20 Juillet 2001

- Dame Maragosza, le marchand Leï et sa famille sont de retour de la ville d’Ar-Kazï. Il souhaite porter à votre connaissance une situation qui pourrait menacer Aurora dans un avenir proche. Voulez-vous le rencontrer maintenant ? Il attend à la porte, il semble contrarié.

L’endroit était chaleureux, richement décoré et meublé. Sur une chaise qui ressemblait plus à un trône qu’à un fauteuil classique, la femme aux cheveux d’argent regardait celui qu’elle considérait comme son bras-droit humain avec attention. Vêtu de noir, l’homme roux se pinçait les doigts avec ses ongles, un signe qui ne trompait pas sur son ressenti de la crise qui approchait. Il était sincèrement inquiet et espérait que la dragonne allait accepter l’entrevue sans la repousser.

- Qu’il entre, les nouvelles des contrées sauvages sont toujours intéressantes.

Le rouquin s’inclina avant de presser son pas afin d’ouvrir la porte et de faire entrer un homme brun aux épaules larges comme une armoire. Un corps massif et lourd, qui n’était pas sans évoquer la force d’un animal. Il ne fallait pas s’y tromper, cet homme, Leï, marchand au service de la communauté d’Aurora, était un thérianthrope taureau. Il faisait régulièrement des allers et retours d’Eïrn vers le nord pour vendre et échanger des ressources. Sa dernière visite dans une des plus grandes villes des contrées sauvages lui avait laissé un goût de danger dans la gueule.

- Merci de me recevoir Aurore guérisseuse. Je ne vous aurais pas dérangé si le problème ne me semblait pas important. Lors de notre voyage de retour depuis Ar-Kazï, nous avons fait la rencontre de frères thérianthropes. Ils ont été plusieurs à nous parler d’attaques de plus en plus nombreuses de leurs campements. Il s’agirait d’elfe des glaces venus des contrées sauvages jusqu’à Eïrn. Ils s’enfoncent à chaque fois davantage dans les terres. Nous avons eu la chance de ne pas les croiser.

Sagement installé près de la porte de la pièce, le majordome se mordit les lèvres de crainte. Le danger était peut-être à proximité d’Aurora. De l’autre côté de la pièce, la dragonne qui arborait fièrement son apparence humaine, se brossait les cheveux d’un air nonchalant en écoutant le marchand Leï. Ce n’était pas de la désinvolture, les habitants d’Aurora étaient tous habitués à la voir agir de la sorte, la beauté était une valeur importante, voire primordiale pour la dame Maragosza. Après une longue réflexion qui plongea la pièce dans un silence brisé par le craquement du bois de la cheminée, elle regarda le marchand depuis ses pupilles de lumière.

- Les contrées sauvages sont hostiles par nature. Qui sait, ce qui pousse ces elfes des glaces à venir piller les autres clans pour survivre ? Je vous remercie de m’avoir informé si rapidement, marchand Leï. Beltram va vous accompagner pour vous donner vos gages. De mon côté, il est impensable de laisser la situation s’envenimer. Mon vol sera à la nuit tombée, j’irais chercher de l’aide chez nos amis. Que personne n’ait connaissance de mon départ, je ne voudrais pas que nos ennemis profitent de mon absence.

L’homme brun s’inclina en signe de respect et quitta la salle pour recevoir l’argent qui lui était dû pour son activité marchande. Maragosza termina de se brosser les cheveux dans un long soupir. Elle s’assoupit, jusqu’à la nuit tombante, où elle partit comme elle en avait fait la promesse. S’éloignant de sa communauté en toute discrétion, elle s’envola sous sa forme draconique. Elle allait chercher conseil chez son ami Slenlodwiin. Sa communauté rencontrait peut-être les mêmes difficultés.

Slenlodwiin était comme souvent occupé dans son immense jardin, lorsqu’il ne voyageait pas ou n’était pas présent au sein de la bourgade de Assana dont il était le protecteur. L’être reptilien et ancien était alors occupé à entretenir les légumes et fruits gigantesques qu’il cultivait ici pour sa consommation personnelle. Après tout en tant que dragon végétarien, il fallait bien qu’il se sustente et il ne comptait évidemment pas se contenter des denrées ridiculement petites que consommaient beaucoup de bipèdes !

Le dragon était évidemment aussi capable de faire d’autres choses en même temps, notamment discuter. Et un elfe qui semblait avoir un certain âge et l’air revêche, malgré sa grâce naturelle, s’entretenait avec lui de divers sujets. Ce n’était autre que Liveroÿ, le capitaine de la garde d’Assana, celui en charge de la sécurité de la bourgade et qui avait en général surtout à gérer des affaires de faunes monstrueuses, de quelques rares brigands ou de bagarres entre civils peu avisés…

Ils s’étaient entretenus assez longuement sur un problème qui préoccupait quelques communautés ou petits états plus au Nord, mais ne concernait pas trop Assana, mais qui selon le capitaine seraient intéressant à observer pour Slenlodwiin, car il connaissait le bon cœur de ce dernier et que cela ferait de la bonne diplomatie pour eux… Et ils s'étaient rapidement mis plutôt d’accord, lorsqu’une certaine dragonne de la connaissance du vieux dragon, pénétra dans son jardin. L’elfe capitaine par réflexe s’écartera alors, pour se mettre un peu sur le côté, tandis que lui et le dragon offrirent un salut respectueux à la jeune saurienne. Même si des deux, ce fut Slenlodwiin qui prit la parole pour dire d’un bienveillant et paternel.

« Salutations à toi mon enfant, ce n’est pas souvent que je te vois ainsi venir auprès de moi quand que cela soit prévu, mais ta compagnie m’est toujours agréable? Installe toi si tu désires discuter. Liveroÿ et moi nous entretenions de quelques problématiques touchant des voisins plus au nord. » Le dragon esquisserait alors un doux sourire et ajouterait amusé alors que la jeune céleste pourrait s’installer.

« Si tu désires prendre une pomme ou une orange n’hésite pas, elles sont à a taille après tout... » Mais il doutait qu’elle en prenne une vérité, même si l’inverse serait une bonne surprise.

Les étoiles brillaient vivement dans le ciel lorsque Maragosza approcha de sa première destination. De nuit, la ville sous protection de l’ancien dragon était calme et paisible. Les habitants étaient certainement chez eux, tranquillement installés pour la nuit, et en toute quiétude sous l’aile patriarcale de Slenlodwiin. Ce dernier se trouvait à parcourir son grand jardin en compagnie d’un elfe, le capitaine de la garde de la ville. La dragonne espérait qu’Assana ne soit pas en proie à d’autres problématiques urgentes que celle des elfes des glaces. En se posant gracieusement à l’orée des jardins, la magicienne fut accueillie chaleureusement, à la manière traditionnelle de son comparse draconique.

- Je suis bien heureuse de te trouver encore éveillé en cette heure tardive mon cher Slenlodwiin. Je te salue avec respect et amitié. Elle attendit quelques instants avant de poursuivre. Nous allons devoir discuter d’une menace extérieure à Eïrn. Liveroÿ te consulte peut-être pour la même affaire.

