24 décembre 2000; Ikhyld, un village

Hm... C'est lui ? Le naga qu'on nous a confié pour nous aider ? Je souris. J'aime bien les nagas. Sûrement parce qu'ils sont très proches des serpents et que j'adore les serpents. Enfin bref. Je l'observe vite fait, avant de diriger un hochement de tête dans sa direction. Comme ça, s'il n'était pas sûr que ce soit nous, maintenant il le sait. Je me retourne en direction de Sëra'Ely et Yuno. Mon gros poilu vert jappe joyeusement, alors que la kirin me sourit. Et je ne peux que lui sourire en retour.
Ah, Sëra'Ely... Je crois que, comme pour Anya, la journée de notre rencontre restera dans ma mémoire à jamais. Et puis honnêtement, c'est loin d'être un problème !

***

En sortant de la fête, après avoir reçu le soutien de l'Impératrice pour mon projet de serre, Anya, Rin et moi sommes tombés sur... Yuno. Yuno, un peu perdu dans l'immensité de la ville. Yuno qui nous avait suivi de loin, refusant de nous laisser partir seuls. Cette attention nous a tellement attendrit que finalement, je n'ai pas eu le courage de l'engueuler pour avoir laissé le Sanctuaire. Et puis il était toujours en sécurité.
Finalement, avec mes trois compagnons, on rentrait vers la maison. On avait dû passer quelques jours supplémentaires à la Cité de Jade, afin de parler avec des scientifiques pour le projet de serre. Et le climat unique du Sanctuaire, les animaux et plantes qui vivent exclusivement là-bas ont eu l'air de vivement les intéresser. Nous avons conclu d'une date de rencontre au Sanctuaire, afin de leur prouver que ce lieu valait bien de le protéger. Mais ayant encore besoin de se préparer et de finir quelques petites choses, la date n'était pas pour aujourd'hui et nous avons décidé de rentrer.
Et donc, c'est en rentrant que nous avons rencontré Dame Sëra'Ely. La Reine Kirin. Au début, elle s'est bien gardé de nous le dire. On a beaucoup discuté, de nature, d'animaux et de plantes. Et puis finalement, elle est restée toute la journée avec nous. Puis la suivante, et celle d'après... Jusqu'à ce qu'elle décide de rester avec nous, que nous soyons d'accord ou non. Enfin, on l'était, évidemment. Même quand elle nous a dit qui elle était.
Puis les jours suivants, nous avons continué notre voyage du retour... Avant de tomber sur la nouvelle d'un groupe de braconniers qu'il fallait arrêter. Et évidemment, je me suis porté volontaire, ravi de savoir que je pouvais arrêter de tels gens. Et furieux contre eux. Anya' est parti de son côté, afin de prévenir les autres de l'excellente nouvelle.

***

Nous nous approchons du naga, bien décidés à partir à la chasse aux chasseurs.

« Bien le bonjour, compagnon. Je me nomme Gee Weadeer et voici dame Sëra'Ely et Yuno, mes compagnons de voyage. »

Et alors que Sëra'Ely et moi nous inclinons poliment à l'Ikhyldienne, Yuno lâche un jappement joyeux.

Lorsque le naga se présente, je hoche la tête, comme pour le saluer. Amset Sobek. Je tente de retenir ce prénom, afin de ne pas risquer de l'offenser en me trompant... Ah les erreurs, ça arrive vite. Il nous demande alors si nous savons nous battre et je réponds d'un sourire malicieux. Mais je n'ai pas le temps de répondre puisque la douce voix de Sëra'Ely le fait avant moi.

« Ça, monsieur Sobek, vous le découvrirez bien assez vite. »

Je ne peux m'empêcher de sourire encore. Bah, elle a raison d'un certain côté. Et on ne se serait pas porté volontaires pour une telle mission. J'ai vaguement une pensée pour la nécromancienne que nous avons arrêté, avec Araki, Anya' et Kaazoth. Ah ouais, elle a vite perdu, elle. Elle s'attendait clairement pas au traitement de faveur qu'elle a reçu. Mais c'était efficace. Et à part une blessure que Yukinaga a vite guéri on s'en est sortis sans rien. Mais ça, Sobek ne le sait pas. Mais si Anya' avait été là, nul doute qu'il en aurait rit à nouveau. Enfin bref.

