26 Avril de l'an 2000, de l'Âge d'Acier.
Cité de Lersach, province orzanienne d'Akkaton
Domaine Huweïn


D'ordinaire affairée pour des tâches plus concrètes, Farrell se démenait tant bien que mal pour la petite et très simple réception qu'elle tiendrait dans la soirée, pour l'événement qu'était ce jour précis. Elle fêtait, naturellement, son cent soixante-cinquième anniversaire.

Non pas qu'il revêtît une importance cruciale à ses yeux mais les résidents du domaine, les employés dévoués à son nom et sa famille, avaient travaillé sans relâche pour que Lersach soit aussi resplendissante que lors du précédent siècle. Cette journée devait donner lieu à de calmes festivités, où les rires et les chants iraient bon train, afin de féliciter la loyauté de ces âmes dévouées. La jeune Huweïn n'avait pas oublié d'inviter ses pairs thérianthropes, qui lui faisaient un peu office de famille de substitution. Les plus vieux avaient vécu le même enfer que ses parents lors de leur exode. Les plus jeunes avaient partagé son enfance calme et sereine. D'une certaine façon, ils avaient eux aussi contribué à faire de cette ville ce qu'elle était aujourd’hui.
Il y avait près d'une soixantaine de couverts à préparer pour l’occasion. Les invités avaient eux aussi mis la main à la pâte, loin de délaisser leur employeur oeuvrer intégralement pour une fête à laquelle elle les conviait. Farrell avait d’ailleurs hésité à envoyer des invitations à certains de ses anciens contacts, qu’il fut de l’armée d’Akkaton ou mercenaire. Mais la distance, le court délai, avaient été autant d’éléments capables d’infléchir en défaveur de l’envoi. Résignée, la gouverneur de Lersach se convainquit qu’elle s’y prendrait bien plut tôt, à l’avenir.

La dignitaire de l’Empire se trouvait, en ce début d’après-midi, dans ses propres quartiers. Tout du moins, dans la remise, contiguë à sa chambre, ranger ses effets personnels datant de plusieurs décennies. Même si le manoir résonnait de l’activité des employés à certains étages, la gouverneur avait besoin de ce peu de temps pour s’occuper de son matériel de mercenaire. Comme si cette forme de communion la soulageait de l’idée d’avancer d’un an son âge, de ne pas oublier le passé qui la rattachait à cette existence. Dépoussiérer les râteliers était une tâche aussi consciencieuse que l’était son observation desdits artefacts d’antan. Se remémorer les bons souvenirs la coupait de bien des choses, y compris du temps.
Carole, une ressortissante de l’espèce humaine employée au service de Farrell, passa la tête par l’ouverture béante dans le mur, avisant la présence de sa patronne dans la pièce. La servante faisait partie des rares personnes à connaître l’existence et la nature exacte de cette remise, la thérianthrope ayant placé en cette jeune personne une bien plus grande confiance qu’en aucun de ses autres salariés. L’humaine avait ce don rare de savoir précisément quand Farrell avait besoin d’aide, et comment la lui procurer. L’entrée à son service avait semblé logique pour les deux intéressées car elles y trouvaient leur compte.

« Sofia, vous m’aviez demandée de vous prévenir si vous deviez recevoir de la visite. J’ai pris la liberté de déposer votre courrier sur votre secrétaire. Les rapports mensuels de la ville vous sont parvenus par l’intermédiaire d’un messager de l’assemblée. »

Interpellée par la présence de sa jeune protégée, l’élue de la cité portuaire releva la tête, ses pensées se réordonnant dans ce geste. Dans la bouche de certains habitants, « Sofia » renvoyait plus à un titre qu’au patronyme qu’elle s’était elle-même donnée bien des années auparavant. Avec le temps, elle avait fini par ne plus y faire attention. La mention de la réception d’une correspondance l’avait intriguée, faisant naturellement naître un sentiment d’espoir à l’idée qu’il s’agisse d’une réponse de Yori, ce dernier ayant vraisemblablement décidé de rester muet depuis quelques semaines. La déception fut bien vite chassée, les responsabilités reprenant le pas sur ses propres attentes.
Accusant visiblement réception de cette nouvelle, Carole inclina poliment la tête et laissa son employeur vaquer à ses occupations.

Farrell referma la porte de sa remise et en verrouilla à nouveau l’accès. Elle prit le chemin de son bureau, dans la pièce opposée à sa chambre, et y entra sans guère perdre de temps. Après la lecture du rapport, elle retournerait participer à la préparation de la soirée.
La pièce lui servant de lieu de travail semblait maigrement aménagée. Le faste, qui éclairait d’ordinaire les pièces les plus visitées de la maison par les étrangers, semblait avoir oublié cet endroit. Préférant lier l’utile à l’agréable, la politicienne avait joué entre l’ordre efficace de l’ameublement et la beauté naturelle des meubles. Pas de dorures, pas d’argenterie. Rien que du bois, massif pour les armoires, où se dispersaient lettres, missives, registres d’inventaire et feuilles de compte. Bureau et siège de la gouverneur de Lersach se tenaient face à la porte, dos à la porte-fenêtre donnant sur un balcon. Lui-même donnait sur un aperçu lointain, mais agréable, de la ville. Dans cette pièce, il était rare d’avoir besoin d’éclairage même en une heure tardive de l’après-midi, l’astre du jour baignant chaleureusement la pièce de sa lumière bienfaitrice.

