Huit cents ans, il était vrais que ça faisait une sacré espérance, Alaxadya n'en avait pas vraiment conscience, son temps était la seule chose qu'elle ressentait et son métabolisme était plus lent que celui de beaucoup d'autre race, d'où sa croissance également plus lente. Elle pouvait donc difficilement imaginer ce que cela ferait de prendre de l'âge de la manière d'un humain. Elle vivait certes plus longtemps mais avait l'impression de rester jeune et naïve bien plus longuement que tout les autres aussi.

« Je ne saurais pas trop vous répondre... Rien ne me semble vraiment spécial, je ressent le temps un peu près de la même manière étant donné que je grandis moins vite également. La longévité est une bonne chose mais les humains ont l'avantage de gagner en maturité et en individualité bien plus rapidement. Il n'y a pas de meilleurs j'imagine. »

Parfois elle aurait aimé profiter de qu'elle aurait put avoir au même âge, mais en étant humaine, son âge présentement ne la plaçait même pas en tant qu'adulte alors que chez d'autres peuples il était assez ancien. Cela pouvait donner le vertige en y réfléchissant il était vrais, mais ça poussait également à l'humilité, des personnes ayant la moitié de son âge pouvaient en savoir bien plus sur le monde qu'elle et lui apprendre énormément. Anton lui proposa alors qu'ils se racontent des histoires et Alaxadya en fut un peu surprise mais sourit légèrement et réfléchit à ce qu'elle pourrait dire. Un seul récit lui venait en tête et elle reprit un air neutre, voire un peu attristé, regardant la danse enivrante et menaçante des flammes, d'une dualité étrange, chaleureuse et destructrice. Cela lui semblait bien trop familier.

« Si vous connaissiez un peu les mythes de la région pour connaître ces arbres... Peut être avez vous entendu parler de la Sorcière Blanche ? »

Demanda-t-elle d'un ton un peu rhétorique, elle allait conter cette histoire quel qu'en soit la réponse, mais également avec un petit mouvement de buste sous sa respiration. Cette histoire était fortement ancrée en elle et importante, elle ne pouvait révéler la vérité mais Anton méritait d'en savoir ne serait-ce qu'une silhouette diffuse.

Alaxadya prit une grande respiration, réfléchissant à la manière dont elle tournerait cette histoire. Son histoire... Elle n'en avait jamais parlé à personne et ne comptait pas vraiment dévoiler l'entière vérité non plus, craignant pour sa sécurité si elle le faisait, cette idée de partages de mythes et d'histoires autour d'un feu lui paraissait un bon compromis pour être un peu plus honnête avec cette personne qui l'aidait tout en se gardant en certaine sécurité. Elle planta alors son regard dans celui de l'homme, la lueur rougeâtre du feu venant danser sur sa peau pâle, illuminer ses cheveux clairs et se refléter dans ses iris, donnant un air solennel à cette contine du soir.

« Les paysans et voyageurs téméraires de ces régions ont vu naître une nouvelle légende en ces lieux boisés. Certains disent que ça a commencée dans une communauté isolée où vivait une petite fille recluse et mise à l'écart, personne n'aurait cru en elle et elle aurait été méprisée et se serait sentit si faible et insignifiante par rapport au reste de la communauté. Alors elle prenait sur elle et se taisait, cachant en réalité une très grande puissance en elle et refusant de la montrer à la vue de tout le monde. La nature de cette force secrète la tourmentait et elle savait que les autres villageois passeraient rapidement du mépris à la terreur à son égard si elle montrait ses capacités au grand jour, mais elle voulait être appréciée et non crainte, respectée et non évitée. Elle ne dit donc rien et continua. Seulement ses pouvoirs dormaient en elle et le potentiel qu'elle ressentait lui semblait terrifiant mais également de plus en plus alléchant à chaque fois qu'elle le ressentait, seule, comme enivrée par les songes de ce qu'elle serait capable de faire. Alors il fini par venir un jour où la jeune fille s'endormit. Et autre chose se réveilla alors. Le lendemain la communauté avait disparue et personne n'avait gardé de mémoire de la jeune fille, tout le monde ne connaissait plus que la Sorcière Blanche. »

Alaxadya avait alors commencé à doucement sangloter en prononçant la dernière phrase. Cette jeune fille, c'était elle et l'elfe avait vécu cette histoire il y a si peu qu'elle lui pesait encore énormément sur le cœur. Sans compter que sa magie lui semblait encore incroyablement dangereuse et qu'elle était encore recherchée. Elle ne savait même pas si ses proches et parents étaient encore en vie... Elle retenait cependant ses larmes ainsi que le regard d'Anton qu'elle perçait d'un air triste mais déterminé avant de finir son récit.

« Cela peut vous sembler être un conte et complètement féerique. Mais sachez que tout cela est bel et bien vrais. Sachez que... La Sorcière Blanche... A prit tout ce que j'avais, elle a ruiné ma vie... »

Dit-elle avec une pointe d'émotion, montrant sa faiblesse émotionnelle face à cette histoire et aussi sa franchise.

La jeune femme remarqua la bonne volonté d'Anton mais se contenta de baisser doucement les yeux en respirant doucement pour ne pas se mettre à sangloter. Cette histoire était très dure à raconter pour elle, bien sûr Alaxadya n'avait pas tout dit mais elle avait révéler ce qu'elle pensait devoir pour honorer la bonté de cet homme qui l'aidait. Elle ne savait pas cependant comment réagir maintenant, au bord des sanglots et plongée dans le passée mais sans savoir si elle pouvait réellement faire confiance à la personne qui l'accompagnait. Elle avait lancée un rapide regard vers Kemukki pour le surveiller un instant et ce dernier dormait au coin du feu, s'il avait été éveillé il aurait certainement tourné autour de l'elfe pour distraire son attention en la voyant dans cet état. Ce n'était peut être pas plus mal, peut être avait-elle besoin de tranquillité pour affronter son passé, au lieu d'essayer de le fuir sans cesse.

« Je... Je veux pas en parler... Je ne sais pas quoi faire... »

Confia-t-elle en serrant doucement les poings, ses mèches tombantes cachant ses yeux qui s'humidifiaient un peu bien qu'elle retenait ses sanglots. Elle ne savait pas quoi lui répondre ni quoi faire désormais, elle espérait que ce voyage lui permettrait de souffler et de tourner la page, mais n'était certaine de rien et son cœur était oppressé par tous ces souvenirs et sensations.