Un Kitsune en armure vient finalement nous trouver, afin de nous emmener jusqu'à sa capitaine. Donc les choses sérieuses ne devraient pas tarder à commencer. Je refoule la colère naissante envers ces braconniers et je suis le kitsune, accompagné de toute la clique. Et oui, aujourd'hui, le naga fait partie de cette clique.
Nous arrivons donc dans le bureau de la capitaine... Qui semble bien débordée de travail, au vu de la quantité de papiers qui traîne sur sont bureau. Erf, j'aime pas les papiers, c'est chiant. Et c'est fait avec de l'arbre coupé, en plus.
Elle nous fait signe de s'asseoir, et nous nous exécutons, Yuno à mes pieds, sa tête à peine au dessus du bureau de la dame. Elle nous salue, avant d'émettre une hypothèse qui me fait sourire. Ahah, elle a pas tord, effectivement. En revanche sa question me fait pencher la tête. Bah la boue et les sorts de terre sont pratiques pour immobiliser mais pour transporter, pas forcément. Par contre, le fait qu'Amset ait une cage magique de transport, ça c'est intéressant.

« J'ai de quoi les immobiliser, mais s'ils sont nombreux, on va avoir du mal à transporter tout ça. Vous auriez d'autres cages magiques ? On doit pouvoir enfermer plusieurs personnes dedans, quitte à les serrer un peu. Mais ça peut toujours être utile. Ou juste de quoi attacher bien correctement, ça pourrait suffire. »

Qui ne tente rien n'a rien. Et comme je ne pensais pas que ce serait forcément nécessaire... J'avoue que je n'y ait pas pensé. Puis capturer, c'est pas dans mes habitudes. Et je ne vais pas figer tout le monde en statue de pierre, ni risquer de faire entrer des gens sans attaches dans ma demeure.

Un air de reflexion se peint sur le visage de la capitaine qui finit par me dire que son intendant nous fournira le nécessaire et que nous devrons leur rendre en même temps que les prisonniers. Bah, c'était tellement logique que je ne comptais pas faire autrement. Elle ajoute qu'il s'agit d'un moyen pratique pour transporter les malfrats et je hoche la tête. Ouais, j'imagine bien, effectivement.
Ensuite, la dame nous révèle qu'il s'agit d'un groupe de duchéens et de paysans qui sévissent dans les bois. À cette nouvelle, je fais la moue. Rha les duchéens... Toujours l'argent, l'argent, l'argent. M'enfin, je préfère quand même eux aux Teïderiens. M'enfin ! De toute manière, ils vont tous arrêter leur trafic. L'elfe nous tend alors une carte, que je ne récupère pas tout de suite. L'elfe nous demande finalement si nous avons des questions, puis qu'il ne lui reste qu'à nous souhaiter bonne traque. Ce à quoi le naga lui répond qu'il fera de son mieux. Quant à moi, j'opine du chef avant de répondre :

« Ces braconniers n'auront même pas le temps de réagir. »

Autrement dit, je ferai également de mon mieux pour arrêter cette immondice. Moi vivant, je ferai toujours tout pour que la nature puisse vive paisiblement. Ou du moins, sans avoir à s'inquiéter des conneries des êtres humains. Et aussi des non-humains, évidemment. Quant à Yuno, il se met à japper, comme pour dire qu'il était prêt au départ et... C'est tout à fait le cas. Sëra'Ely se contente d'un hochement de la tête.

« Bien, c'est noté. Alors allons chasser les chasseurs. »

Elle se lève, et je la suis, devant Yuno. Nous attendons ensuite Sobek à la sortie, un oeil sur la carte. Mhhh...
Je reprend la route ensuite, pour se rendre jusqu'au bois. Nous parlerons en chemin, pas la peine de rester à l'arrêt.

« J'imagine qu'ils ont dû établir un camp de fortune dans ce bois, pour garder les bêtes. Même s'ils ne sont pas forcément de bons combattants, ils ont dû également prévoir plusieurs pièges, et bien cacher leur camp. Je doute qu'ils cachent les bêtes dans un village, malgré les paysans qui les aident. »

Je me tourne vers mes compagnons de route, afin de m'enquérir de leurs idées. Après tout, nous n'avons pas forcément les mêmes. Yuno se contente de marcher en silence tandis que Sëra' est en pleine reflexion. Et qu'en est-il de Sobek ?

