Vinche grouillait d'une foule d'étrangers provenant de chaque coin du continent. Les rues étaient noires de mondes et d'étales, le port, surchargé de bateaux plus somptueux les uns que les autres. Comme à chaque fois en cette période de l'année, la cité se parait de ses plus belles couleurs, ouvrant ses portes aux denrées les plus rares et à ses plus beaux porte-monnaies. C'était une semaine de fête qui avait été inaugurée la veille du mois de mars par un impressionnant feu d'artifice dont la folie grandissante tendait à fasciner jusqu'aux plus impassibles des êtres.

Bien que la délinquance ne diminuait pas, les patrouilles de soldats se prêtaient à la joie ambiante. Les races se mélangeaient dans l'indifférence la plus totale. Ce festival avait été créé par une des ancêtres des Galante, d'une part pour apaiser les tensions durant une semaine de drapeau blanc flottant aux quatre vents, mais aussi, évidemment, afin d'acquérir des pièces luxueuses, exotiques et fascinantes. C'est avec le temps que le festival avait gagné une certaine réputation et depuis quelques décennies, il célébrait surtout le début des beaux jours dans les Duchés du Sud.

C'est ainsi qu’en ce 3ème jour de festival, une silhouette encapuchonnée flânait à travers les allées bondées de la cité alors que le soleil était loin d’avoir atteint un point culminant dans le ciel. Une brise fraîche se faufilait entre l’espace limité de chaque être qui composait la foule matinale. Les étals abondaient de produits en tout genre, de l’arnaque à la rareté qui valait une petite fortune. De larges étoffes étaient tendues au-dessus de la majorité des stands mais ne seraient utiles qu’en début d’après-midi.

Sous l'étoffe légère mais opaque, le visage de la duchesse de la cité était dissimulé à merveilles. Elle n'était pas la seule présence dissimulée derrière un masque, un voile ou une capuche et n'attirait pas spécialement l'attention. Evidemment, il était inconcevable par la foule et par son statut, qu'elle puisse se promener seule. Une garde de quelques hommes, dont on ne reconnaissait pas facilement le visage, se trouvaient aux alentours de la silhouette, difficilement discernable du reste l'assistance. Il était même difficile pour la jeune femme de les percevoir. Ce qui n'était pas pour lui déplaire.

Elle flânait donc, s'arrêtant à quelques étals qui accrochaient son œil aguerri. Un peu comme pour un marché commun, elle avait plus de chance de dénicher des pièces rares et exotiques de bon matins. C'était presque une tradition pour elle que ces balades matinales durant les premiers jours du festival. Il était pourtant rare qu'après le deuxième jour, elle trouve encore des pièces uniques, mais pas impossible. La cité de Vinche, imposante, comptait de nombreux recoins ce qui lui demandait du temps pour tous les explorer. Elle s'arrêta alors près d'un présentoir qui attirait foule. Il y avait là des inventions technologiques en provenance d'Akkaton et elle décida de s'y arrêter quelques minutes pour écouter ce que le marchand vociférait à leur sujet.

Vinche était une cité marchande riche et influente avec laquelle entretenir des relations était évidemment d’une importance cruciale pour l’empire Akkatonien, dans ses efforts pour commercer avec et influencer plus ou moins les Duchés du Sud. C’était loin d’être la seule cité puissante des Duchés et certes la plus riche des cités états mais de peu, mais elle comptait pour ces raisons et aussi son prestige. Cela et de plus, comme Otmar semblait avoir de bonnes relations au niveau personnel avec la duchesse, il aurait été bête de ne pas se rendre au festival ayant lieu aujourd’hui dans la cité, où de plus il avait été convié en quelque sorte.

