10 Julius de l’An 2001 de l’Âge d’Acier

Azaïm était habitué à rendre des services divers, en tant qu’esprit élémentaire ayant accepté divers contrats d’invocations, aussi bien avec des amis, que d’autres invocateurs prêts à le récompenser de façon diverse pour ses efforts, ce qui n’impliquait jamais un paiement monétaire en tant que tel. Ainsi, quand il fut convoqué aujourd’hui, alors qu’il réfléchissait à l’élaboration d’une œuvre d’art, il ne fut pas forcément surpris de tomber sur l’un de ses amis et partenaire de jeux de l’époque où il découvrait encore pas mal le plan matériel, ce qui était toujours un peu le cas d’ailleurs…

Au milieu de ce qui semblait être le territoire Eïrnien ? Azaïm ne l’avait pas forcément encore énormément fréquenté à vrai, ce pays, mais il se doutait qu’il n’était pas dans la province Ikhyldienne. Quoiqu’il en soit, l’esprit élémentaire sous sa forme naturelle de créature ténébreuse, glisserait alors amusé, de sa voix qui sonnait comme un songe nocturne, ni masculin, ni féminin, mais très éthéré.

« C’est toujours un plaisir de te voir Kieran ! J’ai le sentiment que tu ne m’as pas forcément invoqué pour le pur plaisir de ma compagnie, n’est-ce pas ? Ou alors tu aurais attendu la nuit j’espère. » Enfin, car son ami savait bien que l’être de ténèbres préférait éviter le couvert de l’astre nocturne, à l’éclat du soleil, même caché plus ou moins par le couvert forestier, du moins quand c’était possible.

Quoiqu’il en soit, il faisait jour en effet et s’ils n’étaient pas forcément loin d’un petit village, les bruits de la vie naturel aux alentours étaient plutôt, bruyants en effet même si loin d’être insupportable. Quoiqu’il en soit, Azaïm conclurait donc amusé.

« Quoiqu’il en soit, je suis tout ouïe. » En somme, autant lui expliquer la situation, qu’il sache ce qu’il avait à faire… Pour aider son ami notamment.

Le commentaire de l’esprit arracha un reniflement amusé à Kieran, son sourire en coin un rien plus empreint de remords que de son habituelle espièglerie. Le jeune elfe se frotta la joue puis la nuque avant de hocher doucement la tête aux dernières paroles d’Azaim, il mit cependant un instant avant de desserrer les lèvres et il le fit sans tout à fait rencontrer les orbes qui brillaient telles deux étoiles au coeur d’une nuit mouvante :

« Crois-moi, j’y ai réfléchis et je ne pouvais pas faire autrement, si quelque chose doit être fait, ce doit l’être de jour.»

Sa capacité à se lier d’amitié avec les créatures plus facilement qu’avec le genre bipède avait une conséquence assez regrettable, parmi d’autres, et c’était bien le fait que lorsqu’il avait besoin d’une aide que ses compagnons à poils, écailles ou plumes ne pouvaient apporter, la liste se révélait plutôt courte. Cela disait d’ailleurs, certainement, quelque chose que la seule personne qu’il puisse contacter ne soit pas, à proprement parler, un bipède comme les autres.
Kieran osa jeter un coup d'œil à la forme d’ombres mouvantes et ne put retenir un sourire. C’était comme si quelqu’un avait attrapé un bout du monde en plein jour et l’avait arraché, laissant Azaim à sa place, un morceau de ténèbres, comme une tâche d’encre au sein d’un paysage bucolique.

« Le plaisir est partagé, Azaïm, » lâcha-t-il doucement, sincère. Son regard retrouva le chemin du village, qu’il avait observé jusqu’à l’arrivée de son ami et il fronça les sourcils. « Il y a un nid de salamandre, de l’autre côté de la colline derrière nous. D’ordinaire ce n’est pas un gros problème, les salamandres ont tendance à garder leurs distances mais quelque chose les agite suffisamment pour qu’elles représentent un risque. Les villageois, » dit-il en indiquant le responsable d’un mouvement de menton avant de se tourner vers l’élémentaire : « commencent à se dire que ce serait une bonne idée de se débarrasser d’elles avant qu’elles ne deviennent un problème. Mieux vaut prévenir que guérir. »

Il lâcha ces cinq derniers mots avec frustration, une moue presque boudeuse tordant désormais ses lèvres.