J'opine du chef lorsque notre compagnon à écailles approuve mes idées. Ouaip, donc on part sur la forêt, puisqu'on est tous d'accord ! Cependant, la question, c'est où ? Au vu de la carte, ce n'est pas juste un petit bois. Bien qu'il ne soit pas immense, il n'en reste pas moins assez imposant pour ne pas qu'on ait l'envie de chercher et tourner en rond pendant des heures. J'aurais bien quelques... J'observe le naga lorsqu'il reprend la paroles, mettant court à mes pensées. Je souris et opine du chef lorsqu'il suppose que nous sommes doués pour la traque. Mon sourire énigmatique semble lui répondre "oh, je me débrouille, effectivement". Et ce tandis que Yuno se met à japper joyeusement. Oh oui, la traque, un renard ça connaît ! Quant à Sëra', elle se contente de rire doucement. De ce que j'ai compris, ça n'est pas son domaine, mais ça le deviendra bientôt lorsqu'elle vivra avec nous au Sanctuaire ! Sobek me révèle ensuite qu'il est mage du feu et de l'âme et je penche la tête. De l'âme ? C'est intéressant. Autant je connais bien les sorts de feu, mais j'avoue avoir quelques lacunes en magie de l'âme, au vu de la rareté de ses pratiquants. Et on va pas se mentir, à Teïder y en a encore moins. Le naga révèle alors en quoi consiste cette magie, comme s'il avait parfaitement compris la signification de mon mouvement de tête. Puis il laisse sous-entendre qu'un mage se cache parmi nous et je souris. C'est vrai que j'arrive pas trop à cacher mon aura magique. C'est le seul point négatif à avoir une puissante magie comme celle-ci.

« Vous semblez doué pour supposer, monsieur Amset. La traque forestière est ma spécialité. Pour vous donner le contexte, je protège un écosystème rare au sein de Teïder de... Bah des Teïderiens, justement. Alors la vie en forêt et tout ce qui s'ensuit... Vous comprenez ! Et comme ça n'est pas arrivé sans raison, je suis à demi esprit de la terre. Et ma magie suit mes origines. »

Je souris, encore une fois, avant d'ajouter, avec une pointe d'amusement dissimulant ma colère montante :

« Cette mission va être du gâteau, à nous tous ! »

Nous finissons par arriver devant le bois, devant lequel je m'arête à peine. Ouais. La nature est en pleine possession de ses droits ici. Cela dit... Pendant le trajet, j'ai eu le temps de réfléchir à quelque chose. Une idée pour trouver les braconniers plus vite. Mais il faut d'abord que je m'éclaire sur un petit point.

« J'imagine que la solution la plus simple pour trouver les braconniers consiste à trouver un natif de ce bois, qui sait déjà où ils se cachent. Autrement dit, un animal. Je peux m'occuper de le trouver et de discuter, mais... Êtes-vous du genre à faire fuir les animaux où que vous alliez ? Ce serait embêtant si l'on mettait dix ans à trouver quelque chose que je peux trouver rapidement seul, vous comprenez ? »

Je souris, afin de m'excuser. Peut-être que j'ai demandé ça de manière trop crue, je n'en sais rien. Les interactions sociales avec des inconnus ne sont pas mon point fort. Mais dans tous les cas, mon but n'est pas qu'il le prenne mal, juste de trouver une solution rapide et efficace. Nous pourrions bien essayer de les traquer mais le temps de trouver une piste peut être plus long que d'attirer l'attention d'un animal... Ou peut-être d'un vélocipodien ? Il doit probablement y en avoir ici, et ma présence, sans vouloir me la péter, devrait les intéresser. D'autant qu'on vient les aider. J'espère juste qu'ils ne se sont pas tous fait capturer par les braconiers.

Lorsque le naga complimente mon projet, je souris. Oui, il est beau et ambitieux mais... Il ne sait pas tout, ahah ! Il ajoute ensuite que si le besoin d'appeler un mercenaire se fait ressentir, il pourrait convenir. Cette remarque me fait sourire gentiment. Sans vouloir l'offenser, pour l'instant nous nous débrouillons très bien. Même s'il ne faut jamais se reposer sur ses acquis, il est vrai. Enfin.

« J'en prends note ! »

J'ajoute ensuite que la mission sera du gâteau, et le naga ne s'empêche pas de me prévenir, ce qui me fait sourire une nouvelle fois. Je sais bien qu'il faut rester sur nos gardes, mais c'était pour cacher mon agacement face aux pensées de ces... Mon sourire disparaît sur une mine plus sombre. Je finis par secouer la tête, songeant à l'idée que leur trafic est bientôt terminé.