Malgré l’offre de s’installer et de prendre un en-cas parmi les fruits du verger, Maragosza resta sous sa forme draconique et faisait les cent pas. Elle n’était pas véritablement inquiète, mais la pression de défendre le bien de sa communauté lui tombait soudainement sur les épaules. Aurora n’était pas encore une ville abondante comme Assana, pour autant, c’était un de ses objectifs à atteindre. Mais en serait-elle seulement capable si elle venait chercher de l’aide chez cet ancêtre draconique à la moindre menace ? Il fallait balayer rapidement ce genre de doute de son esprit.

- Comme tu le sais, je fais attention à mon régime alimentaire, je vais éviter les fruits pendant la nuit, mais merci pour l’offrande, c’est très aimable de ta part. Des elfes des glaces viennent du Nord pour piller des clans thérianthropes. C’est un de mes marchands, Leï, qui m’en a informé en revenant de la route marchande depuis Ar-Kazi. Ces attaques pourraient ne pas nous concerner directement, si ce n’est que les elfes progressent dans les terres un peu plus à chaque nouveau pillage. Tu connais mon opinion sur les mesures de précaution, il est toujours préférable de prévenir, plutôt que de guérir.

Après ce long discours qui dura quelques minutes, la dame Maragosza étira ses longues ailes déployées de lumière. Si Slenlodwiin comprenait la problématique, il y avait de bonnes chances pour que le duo draconique partent rapidement vers le Nord afin de vérifier les dires des marchands. Les elfes ne sont pourtant pas une peuplade spécifiquement agressive ou véhémente, c’est ce qui générait un doute supplémentaire dans la balance des risques et des menaces à entrevoir. Finalement, de nombreux scénarios étaient envisageables pour expliquer cette soudaine immigration belliqueuse.

- Qu’en penses-tu cher Slenlodwiin ? Je n’ai aucune idée de la compréhension diplomatique de ces êtres issus des glaces. Toi comme moi ne sommes pas des êtres d’eau, ce qui ne les mettra peut-être pas dans de bonnes dispositions.

En effet, les deux dragons n’étaient pas doués de la magie d’eau. Ils s’y connaissaient tous les deux en magie de la terre, et Maragosza était évidemment puissante sur sa magie de la lumière. Mais l’eau et la glace étaient des sujets bien différents…

Slenlodwiin préférait voir la jeune saurienne sous sa forme originelle, pas qu’il avait quoique ce soit contre ses formes bipèdes, mais il avait toujours trouvé étrange cette habitude de certains dragons de passer plus de temps sous une forme sans écaille et bien moins impressionnante… Après ce n’était pas comme si ça le dérangeait vraiment, mais il appréciait donc qu’elle ne s’amuse pas à prendre une forme qui l’obligerait à devoir baisser la tête pour la regarder.

« Oh, tes protégés rencontrent certaines problèmes ? J’en suis navré. Peut-être que ce sont les mêmes que ceux dont nous discutions en effet, même si nous concernant c’est plus une réflexion de si je dois offrir mon aide ou non. Certes, je compte offrir mon assistance tout de même, mais je pourrais le faire au nom d’Assana. » Glissera t-il sinon avec bienveillance et une dose d’amusement alors que la jeune dragonne s’installait, ce qu’il laissa faire sans souci.

Et il était content évidemment qu’on vienne lui demander de l’aide, Slenlodwiin appréciait bien faire après tout, mais son égo était aussi flatté que la jeune dirigeante se tourne vers lui pour ce genre de choses. C’était disons une preuve que ses conseils étaient sages et appréciés, mais aussi qu’elle estimait les belles actions qu’il pouvait faire pour lui rendre service.

« Tu crains donc que des pillards nomades s’en prennent à tes protégés ? C’est possible en effet, ce ne serait pas la première fois que des communautés nordiques d’Eïrn rencontrent ce genre de problèmes, surtout que ces bandes ne sont pas assez grosses ou remarquables pour que la république s’intéresse à cela. Et en effet, c’était de ce problème dont nous discutions, après tout si Assana est loin de tout ceci, nous pourrions aider. » Dira t-il sinon avec calme et réflexion, avant d’esquisser un sourire bienveillant et d’ajouter.

« Je doute que le fait que nous ne soyons pas mages d’eau pose tant de problèmes que cela, ils viennent de contrées froides, ils ne sont pas fait de glace eux-mêmes. Et puis qu’ils soient diplomates ou non, ils écouteront deux dragons leur parler, surtout que nous sommes assez impressionnants à notre manière. Donc si tu désires que je vienne t’aider concernant ce problème, c’est volontiers. » Il se lèvera alors, sembla partager quelques mots avec le capitaine elfique, puis dira motivé.

« Commençons à nous y rendre, nous n’aurons qu’à discuter en cours de route. Dis moi, comment désirais tu t’y prendre, aller les retrouver après avoir débusquée leur trace et faire preuve de diplomatie ? Ou une approche plus dure ? » Après tout même si le dragon préférait largement la paix à la guerre, il était tout à fait disposé si nécessaire à défendre les faibles plutôt que les laisser souffrir injustement.

- J’estime que ma crainte est fondée. Un danger montre rarement son vrai visage, il ne m’est pas possible de laisser le risque courir jusqu’à Aurora. Cela fait bien longtemps que je ne compte plus sur la République pour nous venir en aide en cas de besoin. C’est bien pour cette raison que j’ai pris mon envol jusqu’à Assana.

La conversation se poursuivait en langue draconienne du côté de Maragosza. Non pas qu’elle avait des choses à cacher aux collaborateurs du vieux dragon, mais plutôt qu’elle n’avait pas envie de les inquiéter davantage en exprimant ses propres craintes et ses doutes. Eh puis elle n’avait pas grand monde avec qui communiquer dans cette langue si peu parlée sur Orzian. L’occasion était trop belle pour ne pas la saisir. Dans tous les cas, la dragonne se félicite d’être venue jusqu’à Assana, Slenlodwiin semblant être réceptif à sa demande et ne pas craindre les elfes des glaces.

- C’est une bien heureuse nouvelle si tu considères que les elfes voudront nous écouter. Ils ne sont pas faits de glace, mais j’imagine qu’ils ont la connaissance suffisante pour en maîtriser la magie. La dragonne laissa quelques instants de silence pour poursuivre. C’est parfait si nous pouvons partir à leur recherche ensemble. Je ne doute pas un seul instant que nous réussirions à régler cette hasardeuse situation.

Le vieux dragon confirmait qu’il était prêt à prendre son envol en compagnie de sa comparse magicienne. Il échangea quelques instants avec son maître de la garde, sans doute pour lui confier quelques recommandations à suivre en cas de besoin, puis questionna Maragosza sur la stratégie qu’elle comptait adopter face aux elfes. Une excellente interrogation, un massacre de masse réglerait le problème de manière expresse, mais ce n’était certainement pas la façon de procéder de celle qui se faisait appeler Aurore Guérisseusse.

- Nous userons de la diplomatie autant que possible. Si les elfes ont la désagréable idée de se montrer agressif, nous devrons faire différemment. D’ici là, tentons d’appréhender la raison de leur soudain exil des terres du Nord, si tu le veux bien.