« J’ai mené ma propre enquête et quelqu’un s’amuse avec les œufs, » gronda-t-il. Kieran haussa les épaules poursuivit, à mi-chemin entre le ton boudeur et ronchon : « Si le problème venait d’un autre animal, je n’aurais pas trop de soucis mais c’est pas le cas et tu es la seule personne qui m’est venue à l’esprit… Désolé ? »

Azaïm hocha la tête, d’un geste assez étrange étant donné qu’il n’avait pas vraiment de cou, mais fort compréhensible, aux premières réponses de son ami, de toute façon l’esprit ne lui tenait pas grief de l’invoquer de jour, l’esprit aimait juste taquiner en ce sens. Et puis, beaucoup d’atamas, tant avaient cette fâcheuse habitude de vivre de jour et non de nuit ! Autant dire que le leur reprocher, serait un peu stérile à force.

« De toute manière tu sais fort bien que je suis toujours prêt à aider un ami, tu me rendras la pareille de toute manière je n’en doute pas. Cela et même sans, par pur principe haha. » Glissera quoiqu’il en soit amusé et gentiment, de sa voix qui sonnait plus comme un songe nocturne qu’une réelle voix. Une voix qui n’était évidemment pas vraiment genrée, ce avant de continuer à écouter… Avant de finir par dire.

« Permet moi juste de changer de forme, ça m’évitera d’effrayer un passant qui passerait par là, certains ont tendance à être assez surpris quand ils me voient haha. » Sur ces belles paroles, l’esprit incanta un peu, puis finira par changer de forme…


Et revêtir celle d’une jeune humaine, dotée d’un kimono, le vêtement changeforme qu’il avait souvent avec lui ! Une jeune humain qui prendrait un air sérieux et glisserait alors, d’une voix féminine.

« Des salamandres donc ? Je suppose qu’elles ne doivent pas êtres bien grosses, sinon ils n’envisageraient pas de s’en occuper eux-mêmes et donc tu veux faire en sorte que le problème s’apaise, sans que les salamandres soient tuées ? Cela évitera des morts des deux côtés sans doute… J’en suis évidemment, as tu la moindre idée de qui aurait put voler les œufs ? Ou une piste comme des traces dans le sol à suivre ? » L’esprit n’était pas lui-même un grand spécialiste du pistage, mais il avait fréquenté des gens s’y connaissant mieux, donc il avait quelques connaissances dans le domaine sans aucun doute ! « Cela ou des gens à interroger qui en sauraient plus ? Je suis plus doué après tout pour faire parler les gens, que pour suivre des traces ! » Ajouta t-il sinon avec une innocence sincère, mais un tantinet inquiétante étant donné qu’il serait du genre à lancer un sort de domination mentale si nécessaire pour faire parler quelqu’un, enfin si c’était possible et souhaitable !











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Spoiler:

Kieran fit la moue, son regard glissant brièvement sur la forme féminine qui se tenait à ses côtés. Il y avait quelque chose de presque étrange et amusant de voir une silhouette délicate, habillée de soie fine au sein du paysage d’Eïrn. L’elfe ne s’y trouvait pas depuis longtemps mais il s’était malgré tout équipé pour faire face aux intempéries locales et, plus exactement, aux températures. Malgré sa tentative de passer inaperçu.e au sein de la population locale, Azaïm ressortait comme le nez au milieu d’une figure et cela arracha un sourire amusé au jeune dompteur.

Incapable - et pas tant tenté - de caché son amusement, il hocha doucement la tête aux propos de l’élémentaire, approuvant progressivement le résumé. Son geste, cependant, se fit plus affirmé aux questions de l’esprit.

« J’ai profité que le lieu de nidification soit essentiellement vide pour m’y glisser sans déranger les adultes présents. » Sa voix se fit un rien plus dure et irritée lorsqu’il poursuivit : « Les salamandres nidifient généralement en solitaire, un couple par nid, c’est la première fois que je vois plusieurs adultes au même endroit. »

Nym, le néméide, choisit ce moment pour se glisser silencieusement entre les arbres, sa fourrure d’un blanc de neige ressortant presque autant que la tenue colorée d’Azaïm sur le fond forestier. Le large nez du félin poussa doucement le coude de l’elfe, le forçant à décroiser les bras ce qu’il n’avait pas eu conscience de faire dans son agacement.
Enfouissant ses doigts dans la crinière épaisse de l’animal, Kieran fronça davantage les sourcils et se tourna vers son compagnon à poils tout en s’adressant à l’élémentaire, son regard rivé sur la crinière de Nym. Ses doigts s’activèrent d’eux-mêmes à défaire les noeuds sur lesquels ils tombaient, presque par automatisme mais surtout pour l’occuper et tenter d’apaiser son agitation.