Nous finissons par arriver dans la forêt, et je pose ma question au naga qui ne semble pas la prendre mal. Il me demande si je parle aux animaux, ce à quoi je répond d'un sourire et d'un hochement de tête. Il me confirme qu'il ne fait pas fuir les animaux plus qu'un autre et qu'il est curieux de voir comment j'allais faire, et un grand sourire enfantin se dessine sur mon visage. Il ajoute d'un air amusé que Yuno fait fuir tous les lapins, et je lâche un ricanement silencieux alors que mon ami à fourrure verte semble s'offusquer. Mais c'est à cet instant qu'un groupe de velocipodiens s'approche, et le naga me propose d'essayer sur eux... Ce à quoi un sourire lui répond, avant de me tourner vers les créatures. L'un d'entre eux, particulièrement coloré et doté de motifs sublimes attire mon attention mais je ne reste pas bloqué sur lui. Enfin elle. J'adresse un signe de tête poli au groupe entier, et sans en fixer un seul trop longtemps, je prends la parole.

« Bien le bonjour, amis de la forêt. Veuillez excuser notre présence en ces lieux, j'imagine qu'avec ce qu'il se passe dans ces bois, les humanoïdes ne sont pas forcément très appréciés... »

Je fais une vague pause dans mes propos, afin d'observer un peu plus en détail les velocipodiens. Ce qu'ils sont beaux... Comment peut-on...? Bref !

« Mais justement, nous sommes là pour les chasser d'ici et rendre sa place à la forêt. Tous droits qu'ils pensent avoir, le braconnage n'est pas apprécié par nos semblables et il est hors de question que nous laissions faire ces criminels. »

Je me retiens presque d'insulter ces types, tout en gardant mon calme. Oui Gee, tu les déteste, mais ce n'est pas une raison pour faire fuir les velocipodiens.

« Cependant... Vous connaissez mieux cette forêt que nous et votre aide nous sera précieuse. Nous ne vous demandons pas de nous aider à vaincre les braconniers par le combat, rassurez-vous... Seulement de nous conduire jusqu'à leur groupe, ou simplement de nous mettre dans la bonne direction, si vous nous le permettez. »

Les velocipodiens, qui étaient restés silencieux en m'écoutant, semblent se détendre un peu. La femelle très colorée que j'avais déjà repéré s'approche de quelques pas, avant de prendre la parole.

« Vous semblez honnête, être de magie. Certains de nos congénères ont été capturés par ceux que vous nommez "braconniers". Ramenez-les sains et saufs, s'il-vous-plaît. Nous allons vous conduire jusqu'à eux. »

Je souris à la belle créature.

« Nous libérerons tous les animaux capturés, les vôtres compris, c'est une promesse. Merci de votre aide. »

Je me tourne ensuite vers mes compagnons, avant d'opiner du chef et de leur demander :

« On peut y aller ? »

Et devant leur accord, je me retourne vers les velocipodiens, avant de leur indiquer que tout est bon de notre côté. Les êtres à plumes prennent alors le chemin, en trottinant. Allons y maintenant !

Nous finissons par arriver jusqu'au camp des braconniers, après avoir suivi les velocipodiens. Ces derniers nous laissent assez proches, refusant de trop s'en approcher, le nombre d'humanoïdes le justifiant. Mais je sais qu'ils ne sont pas trop loin. Après tout, j'ai promis de leur ramener leurs frères à plumes, alors ils ne devraient pas partir trop loin. Enfin. Nous voilà donc à bonne distance du campement de nos cibles, et... Peut-être est-il temps de mettre un plan en place ?

« J'imagine qu'on peut soit s'introduire de manière forte, et brute, soit de manière plus discrète... Que préférez-vous Amset ? »

Pour ma part, la solution de discrétion me semble meilleure, mais peut-être qu'il a une meilleure solution, qu'en sais-je... ?

Sobek me propose alors de commencer par l'approche discrète et de, si jamais nous sommes repérés, d'y aller plus brutalement. Il est possible que ce plan fonctionne mais... Le naga m'informe alors qu'il n'est pas du genre très discret. Ouf. C'est vrai que, durant le trajet, il n'a pas semblé faire un effort de discrétion, bien que je n'y ait pas trop prêté attention, à cause de mon attention qui était trop accaparée. Enfin... Je fais la moue, tout en réfléchissant. Et finalement, je propose une autre solution :

« Bien, alors... Et si on se séparait ? Pas de trop loin, rassurez-vous, il ne faudrait pas que l'on se fasse avoir. Vous et Yuno créez une diversion, tout en essayant d'assommer le maximum de gens et en évitant de vous mettre en danger inutilement. Je vous couvre, par derrière, en utilisant plus de discrétion et des sorts paralysant. Et Sëra' libère les animaux. Si cela vous convient, évidemment ? »

Je suppose que mon plan n'est pas forcément le meilleur, mais... Une nouvelle question me vient, et je la pose sans attendre.

