Dans la cité maritime impériale, ou beaucoup de navires, de l'empire attendait leurs missions, un grand cuirassé aux aspects ancien pour les standards de l'empire flottait sur les eaux. Ce navire portait sur sa coque l'inscription "Améthyste" et l'étendard de l'empire d'Akkaton flottait au bout d'un grand mât installé au milieu du navire. Même si les navires de la marine n'utilisaient plus de système à voile depuis longtemps, les traditions maritimes ont poussé les concepteurs à garder un mat en place pour pouvoir hisser le drapeau d'appartenance du navire. Un navire flottant sans pavillons était immédiatement abordé, car il s'agissait souvent de navire fantôme ou de pirate. L'équipage du navire était réduit et maintenant beaucoup plus d'étendue maintenant que la revue faite par le seigneur juge était terminée. Ils ne connaissaient pas les détails de ce qui était arrivé entre leurs capitaines et la cheffe de la marine impériale, mais pour eux ça ne changeait pas grand-chose, sinon que leurs capitaines avaient été satisfaits de leurs performances.  

Le capitaine, justement, avait quitté le navire en laissant son lieutenant diriger les opérations. Le navire n'allait pas tarder à reprendre la mer en direction de la haute mer et tout devait être près. Accompagné d'une dizaine d'homme, portant tout l'uniforme et les armes de l'empire, il avait entendu une rumeur qu'il tenait à confirmer avant de repartir. C'était le devoir des militaires d'Akkaton, après tout, de s'assurer que la loi et l'ordre règnent sans partage dans les cités sous son contrôle. Et des bruits couraient sur une femme venant de l'étranger et qui aurait commencé à faire entrer certaines choses illégalement dans l'empire ? Seulement des bruits de couloir, rien qui ne puisse l'envoyer en prison. Mais le capitaine voulait en avoir le coeur net.

Parcourant la cité avec ses troupes, il s'arrêta finalement devant un dépôt qui contenait soi-disant les objets de contrebande en question. Cependant, enfoncer la porte et commencer à tirer partout serait la meilleure façon de mettre fin à sa carrière. Il n'avait reçu l'ordre d'aucun supérieur d'effectuer une descente dans l'entrepôt et ne pouvait donc pas agir impulsivement. Ce tournant vers le maître d'équipage qui l'accompagnait, il dit d'une voix pressante.

-Prends les hommes et cachez-vous près d'ici. Si vous entendez des coups de feu, venez en vitesse. Éviter de vous faire repérer.

Le sous-officier hocha sèchement la tête et prit la tête de ses hommes, laissant le capitaine seul. Le jeune officier tira son revolver de son étui et ce mis en marche, tous ses sens aux aguets. Il n'avait jamais été un très bon duelliste, préférant cultiver son esprit plutôt que ses muscles. Portant son armure légère et son lourd manteau en cuir portant son grade ainsi que le symbole de la marine d'Akkaton, il pouvait difficilement être confondu. Il comptait là-dessus et sur son habileté au tir pour s'en sortir en cas de problème.  

Après quelques secondes à écouter pour être sûr de ne pas être surveillé, il poussa la lourde porte d'acier et entra dans l'entrepôt. Plusieurs dizaines de caisse était laissée un peu partout et il ne semblait y avoir aucune âme qui vive. S'éclaircissant la gorge, il demanda à voix haute, son revolver fermement tenu en main.

-Est-ce qu'il y a quelqu'un? Armée d'Akkaton, s'il y a quelqu'un répondez!

Ses sens étaient en alerte alors qu'il promenait son regard un peu partout, avançant dans la pénombre de l'entrepôt. Il commençait à regretter de s'être lancé dans cette mission, mais il ne pouvait plus reculer. Si personne ne lui répondait, il pourrait faire entrer ses hommes et commencer la fouille des lieux.

Kheizhidji avait investi du temps dans son établissement en Akkaton, et s'était installée dans ses bureaux pour réviser la paperasse de la semaine. Son bureau n'était pas aussi vaste que celui qu'elle avait à Ikhyld ou aux Duchés, mais elle s'en contentait pour le moment, puis rien ne l'empêchait d'en aménager un plus tard. Verre de bourbon à la main, elle en vida son verre avec une habitude bien trop ancrée alors que son regard se perdit dans la rue.