Et étonnamment, ou non, les festivités qui avaient lieu aujourd’hui mettaient fort en avant le commerce et la prospérité, mais pas que. Une belle occasion sans doute de mettre la main sur des biens luxueux et rares voir uniques, du moins pour les plus riches. Otmar n’était pas vraiment dans cette catégorie de personnes d’ailleurs, certes son salaire d’empereur était très solide, mais ce n’était sûrement pas les dotations d’un haut bourgeois duchéen. Un empereur qui se baladait néanmoins encapuchonné et accompagné de quelques gardes du corps, au milieu de la foule...

Et alors qu’il contemplait les marchandises et la vie alentour qui était en pleine effervescence, plantant là un décor fort charmant et agréable, il crû discerner quelqu’un qu’il connaissait, du regard. Otmar avait après tout un talent fort développé pour reconnaître quelqu’un même accoutré, il s’approcha donc d’elle et alors qu’elle se penchait sur des biens Akkatoniens vendus sur un étal ? Soit de la contrebande pensa t-il, soit l’homme avait acheté quelques produits légalement dans l’empire pour les vendre bien plus chers ensuite.

Ce devait sans doute être la deuxième option pensa t-il en voyant le tout et le caractère pas mal civil de ces divers biens.

« Il est vrai que ce phonographe entre autre, est du plus bel effet, surtout qu’il marche avec une batterie, il faudra par contre acheter des disques ensuite pour pouvoir en profiter. C’est un peu comme avoir des musiciens à disposition en tout temps, peut-être moins charmant et vivant, mais bien plus facile à solliciter. Il le sait fort bien d’ailleurs, il vend visiblement une grosse sélection de disques d'opéra... » Dira t-il alors aimablement et calmement une fois arrivé aux côtés de la duchesse, ce avant de glisser cordialement.

« C’est un plaisir de vous revoir en ce jour ma dame, permettez vous que je fasse un peu de chemin avec vous ? Sauf si ma compagnie vous indispose ? » Conclura t-il sinon amusé et complice, se doutant déjà de la réponse.

Tout en écoutant la voix du marchand qui dominait la musique que l'étrange appareil était en train de produire sous les yeux des spectateurs intéressés, la duchesse entendit une voix plus proche et familière. Elle se retourna vers celui qui l'avait abordé pour se rendre compte qu'il s'agissait de l'empereur d'Akkaton, une connaissance ou plutôt, après de multiples rencontres, le considérait-elle comme un ami. Elle fut tout de même étonnée qu'il la reconnaisse aussi rapidement.

   - Messire Deffarès, je ne m'attendais pas à vous retrouver dans ma cité en cette si belle matinée. Je serai ravie que vous m'accompagniez durant ma balade. Vous connaissez mon appréciation pour les objets rares et de grande valeur. Je pense que vous pourriez m'être très utile, ajouta-t-elle tout en passant son bras sous celui de l'empereur.

La jeune femme avait pris les devants, n'attendant pas que son compagnon lui offre son bras comme à son habitude. Et puisque l'objet akkatonien présenté à ce stand lui demanderait probablement plus d'argent qu'il ne lui apporterait d'intérêt, il était déjà l'heure d'avancer vers de nouveaux trésors. D'un pas calme mais sûr, elle le dirigea à travers la ruelle, se glissant avec grâce entre les groupements qui parsemaient le chemin. Sa main fine tenait le bras de l'homme avec une légère fermeté sans pour autant paraître inconfortable.

Elle profita de ce moment pour lui poser quelques questions :

   - Mais dites-moi messire, qu'est-ce qui vous amène au festival dei mercanti ? Avez-vous quelque chose à exporter dans nos Duchés du Sud ? Ou une simple envie de voyager ? Je n'oserai dire que vous veniez à ma rencontre, je pense que la notre était fortuite. C'est tout de même toujours un grand plaisir de vous voir messire Deffarès.

