Le moins que l'on puisse dire, c'était bien que la vie de Zivko n'avait pas fini d'être riche en rebondissements ! Après les événements qui l'avaient amenés à être prisonniers, à recevoir de bouleversantes révélations puis à être libérés, la séquence qui avait suivie, autour des ruines océanes, avait été au moins aussi contre-intuitive ! Néanmoins, au final, il s'était trouvé un but, une façon concrète de réparer les tords qui pesaient sur lui, en soit très simple : faire du bien en retour. Et comme il était dans un pays de mercenaires, habitués à récompenser ceux qui venaient en aide aux gens, cela lui permettrait aussi de gagner de quoi vivre, même s'il ne comptait pas faire cela pour s'enrichir non plus, ni nouer forcément des contrats... évidemment il faudrait encore voir comment les choses se mettraient en place, mais pour l'heure cette nouvelle direction lui redonnait de l'énergie !

Il avait déjà réglé plusieurs problèmes de ce genre, et il fallait dire que dans son armure draconique, sa lame mortuaire à la main, il avait plutôt fière allure quand il s'agissait de combattre de simples brigands ! Zivko n'était toujours pas certains de mériter ces dons, et notamment la mystérieuse épée, mais puisque ces reliques des temps anciens l'avaient choisi, il n'avait guère le choix que de se montrer à la hauteur de leur héritage, celui d'un temps où Teïder avait encore visage humain, et peut-être de plus encore... Un autre avantage était que ces armes, bien que teïderiennes, étaient trop anciennes et singulières pour le faire passer directement pour ce qu'il était – un teïderien – et par extension ce qu'il n'était pas – un espion – au près du Duchéen moyen, ce qui était toujours plus pratique pour sa tranquillité personnelle !

C'était après avoir aidé un groupe de villageois qu'il avait entendu parler qu'une question un peu plus sérieuses : des brigands qui s'étaient emparés d'un petit château abandonné sur la rive du fleuve, un peu plus au nord-est. Ils n'avaient en tête que le pillage, et commençaient à rançonner de plus en plus ceux qui passaient par là, et même à attaquer certains vaisseaux sur le fleuve. Ce n'était qu'une bande d'amateurs et il ne faisait aucun doute que quand tout cela remonterait au Duc, ou quand l'un des Comtes locaux se déciderait à agir, ils se feraient rapidement écrasés par une troupe de mercenaires professionnels, mais le temps que cela arrive ils n'en étaient pas moins une épine dans le pied des habitants de la région. Hors, d'une part Zivko avait résolut de les aider, et de l'autre Aukheperu avait tant fait pour lui qu'il pouvait bien régler ce problème à la place de ses mercenaires, tout de même !

Il s'était donc mis en route vers un point que les villageois lui avaient indiqués, un promontoire sur l'autre rive du Malavori d'où il pourrait voir le castel et en inspecter les défenses... quand il arriva sur place toutefois, il eut la surprise d'y trouver un Chevalier-Drake qui inspectait déjà le petit château. Celui-ci portait ce qui semblait être un très ancien modèle d'armure teïderienne, ce qui à priori était suspect... mais bon, de la part de quelqu'un qui portait un ancien modèle d'armure teïderienne, se renseigner avant de juger était sûrement bienvenu, et c'est ce que fit Zivko.

« Olà, chevalier ! Je viens en paix, et n'ait aucune mauvaise intention, hormis envers les bandits sur l'autre rive ! »

C'était évidemment déjà un risque de préciser cela, car il aurait très bien pu en être un, mais au moins la question aurait été tranchée, et puis il ne voyait pas un Chevalier-Drake faire partie d'une bande de brigands avides et de faible envergure. En tous cas, il s'était présenté, toujours à cheval, les mains ouvertes en signe de paix. Il parlait en akkatonien, avec peut-être encore un léger accent mais que la plupart des gens n'identifiait déjà plus.