Il inspira doucement, tentant de lisser ses émotions pour reprendre d’un ton plus calme mais malgré tout tendu : « J’ai vu des empreintes, une salamandre a déjà péri des mains des intrus. L’agitation des salamandres s’accroît à chacun de leur passage, j’ai déjà fait coïncider deux incidents avec deux sets d’empreintes différentes sur les lieux. »

Entre deux nœuds, il glissa le bout de ses longs doigts fins sur l’ourlet d’une oreille de velours et arracha un son rauque à Nym, la large gueule du prédateur se nichant contre la frêle poitrine de l’elfe. Le félin ne ressentait que peu d’inconfort aux tiraillements de sa crinière mais il était un appréciateur de caresses et autres gratouilles.

« J’ai déjà interrogé les locaux mais ils sont assez réticents à partager leurs connaissances avec un étranger comme moi… »

D’ordinaire il était parfaitement en mesure de se faire accepter mais la méfiance des villageois l’avait surpris dès son arrivée. Celle-ci avait soulevé un vent de défiance qui confinait presque à l’hostilité. Et que son opinion soit en défaveur de la simple et expéditive éradication des salamandres n’avait définitivement pas amélioré sa réputation.
Il hocha lentement la tête, tentant un bref regard dans la direction de l’élémentaire avant d’ajouter :

« Ton aide serait la bienvenue pour trouver l’origine du problème et, si tu le veux bien, s’en occuper ensemble ? »

Azaïm n’aurait probablement pas dépareillé au milieu d'une des villes que pouvait compter le territoire Eïrnien, du moins celles accueillant des elfes, mais il est probable qu’en dehors de celles-ci, il n’avait pas sous cette forme un habillement optimal, du moins le genre qu’on accepterait de salir. Mais bon, comme c’était un vêtement changeforme et que l’esprit, n’était pas non plus particulièrement maniaque, ça devait être probablement un problème secondaire à ses yeux...

Quoiqu’il en soit l’esprit écouterait patiemment son interlocuteur lui expliquer les choses, d’un air attentif, tout en glissant avec un certain sérieux ensuite. « C’est rare ? Après c’est toi le spécialiste des bêtes, pour ma part je suis loin d’y connaître grand-chose. » Ce avant, de tourner son regard vers la manticore de son ami quand celle-ci arriva.

L’esprit laissa alors les choses couler et son ami se détendre en prenant un peu soin de sa bête. Tiens il n’avait jamais demandé quand il y pensait, mais d’où venait cette habitude des atamas  du plan matériel d’avoir des animaux de compagnies ? Qu’ils soient utiles ou non, est-ce que c’était un besoin qu’ils ressentaient ? Sans doute pensa t-il, après tout ceux-ci étaient si souvent dépendants les uns des autres, que cela avait l’air de devenir un besoin... Ils se sentaient ainsi seuls quand il n’y avait personne à leur côté trop longtemps, alors que pour un être comme Azaïm, la solitude était un sentiment fort rare.

« Je vois, donc le problème est déjà bien présent et les habitants des environs, ne voudrons pas trop nous aider. Décidément, c’est bien différents des paysans Ikhyldiens, qui ont tendance à êtres fort respectueux dès que je leur parle. » Ajoutera t-il ensuite sérieux, puis un peu amusé, avant de reprendre plus gravement. « Mais ne t’inquiète pas, je vais faire de mon mieux et bien entendu, je vais t’aider... » L’esprit sembla alors réfléchir, avant de dire.

« Il faudrait juste trouver où les voleurs d’œufs sont allés, ce serait un premier pas… Une piste que tes talents de pisteurs pourraient suivre, ou peut-être des chasseurs qui les auraient croisés ? Je peux après tout faire en sorte qu’ils soient plus disposés à parler avec un peu de magie. » Après tout, la magie de ténèbres était fort utile pour cela…

« On pourrait, voir chacun de notre côté pour ces deux pistes et ensuite revenir ici discuter de la suite ? » Finira t-il alors par proposer, après tout ça lui semblait être un bon plan d’action, notamment s’il valait mieux être rapide !