La dragonne ouvrit à nouveau ses ailes transcendées par le pouvoir de la Lumière et fit signe à Slenlodwiin qu’elle était prête pour le voyage. L’envol des deux dragons en pleine nuit leur permettra de parcourir le ciel en toute discrétion, et d’arriver à la frontière des terres nordiques au petit matin, sans avoir à se presser. Ils auront l’occasion de bavarder d’Assana et d’Aurora, et du développement de leurs cités respectives. Le vieux dragon se présentait plus comme une figure de protecteur bienveillant, lorsque Maragosza, elle, était certes une protectrice bienveillante, mais à la dimension bien plus autoritariste.

- Je compte faire agrandir l’auberge d’Aurora. Je pourrais éventuellement proposer à une petite quantité de ces elfes de se réfugier chez moi s'ils en ont besoin. Ce serait mieux que de piller les autres communautés. Ils doivent bien avoir des connaissances qui seraient bonnes pour ma communauté, ne crois-tu pas ? La mixité est une source d’enrichissement constante.

Slenlodwiin se demandait si son amie ne surestimait pas légèrement le menace, après tout s’enfoncer loin dans les terres Eïrniennes serait hasardeux pour des brigands… Cela et clairement Maragozna n’étant pas à la frontière nordique du pays, il y avait des chances infimes qu’elle ait des problèmes autres que commerciaux. Néanmoins, cela valait tout de même la peine de faire preuve de prudence et d’agir contre, ne serait-ce que pour aider ceux en ayant besoin, donc il n’ajoutera rien à ce sujet et se contentera de légèrement hocher de la tête.

Pour le reste, c’est sans mal que le vieux dragon passerait au dragonien, pendant que la capitaine de la garde d’Assana prenait poliment congé. Supposant sans doute pour sa part qu’il avait eut gain de cause et que de toute manière rien ne servait d’écouter une conversation entre dragons qu’il ne comprendrait pas… D’ailleurs le plus vieux des dragons n’hésitera pas à ajouter à la fois confiant et rassurant...

« Si deux dragons comme nous n’arrivent pas à résoudre ce problème, c’est qu’il est bien plus sérieux qu’une bande de bandits nomades pillant des routes commerciales. Autant dire, que je n’ai aucun doute quant à nos chances de réussite, c’est plus la manière dont nous réussirons qui m’importe, notamment que le sang ne coule pas inutilement. » Après tout si Slenlodwiin n’était pas non plus pacifiste, il abhorrait la violence inutile… Et autant dire que oui, si à eux deux ils ne résolvaient pas le problème, c’est que c’était bien pire que ce qu’ils prévoyaient…

Et cela lui allait parfaitement que sa jeune amie veuille éviter aussi d’user de violence si possible, ce qui amena un doux sourire de sa part, avant qu’il n’ajoute amusé. « S’ils s’en prennent à nous ce sera soit par bêtise, soit par désespoir, soit par réel confiance en leur capacité, mais je doute qu’ils osent sauf si nous les provoquons délibérément. Après tout, on ne triomphe jamais d’un dragon sans que le sang ne coule. »

Et ils s’envolèrent donc, alors que la nuit approchait. Maragozna décida d’ailleurs de lui parler de certaines choses au sujet de sa communauté et de ses projets. Slenlodwiin amusé glisserait alors.

« Tu pars du principe que des nomades méprisant potentiellement le mode de vie sédentaire ou attachés à vivre auprès d’un clan, qui est leur famille à leurs yeux, l’abandonneraient pour venir vivre dans ta communauté sédentaire ? Je ne doute pas que si un seul d’entre-eux se joignait à toi ça aurait déjà son intérêt, mais ne serait-ce qu’en obtenir un serait une gageure, même pour toi. » Après tout, c’était un projet ambitieux, qui impliquerait que la dragonne convainque au moins un de ces elfes d’abandonner le mode de vie de ses ancêtres et sa famille, deux concepts souvent très chers au cœur de l’elfe moyen… Du moins selon un schéma de passé courant chez beaucoup d’elfes indépendants. « Néanmoins qui sait ? Si nous les pacifions, peut-être y gagnerons nous déjà des partenaires commerciaux nomades. Il faut voir selon leurs aspirations et bon vouloir. » Après tout, il faudrait ajuster selon la situation.

Ce ne serait pas en quelques heures seulement que Slenlodwiin et Maragozna retrouveraient la trace du groupe d’elfes nomades qui errait à la frontière nord d’Eïrn, mais qui ne fut heureusement pas spécialement difficile à trouver. Le dit groupe de nomades avait monté un campement temporaire en cercle. Ils devaient représenter en tout en comptant les femmes, les enfants et les vieillards, deux cent personnes, accompagnés évidemment de pas mal de bêtes, que ce soit les montures, et guère que des chevaux, ou des bêtes de traits. Et c’est alors que l’aube pointait, que finalement les deux dragons arrivèrent et…

Ils se posèrent sans doute non loin du campement où ils furent aisément remarqués. Les dits elfes, qui faisaient penser plus à des Näaris nomades qu’autre chose et qui portaient des habillements assez traditionnels pour les elfes vivants dans les contrées sauvages, semblèrent alors se méfier au groupement de guerrier qui se fit à l’entrée du camp.

Puis, potentiellement moins prudent ou désirant s’enquérir de leur présence, un des elfes aux allures de shaman, une belle créature aux vêtements tribaux viendrait les voir, accompagné de deux guerriers… Et il semblait un peu renfrogné, quoique respectueux quand après s’être approché jusqu’à une distance minimale, il s’inclina légèrement avant de dire avec prudence.


« Que nous voulez vous vénérables célestes ? » Le « vénérable » semblait alors plus sonner comme une formule de politesse de bon goût, qu’un signe de vénération pour les dragons auxquels il parlait. Certes il avait l’air de les respecter tout de même, mais disons qu’il était fort méfiant pour le moment…

En tout cas il ne faisait pas preuve spécialement d’hostilité, ce sans pour diverses raisons, mais n’avait pas non plus l’air spécialement amical, ce sans doute aussi pour de multiples raisons… Ce qui laissait donc aux deux dragons l’initiative de lancer la conversation.

Les dragons volèrent quelques heures avant de trouver le campement elfique. Pendant ce voyage, ils discutèrent de choses et d’autres, et Maragosza écoutait avec attention les conseils de son aîné. Comme toujours, il y a des choses à prendre et à laisser dans les paroles de l’ancêtre draconique, en particulier, car la dragonne de lumière avait sa propre vision sur la vie et les destinées. Elle accepte soigneusement les conseils judicieux et préfère ne pas s’arrêter trop longuement sur le reste. Par exemple, Slenlodwiin juge difficilement réalisable le vœu de la magicienne qui souhaite accueillir des elfes des glaces, mais personne ne peut prédire l’avenir.

- J’ai déjà intégré certaines personnes nomades à Aurora. Il est évident que ces personnes ont un certain besoin d’adaptation, mais le confort d’une vie sédentaire leur est parfois préférable. Eh puis les marchands ne sont sédentaires que lorsqu’ils s’arrêtent de voyager pour vendre leurs camelotes. Tu as raison de souligner qu’il sera nécessaire d’être particulièrement attentif à leurs besoins et à leurs aspirations en tant que groupe.

La diplomatie était toujours une notion importante à considérer pour Maragosza, que ça soit pour appréhender une épineuse situation comme celle des elfes, ou pour répondre avec tact à l’ancêtre draconique qui vole à ses côtés. Il ne s’agit pas de froisser les susceptibilités de chacun, bien au contraire. De toute façon, le débat sera vite réglé puisqu’ils se présentent désormais à proximité du camp des elfes. Pas trop près, pour de simples raisons de sécurité, les bipèdes risqueraient de se sentir menacé et de devenir agressifs sans même que la discussion ne puisse être lancée.