« J'imagine que vos pouvoirs de l'âme, peuvent déstabiliser les adversaires ? Peut-être... Jouer littéralement avec les âmes, qu'en sais-je... L'acide de Yuno est paralysant, et ses dionées ne vous attaqueront pas. Mais n'hésitez pas à les utiliser pour vous défendre de certains ennemis. »

J'observe le campement, qui ne semble pas hyper grand. Nous ne devrions pas avoir de mal à nous débarrasser de ces personnes, bien qu'il ne faut jamais sous-estimer son adversaire.

« Mais évidemment, si vous avez d'autres idées et propositions, nous ne sommes pas fermés à la discussion. Et puis nous pouvons évidemment commencer discrètement, et si jamais la discrétion échoue, passer sur ce plan-ci. Mais je pars toujours du principe qu'un plan B est toujours utile. »

Enfin ! Maintenant je vais les laisser parler.

Le naga confirme que mon plan lui convient et j'opine du chef avec un sourire. Très bien ! S'il lui convient, alors il me semble que c'est déjà une excellente chose. Sëra' hoche elle aussi la tête, signe qu'elle approuve également l'idée. Et Yuno reste silencieux, ce qui ne constitue pas un refus, juste un signe qu'il sait qu'un jappement est trop bruyant. En revanche, il penche la tête sur le côté, comme pour attendre la suite.
Sobek répond ensuite à ma question sur la magie de l'âme et encore une fois, je secoue la tête pour lui montrer que j'ai bien compris. De toute manière, à nous tous, il est presque certain que ça se passera bien. Je me ferai forcément remarquer passé un temps, mais je rejoindrai la mêlée, ou bien je continuerai simplement mon jeu de manière plus brutasse.
À la proposition de l'être serpentin de capturer leur chef, Sëra' répond avant moi :

« Effectivement, plus l'on brisera leurs chances de vaincre et mieux nous nous porterons tous. »

J'opine du chef, pour la troisième fois.

« J'approuve totalement l'idée. Et si vous êtes coincés dans la mêlée et qu'il parvient à vous garder à distance, j'irai m'occuper de lui. »

Je dis ça pour ne pas qu'ils s'inquiètent et qu'ils essaient avant tout de faire attention à eux. L'ennemi a l'avantage d'être en surnombre, et même si je doute qu'il y ait beaucoup de gens puissants, cet avantage n'est pas à sous-estimer.

« Sëra' donnera donc le signal du départ, si cela vous convient ? »

Après l'accord du naga, je m'éloigne, cherchant un endroit à l'abri des regards mais donnant directement sur la place dans laquelle débouleront mes compagnons. Allez Sëra', c'est ok pour moi.

« C'est quand vous voulez messieurs, Gee est prêt. »

J'attends patiemment que Yuno et Sobek soient dans mon champ de vision, et leurs ennemis ne tardent pas à arriver. Et si Sobek n'est pas doué pour la discrétion, ce n'est pas pour autant que Yuno s'est décidé à brailler pour attirer dès le début chacun des gars. Je finis cependant par vite avoir besoin d'agir et je me contente tout d'abord d'utiliser deux lierres contraignantes sur les deux premiers adversaires du duo. Je désigne les deux cibles des mains, me concentre et les lierres surgissent. Puis sans attendre de voir si elles ont réussi, je tends la main en direction d'un troisième homme et lui lance un aiguillon toxique. Et cela tout en restant aux aguets de l'arrivée prochaine, probablement, d'un grand nombre d'hommes et du chef.

Yuno, quant à lui, ne prend même pas la peine de vérifier si les lierres atteignent leurs cibles puisqu'ils les attaque directement, visant de ses crocs les parties non protégées des braconniers. Je détecte qu'il tente également des attaques aux mains afin de défaire nos ennemis de leurs armes.