« Je suis Zivko, chevalier errant de mon état, et j'envisageais de faire rendre gorge à ces forbans. Et vous, qui êtes vous et quels sont vos plans, si ce n'est pas indiscret ? »

Zivko ne reconnaissait guère l'accent de son interlocuteur – ce qui n'avait rien d'étonnant, puisqu'il n'avait jamais entendu un eïlynsterien parler l'akkatonien, et qu'à vrai dire il n'avait jamais entendu d'eïlynsterien tout court, en fait – et ne pouvait s'empêcher de trouver à sa façon de parler quelque chose... d'archaïque ? En tous cas d'ancien, sans que ça ait forcément un sens négatif d'ailleurs, mais aussi de solennel, dans un sens. Il y avait quelque chose dans sa façon de parler de chevalerie, et dans sa grave courtoisie, qui lui rappelait les héros des vieilles chansons de gestes qu'il lisait jadis, à l'époque desquels les combats de Teïder semblaient tellement plus nobles que ceux qu'il avait découvert dans la froide lumière grise de la réalité des choses... mais il ne s'attarda pas sur ces pensées, et hocha plutôt la tête à la question du Chevalier-Drake.

« On peut dire cela, dans un sens, si vous considérez, comme moi, que les suppliques d'une population opprimée sont un mandat adressé à tout chevalier digne de ce nom. Je suis comme je vous l'ai dit un chevalier errant, et si nul seigneur ne m'a appelé à agir, les dommages qu'ont à subir les civils de la part de ces forbans sont pour moi une raison suffisante. »

Il était possible que la façon de parler du Chevalier-Drake déteigne quelque peu sur Zivko, à moins qu'elle ne réveille tout simplement certaines tournures présentes en lui au part avant et qui n'étaient ainsi que remontées à la surface ? En tous cas, il se contenta de hocher la tête devant la malédiction revendiquée par son interlocuteur, certes étrange mais pas invraisemblable – surtout qu'il n'avait nulle raison de douter de lui, en soit – et eut un mince sourire devant la façon dont il se proposait de régler les choses.

« Voilà une approche pour le moins directe, et certes non dénuée de panache ! Il va de soit qu'il sera plus chevaleresque et plus correct de leur laisser une chance de se rendre, mais je doute qu'ils abandonnent leurs positions si facilement, hélas ! Cependant, vous ne perdez rien à leur demander, je ne pense pas qu'ils aient de machine de siège pour vous répondre, après tout... »

Un Drake n'avait après tout pas grand-chose à craindre de flèches envoyée en riposte, sauf à tomber sur d'exceptionnels archers, ou à rester passivement subir leurs tirs, et entre sa lourde armure et son bouclier, nul doute que sir Richard soit aussi de taille à encaisser, ce qui aurait probablement moins été le cas avec en face des tirs d'arbalète, par exemple !

« Quant à moi, je combat avec cette grande épée que vous voyez ici dans mon dos, renonçant à un bouclier pour la manier à deux mains, et comptant sur la solidité de mon armure ainsi que le vitesse de mes mouvements pour me garder du mal que voudraient m'infliger mes adversaires. Je vous propose de m'insérer dans votre plan en galopant vers leurs portes pendant que leur attention sera retenue sur vous. Je pourrai alors mettre pied à terre et engager au sol le combat, pendant que vous agirez depuis les cieux, si cette approche vous semble convenir ? »

Visiblement, les deux guerriers semblaient sur la même longueur d'onde, ou du moins pouvoir s'accorder chacun à celle de l'autre sans trop de mal, peut-être de par leurs origines communes en soit, même si aucun des deux n'avait vraiment de certitude sur celles de l'autre à ce stade. En tous cas, un plan simple semblait bien s'être mis en place, et Zivko ne voyait pas pourquoi il ne pourrait pas également être efficace !

« Ma foi, j'espère que je vous pourrai vous prouver l'efficacité de mon approche autant que de mon style au-delà de la simple théorie, messire Richard ! Et pour cela rien de mieux que de la mettre en pratique, n'est-ce pas ? »

Après tout, parler était bien beau, mais c'était par ses faits d'armes et par les causes qu'il choisissait de défendre – seconde partie d'un indissociable couple de valeur que, hélas, ses compatriotes avaient bien trop largement perdu de vue, mais que Zivko s'efforçait farouchement de faire à nouveau sienne et d'appliquer à présent sans faillir – que l'on reconnaissait réellement la valeur d'un vrai chevalier ! Puisqu'ils faisaient cause commune, la justesse de la cause de chacun aux yeux de l'autre ne faisait guère de doute, et il ne restait donc plus pour eux que de voir si chacun serait à la hauteur de ce qu'il se fixait !