- Salutations à vous et à votre famille. Je suis la dragonne de lumière, Maragosza. Nous venons en paix, vous pouvez rassurer les vôtres, ils ne risquent rien en notre présence.

Le premier représentant des elfes des glaces à se présenter aux deux dragons ressemblaient à un chaman. Deux guerriers le suivaient de près, une présence armée qui signifiait certainement que l’homme était un personnage important au sein de cette tribu. Maragosza tentait de décrypter tous les détails possibles afin de mieux cerner à qui elle avait à faire. L’aspect chamanique de la tenue de l’elfe éveillait certains soupçons chez la dragonne, elle se méfiait des chamans à la magie animiste.

- Vous n’êtes plus très loin de la frontière de la République d’Eïrn, et des marchands sèment la rumeur disant que vous la franchissez régulièrement. Nous ne sommes pas des envoyés de la République, mais nous nous questionnons sur de tels agissements de votre part, les vôtres et ceux de votre communauté.

Bien sûr, elle laissa le soin à son comparse dragon de se présenter à son tour. Il ne fallait pas aller trop vite et risquer de brusquer les elfes. Néanmoins, ils étaient là pour élucider la question des raids venus des glaces, et ce campement de quelque deux cents personnes risque de présenter des problématiques bien particulières. Elle avait songé à se transformer en elfe, ou en humaine, mais Slenlodwiin ne maîtrisait pas la magie transformiste, et n’aurait pas pu l’accompagner dans son nouvel aspect. Il était plus sage de rester sous forme draconique, pour le moment.

Slenlodwiin n’était pas vraiment sûr que ce serait évident de convaincre des elfes nomades depuis toute leur existence de devenir sédentaires d’un coup, ou que l’argument du confort matériel était suffisant pour eux. Cela ou que le comparatif de marchand ayant un pied à terre soit très valable, après sans doute pensait-il ainsi car il avait put fréquenter longuement ces diverses populations alors que son amie ne connaissait pas forcément la mentalité de certaines peuplades des steppes. Sans doute valait-il donc mieux la laisser découvrir que d’insister ? Après tout il ne tenait pas à insister alors qu’ils auraient peut-être une démonstration à ce sujet plus tard.

Cela et puis si ça se trouvait elle arriverait en effet à en convaincre certains, on ne savait jamais, surtout s’ils étaient vraiment désespérés, après tout on pouvait être sensible à certaines propositions quand on avait peu de possibilités… C’était sans doute malheureusement ce qui à ses justifiait pas mal de fléaux comme le brigandage ou le vol par exemple. Et c’était aussi ce que le pousserait à faire de son mieux pour être compatissant et empathique au passage...

« Salutations à vous mon enfant, nommez moi Slenlodwiin et nous venons en effet en paix, comme vous le savez peut-être je suis un protecteur et non un destructeur. Il en est de même pour mon amie. » Dira donc le dragon calmement et avec bienveillance, en jouant sans doute sur la petite réputation qu’il devait avoir dans les contrées au nord d’Eïrn…

Pour le reste, Slenlodwiin ne se méfiait pas le moins du monde du shaman, sans doute car ce n’était à ses yeux qu’un mage comme les autres, ce qui était théoriquement vrai, la seule différence avec les lanceurs de sorts des pays civilisés étant peut-être de sorts moins raffinés ou un enrobage culturel ou tribal dans leurs usages. Cela et puis comme les elfes étaient une population assez proche de la magie par nature, il ne devait guère être le seul shaman de sa tribu…

« Et sachez que si nous pouvons vous aider avec un quelconque problème que vous rencontrez, qui tourmenterait votre peuple, nous sommes tout à fait disposés à prêter notre secours. Notre but n’est après tout pas de vous combattre. » Ajoutera sinon le vieux dragon imposant et très grand à l’elfe, mais avec une certaine douceur. Comptant sans doute sur le fait qu’un être aussi imposant et intimidant que lui qui faisait preuve de bonté, suscitait aisément un certain respect ou au moins une certaine retenue.

Le shaman elfe qui continuait à être méfiant, mais respectueux et qui semblait tout de même être assez impressionné par les deux dragons lui faisant face, ce pour des raisons différentes et évidentes, mais pas assez pour le moment pour sortir de sa méfiance somme toute naturelle… Observera tout autant la très belle dragonne aux écailles mauves splendides, que l’imposant et intimidant dracosire, et sans doute en déduira t-il qu’il valait mieux pour sa part à lui aussi être fort respectueux alors qu’il dirait avec cordialité.

« Nous ne cherchons pas le conflit non plus protecteur et protectrice, nous apprécions que telle ne soit donc pas votre intention. » Y avait-il une légère pointe de soulagement dans son regard ? Sans doute, après tout deux dragons puissants pouvaient infliger beaucoup de dégâts à sa petite tribu, autant dire qu’il ne tenait pas à débuter un affrontement avec eux. Puis il ajoutera pensif...

« Nous ne faisons que pourvoir aux besoins de notre peuple en des temps difficile, nous avons été chassés des terres où nous paturons habituellement en cette saison par un clan Heïng, le temps que nous en retrouvions une ou reconstituions nos forces, nous vivons un temps sur le pays. Comprenez que nous n’avons pas le choix, mais évidemment nous ne serions pas obligés de le faire si vos peuples nous faisaient cadeaux de quelques denrées, comprenez après tout que nous ne faisons pas cela par goût de la violence. Cela et nous tenons à conserver notre mode de vie, raisons pour laquelle nous ne descendons pas définitivement au Sud. » En somme, il semblait tout à fait disposer à calmer les choses, s’ils obtenaient de manière pacifique ce qu’ils obtenaient par la force auprès des marchands et voyageurs… Il est vrai que ce serait une solution simple, mais ça enverrait le message que certaines peuplades d’Eïrn étaient prête à offrir des denrées pacifiquement pour éviter des raids, donc est-ce que cela résoudrait vraiment le problème à long terme ? Après tout, les contrées sauvages ne manquaient pas de peuples nomades pillards, ces elfes étaient certes un cas rare concernant les Näaris, mais pas forcément concernant les autres peuples des steppes...

Les présentations étaient désormais faites entre les deux dragons et le représentant du clan des Näaris. Pour le moment, Maragosza ne voyait aucune tension dans les échanges courtois, même si le chaman avait à l’évidence un brin de soulagement en constatant la nature pacifique de la visite draconique. Les guerriers semblaient moins sur la défensive et la magicienne espérait que les habitants du camp les toisaient sans aucune méfiance. Il fallait tout de même noter que le chaman n’avait pas déclaré son identité, l’échange n’était pas encore sur un pied (ou une patte) d’égalité.

- Nous avons eu la grâce de vous indiquer nos noms, cher Näaris. Je souhaite connaître votre nom et votre rôle au sein de votre communauté. Qui êtes-vous ?