Pouvoirs utilisés :

Spoiler:

Le combat continue assez rapidement, le naga et Yuno semblant se défaire assez facilement des premiers hommes, que ce soit avec ou sans mon aide. Sans doute que ce sera plus simple que prévu, ces types ne semblent même pas correctement armés. Des gourdins, des filets, quelques arcs... Ils n'ont pas l'air d'avoir prévu qu'on leur tombe dessus. M'enfin, ça n'est pas spécialement gênant. Je ne vois cependant pas Sëra', ce qui n'est pas forcément une mauvaise chose. J'observe donc les braconniers ressortir de leur rêverie et je lance un second aiguillon toxique sur un type plutôt frêle, se battant avec un arc, qui tente de viser mes compagnons. Le gars, surpris par l'aiguillon, semble inquiet mais il ne tarde pas à s'écrouler sur le sol, sans avoir pu tirer une seule flèche. Désolé.
Et soudain... Une azurienne habillée dans un style typiquement duchéen fait irruption dans nos champ de vision. Et si ses couleurs me tirent un sourire, malgré ses nombreuses cicatrices, la dame se met à hurler, nous traitant de vandales et les qualifiant, eux d'honnêtes entrepreneurs. Non mais quel toupet ?! L'oiseau fonce ensuite, sur moi et je fronce les sourcils. Bon ben si je suis repéré... Tant pis.

« De quoi ?! Vous n'êtes qu'une bande de voleurs avides, sans aucune âme ! Des ordures qui feraient mieux de croupir dans la prison d'Orzus ! » lui répondis-je dans le jargon duchéen, choisissant des mots vulgaires.

J'incante pendant deux petites secondes, et tout en gardant ma position accroupie, je frappe au sol juste avant qu'elle n'arrive, déployant le sort Stalagmites. Les énormes pointes rocheuses sortent de terre et sans attendre, je bondis sur mes pieds, me rapprochant de l'azurienne qui a probablement essayé d'esquiver mon attaque, avant de lui souffler un nuage de pollen empoisonné, essayant de la viser directement. Je recule ensuite prestement, prêt à me défendre. Puisqu'il est presque évident que ça ne la finira pas...

Pouvoirs utilisés :

L'oiseau se prend mon nuage directement dans le bec, et si ça ne lui suffit pas pour se faire paralyser, elle rate néanmoins son attaque, ce qui me tire un sourire légèrement mauvais. Et tout en attaquant, elle continue à piailler sans s'arrêter. Je ne parviens pas à cacher ma frustration à sa première remarque. Me prendrait-elle pour l'un de ces fichus duchéens ? Je ne fais pas ça pour l'argent, moi. J'aime mieux la nature que ces sauvages.

« Je n'ai pas besoin d'être motivé par l'argent comparé à vous autres, duchéens. Je serai venu vous faire chier pour vous remettre dans le crâne que vous ne détenez pas tous les droits sur la nature. »

J'esquive une nouvelle attaque d'un mouvement en arrière, avant de répondre, sans cacher ma colère :

« La seule chose que tu gagnera, c'est un aller ferme en prison, et tous ceux qui te suivront également ! Ces bêtes méritent plus de liberté que des sauvages ingrats dans ton genre. »

Sur ce, je ne réponds pas davantage et lance une invocation en déployant plus de magie que nécessaire. Je n'ai pas l'intention de laisser cette vaurienne se tirer, peu importe à quel point ses plumes sont belles. Je me rapproche d'elle, et tout en évitant une attaque, qui laisse tout de même une coupure sur mes manches longues et un effet de picotement dans mon bras, je relâche ma magie dans une boule de boue qui vient s'étaler à la base de son aile. D'ici quelques instants, si elle ne se débarrasse pas de cela, elle deviendra incapable de voler... Et c'est bien l'objectif.
Je me baisse prestement, posant une main au sol et relâchant ma magie. Le trou s'ouvre et je m'en échappe en la repoussant vers le fond, prêt à agir. Si elle tente de se rattraper, je lui écraserai les doigts. Et si elle tombe jusqu'au fond des cinq mètres sous la terre, je suis prêt à jeter deux sorts de buissons de ronce pour reboucher le trou et lui ôter l'envie d'en sortir. Je ne pense pas que ça réellement efficace sur le long terme, mais ça me laissera le temps d'aller voir et aider les autres, si le besoin se fait ressentir.

Ce pendant que Yuno attaque les hommes, accompagné d'Amset. Tous les deux font du bon travail jusqu'à ce que les braconniers ne se décident à attaquer le renard avec des lances. Ce dernier se sépare immédiatement de ses dionnées, et la grosse plante s'ouvre derrière les hommes. Non préparés à cette attaque surprise, le premier homme se fait attraper par la plante carnivore et la surprise permet à Yuno d'attraper l'une des lances face à lui et de tirer un coup sec dessus pour soit la prendre des mains de son adversaire, soit le faire tomber au sol.

