le servir, d'autant qu'il affrontait un guerrier esclave que l'on disait invaincu. En bref, c'était une bonne occasion de se fondre dans le paysage duchéen, surtout que se faire remarquer par le genre de personnages qui fréquentaient ces combats clandestins ne pouvait que lui ouvrir certaines portes si d'aventure il devait rechercher des engagements de mercenaire dans des milieux plus « sombres » pour de futures missions au service d'Eïlynster. Et puis, le Naga devait bien s'avouer que l'idée du combat l'intéressait quelque peu en elle-même également.

Quoiqu'il en soit, il avait donc gagné l'arène, et était entré dans celle-ci le premier, alors que les spectateurs se massaient dans les gradins. C'était un combat sans règles, où toutes les armes étaient permises, et le guerrier-serpent était donc armé de pied en cap, son bouclier au bras. Avec les diverses marques tribales qui se trouvaient sur son équipement, il avait un petit côté exotique qui, renforçant son statut déjà un peu exotique en lui-même de Naga, était sans doute en partie la raison de son choix. Gagnant un côté de l'arène, il tendit une main dans le vide et y fit apparaître une sublime lame elfique qui semblait particulièrement tranchante, assurant ainsi le spectacle, avant de se mettre en garde, attendant sans un mot la bête de combat qu'on lui avait promis comme adversaire, avec l'intention claire de l'emporter...