La question pouvait paraître directe, mais il n’était pas question de partir sur une mauvaise base dans cette discussion diplomatique. Slenlodwiin se présenta alors à son tour en se décrivant comme protecteur et non comme destructeur, tout en qualifiant son propos pour Maragosza. La dragonne ne put s’empêcher un sifflement avec sa langue reptilienne à cette parole, comme pour indiquer que si elle n’était pas d’une nature véhémente, elle pouvait tout à fait se montrer combative si nécessaire. Néanmoins, elle approuva son comparse protecteur lorsqu’il ajouta qu’ils étaient là pour leur venir en aide, et qu’elle que soit l’éventuelle menace pouvant planer sur la tête des petits bipèdes. Le dragon paternaliste avait l’art de se montrer empathique et sensible auprès des autres, un talent que Maragosza possédait également, mais dans une moindre mesure. Elle avait souvent besoin de l’aide de la magie pour accélérer et développer sa bienveillance. La suite de la discussion menée par l’elfe chamanique allait d’ailleurs mettre ses nerfs à l’épreuve.

- Des cadeaux ? Nous pouvons vous venir en aide, mais certainement pas à notre propre perte. L’échange dans un cadre commercial serait la solution la plus facile pour nos différentes communautés. Je ne mets aucun doute sur les connaissances ancestrales de votre clan et de ce qu’elles pourraient nous apporter en échange de vivres. Vous voyez, de cette manière, personne n’est en dépendance de l’autre.

Des tributs à donner aux elfes des glaces ?! Et puis quoi encore ?! Maragosza était contre une telle éventualité. Non pas parce qu’elle n’était pas généreuse, les habitants d’Aurora ne pouvaient pas se plaindre de leurs conditions de vie, mais plutôt parce qu’elle ne pouvait pas croire sur cette simple parole cet individu. Il expliquait que sa tribu avait été chassée par des clans Heïng, une peuplade qui est certes agressive et nomade, mais dont la dragonne n’avait pas entendu parler récemment. Sans compter que pour les tribus nomades, il était souvent très difficile de déterminer à quel moment telle terre appartient à qui, puisqu’ils bougent sans cesse.

- Avez-vous des membres blessés ou âgés dans votre communauté ? Nous pourrions commencer par vous aider avec les plus fragiles, pour vous montrer notre bonne volonté. Ma magie de lumière peut être utile.

Il fallait maintenant attendre les propositions de Slenlodwiin, et sans doute les remarques du chaman elfique. Pendant ce temps, Maragosza tentait de se remémorer ce qu’elle savait des clans Heïng, ce peuple des contrées sauvages.

Slenlodwiin eut rapidement l’impression qu’ils jouèrent un peu deux rôles différents dans cet échange aux propos qui suivirent de son amie, notamment en réaction aux paroles de l’elfe, lui celui du parti le plus empathique et doux et elle celle de la fermeté sans non plus être dur ou véritablement méchante. Quoiqu’il en soit, il comprit totalement sa réaction à l’offre de tribut, que pour sa part il n’aurait de toute manière sûrement pas accepté, il n’avait rien après tout contre une solution pacifique, mais il savait que ce n’était pas le mieux de fournir un tribut à tout ceux qui vous enquiquinaient…

« Je sais pour ma part que les nomades des terres sauvages sont d’excellents éleveurs, nos communautés sédentaires n’auraient rien contre votre viande et vos laitages, mais aussi vos destriers ou vos créations artisanales raffinés. Vous devez comprendre que nos protégés ne peuvent pas offrir sans rien en retour à tout ceux qui le demandent simplement pour vivre en paix, ce n’est pas un rapport très sain pour une amitié après tout, le commerce nous paraît donc préférable. » Glissera t-il donc tout d’abord pour soutenir les propos de son amie et du ton de la suggestion

Il aurait aussi put ajouter que ça n’aurait rien servit à ces communautés d’avoir des dragons comme protecteurs si elles étaient obligées de verser des tributs à des brigands pour assurer leur tranquillité. Il ne le fit pas néanmoins, mais il préférait ne pas céder sur ce genre de point. Ce serait autant indélicat pour Assana, que nuisible à sa crédibilité longuement entretenu et à l’immense respect qu’on lui accordait...

« Je pratique pour ma part la magie de la terre,  qui elle aussi est fort curative et ce serait avec joie que j’offrirai mon soutien à ce niveau. Nous pourrions à Assana aussi vous offrir un accueil temporaire si vous le désirez, évidemment rien de permanent, mais cela vous aidera à vous reprendre et ce serait un geste de bonne foi de notre part. » Il disait bien temporaire pour ne pas vexer leur désir d’indépendance ou d’autonomie nomade après tout, même s’il n’était pas sûr qu’ils accepteraient… Quoiqu’il en soit sur ces paroles formulées avec douceur et bienveillance, mais une pointe de fermeté, il attendrait lui aussi les réponses du shaman...

L’elfe lorsqu’on lui pointerait qu’il ne s’était pas présenté, grimacera légèrement comme s’il était gêné par ce léger oubli de sa part, ce qui en effet n’était pas commun de la part d’une race souvent perçue comme fort raffinée ou assez maniérée… Ainsi il dira légèrement contrit.

« Veuillez m’en excusez, nommez moi Ilihice Gwenoïl, shaman de mon clan et mage de l’eau et de la mort. » Donc sans doute en grande partie un guérisseur, même si ces deux magies ne faisaient pas que ça, mais disons qu’il était probable qu’un nécromancien et mage d’eau soit souvent sollicité pour des tâches curatives… Puis il reprendrait sinon, en prenant un air qui se voulait visiblement neutre et déterminé en réponse aux propos des dragons.

« Les miens sont exsangues, nous n’avons que peu ou pas à échanger actuellement, lorsqu’ils nous ont chassés des terres sur lesquels nous allions souvent pour faire pâturer nos troupeaux, ils ne se sont pas privés pour voler une partie de notre bétail au passage. Si nous vous vendons ou échangeons ce qui nous reste, nous n’améliorerons pas notre situation… Si c’est la fierté que vous empêche nobles dragons de faire cela, pourquoi ne pas le considérer comme une sorte de cadeau offert à des pauvres hères ? » Visiblement il tenait pas mal à avoir un soutien ou de l’aide, quitte à le présenter sous un angle un peu pitoyable, mais ce n’était pas forcément bon signe car il insinuait qu’il pensait vraiment cela nécessaire, comme il ajouterait ensuite cordialement...

« Nous apprécierons votre aide et vos soins si vous pouvez nous les offrir, quant à nous abriter un temps, sauf si vous pouvez nous escorter ou nous transporter rapidement à de longues distances, je sais fort bien qu’Eïrn est dangereuse à traverser, notamment pour une tribu comme nous n’étant pas au mieux de sa forme… Néanmoins, si vous pouvez déjà soigner nos blessés et apaiser quelques souffrances, nous vous en serons déjà gré. Pour le reste, vous comprenez vénérables dragons, que nous ne faisons que le nécessaire pour survivre... » Conclura t-il donc pour mettre en avant leur situation actuelle, ou du moins la vision qu’il en avait...

La suggestion de soigner de manière bénévole les anciens et les plus faibles semblait être le meilleur compris dans l’esprit de la dragonne. Ils ne pouvaient pas faire meilleur signe de leur bonne volonté, et surtout de trouver une solution pacifique qui conviendrait à toutes les parties. Maragosza avait dans son arsenal de connaissance magique quelques sortilèges qui pourront aider les anciens à ne plus ressentir leurs douleurs, mais aussi à calmer les éventuels enfants en bas-âge. Elle savait et prenait pour acquis que Slenlodwiin saurait également fournir de puissantes capacités régénérantes.