Pouvoirs utilisés :

Je suis bien trop concentré à mon plan alors que l'azurienne me répond. Je ne retiens cependant pas un grognement de colère alors qu'elle compare le braconnage à la chasse, prenant bien en note de répondre plus tard à ce sujet. Elle me traite ensuite d'idiot, tout en me disant qu'on enferme pas un oiseau. Un maigre sourire en coin apparaît sur mon visage. Ça, on verra. Elle m'insulte encore lorsque je lance une boule de boue, mais je ne riposte pas à ses remarques.
Pas tant qu'elle ne finit pas dans son trou, bouché avec des ronces. Qu'elle tente de sortir, qu'on rigole.

« Ooooh... Une azurienne enfermée ! Tiens, j'croyais qu'on emprisonnait pas ces êtres libres et fongueux ?, luis dis-je d'un air narquois, avant d'ajouter : Mais habitues-y toi, tu risque de passer un long séjour derrière des barreaux. »

Je me baisse au niveau du sol, alors qu'un grand remue-ménage retentit du côté des autres.

« Au fait, ne compare pas chasse et braconnage. Le premier ne t'aurait pas fait perdre ta liberté, tandis que le second t'as filé bien des problèmes., je me redresse et m'esclaffe : Mais bon, je ne vais pas trop en demander à une cervelle de piaf ! »

Je m'éloigne de la cage de ronces de l'azurienne alors que les derniers braconniers s'enfuient. Amset me demande alors si nous devons les poursuivre ou non, et je fais la moue. Bonne question... Quoique. Je me tourne vers lui en secouant la tête.

« Laissons-les partir pour cette fois, qu'ils prennent cette seconde chance d'une bonne manière. Je vais rester ici quelques jours pour voir s'ils recommencent leurs affaires, auquel cas je les livrerai à notre amie elfique. On va se concentrer sur les bêtes et sur la dame oiseau. Yuno, vas surveiller notre pirate s'il-te-plaît. »

Le renard jappe avant de fusionner avec sa plante. Il va ensuite se placer devant le trou, relâchant sa dionnée de l'autre côté, si jamais un certain volatil décidait de se barrer. Quant à moi, je me dirige vers les cages, bien décidé à secourir et sauver tous les animaux ayant besoin de soin. Sëra' sort alors de sa cachette, ayant déjà aidé quelques bêtes.

Pouvoirs utilisés :

J'entends l'azurienne m'insulter de tous les noms possibles et imaginables, et je ricane. Oh, certains sont d'une impolitesse à toute épreuve mais... De un, ce n'est pas moi qui suis enfermé, et de deux, ce n'est qu'une autre preuve que j'ai visé juste, en plein dans son égo de duchéenne mal famée. Qu'elle m'insulte si elle le veut, j'ai bien d'autres choses à faire.
Choses que je m'empresse d'aller effectuer, d'ailleurs en retournant auprès du naga et de mon renard. Je propose alors la suite des évènements, qui semble bien acceptée par mes compagnons d'aventure.
Le reptile loue alors mon dévouement pour la faune de ce pays, et je souris. À mes yeux, c'est tout naturel. Et j'aimerai qu'il y ait plus de gens de cet avis. M'enfin. Là où certains s'énorgueillissent de protéger les faibles, d'autres préfèrent guider les leurs, et d'autre, comme moi, vouent leur vie à des sujets qui devraient en toucher plus ! M'enfin. Le naga constate ensuite qu'avec un grand nombre de leurs effectifs en moins, il y a peu de chances pour que les rescapés tentent de remettre leur petite entreprise en marche. J'opine du chef pour montrer mon accord, bien que cela ne change rien au fait que je veuille rester ici quelques jours encore.

Nous arrivons donc à la suite du plan, alors que Yuno garde la prisonnière, Sëra' et moi aidons les animaux et Amset se voue à l'emprisonnement des neutralisés, avant de venir nous aider à soigner les bêtes blessées. J'en viens même à trouver les congénères du groupe de vélocipodiens qui nous a amenés ici. Je souris alors qu'ils partent rejoindre leur famille, l'air absolument heureux de retrouver leur liberté.

Et une fois tout cela effectué, le reptile des duchés se tourne vers moi, me tendant une cage remplie. Il me propose d'aller rendre la mission ensemble, en faisant quelques suppositions. Je souris. Il reprend ensuite sur mes principes qu'il apprécie, avant de me demander les raisons de mon dévouement envers la nature, concluant que ce pourrait être une belle histoire.

