L’homme revint quelques instants après ma commande avec de quoi me nourrir, mais aussi m’hydrater… toutefois il ne devait posséder ni de l’eau véritablement saine, ni du lait dans ce petit village. En effet, je pouvais sentir l’alcool dans le verre d’eau, souvent un signe qu’il ne fallait pas se fier à l’eau pure du village, mais était-ce une bonne idée d’accepter un verre composé d’alcool avant d’entrer dans le cœur de la mission ? J’avais soif et j’avais une expérience avec l’alcool, l’ivresse et la baisse de performance ne serait pas présent tant que je me limiterais à ce seul verre et que je me nourrissais bien.

Je remerciais le garde et l’attendait tandis qu’il retournait dans le garde-manger, revenant ainsi avec son propre repas qu’il mangerait avec moi à ce que je voyais… un moyen simple de converser et d’obtenir des informations. Je lui souhaitais un bon repas et commençais à manger la nourriture tout en faisant en sorte de rechercher légèrement mes couverts et la nourriture, comme pour lui rappeler que l’homme en face n’était qu’un vieil aveugle.

« Je ne remets pas en question vos intentions, de plus le tourisme n’est pas une mauvaise affaire. Beaucoup de personnes dans les duchés ou même dans les deux empires, que ce soit chez les personnes riches ou nobles, seraient intéressés par l’idée de visiter un village typique d’Eïrn. Je ne suis ni riche, ni noble, mais j’accepte votre proposition, ce sera toujours mieux que simplement et bêtement retourné dans les Duchés sans avoir vécu la grande aventure que je désirais. »

Lorsqu’il parla des duchés, je repris :

« Hum, les mercenaires et les bandits sont les principales « monstres » de nos terres, oui. Quant au cannibalisme, je n’en ai encore jamais rencontré, mais bon cela ne m’étonnerait pas qu’un individu comme ça y existe. »

Je me permets alors d’agir comme-ci une idée venait de me traverser l’esprit, avec suffisamment d’action pour être remarqué par l’homme :

« J’y pense, existe-t-il des magiciens dans votre village… maniant la magie des ténèbres de préférence… après un petit arrêt, je rajoutais. Je vous explique, j’aime moi-même vécu en tant que Mercenaire, mais suite à la malédiction d’un mage des Ténèbres, je me suis retrouvé aveugle. Ainsi... J’ai longtemps cherché un mage pour l’inverser, mais… aucun dans les duchés n’y arriva. »

Je faisais alors semblant de réfléchir avant de rajouter :

« C’est vrai que si je voyage, je pourrais peut-être rechercher une personne à même de me rendre ma vue… un rêve plutôt agréable… »

« Il est vrai que sans une grande soif d’aventure … ou un marchand un peu flemmard, peu de monde se rendraient en ces terres pour visiter, sans vouloir vous offenser. Quant à l’idée d’une attention hostile, je ne pense pas que vous pourriez être la cible de beaucoup de monde, Eïrn en elle-même est une terre trop mystique pour intéresser les plus intelligents et les plus bêtes finiraient dans le ventre d’une bête. »

Il était vrai qu’une certaine partie de la population d’Orzian voyait les terres d’Eïrn avec un certain regard que ce soit à cause de leur hospitalité assez étrange ou encore pour ce qu’était le centre de leur république.

« Hé bien, vous voyez qu’il y a des activités touristiques disponibles dans votre village, sûrement très bruyante et très coûteuse tout de même… La capitale ne vient jamais s’en mêler lorsque ce genre d’accident se présente à vous ? »

La question portait un double intérêt, tout d’abord savoir si la capitale intervenait lorsque les débordements dépassaient les capacités de la garde locale pour ce cas-ci, mais aussi pour savoir à quel point j’avais le champ libre dans mon affaire d’aujourd’hui.

« Ce n’est pas qu’ils sont trop chers, c’est plutôt que ceux qui se trouvent dans mes prix s’avèrent plutôt être trop incompétent pour cette tâche-ci… et ceux plus doué ont un prix trop élevé… Donc vous avez raison, ils sont trop chers, oui, ah ah ! »


J’avais beau avoir vécu dans les Duchés pendant longtemps, je n’étais pas véritablement informé quant au fonctionnement des commerces magiques vu que j’évitais cela lorsqu’il ne s’agissait pas d’enchanter mes armes et mon équipement. Surtout que dans ces cas-ci, je passais par le forgeron qui se débrouillait avec l’enchanteur.

« Je vous en seriez très reconnaissant, surtout si ce dernier s’avère être assez doué pour me retirer ma malédiction, vous ne savez pas à quel point regarder le soleil se couchait ou simplement le ciel étoilé me manque… Quant à la raison, bien qu’il ne m’ait laissé aucun petit mot pour justifier son geste, je suppose que ma vie de mercenariat a dû lui prendre l’un de ses êtres chers. »

En échange de l’humour noir du garde, j’avais décidé d’user d’un sérieux un peu morbide pour répondre à son manque de tact. À voir si cela aller créer un froid ou si ce dernier et son manque de finesse passerait bien au-dessus de tout cela.