Rapidement installée, peu dérangée par sa tenue (qu’elle avait préféré légère et sans suppléments encombrants), l’ancienne mercenaire s’attela à la lecture et aux rapides calculs que lui imposaient sa fonction administrative. Certains s’amusaient de la voir aussi sérieuse et impliquée dans sa tâche, colossale, de gérer et « gouverner » la cité, ainsi qu’une partie de la région locale. D’autres estimaient son investissement comme le fruit de l’héritage de ses parents. Cette cité était devenu son foyer, après tout.

Habituellement, en dehors des missions ou des chasses de primes, Yori préférait éviter de faire des longs trajets. Bien sûr, il lui arrivait souvent de voyager d'une cité à une autre, dans les duchés, mais rien de bien faramineux. D'une part, car il se sentait bien dans les Duchés, mieux que partout ailleurs. De l'autre, car chaque voyage avait ses frais. Et certes, la chasse de prime payait bien, surtout car le kistune tenait toujours à ramener ses cibles en vie, mais mine de rien, la nourriture, le transport au besoin, les frais de passage quand il ne pouvait les éviter...Il n'était pas pauvre, mais il ne roulait pas spécialement sur l'or non plus. Chaque dépense se faisait avec sagesse. Alors, quitter les duchés pour juste se promener, sans but précis, mieux valait ne pas y penser. Mais ce mois ci, c'était un mois spécial. Il avait une raison en or de quitter sa terre natale, pour se rendre en Akkaton. Il était partit une dizaine de jour avant, à la mi-avril, décidant de voyager un maximum par les airs. Les airs ? Rien d'impossible pour un mage transformiste comme lui. En tout cas, il avait choisit cette façon rapide de voyager, certes dépensiére énergie, mais efficace, pour être sûr d'arriver à temps et même d'avoir un peu d'avance, au cas ou. Il ne voulait pas louper la date.

C'était l'anniversaire de Farrell. Le Kitsune ne l'avait pas oublié, et ce coup ci, il voulait lui réserver une belle surprise. Il avait même fait expré de ne pas répondre à la derniére missive qu'il avait reçu d'elle, afin de ne pas se trahir. Si Finn mettait moins de temps à arriver que d'habitude, la thérianthrope aurait vite compris que Yori était dans les parages, aprés tout. Une fois prêt, il s'était donc à son tour transformé en faucon, filant à travers les cieux pour rejoindre le Domaine Huweïn. Malgré quelques pauses pour se reposer, et d'autre pour récupérer son énergie, il resta totalement dans les temps. En profitant au passage d'une superbe vue sur le continent, les duchés, puis les terres de l'Empire. Le tout, en évitant les brigands, ou les cahots d'une diligence. Une expérience à refaire, presque ! L'inconvénient, c'est qu'il ne pouvait pas embarquer tout son barda habituel. Il n'avait que son sac de voyage, allégé, qu'il tenait entre ses serres durant le vol. Pas d'armes, de cage magique, ou autre matériel d'aventurier et de chasseur de prime. Il n'en avait pas besoin, aprés tout, là ou il allait. C'est donc le 25 avril, la veille de la date clée, que les deux faucons arrivérent en vue de la cité de Lersach. A partir de là, Yori reprit sa forme normale, et profita de sa petite avance pour rester dans la cité Akkatonienne.

Le lendemain, vers midi, Yori mit les voiles sur le domaine, choisissant la forme bien plus discréte d'un simple moineau. Il était déjà venu plus d'une fois en une trentaine d'année, alors il connaissait la route, et même les lieux, par coeur. Si bien qu'en arrivant, le kitsune savait directement ou se diriger, c'est à dire vers les balcons de ses quartiers. Il avait de bonne chances de trouver son ancienne compagne de route là bas. Sinon, il ferait un tour complet du domaine, tant pis. Passant au dessus des gardes, des batiments, Yori jeta un coup d'oeil à tout ce beau monde. Impossible que quiconque le reconnaisse, dans cette forme. Effet garanti ! S'amusant déjà de la tête que ferait Farrell en le voyant, il arriva finalement à bon port. Mais, Yori étant ce qu'il était, il n'allait pas frapper à la grande porte. Non non non !