« Je ne fais ça ni pour l'argent, ni pour les remerciements. Et la seule chose que vous pourrez flouer serait ma confiance en libérant tous ces types avant d'arriver au village. »

Je prends néanmoins la cage qu'il me tend, avant d'ajouter :

« Je viens quand même avec vous, pour prévenir la capitaine que je reste quelques jours et qu'ils n'ont plus à s'inquiéter des fuyards. »

Puis je prends la route avec lui, suivi par toute ma clique.

« Je suis à moitié esprit de la terre, à moitié thérianthrope. Mes parents se sont rencontrés grâce à leur proximité envers la nature. Et pour être tout à fait franc, personnellement, j'ai toujours préféré la compagnie des arbres et des animaux à celle des gens "civilisés". Quant à savoir si cette histoire est belle ou non... C'est à vous de le juger ! »

Je souris. Oh, il est vrai que j'ai toujours aimé la nature. Mais je m'y suis réellement voué après la mort de ma mère. Mon sourire se teinte de tristesse.

« Mais il faut avouer que je me suis réellement voué à la protection de la nature après la mort de ma mère. J'ai rencontré Anyammis, un ami kirin, qui m'a permis de savoir à peu près soixante-dix pourcents de ce que je sais aujourd'hui. On a beaucoup voyagé et j'ai rencontré chacun de mes compagnons suite à ce lien avec la nature que nous partagions. Yuno faisait partie d'une portée de renards que je protégeais, par exemple. »

Je souris encore une fois en observant mon ami à quatre pattes.

« Je pourrais vous parler de tout cela pendant des heures, mais à terme, je crains que cela ne soit lassant ! »

Je ris un peu en l'imaginant somnoler devant l'histoire de trop d'années dans la nature.

Pouvoirs utilisés :

Dans la nature, tout a toujours une raison.
Si tu comprends cette raison,
tu n'as plus besoin de l'expérience.

The world would live better without the evil that gnaws at it

Le naga semble légèrement amusé de mes propos, avant de me demander si je suis effectivement un amoureux des plantes et des animaux. Je lui souris d'un air rêveur et me retiens de lui couper la parole pour le corriger. Non. Je suis un amoureux de la nature. La différence est faible, sans doute, mais présente. Il semble ensuite comprendre mon point de vue, même s'il n'est pas concerné, et je ne peux que louer cette qualité à comprendre, même sans le vivre. Enfin, il est vrai que c'est toujours plus facile de parler que de réellement comprendre, mais... C'est déjà un point.
Puis son ton se charge de gravité et de compassion, alors qu'il me dit être sûr que ma mère est fière de moi. Mon sourire se teinte à nouveau de tristesse. Être fière de quoi ? D'avoir causé sa mort ? J'en doute. Et le fait de vouer ma vie à la nature et de le protéger ne rachètera jamais les crimes dont je suis coupable. M'enfin, ça il ne le sait pas. Le naga révèle ensuite qu'il n'a pas connu cette tragédie, bien qu'il imagine que cela puisse changer les gens. J'opine du chef. Oui, il est vrai que, même si je ne suis sûrement pas le meilleur exemple, j'en suis un bon. Il conclut par le fait que cela m'ait évité de m'intéresser à la politique et aux affaires de la cour et je ricane légèrement.

« En effet, je ne suis pas très doué avec ce genre d'affaires. Je ne suis d'ailleurs pas très doué lorsqu'il s'agit de gestion de richesse, ou je ne sais quel bordel encore ! »

Il me propose ensuite de résumer mon histoire aux moments marquants, et qu'en échange, il me racontera certaines de ses aventures. Je souris. Bon, très bien, ça me changera !

« Très bien, faisons cela ! Pour ma part, j'ai commencé mon voyage par Ikhyld, évidemment. J'ai enchaîné les nations, j'y ai étudié tout ce que je pouvais étudier... Jusqu'à ce que j'arrive à Teïder ! Et même si les habitants y son exécrables, on y a découvert un petit coin au climat unique ! Certaines des espèces de plantes et d'animaux qui y vivent sont uniques. Nous avons décidé d'y rester et de protéger la zone des teïderiens, qui la détruisaient sans vraiment s'inquiéter des risques pour un tel environnement. Cela fait un bon bout de temps qu'on habite là-bas et pour l'instant, tout va bien ! »

Je souris, en repensant au Sanctuaire et à Wiendë.

« On est allés à la Cité de Jade, il  y a quelques jours, pour un bal, peut-être en avez vous entendu parler ? Nous voulions pouvoir organiser un grand projet de serre pour sauvegarder encore mieux cet endroit. Ce n'est pas encore fait, mais j'ose espérer que l'année prochaine, il sera officialisé ! »

Pouvoirs utilisés :