« Je serai heureux d'avoir votre renfort dans le combat si l'occasion s'y prête, même si le plus important reste de réussir à nettoyer ces lieux des brigands qui s'y terrent, et ainsi de ramener un peu plus de tranquillité dans la région, bien évidemment. »

Le jeune homme accepta bien évidemment de rendre son salut martial au Chevalier-Drake, et ensuite chacun parti donc de son côté ! Pendant que Richard s'occupait de la partie disons la plus directe, en allant se poser sur les remparts du fort occupé par les brigands, Zivko, de son côté, lança son cheval au galop pour rejoindre l'entrée de la fortification ennemie ! Bien entendu, avant l'attaque, les brigands n'avaient aucune raison de garder porte closes, et ladite entrée était ouverte, bien que deux gardes à l'équipement plutôt frustre y soient posées. Profitant du fait qu'ils étaient concentrés sur le puissant guerrier et surtout le grand saurien qui les menaçaient, eux et les leurs, depuis les remparts, il en assomma un d'un puissant coup de sa lourde lame à l'arrière de la tête, tandis que l'autre était mis hors de combat par une ruade de sa monture !

Une fois cela fait, le farouche guerrier Humain descendit de selle, avant que quelqu'un d'autre ne vienne l'engager alors qu'il était monté, et ne risque au passage de blesser sa fidèle monture, qu'il envoya prendre du champ d'une tape sur sa croupe. Saisissant à deux mains sa terrible lame nécromantique, le Teïderien rebelle se prépara à affronter ceux qui, dans les rangs des brigands, n'auraient pas l'instinct de survie de se rendre au puissant Chevalier-Drake!v

Visiblement, la manœuvre de Richard fonctionnait plutôt bien, et bon nombre de brigands choisissaient de fuir, ce devant quoi, comme de bien entendu, le teïderien en exil se garda bien de les arrêter, que du contraire ! Après tout, le but n'était pas de massacrer tout le monde, mais bien de neutraliser la citadelle, et ainsi de ramener un peu de sécurité dans la région. Évidemment, l'idéal aurait été de pouvoir capturer ou mettre hors d'état de nuire l'ensemble des brigands, mais il aurait pour cela fallu qu'ils soient plus nombreux que seulement deux chevaliers, si vaillants soient-ils, et même si l'un d'eux avec un Drake avec lui ! Quant à ceux qui semblaient vouloir résister, ils furent pour la plupart faciles à neutraliser, même si cela se présenta peu. Mais évidemment, il était peu probable qu'une telle bande ait pu se structurée en étant composée que de lâche, et Zivko s'attendait bien entendu à être confronté à de la résistance !

Et de fait, il ne tarda pas à y être confronté, en effet, sous la forme d'une guerrière mercenaire aux cheveux clairs, un peu moins bien équipée que lui, sans doute, avec une armure à moitié matelassée et à moitié d'acier, mais qui semblait toutefois tout à fait compétente dans la façon dont elle maniait l'épée à deux mains qu'elle tenait ! De fait, le coup qu'elle lui asséna tout en entamant le combat était tout sauf maladroit ! Autrefois, sans doute le jeune homme aurait-il sans doute été surpris de voir une femme guerrière, surtout si habile, mais sa rencontre avec Akemi, entre autres choses – beaucoup d'autres choses, en soit – avait corrigé ce genre de préjugés de sa part de façon plutôt brutale. Heureusement pour lui, il parvint à esquiver le coup de lame de la damoiselle, sa vivacité et sa maîtrise lui permettant de ne pas être entravé, même par sa puissante armure draconique.

« Je constate que vous ne manquez pas plus de talents à l'épée, gente demoiselle, pas plus que de bravoure pour lever ladite épée alors qu'un Drake est à vos portes ! Hélas, de tels talents sont bien mal employés à jouer les brigands, et je vais devoir vous apprendre à mieux les canaliser, je le crains ! »

Le teïderien en exil admirait en effet la capacité martiale de la damoiselle, qui aurait assurément pu être bien mieux employée qu'à rançonner ses pairs, tout de même ! Comme il l'avait déjà fait quelques fois au cours de son tout jeune périple, mais peut-être avec plus d'acuité encore, le jeune homme aux cheveux de feu résolut de vaincre la guerrière sans pour autant la tuer, histoire de lui donner une chance de se racheter et de changer de voie... après tout, lui-même n'avait-il pas eut ce genre de chances, alors qu'il le méritait bien moins encore, puisqu'il était sans doute bien pire encore, lui semblait-il, de faire partie d'une armée aux si sombres projets que celle où il s'était engagé – par ignorance, certes, mais il n'en tenait guère compte à ce stade – que de se livrer au brigandage ! En tous cas, il commença le combat par un puissant coup de taille, sachant bien que pour la mettre hors jeu il allait de toute façon déjà falloir l'affaiblir !