Des militaires Akkatonniens approchaient de l'entrepôt d'à côté, et semblaient s'y intéresser de près... Intriguant. Kheizhidji avait une part de ses possessions dans cet entrepôt, et ne pas aller voir était contre son caractère. Alors, elle quitta son bureau en ajustant sa tenue du jour. La Lamia n'était pas le genre à rester discrète et, bien au contraire, attirait le regard. Mais pour ces militaires elle avait choisi d'emprunter un détour de rues qui lui permettrait de pénétrer dans l'entrepôt par l'arrière.

La Lamia parvint alors à se glisser dans le bâtiment et, peu après l'appel de l'individu à l'intérieur, se dévoila au centre du bâtiment, les paumes en évidence, avec un calme et une assurance absolues.

Je suis là, Officier. Capitaine ? Je ne cherche pas la confrontation.

Des mots simples et audibles, sans timidité ou intimidation particulières. La Lamia, en y regardant plus en détail, était pourvue d'une épaisse, longue et lourde queue de serpent aux écailles rosées et brillantes. Son corps à la peau fine, parfaite, resplendissait des bijoux d'or et d'améthyste qui l'ornait avec panache et subtilité ; ni trop voyant ni pas assez. Ses cheveux de satin étaient rassemblés en une savante coiffure Ikhyldienne, maintenue d'un pique, le tout encadrant son visage pâle et son regard d'un vert pomme profond, l'iris large laissant chacun de ses yeux se faire inonder de cette couleur. Son regard était indéchiffrable ; peut-être sincère ? Ou farceur, avec une pointe d'analyse froide et sans âme.

L'élégante femme resta en position de parfaite citoyenne face à un représentant de l'armée, en position de non agression et de coopération calme et posée.

Je suis Kheizhidji Qinyarus, aussi connue sous le nom de Madame Qin. Je suis commerçante d'origine de la Cité de Jade, et officie en Akkaton depuis peu.

Chade avançait prudemment, prêt à braquer celui ou celle qui répondrait à son appelle pour répondre à ses questions. On n'était jamais trop prudent, surtout dans une cité où le moindre citoyen ayant une somme d'argent raisonnable pouvait se procurer une arme à feu. Heureusement pour les militaires de l'empire, les révolvers ainsi que les armes du même genre, très avancé, n'étaient pas encore à la portée de tous. Seuls les militaires et quelques mercenaires très riches pouvaient en acheter. Chade restait attentif et, tous ses sens en alertes, il s'arrêta en entendant un bruit suspect venir du centre du grand bâtiment. Comme si on faisait glisser une masse lourde sur le sol poussiéreux. C'est alors qu'il entendit une voix de femme l'interpeler. Tournant son regard et son arme dans sa direction, il s'avança lentement et lança d'une voix froide.

-Gardez les mains bien en évidence!

Ne pouvant pas sentir une potentielle attaque magique, il devait se contenter de l'ancienne méthode. Surveiller les mains de son possible adversaire pour éviter qu'elle ne sorte une arme capable de le blesser. Heureusement, elle semblait désarmer. Et plutôt jolie, si on aimait le genre "monstruosité". C'était visiblement une naga, son corps étant celui d'une très belle femme jusqu'à la taille et se terminant par une très longue queue de serpent. Il y avait tellement de naga dans l'empire que le capitaine de l'améthyste en avait l'habitude et ne fut pas très surpris d'en voir une. Voyant qu'elle ne semblait pas agressive, il baissa son arme pour éviter de la tenir continuellement sous sa menace.

-Très bien, madame Quin de la cité de jade. Je suis le capitaine Daragonne, force navale de l'empire. Nous enquêtons sur une affaire de contrebande, possiblement venant de l'extérieur de l'empire. Et comme par hasard, vous êtes une étrangère présente ici. Vous pouvez m'expliquer la raison de votre présence?

Bon, ce n'était pas tout à faire exact, mais il n'allait quand même pas lui avouer qu'il était ici sur la base d'un bruit de couloir. Qu'il était ici, bien plus attiré par la reconnaissance et une possible promotion que d'arrêter véritablement les coupables. Son regard émeraude ce durcit et vrilla celui de la femme serpent alors qu'il lâcha.

-Pour votre bien, il vaudrait mieux éviter de me mentir. J'ai été assez clair, madame Quin?

Ce nom lui disait vaguement quelque chose. Ayant beaucoup voyagé. Le nom de madame quin lui était étrangement familier. Comme un souvenir lointain qu'il ne parvenait pas à se remémorer à l'instant présent. Peut-être était-ce simplement le fruit de son imagination. Dans tous les cas, il se promit de faire une petite recherche de son côté. Si cette femme était connue ailleurs qu'ici, il finirait par le découvrir.