Otmar adressa un aimable sourire à la dame et ne parut ni gêné, ni surprit ou alors il le cacha bien pour ce dernier point, lorsque la dame prit l’initiative de lui prendre le bras, signifiant bien qu’elle comptait l’avoir comme compagnons de marche aujourd’hui. Soit ! Il appréciait même assez la chose, après tout cela démontrait autant leur sympathie mutuelle, que ça facilita rapidement le fait de parler assez en privé, après tout il y avait moins de chances ainsi que qui ce soit s’amuse à les épier.

« Si je peux vous rendre service ma dame ce sera avec joie, même si je dois vous prévenir qu’il ne faut pas surestimer non plus mes capacités à apprécier et estimer ce genre de choses. » Glissera t-il d’ailleurs cordial et amusé, disons après tout que même s’il avait beaucoup voyagé et un excellent sens de la déduction, il n’était pas antiquaire ou marchand, autant dire qu’en effet il ne pourrait pas forcément parfaitement aider la duchesse, mais évidemment il ferait de son mieux.

« Oh, les raisons sont diverses, petit voyage diplomatique, légère vacances et envie de partager votre agréable compagnie, ainsi que de pouvoir voir de mes propres yeux ces festivités. Pour le reste je ne suis pas marchand, je laisse donc les vôtres se débrouiller avec les nôtres. » Ajoutera t-il sinon aimablement sans trop en faire, après tout il n’avait aucune raison de mentir.

Quoiqu’il en soit, alors qu’ils disaient cela ils arpentaient la foule et les lieux alors qu’Otmar laissa la dame guider le mouvement et la suivait pour sa part d’un pas exercé et d’une manière qui témoignait qu’il était entraîné à un tel exercice. Cela et puis, comme elle semblait avoir une idée à faire, autant la laisser mener le mouvement ?

« Et vous que faîtes vous à ainsi arpenter les marchés ? Vous venez profiter des festivités, essayez d’obtenir des biens précieux ? J’avouerai être surpris dans le dernier cas qu’une dame comme vous puisse trouver ici, ce qu’elle ne pourrait avoir en temps ordinaire. » Finira t-il sinon par demander amusé, ce en attendant de voir où elle le menait.

- J'espère que vos vacances se passent bien jusque là. Est-ce la première fois que vous venez pour le festival ? Si c'est le cas, plusieurs évènements traditionnels ont lieu à des journées spécifiques. Je peux vous conseiller si vous le souhaitez. Par ailleurs, je reste persuadée que vos yeux d'akkatonniens sont bien meilleurs que les miens concernant vos produits technologique. Je pense que vous pourriez même inventer des explications que je vous croirai sur parole, ajouta-t-elle avec un petit rire innocent. Notez bien, cependant, que si vous me faites dépenser un sou pour de la camelote, je vous en voudrai beaucoup.

Ils continuèrent d'avancer au rythme de la flânerie alors qu'elle tournait à droit puis à gauche, traversant le dédale de rues qu'était la cité.

   - Soyez donc étonné messire Deffarès, il faut parfois un oeil aguerri pour trouver la perle rare et le festival ne m'a jamais déçu sur ce point. C'est pourtant le cliché d'une femme riche comme moi, elle apprécie de faire les emplettes, dit-elle d'un ton empreint de sarcasme.

Tout en continuant à travers les allées, ils finirent par déboucher sur une petite place. Des pergolas d'un brun tabac l'encadrait, et de d'imposantes glycines s'entortillaient sur une majeure partie de la surface. Le vert de la plante contrastait avec le bois et les pavés. De long cocons jaunes pesaient lourdement sur les branches, indiquant une floraison prochaine. Les marchands qui exposaient sur la place étaient principalement d'origine akkatonienne. C'est pour cela que la duchesse s'était dirigé dans cette direction. Elle se tourna alors vers son compagnon pour lui demander :

- Et bien, qu'en dites-vous Messire Deffarès, y a-t-il quelque chose ici qui pourrait valoir un détour de mon regard et de mon porte monnaie ?