- Si l’on parle de manière tout à fait franche et directe, vous n’avez rien à proposer en dehors de votre force de travail. Que votre peuple soit au bord de l’épuisement est une chose que nous allons pouvoir régler. En revanche, il faudra accepter d’en payer une contrepartie équitable.

Son comparse draconique avait également essayé de mettre en avant les multiples qualités reconnues des tribus nomades afin de trouver un compromis économique et commercial. La longue liste qu’il avait suggérée s'avère être un échec critique puisque les elfes disaient ne plus rien posséder de valeurs à échanger. La magicienne de lumière n’était pas du genre à céder si facilement à des caprices de bipèdes. S’ils étaient si épuisés que ça, cela signifiait qu’ils n’auraient bientôt plus la force de procéder aux raids pour voler les peuples d’Eïrn. D’une façon ou d’une autre, le problème serait donc réglé.

- Après des soins adéquats et une remise en forme, je ne doute pas que les vôtres se déplaceront plus facilement jusqu’à Assana. Je propose également de vous accueillir à Aurora. Mais nous verrons cela une fois que votre communauté aura décidé de son sort. Soit descendre plus au sud d’Eïrn avec nous et accepter nos règles de vie, soit repartir combattre les Heïngs au Nord.

Accueillir de nouveaux venus était une force sur laquelle comptait souvent la dragonne. Néanmoins, il fallait bien que les nouveaux venus s'intègrent dans une communauté aux mœurs et aux règles de vie différentes, ce n’était pas toujours simple. Slenlodwiin avait d’ailleurs très bien su définir cette tension pour les populations nomades qui ne voient pas d’un bon œil la sédentarité. Pour l’occasion, si les elfes préfèrent squatter de manière temporaire, elle laissera Assana assumer la charge de cette population. Sur cette rapide analyse de la situation, Maragosza se tourna vers Slenlodwiin afin de l’inciter à l’accompagner pour soigner les plus affaiblis.

- Je te propose d’invoquer Yggdrasil à deux. C’est un sortilège difficile dont je ne suis pas certaine d’avoir la puissance suffisante pour le réussir à moi seule. Je ne doute pas un instant qu’avec ta puissance magique en plus, nous réussirons à l’invoquer et à nourrir la population. Qu’en penses-tu ?

Maragosza n’avait pas eu le temps de prévenir le vieux dragon de ses nouvelles connaissances en magie terrestre. Elle avait récemment trouvé un artefact magique qui l’avait transcendée et lui permettait d’invoquer de puissants sortilèges magiques. Tout cela était encore récent, et elle était bien heureuse d’avoir Slenlodwiin avec elle dans le cas où il accepterait son offre.

Tout cela ne sonnait pas forcément de bon augure pour Slenlodwiin, car il comprenait que les nomades elfes agissaient en partie par désespoir et que, loin de voir le problème se régler avec le temps, celui-ci risquait de perdurer selon lui. Après tout, il suffisait d’avoir des adultes avec un cheval et des arcs en bon état, pour que ce genre de groupe puisse nuire… Certes il voulait bien croire en la manière dont ces gens se décrivaient; comme des pauvres hères, ce que le shaman n’aurait sans doute pas fait en autre compagnie… Mais il imaginait bien que si rien n’était fait, ce genre de cavaliers nomades avaient la capacité de continuer à piller un certain temps, pendant que leurs enfants et vieillards fatigués attendraient que les guerriers ramènent du butin.

« Et en parlant de force de travail, cela pourrait être pour aider dans des domaines correspondants tout à fait à des nomades comme vous, il y a bien des bêtes à Eïrn à chasser pour vos guerriers, tandis que ceux plus fatigués serons plus en sécurité un temps. » Préciserait-il alors conciliant en voyant que visiblement son amie ne comptait sûrement pas verser une forme de tribut sans rien obtenir en échange… Et Slenlodwiin était plutôt d’accord à ce sujet, après tout ils donneraient sinon un fort mauvais exemple. Néanmoins, il préférait tout de même être plutôt conciliant, comme toujours en quelque sorte...

Une autre solution aurait put aussi être de proposer de combattre les Heïngs au Nord pour les aider, mais le vieux dragon ne l’envisagea même pas. Que ce soit car il valait mieux éviter de se mêler à ce genre de conflits entre clans du grand nord, que parce qu’ils ne savaient pas à quel point ces Heïngs étaient nombreux et bien équipés… Le dragon savait fort bien après tout que des cavaliers et mages archers pouvaient êtres une plaie à affronter !

« Quoiqu’il en soit, le choix vous appartient, nous vous proposons néanmoins une aide qui adoucira votre situation actuelle, et en échange de notre hospitalité, nous vous demanderons notamment de ne plus nuire aux nôtres. Réfléchissez y, qu'avez vous vraiment à y perdre ? » Ajoutera sinon le dragon conciliant à ce sujet, comptant sans doute sur l’importance de l’hospitalité pour bien des peuples nomades du nord, pour apaiser le shaman à ce sujet…

Puis, laissant le shaman y réfléchir, Slenlodwiin se tournera vers son amie qui proposa une idée intéressante, le dragon dirait alors pensif.

« Je peux au pire m’occuper d’invoquer cet arbre seul, pourquoi ne pas utiliser ta mana pour ta part, pour soigner directement les blessés ? Tu es capable après tout d’adopter une forme sans doute plus rassurante pour procéder à des soins directement sur eux… Et puis, cela risque de déjà te coûter beaucoup d’énergie, même si je ne doute pas qu’avec ta nouvelle puissance ce sera plus aisé qu’avant. » Après tout, il ne fallait pas sous estimer à quel point la mana pouvait vite être consommée quand on soignait beaucoup de malades en peu de temps… Même si évidemment, il attendrait de voir si cela convenait à son amie ou non.

Au regard de l’elfe qui se fit légèrement perçant, on put deviner qu’il n’apprécia pas vraiment l’idée qu’évoqua la dragonne de faire « travailler » les siens, peut-être car il se demandait si ça signifiait qu'on allait exploiter son peuple... Néanmoins, il finira par ajouter conciliant à ce sujet, après que l'ancien dragon ait évoqué une idée en rapport avec cela.

« Nous pourrions en effet chasser un peu et contre cela obtenir ce dont nous avons besoin, ce serait un échange tout à fait équitable je suppose. Nos guerriers y sont habitués et je suppose que vos communautés nous fournirons volontiers ce dons nous avons besoins en échange de cela. » En somme, il préférait sans doute cette idée, que s’imaginer voir les siens s’échiner dans des champs ou mines toute la journée, du moins c’est ce que penserait un nomade du nord commun des « façons de vivre » des sédentaires, des atamas attachés à un pan de terre au point d’en être prisonniers…

« Nous verrons bien le moment venu, mais rapidement les steppes nous rappellerons, c’est la patrie de mon peuple depuis les temps de l’ancien empire d’or, nous imaginons difficilement une autre manière de vivre. » Ajoutera sinon le shaman elfe aimablement concernant les derniers propos des deux dragons et avec une certaine emphase, ce avant d'ajouter néanmoins avec une pointe de reconnaissance. « Néanmoins, soyez assurés qu’en effet nous estimons le devoir d’hospitalité et que si vous nous aidez, nous accepterons de plus causer de problèmes aux vôtres… Nous tâcherons de même de vous rendre la pareille dès que nous pourrons. » En somme, s’il y avait peu de chances que ces nomades abandonnent leur mode de vie, sauf peut-être quelques-uns d’entre-eux, ils sauraient se montrer redevables… Après difficile de savoir comment sa manifesterait cette reconnaissance, mais il était probable que ce serait une question d’honneur pour eux !