La jeune femme n'avait pas seulement l'air compétente, elle l'était réellement, et elle le prouva d'ailleurs en réussissant sa contre-attaque, ouvrant elle aussi, en symétrie, une brèche dans le bas de l'armure de Zivko, même si celle-ci, évidemment, et plus encore que l'armure de la damoiselle, le protégea d'une blessure réelle, et fut bien moins fortement affaiblie, éprouvant une fois encore toute la résistance que pouvait lui offrir cette puissante armure... cela prouvait néanmoins qu'elle était capable de triompher de sa défense, ce qui était loin d'être négligeable pour une « simple » brigande ! Et cela ne faisait que confronter le rebelle teïderien dans sa conviction qu'elle pouvait aspirer à un bien meilleur futur que celui que lui offrait une vie de simple brigande, justement, ses talents étant dignes de bien mieux ! Bien entendu, sa propre histoire le rendait de toute façon plus sensible à ce genre de chose, mais la maestria de la guerrière adverse ne faisait que renforcer cette décision première.

« Tu sais, cette armure brillante comme tu dis n'est pas tombée du ciel, il a fallu que je m'en montre digne et que je la conquiert... et avant cela on a dû me montrer le bon chemin avec un bon coup sur la tête, alors ne m'en veux pas si je fais de même ! »

De fait, c'était potentiellement une idée... la farouche combattante combattait sans casque, et, maintenant qu'il avait ébranlé sa défense, pourquoi ne pas tenter, comme l'avait fait la belle Akemi avec lui, de la mettre hors de combat en l’assommant ? Certes, il était considérablement moins expert que la puissante Vampire à ce genre de petit jeu, mais la chose valait sans doute la peine d'être tentée, histoire d'éviter que sa terrible lame nécromantique ne blesse plus que nécessaire la jeune femme... et de façon évidente, la solidité de son armure lui permettait de toute façon de prendre certains risques ! Il se résolut donc à faire ainsi, et, tout en se gardant de la suite de l'assaut de la damoiselle brigande, il fit soudain glisser sa lame entre ses doigts pour l'attraper par l'autre bout, protégé autant par la solidité de ses gantelets draconiques que par le fait que la Lame de Mortis n'était pas du genre à blesser son propre porteur, évidemment !

Certes, la farouche Akemi n'avait pas dû recourir à de tels stratagèmes pour l’assommer, mais justement il n'avait pas la maestria de la Vampire, et c'était la seule technique de ce genre que son éducation « chevaleresque » à la teïderienne – c'était à dire, hélas, plus chevaleresque dans la technique que dans les valeurs qu'on voulait lui faire retenir, même si ses lectures venues des temps jadis l'avaient quelque peu aider à s'abreuver de ce côté-là – lui avait apprise, à savoir utiliser d'une technique dérivée de la logique de la demi-épée pour frapper du fourreau, chose rendue encore plus efficace par son équipement – entre l'armure très résistante et la lame qui, non seulement ne risquait pas de le blesser, mais aussi pas de casser, même en cas de faux mouvement. En tous cas, il partit donc ainsi à l'assaut, cherchant à se glisser sur son flanc pour ensuite l’assommer d'un puissant coup de lame...