« C’est en effet la première fois que je vais à Vinche pour le festival. Je ne suis pas sûr par contre de pouvoir rester tout du long, mais j’essayerai d’assister au plus possible de choses intéressantes, et je vous serais gréé de vos conseils à ce sujet. » Dira d’abord Otmar cordialement, avant d’ajouter amusé. « Oh ce n’est pas parce que je suis Akkatonien que je m’y connais dans tout ce qui est technologique, ce n’est pas après tout parce que vous êtes Duchéenne que vous êtes spécialiste à la fois des arbalètes, des navires et des techniques de commerces diverses. » Ce avant de reprendre amicalement. « Néanmoins je me ferais une mission d’être un bon conseiller. »

Sur ce, il suivit donc la dame qui le faisait traverser la cité, ce en se disant qu’elle semblait visiblement décidée à se pourvoir en bien exotiques aujourd’hui. Il faut dire, elle ne devait pas tout le temps s’intéresser à ce genre de produits.

« Je vois, je suppose que de plus comme certaines des marchandises présentées aujourd’hui ne sont en général visibles que dans des commerces très spécialisés, ce festival vous permet de les voir et possiblement les acheter, sans perdre du temps à chercher et trouver les bonnes boutiques. » Ajoutera t-il sinon pensif, après tout la dame de Vinche était une femme occupée et ce à divers titres dans les faits.

Sur ce ils, arrivèrent donc sur une petite place où visiblement ses compatriotes avaient décidés pour certains de vendre divers produits. Intéressant, même s’il sentait que pour certains types à arme à feu ou automates, les acheteurs potentiels risquaient de nouer un contrat à long terme sans savoir. Après tout il fallait des balles de factures Akkatoniennes et des outils d’entretiens spécifiques, pour pouvoir utiliser et réparer ce genre de choses.

« Hum, cela dépend de ce que vous désirez acheter, laissez moi y réfléchir un peu. » Dira t-il quoiqu’il en soit pensif quand dame Maria, lui demanda son avis, ce avant de reprendre ensuite avec amusement.

« Il y a les produits luxueux et sucrés de ce pâtissier, la gastronomie Akkatonienne est après tout fort reconnue et le fait que le sucre soit bon marché chez nous, permet pas mal de créativités et innovations dans le domaine. Il y a ce vendeur de fruits et légumes venant d’Aros et d’Akkaton qui ont du mal à pousser en terres duchéennes, cela vous offrirait un peu d’exotisme dans votre assiette.  Il y a ces instruments de musiques tel le violon et le piano sinon… Quant à ça, ce sont des produits de facture nagate originaires des clans du désert. » Dirait-il en désignant les vendeurs et produits, attentif qu’il était au passage à l’intérêt ou non de la dame concernant tout cela.

- Vous pouvez, en effet, imaginer cela comme une pause dans ma vie surchargée et, auquel cas, cela me permet de lier l’utile à l’agréable. Enfin, on ne sait jamais sur quelle merveille on peut tomber par hasard au coin d’une rue. Il m’est déjà arrivé de trouver des étoffes rares l’année précédente.

L’empereur d’Akkaton ne semblait pas vouloir l’aiguiller vers l’armement qui était l’un des éléments de prédilection des akkatoniens sur leurs établis. Elle s’intéressa donc de plus près à ce que l’empereur d’Akkaton lui présentait. La jeune femme s’approcha des instruments de musique pour les étudier attentivement. Elle écouta ensuite le gérant de l’étale l’interpeller pour lui parler de ses instruments et l’inciter à en acheter un.