Le vieux et sage dragon tentait de trouver le meilleur terrain d’entente possible avec les elfes. Trouver des forces utiles dans ce groupe épars de nomades fuyant l’oppresseur pouvait paraître difficile vu la fatigue clairement lisible sur les visages. Néanmoins, les elfes chassaient pour se nourrir, et Slenlodwiin avait raison d’appuyer sur cette compétence spécifique. Chasser sur leur terre ou dans les environs d’Assana ne réclamera qu’un peu d’adaptation entre les deux environnements légèrement différents l’un de l’autre. Maragosza ne comptait laisser personne à ne rien faire, chacun devait œuvrer à cette paix entre les communautés.

- Les plus fatigués pourront également aider Assana ou Aurora avec des tâches aisées comme la tannerie ou l’herboristerie. Vos anciens auront des connaissances à partager qui seront très utiles à nos peuples.

La dragonne de lumière insistait sur ce point. Il n’était pas question de faire de ces elfes une communauté d’assistés, de pleutres oisifs reposant sur la solidarité des voisins. De plus, elle n’aurait même pas mis la sécurité des peuples sur la table des négociations. C’était une évidence que les elfes ne pourraient plus jamais nuire aux habitants d’Eïrn puisqu’ils ont pu bénéficier de leurs ressources et de leur protection. Le contraire signifierait une ingratitude envers laquelle Maragosza n’aurait aucune patience et aucune tolérance.

- Je suis d’accord avec les bases de ce marché. Allons soigner ces pauvres gens, qu’ils soient tous en mesure de faire le voyage. Ainsi, nous aurons déjà répondu favorablement à l’un de nos engagements.

Encore une fois, le noble ancêtre draconique avait raison dans son jugement. Il suggéra à la magicienne de se transformer afin d’approcher les bipèdes plus facilement, leur évitant une peur peut-être viscérale des dragons. Après quelques instants de concentration, la dragonne aux écailles mauves brodées de fils de lumière fit place à un aspect humain qu’elle affectionnait particulièrement. Une longue chevelure blanche tressée, un visage fin aux traits harmonieux, le corps enveloppé dans une magnifique robe violette de la même couleur que ses écailles draconiques. Marchant tranquillement vers l’attroupement des elfes, elle répondit à Slenlodwiin tout en rassurant les bipèdes.

- Je te laisse invoquer Yggdrasil dans ce cas. Puis se tournant vers les regards curieux des elfes. N’ayez crainte, elfes, nous venons en paix, le sieur Slenlodwiin va avoir besoin de concentration pour faire pousser un arbre aux fruits nourriciers. Pour ma part, je passerai auprès de vous pour vous soigner de vos blessures et de vos maux. La Lumière et la Terre sont avec vous, elfes des glaces.

Afin de gagner la confiance des plus méfiants, Maragosza invoqua son premier sortilège de magie de la Terre. Celui de vie végétale, lui permettant de faire pousser à grande vitesse de la végétation à l’emplacement désiré. Rapidement, des petits buissons remplis de baies apparurent à proximité des elfes les plus âgés. Cela n’allait certainement pas être suffisant pour rassasier tout le monde, mais là n’était pas l’objectif. Cela permit à Maragosza de se rapprocher sereinement, montrant sa bonne volonté et de pouvoir apposer ses mains sur la première vieillarde qui ne semblait pas trop trembler de peur. La douleur liée à la vieillesse ne pourra pas disparaître, mais au moins s’estomper temporairement.

« Il y aura de toute manière de quoi faire sans qu’aucun parti ne se sente léser et ce de façon profitables à nos trois peuples. Je suis en tout cas satisfait de voir que nous avons trouvés une issue à ce problème. » Glissera le dragon de bonne volonté et avec douceur à ce sujet, sans doute autant pour montrer son approbation à sa congénère, qu’au shaman, mais aussi pour clore doucement le sujet…

« Vous devinerez sinon que le marché me convient aussi, sur ce allons en effet pourvoir aux soins de votre peuple. » Achèvera t-il de dire sinon paisiblement, avant de suivre sa jeune amie qui était plutôt motivée à ce sujet. Et qui bon point, sans doute car Slenlodwiin appréciait toujours qu’on se range à son avis, approuva ce que dira le vieux dragon...

Elle manifesta donc cette approbation verbalement après avoir changée de forme, pour en prendre une qu’il supposait très attrayante pour les elfes ou humains, même si guère pour lui. Il faut dire, Slenlodwiin n’avait pas cet excentricité de certains autres dragons d’avoir des fois une petite attirance pour les créatures bipèdes et des fois non écailleuses. Après il n’émettait pas de jugement à ce sujet, mais disons qu’il supposa en tout cas qu’elle intimiderait moins sous cette nouvelle forme !

« Je m’y attelle... » Puis alors que son amie les rassurait, Slenlodwiin s’éloigna un peu et débuta une longue incantation qui nécessitait temps et concentration… Autant dire que le temps qu’il l’achève, sans doute que son amie aurait largement le temps de procéder à des soins. Il nota néanmoins que bien des jeunes âmes semblèrent se rassembler autour de lui, sans doute émerveillée par sa personne ou curieuse de ce qu’il faisait !





Sort utilisé :

Spoiler:

Slenlodwiin ne fut donc guère dérangé pendant qu’il débuta sa longue, fort longue incantation, même si en effet on put rapidement noter non loin de lui un rassemblement d’enfants et de quelques adultes, là pour les surveiller ou curieux eux aussi, qui observèrent un certains temps ce qu’il faisait ou sa personne. Il faut dire un dragon était une vision rare et il y avait disons quelque chose chez Slenlodwiin… Qui le rendait moins intimidant au naturel que bien de ses congénères, peut-être son côté plumeux ou l’air doux qu’il semblait pouvoir si aisément arborer ?

En parallèle, sous sa nouvelle forma Maragozsa n’eut en effet pas trop de mal à approcher des blessés, elle put alors procéder à divers soins sur des vieillards ou blessés se laissant faire et qu’elle put pour beaucoup soulager. Bien entendu la magie de terre ne permettait pas de tout guérir, par exemple les handicaps physiques, mais elle apaisa pour un temps diverses souffrances et referma diverses blessures.

Et alors que la sublime dragonne en eut finit peu à peu avec les vieillards… Un jeune elfe, visiblement un enfant qui devait avoir le vingtaine, mais qui pour un humain serait proche des huit ans, lui dirait avec curiosité et fascination.

« Mon oncle dit que vous êtes venus nous aider, vous allez nous aider à chasser les méchants Heïngs qui nous ont refoulés ? Je suis sûr qu’ils fuiraient à votre simple vue, vous aviez l’air si impressionnante en dragonne ! » Visiblement, il se faisait quelques faux espoirs, d’ailleurs son oncle qui semblait se trouver non loin, remarque soudainement la scène et hésita à intervenir en vérité… Du moins jusqu’à ce que le gamin ajoute tristement, mais avec espoir.