L'assaut de Zivko prit visiblement totalement par surprise son opposante, qui ne s'attendait visiblement pas à un coup de ce genre ! Il fallait dire que ce genre de style était en soit plutôt rare, au final, et que la force avec laquelle la nature de son équipement permettait au chevalier aux cheveux de feu de l'employer n'était pas forcément commune ! En tous cas, elle prit l'assaut en pleine tête, et en lâcha même son arme sous le choc, avant de s'effondrer quelques instants plus tard aux pieds du jeune homme. Elle en serait certainement quitte pour une belle bosse, et probablement également un bon mal de crâne, mais au moins était-elle mise hors de combat et, avec de la chance, pourrait prendre un peu de plomb dans la cervelle – sans mauvais jeu de mot – et diverger sur une meilleure voie après tout ceci... du moins pouvait-il essayer de l'y aiguiller, même si évidemment il ne pourrait pas l'y forcer, cela allait de soit.

Quoiqu'il en soit, pour le moment, Zivko rengaina son arme nécromantique, et s'approcha rapidement de son opposante pour vérifier qu'elle allait bien, et qu'il ne lui avait pas fracassé le crâne en voulant seulement l'assommer... heureusement, il n'en était rien, et il prit donc rapidement le temps de la traîner légèrement à l'écart et de l'entraver, histoire qu'elle ne risque pas de filer si elle se réveillait trop rapidement, tenant sincèrement à lui rendre autant que possible la grâce qui lui avait été faite par Dame Akemi en lui laissant une chance de changer de voie, à elle comme possiblement à d'autres qu'il croiserait dans le futur... en tous cas, une fois cela fait il entra finalement dans la forteresse, dont la plupart des occupants avaient eut le temps de fuir ou de se terrer dans un coin le temps de son combat. En le voyant émerger après avoir vaincu leur championne, plusieurs autres se rendirent, et Zivko, après leur avoir fait jeter leurs armes, les laissa filer, avant de lever les yeux vers le combat qui opposait Richard et le meneur de cette bande de brigands.

« Hmmmm on dirait qu'il s'en sort bien... je suppose qu'un chevalier comme lui ne voudrait guère que je prenne son ennemi à revers... »

Puisque le Chevalier-Drake ne semblait pas en difficultés, Zivko choisi pour le moment de laisser le duel se poursuivre et s'engouffra rapidement dans la forteresse, pour neutraliser les éventuelles dernières poches de résistances, tout en avançant tout de même vers le haut et les remparts, histoire de pouvoir à terme aider Richard à mettre fin à son combat si nécessaire, et en étant résolut en attendant à neutralisé toute autre potentielle menace qui pourrait se poser, ou tout mauvais plaisant qui aurait pu vouloir, au contraire, prendre le cavalier monstrueux à revers, justement !

Visiblement, la plupart des bandits avaient eut le temps de prendre la fuite pendant le combat de Zivko, n'étant visiblement guère rassurés par l'assaut du Drake géant qui tentait de croquer leur chef... sans doute que, si jamais ledit chef venait à triompher de l'assaut, ils se rallieraient à nouveau à lui, mais la plupart n'avaient visiblement guère le courage de subir le choc eux-mêmes. Mais bon, généralement quand on était doté d'un courage à toute épreuve, on ne se lançait pas dans une carrière de brigands ! Les rares qui semblaient encore en attente d'une possible occasion d'agir ne manquèrent pas de se rendre rapidement en voyant fondre sur eux le jeune chevalier dans son armure terrible, sa lame nimbée d'énergie nécromantique entre les mains, surtout qu'ils avaient vu au moins son engagement contre celle qui était sans doute, vu ses capacités, la meilleure guerrière, après leur chef peut-être, de leur troupe et en ressortir visiblement sans une égratignure, ce qui ne faisait rien pour leur donner courage !

Dans tous les cas, neutraliser les derniers brigands fut assez simple, et même les quelques hommes qui, à l'étage, hésitaient à aller aider leur chef par surprise, craignant le feu du grand Drake si jamais ils s'avançaient un peu trop, ne manquèrent pas de choisir rapidement la reddition quand ils furent pris à revers. Le jeune homme aux cheveux de feu pu ainsi avancer lui-même vers l'ouverture sur les remparts, pour voir la fin du combat entre Richard et le chef des brigands, qui n'étant visiblement pas un incapable non plus, pour avoir tenu si longtemps contre un Chevalier-Drake expérimenté, avec sa monture dans la bataille ! Lui n'était certainement pas un lâche ni un incapable d'ailleurs, mais après tout sans doute n'était-ce pas si étonnant pour un chef qui, même dans ce monde interlope, avait réussi non seulement à se hisser au sommet de sa propre bande, mais surtout l'organiser assez et fédérer assez de brigands pour s'emparer d'une telle fortification !