Il hocha la tête à la question de l’élémentaire, sentant son enthousiasme à l’idée de transmettre ce qu’il avait lui-même appris sur le sujet s’éveiller. Il sourit un peu et, les mains toujours occupées par Nym, répondit rapidement :

« Les salamandres ont tendance à faire bande à part lorsqu’elles couvent. Si elles co-existent sans trop de difficultés en terme général et n’ont pas de problème pour partager un territoire, les femelles s’isolent pour couver. » Kiera trépigna sur place, partagé entre l’exaspération de voir un tel sujet d’étude perturbé par la présence de bipèdes peu accommodants et l’enthousiasme d’une telle nouveauté. « Je doute que ce soit la première fois qu’un tel phénomène se présente mais il est certain que ce n’est pas courant pour autant. »

La remarque de l’esprit lui arracha une petite moue ainsi qu’un haussement d’épaules qui parvint le tour de force d’avoir l’air optimiste :

« Toi et moi, ce n’est pas la même chose. Ils t’écouteront et te parleront peut-être plus qu’à moi, je ne suis qu’un elfe après tout. » Il finit par hocher la tête à la proposition d’Azaim et sourit à l’attention de son ami. « Merci Azaïm, c’est vraiment gentil. »

L’aider avec si peu d’hésitation, au débotté et en ayant été invoqué de façon aussi cavalière, il y avait de quoi lui en vouloir mais, bien au contraire, l’élémentaire lui apportait son aide sans contrepartie et sans hésiter, prenant l’histoire et la demande dans la foulée.
Kieran hésita un instant avant de poursuivre, les sourcils quelque peu froncés :

« Puis-je te recommander la prudence ? » formula-t-il avec prudence, respectant l’absence de genre de l’élémentaire en évitant toute usage d’adjectif genré. C’était une gymnastique qu’il appréciait de pratiquer, par respect et considération : « Je doute que l’hostilité des gens soit uniquement liée à de l’éventuelle xénophobie, je pense que les perturbateurs ont autant dérangé les salamandres que les habitants. »

Azaïm écoutera avec attention son ami expliquer diverses choses sur les salamandres qui semblaient à la fois compliquées et fort intéressantes. Il faut dire, les « animaux », du moins les créatures qualifiées par ce terme semblaient souvent tout aussi compliquées sous divers aspects que beaucoup d’atamas. Un sujet qui avait l’air passionnant, mais qui englobait des choses qui rendait le tout assez difficile à percevoir pour une créature comme lui.

« Tout cela a l’air passionnant, et fort complexe. Je serais toujours impressionné par la façon dont les créatures de chair et de sang vivent et s’organisent, quelles quelles soit. » Il faut dire, les esprits élémentaires ayant moins de besoins vitaux, en effet leur existence devait souvent être plus simple.

« Oh, haha, après si je vais les voir sous ma forme naturelle, je ne sais pas s’ils seront plus disposés à discuter avec moi, qu’avec un simple elfe. » Glisserait t-il sinon amusé, avant d’ajouter avec entrain. « Allez, un peu d’optimisme, que ce soit par la magie ou sans j’apprendrais ce qu’ils pourront nous dire. Quant à toi, tu n’as qu’à faire tes trucs de dompteurs ou d’éclaireur, tu es très doué pour ça après tout. » Avant de sembler ajouter ensuite amusé.

« Je serais prudent, mais après j’ai moins de chances de regretter des erreurs ou imprudence que toi tu sais, au pire je serais banni dans mon plan. » Avant de sembler curieux. « Hum tu as des soupçons sur le fait que les voleurs d’œufs n’ont pas enquiquinés que les salamandres ? Qu’est-ce qui t’y fais penser ? » L’esprit sembla alors réfléchir, avant d’ajouter. « Je pourrais me faire passer pour quelqu’un des environs ou qu’ils auraient plus tendance à voir en bien. Tu dirais, qu’il faudrait que je prenne quel genre de forme pour qu’ils soient plus réceptifs à ma personne ? » Il savait après tout que les atamas du plan matériel pouvaient êtres plus réceptifs à tel ou tel type de personne...