« Et vous pourriez ramener ma mère ? Vous êtes une mage de lumière, on m’a dit que certaines mages de lumières en étaient capables... »

Le marché convient à toutes les parties qui s’accordent tacitement à respecter leurs parts respectives de ce qui avait été négociées. Les elfes iront donc chasser et participeront à la vie locale d’Assana dans la mesure de leur possible, Slenlodwiin allait invoquer Yggdrasil, un arbre légendaire que la plupart des gens ne rencontrent même pas une fois dans leur vie, et Maragosza allait soigner un maximum des blessés du groupe. C’était du gagnant-gagnant, normalement. La dragonne aux écailles mauves avait encore un léger doute en ce qui concerne le chaman représentant son clan, mais il était trop tard pour de telles considérations. Eh puis si les elfes ne remplissaient pas leur part, son courroux sera terrible à leur encontre, ils n’avaient pas d’intérêt à contrevenir à la volonté d’un duo de dragons.

- N’hésitez pas à manger les baies qui poussent sur les buissons autour de vous. Ce sont des fruits extrêmement nutritifs, pas aussi rassasiants que ceux qui vont arriver grâce au Sir Slenlodwiin, mais ce sera déjà un début.

Maragosza parlait aux elfes avec un calme tempéré. Plutôt neutre, elle ne cherchait pas à créer de la complicité avec ces elfes, mais plutôt un rapport de force dans laquelle la dragonne mauve avait le dessus de manière naturelle. Une sorte d’autorité sur ces bipèdes qui devaient accepter tranquillement leur destinée. Ainsi, elle soignait les blessés les uns après les autres, sans considération d’un éventuel statut social ou de hiérarchie au sein de leur clan. Des vieillards, des enfants, des handicapés, c’était une belle équipe d’éclopée qui se présentait à elle pour diverses demandes de guérisons. La plupart étaient d’ailleurs réalisables, au moins temporairement pour prendre la route vers Assana et ne pas être un poids pendant le voyage.

- Les soins que je vous apporte vous permettront de marcher et de voyager. Lorsque vous arriverez à Assana, je vous invite à consulter tous les médecins locaux, ils pourront vous apporter des traitements sur le long terme.

Oui, la magie était extrêmement utile pour guérir les maux, et les bipèdes avaient parfois la vilaine habitude de s’en contenter. Néanmoins, rien ne valait des soins véritables, appliqués par des véritables spécialistes de la médecine et des traitements, qu’ils soient légèrement magiques ou de la pharmacopée. Sur ces derniers conseils promulgués à l’assemblée, une petite elfette vint lui parler avec des étoiles brillantes d’émerveillement dans ses yeux. La vue de la dragonne à écailles mauves avait dû être un événement pour la fillette qui se demandait jusqu’où l’aide des deux dragons irait.

- Faire fuir les Heïngs ? Cela voudrait dire que nous déclarons la guerre à ce peuple. Nous pourrions le faire, c’est vrai. Mais tu es assez grande pour imaginer les résultats. Les Heïngs se défendent, et il y aura d’autres blessés, d’autres disparitions, et des terres brûlées par les batailles. Je crains que votre place ne soit plus là-bas.

De fait, il n’était pas question d’aller terrasser les Heïngs, où qu’ils soient. Le plus logique était d’accepter la loi du plus fort pour les elfes des glaces. S’ils ne peuvent se défendre face aux Heïngs, ils doivent accepter d’être protégés par d’autres peuplades, mais cela signifie perdre son autonomie et certaines libertés… Bref, faire des sacrifices pour rester en vie. Des notions sans doute trop complexes pour la fillette qui avait des inquiétudes bien plus terre à terre et une tristesse bien plus intense.

- Ramener ta mère ? La ramener du monde des morts, c’est ça, ce que tu me demandes ? Malheureusement, je ne suis capable que de donner une seconde chance à quelqu’un qui viendrait tout juste de mourir. J’en suis désolée…

Navrée oui, certainement, mais Maragosza n’avait pas le talent magique suffisant pour utiliser un sort de résurrection. Une magie puissante qui réclamait des pouvoirs qu’elle n’avait pas, du moins, pas encore.

Les choses se passent au mieux, du moins de manière assez satisfaisante, le dragon arrive assez aisément à lancer son sort et faire pousser un grand arbre… Qui permet à ceux le désirant de pouvoir se nourrir assez aisément, même si évidemment cette source de nourriture ne durera qu’une journée et restera statique, mais après tout il était déjà très agréable pour une petite tribu de pouvoir accéder à cela à l’aide d’un mage de terre d’une puissance considérable.

Le dragon satisfait de la chose, diminuera ensuite sa taille, à l’aide de la magie contenu dans un bijou qu’il porte à une serre pour faire celle d’un gros éléphant, ce qui restait assez grand et intimidant, mais bien moins que le titan qu’était Slenlodwiin dans sa taille véritable. Il entrera alors dans le camp sans mal et les habitants de celui-ci semblaient un peu plus rassurés à sa compagnie, même si toujours légèrement méfiants. Sans doute que les périls qu’ils avaient dû surmontés il y a peu n’aidaient pas…

Le vieux dragon put alors voir que son amie semblait se débrouiller et se montrait certes bienveillante, mais assez autoritaire et ferme. Ce n’était pas forcément une mauvaise chose supposa t-il, pour imposer une certaine autorité, même ce n’était pas son style pour sa part. Après tout l’on pouvait considérer comme naturel que les dragons commandent aux races plus petites et souvent plus jeunes, même si les Akkatoniens et Duchéens ne seraient pas d’accord avec ce genre d’idées...

Il voyait aussi une jeune elfe qui semblait déçue par les propos de la dragonne, mais n’ajouta rien et se contenta de repartir tristement… Les dures réalités de l’existence en ces terres supposa le vieux dragon, qui quoiqu’il en soit viendra aux côtés de son amie et glissera avec une certaine cordialité.

« Je pense que nous n’aurons qu’à attendre un peu, que nos amis se préparent et se restaurent et nous pourrons repartir avec eux, même si ce n’est pas à l’autre bout du continent, cela prend plus de temps de voyager par la terre, même à cheval, que par les airs pour nous. Voudras tu que nous assurions tous les deux l’escorte ? Ou l’un d’entre-nous ira s’occuper de préparer l’accueil pendant que l’autre assurera la protection de nos invités ? » Après tout, cela ne ferait pas forcément de mal de se coordonner un peu et probablement de préparer leurs communautés à l’arrivée prochaine d’un petit groupe de nomades nordiques ! Ce n’est pas que leurs deux bourgades manquaient de quoique ce soit, mais ce serait plus facile de préparer l’accueil ainsi et aussi d’éviter une mauvaise surprise pour leurs protégés…

« Tu es plutôt douée pour imposer une certaine autorité, il faudra que tu me donnes des conseils à ce sujet un jour, je suppose que ça vient un peu de ta personnalité ? » Glissera sinon l’aîné amusé à la jeune dragonne, il est vrai après tout que cette dernière était assez compétente quand il s’agissait de s’imposer.