Cela expliquait sans doute aussi pourquoi la brillante guerrière que Zivko avait affronté avait ralliée cette bande, avec un tel chef à sa tête... dommage de voir de tels talents investis dans le brigandage plutôt que dans quelque chose de plus noble, fut-ce du mercenariat. Mais bon, s'il avait choisi cette voie, sans doute avait-il des raisons, bonnes ou mauvaises. Quoiqu'il en soit, Zivko n'intervint pas dans le combat, qui semblait de toute façon proche de sa fin, respectueux de l'affrontement entre deux chevaliers – ou du moins de guerrier de talent, vu qu'il doutait qu'un brigand suive forcément un code d'honneur chevaleresque – et attendant donc sa fin, même si évidemment s'il se terminait en défaveur de Richard il ne manquerait pas de forcer le brigand à se rendre avant qu'il n'ait l'occasion d'achever le Chevalier-Drake, bien entendu !

Zivko était donc aux premières loges pour assister à la fin du combat entre les deux chevaliers, qui fut en tous points magnifiques, le puissant Drake accompagnant son allié pulvérisant le bouclier du maître des lieux avant que Richard ne porte le coup fatal à celui-ci, dans un échange qui avait visiblement fait naître une certaine estime entre les deux combattants, bien que celle-ci ne puisse, par essence, guère se propager longtemps, vu que l'un des deux venait de trouver la mort. Au moins avait-ce été au terme d'un duel à la fois honorable et visiblement très disputé, de ce que le jeune rebelle teïderien avait pu voir ! La demande du Chevalier-Drake, toutefois, l'étonna quelque peut, mais il hocha néanmoins la tête pour l'accepter.

« Hmmm il ne doit plus rester grand monde à ce stade, la plupart sont déjà en fuite, mais c'est d'accord, je vais m'en charger. »

D'aucuns auraient pu être courroucés par le fait que le combattant céleste avait dicté la marche des choses presque comme un ordre, comme s'il avait à commander au jeune homme à la lame nécromantique, mais celui-ci avait bien perçu le soucis de son adversaire tombé qui habitait Richard en cet instant, et pouvait certes respecter cela. Il fit donc rapidement le tour des lieux, mais les derniers résistants éventuels se rendirent sans faire d'histoire devant le courroux du chevalier aux cheveux de feu pâle, maintenant que leur chef était mort. Il revint à temps pour voir le Chevalier-Drake ensevelir le commandant adverse, plantant son arme comme témoignage de ses combats, même si Zivko ne savait guère si ceux qui investiraient les lieux ensuite, probablement les forces d'un haut-bourgeois local – du moins si les autorités avaient un peu de jugeote, et ne voulaient pas voir ce lieu à nouveau retourné contre elles – respecteraient une telle sépulture plus que cela.

« Voici en tous cas un comportement digne envers l'ennemi, Sir Richard... ce fut un honneur de croiser le fer à vos côtés, en tous cas. J'espère que nos chemins pourront se recroiser à l'avenir, peut-être en des circonstances moins violentes. »

Les deux guerriers en armures échangèrent encore quelques mots, puis se séparèrent, le cavalier céleste repartant sur sa monture tandis que le jeune homme aux cheveux d'or rouge se rendait au prêt de sa prisonnière, qui devrait commencer à émerger de sa neutralisation, à présent, et qui allait avoir sans aucun doute beaucoup de choses à digérer...

« Hmmmf... je me demande si je parviendrai à la remettre sur une meilleure voie... mais ma foi ça vaut toujours la peine d'essayer... »

Et ainsi, quelque peu pensif, l'ancien guerrier teïderien partit-il voir par lui-même l'état de celle dont il espérait bien faire une ancienne malfrate, même si rien n'était gagner ! Mais au nom de la seconde chance qu'il avait lui-même reçu quelques temps plus tôt, cela valait au moins la peine d'être tenté, le jeune homme considérait que c'était son devoir, en quelque sortes, de rendre la chance qu'on lui avait accordée... et puis, vu ses talents et ceux de son défunt mentor, nul doute que la damoiselle pourrait faire mieux de sa vie qu'un simple brigandage, si du moins elle en décidait ainsi !