Elle avait une appréciation toute particulière pour les marchands. Cela l’amusait beaucoup de reconnaître leur technique de vente. Elle finit par le remercier après quelques longues minutes et emmena son compagnon vers le stand qui vendait des pâtisseries originaires de son pays. Une odeur sucrée et enivrante se dégageait de ses produits. Les petites gourmandises brillaient d’un éclat alléchant et, plutôt que de se tourner vers le marchand, elle rejoignit le regard de l’empereur avec un grand sourire :

   - Dites moi messire, que reconnaissez-vous ici ? Y a-t-il quelque chose qui vous rappelle un bon souvenir ou quelque chose de votre enfance en Akkaton ? Je serais curieuse de goûter quelque chose de neuf. De toutes les façons, tout ceci me semble bien délicieux, ajouta-elle avec un sourire commercial au marchand qui s’était approché d’eux entre temps.

Sans y avoir trop réfléchi, la duchesse de Vinche avait amené l’empereur d’Akkaton vers les établis akkatoniens. Cependant, sa notoriété devait faire que plusieurs de ces marchands l’avait reconnu non ? Maria espérait à présent que rien de mauvais ne leur arriverait dans son manque de réflexion.

Otmar sourira de façon amusée et complice, trouvant intéressant de voir que la duchesse était somme toute capable une fois sortit de ses habituelles responsabilités et de certains jeux de pouvoirs, d’avoirs des passe temps et envies plutôt communes ? Enfin, communes pour quelqu’un de riche et aisé, mais bon ça ne le dérangeait point. Il appréciait autant la compagnie des biens nés dira t-on, que de ceux plus modestes.

Et ainsi, après avoir observés un temps les instruments, sens en acheter aucun, ils tombèrent sur un marchand qui vendait des pâtisseries Akkatoniennes… Et sans doute que c’était des vraies et de très bonnes qualités, l’empire produisait après tout tant de sucre que ça avait démocratisé la chose.

Après bon, les pâtisseries qu’ils voyaient étaient plus celles de grands chefs pâtissiers que de pâtissiers ou boulangers commun… Quoiqu’il en soit, il sembla s’amuser un peu de la demande de dame Maria et glissera. « Je voyageais beaucoupent pendant mon enfance, mais en effet j’avais mes préférences quand j’étais dans l’empire. » Il indiquera alors ce qui ressemblait à un mille-feuille de grande qualité avant de reprendre amusé.

« Ils n’avaient pas forcément l’air aussi raffinés, mais j’aimais bien les millefeuilles, j’en prendrai un. » Dira t-il donc au marchand qui l’ayant reconnu accepta évidemment avec un certain empressement, puis Otmar et Maria entendrait quelqu’un les alpaguer derrière eux… Visiblement un soldat Akkatonien, qui devait venir de l’ambassade locale.

« Excellence, sans vouloir vous déranger, je ne pense pas que ce soit la meilleure idée de vous balader seul en pays étranger. Permettez moi de vous accompagner. » Otmar réfléchira alors, devait-il accepter ? Cela rendrait disons son rendez-vous avec la duchesse moins seul à seul si un garde chiourme les suivaient, puis Otmar décida de dire pensif….

« Non non, pas besoin, regardez. » Il sifflera alors et ils purent voir ce qui semblait être une sphère d’airain qui roula vers eux avant de se déployer, pour dévoiler une araignée mécanique de combat. « Ne vous dérangez pas pour moi. » Le soldat n’insista donc pas et Otmar glissa amusé à Maria alors que l’araignée reprenait sa forme de sphère. « L’avantage des automates c’est qu’ils protègent et ne sont pas intrusifs… Enfin moins qu’un garde en chair et en os. »

Maria inscrivit l’information que l’empereur Akkatonien avait beaucoup voyagé dans son enfance quelque part dans sa tête puis s’intéressa à la pâtisserie qu’il avait désigné. Il s’agissait d’une jolie pièce rectangulaire qui brillait d’une lueur sucrée et aguicheuse. Elle était montée en étage de deux types. L’un semblait aéré, composé de fines couches de pâtes, l’autre semblait plus onctueux et compact  La duchesse était conquise quant à la proposition de l’empereur et elle releva le nez une fois qu’il en eut commandé une.

