Le soleil de plomb ne rendait pas la progression du navire de l'empire très facile sur les côtes de la mer libre. La région de l'empire, même si très proche géographiquement des duchés du sud, avait un climat plus doux et plus supportable pour les hommes d'équipage de l'améthyse. Le pire étant les mécaniciens qui suaient à grosse goute, dans la soute du navire proche des fours à vapeurs qui donnait au navire sa puissante locomotion. Le capitaine du navire, Chade Daragonne, avait reçu comme mission de patrouiller dans les eaux du secteur en surveillant de possibles mouvements sur les mers ou les cotes. Pour l'heure, la mission était plutôt calme en réalité. Ils avaient croisé quelques embarcations commerciales et un petit navire pirate qui avait pris la fuite en les voyant. Chade n'avait pas pris la peine de les poursuivre, jugeant qui c'était inutile. Mais maintenant, des rapports inquiétants sur plusieurs pirates se rassemblant dans les environs commençaient à arriver à ses oreilles.

L'améthyse était un bon navire. Un peu vieux et probablement plus proche de la fin de sa carrière que du début, mais c'était un bon cuirasser avec une grande puissance de feu. Cependant, contre plusieurs navires pirates inconnus, ça serait sans doute difficile et inutilement risqué. Il pouvait, bien sûr, envoyer un pigeon et demander des renforts. Mais combien de temps avant qu'ils n'arrivent? Plusieurs jours, voir plusieurs semaines sans doute. C'était un pari risqué et un aveu de faiblesse que le jeune capitaine ne pouvait se permettre. Il appela son lieutenant dans sa cabine et donna donc l'ordre d'accoster dans un port non loin pour laisser à l'équipage le temps de se dérouiller et de refaire les provisions du navire.

L'amitié mit quelques heures à rejoindre le port le plus proche et fut forcée de jeter l'ancre au large, faute d'un port suffisamment grand pour le recevoir. L'équipage mit pied à terre grâce à des barques et commença à ravitailler le navire en eau, nourriture et charbon. Les munitions de son artillerie n'étant fabriquée que par l'empire, ils devront faire avec leurs réserves. Chade laissa le premier maître d'équipage gérer la manœuvre et prit la direction et la petite ville dans le but de trouver une idée. Il portait encore son uniforme d'officier naval tout comme ses hommes et n'avait pas oublié de prendre ses armes avec lui. On n'était jamais trop prudent.

C'est alors qu'il marchait parmi les passants qui observait avec un certain étonnement un officier de l'empire d'akkaton n'ayant que deux marins pour le défendre, qu'il aperçut une silhouette voler gracieusement dans le ciel. Il resta bouche bée par la danse aérienne de la créature qu'il reconnut après quelques longues secondes comme un griffon. Le plus étonnant étant qu'il possédait un cavalier sur son dos. Arrêtant un passant il demanda.

-Ça arrive souvent ce genre de chose dans le ciel?

L'homme d'un certain âge lui jeta un étrange regard avant de simplement répondre en reprenant sa route.

-C'est les mercenaires de la tacticienne céleste! Une légende dans le coin. Elle est avec ses hommes un peu plus loin dans un campement installé hors du village.

Puis, après un regard douteux en direction des galons Akkatoniens qu'il portait, l'homme reprit sa route en marmonnant quelque chose sur les étrangers. Chade soupira en se passant une main dans les cheveux. Même s'ils étaient alliés, une certaine méfiance restait palpable parmi les populations rurales. Enfin, cette démonstration lui avait donné une idée. Faisant signe à ses hommes de le suivre, il prit la route indiquée par la vielle homme en direction de ce campement de mercenaire. La route fut plutôt rapide et l'officier arriva finalement devant le campement ou plusieurs mercenaires l'observaient étrangement. Il fallait dire que la vue d'un officier et de deux marins de l'empire d'accotons dans ce trou perdu devait être étrange. D'une voix calme et forte, il demanda simplement.

-J'aimerais parler à celle qu'on surnomme la tacticienne céleste. Je suis le capitaine Daragonne de la marine impériale d'Akkaton. Je viens en paix.

Il avait ajouté ses derniers mots en voyant le regard des mercenaires ce durcirent. Il ne fallait pas oublier qu'il n'était pas chez lui et qu'il devait rester un minimum diplomate, même si ce n'était pas sa spécialité, il savait quand même y faire. La plupart du temps.