Avant d’avoir reçu son achat, Messire Deffarès fut importuné par un homme en uniforme étranger aux Duchés du Sud. Comme elle l’avait pressenti, l’empereur d’Akkaton ne passait pas inaperçu. On s’inquiétait de sa sécurité mais plutôt que d’écourter leur tête à tête, l’homme voulut leur prouver qu’il n’avait rien à craindre. Une boule roula entre les passants jusqu’à leurs pieds avant de se déplier en une araignée mécanisée.

Messire Deffarès ne paraissait pas démunit de toutes protections, ce qui sembla rassurer l’homme qui l’avait interpellé. Tout en regardant la boule s’éloigner à nouveaux d’eux, elle répondit à l’empereur ceci :

   - Il est certain qu’ils sont très discrets, cependant, ils attirent peut être plus le regard qu’un simple garde, dit-elle en lui désignant du regard un certain nombre de personnes autour d’eux qui fixaient la boule s’éloigner. Je pense que nous devrions avancer un petit peu.

La duchesse de Vinche lança un regard suivit d’un mouvement de tête à l’homme qui les avait interpellé. Elle laissa l’empereur récupérer la pâtisserie qu’il avait demandé. Elle déposa quelques pièces qui suffiraient largement à payer le met délicat puis elle passa son bras sous celui de l’homme. Elle l’entraîna dans d’autres rues moins fréquentées vers une petite place plus verte et calme.

Quatre arbres encadraient la place pavée, et au centre, une fontaine grande mais modestement décorée trônait. Ils prirent place sur le rebord en pierre qui se trouvait à son pied afin de déguster leur achat.

« Oh, je ne serais pas le premier Akkatonien à avoir un automate de compagnie et pas le premier voyageur à avoir un garde du corps curieux, mais en effet ce n’est pas courant. » Glissera Otmar légèrement amusé à ce sujet, ce avant de légèrement acquiescer et ce dire aimablement. « Je vous suis dame Maria. » Et c’est ce qu’il fit, du moins après avoir récupéré leurs achats que la duchesse paya. Une répartition des rôles en quelque sorte…

Et leurs pas les manèrent dans un petit parc urbain qui était visiblement peu fréquenté à cette heure, sans doute car tout le monde préférait profiter du festival ? Difficile à dire, mais cela leur offrit une paix et tranquillité relative dont il n’allait pas se plaindre.

Ils s’installeraient donc au bord d’une fontaine pour commencer à profiter de leur achat et Otmar en profiterait alors pour dire avec un certain amusement.

« J’espère que cela sera à votre goût, je vous avouerai à mon grand dam ne pas forcément connaître vos goûts culinaires ma dame, mais au pire nous dirons que c’est le commerçant qui vendait des produits peu satisfaisants.. » Ceci dit, il prendrait une bouchée de sa pâtisserie, puis après avoir avalé le tout, il finirait par dire avec un certain calme et sérieux.

« Vous savez dame Maria, je ne m’attendais pas forcément en vous rencontrant la première fois que notre appréciation commune irait au-delà des simples formalités d’usages entre dirigeants. Mais, j’ai été agréable surpris. » Ce avant de reprendre ensuite avec une certain sincérité aimable.

« Oh bien entendu, les éloges que l’on fait de vôtres beauté ne sont guère exagérés, au contraire, mais j’ai appris à avoir une certaine estime pour la femme derrière le rang de duchesse, vous êtes une personne fascinante et qu’on a envie de connaître davantage. » Et venant de lui, ce n’était sans doute pas exagéré. Il n’était pas du genre à contempler longuement le corps d’une femme, même magnifique, donc s’il disait que c’était son tempérament et son caractère qui l’intéressait aussi, c’était certainement vrai. « Même si je peux évidemment évidemment outre mon rang, les raisons de l’intérêt que vous me portez, à titre personnel. » Finira t-il néanmoins de demander avec une certaine curiosité...