Il se posa plutôt discrétement sur le rebord du balcon le plus proche, avisant le bureau de Farrell. Elle était là. Plongée dans sa paperasse, ne se doutant pas que dans son dos, derriére la porte vitrée, Yori se trouvait là. Il descendit alors de la rambarde, et se cacha contre le rebord, hors de vue de la jeune femme, même si elle se retournait. Et il reprit sa forme humaine, le tout silencieusement. Mission réussie. Avec un petit sourire en coin, il se décala donc doucement, pour voir Farrell de dos. Minutieusement plongée dans son travail. C'était le moment.

"Tu es bien trop sage, pour quelqu'un qui fête ses 165 ans aujourd'hui" lança alors le kitsune depuis sa position, sans prévenir, avec un sourire en coin.

Amusé, le kitsune avait hâte de voir la réaction de Farrell. Surtout qu'ils ne s'étaient pas vus depuis un moment. Il sortit alors totalement de sa cachette, se trouvant dans l'entrée, devant la porte vitrée. En même temps, Finn se posait sur la rambarde derriére lui, lâchant le sac de Yori sur le balcon, avant de décoller pour laisser les deux ensembles. Nul doute qu'il allait se trouver une place en or dans la voliére du coin.

La lecture de la missive, doublée de la sensation de chaleur émanant des larges fenêtres, donnait à Farrell une envie de dormir qu’elle chassait avec beaucoup de difficulté. Enchaîner les calculs simples et les équations de bas degré n’allaient pas non plus dans le bon sens et elle finit par sentir ses paupières devenir progressivement lourdes. Elle reposa la plume, tenue à sa main droite, pour se frotter les yeux du pouce et de l’index, espérant chasser l’engourdissement de cette façon.
Elle n’avait pas tant mangé, s’étant contenté du plus sommaire des menus. On lui reprochait parfois son faible appétit mais ce dernier compensait un bien maigre déjeuner par un copieux souper, et un peu d’exercice. Aussi sa fatigue soudaine n’était-elle due qu’aux effets de son environnement. L’heure et l’endroit étaient propices au repos et à la paresse. Si elle tolérait le premier, elle s’astreindrait à éviter le second.

Sa pensée dérivant progressivement, elle perçut la baisse de chaleur et la diminution de luminosité comme d’une absence regrettable. Le ciel se couvrait-il ? Elle ne pensait pas qu’une telle perturbation météorologique ait été prévue. Elle tourna la tête derrière elle mais n’avisa qu’un battement d’ailes, quelques nuages cachant maigrement l’astre du jour et un faucon fixant la dignitaire de l’Empire d’un air tout à fait innocent. Farrell revint à sa tâche, bien plus distraite que les minutes précédentes, avant de tiquer. Le cheminement de sa réflexion se fit bien long. Suffisamment long pour que retentisse une voix qu’elle reconnaîtrait entre milles.

D’un bond, d’un seul, elle s’était retrouvée debout. La volte-face n’avait pas tardé à suivre, presque effectuée dans le même mouvement. Son siège de bureau, pourtant massif, avait manqué d’être renversé par la véritable tempête qu’était devenue la gouverneur Sofia. Porte déjà ouverte ou non, rien n’aurait pu empêcher la thérianthrope de passer outre les matériaux pour réduire la distance jusqu’au kitsune qui venait de se présenter, indirectement, par sa remarque. La surprise, la joie, le regret, le doute et la déception s’enchaînèrent à plusieurs reprises, dans des ordres parfois totalement incompatibles. Elle avait levé les bras et aurait certainement pu gifler l’intrus pour des raisons connues d’elle-seule. Oui, ç’aurait pu être le cas si, au moment de le rejoindre, Farrell n’avait pas été transportée par la joie de revoir son vieux camarade de route.

« Yori ! Par les ancêtres, c’est bien toi ! »

Jurant ses aïeux, la thérianthrope rapprocha le mercenaire vers l’intérieur du manoir et le serra contre elle à lui en broyer les os. Quand bien même pouvait-elle sembler chétive, elle avait une force suffisante pour faire de cette image une réalité. En d’autres temps, elle aurait pu sauter littéralement de joie mais ses nouvelles fonctions prises l’obligeaient à faire preuve de bien plus de retenue.

Elle le relâcha presque aussitôt pour ne pas l’indisposer plus que nécessaire, masquant cette gêne passagère derrière le sourire le plus sincère au monde. Celui que l’on avait logiquement quand un ami, de longue date, se rappelait d’un événement particulier et vous faisait l’honneur de sa présence, pour l’occasion.

« Tu y as pensé ! Je croyais que tu m’avais oubliée, à ne pas me donner de nouvelles… Il aurait pu t’arriver malheur que je ne l’aurais su… » Elle allait s’affliger de cette triste constatation quand son expression se changea drastiquement par l’horreur à la pensée d’un détail, tout à fait différent. « Oh ! Je n’avais pas pu te transmettre ton invitation ! Comme je ne savais pas où tu te trouvais, le temps qu’un messager découvre ta cachette, tu l’aurais reçue bien trop tard... »

Tout en disant cela, elle avait cherché parmi ses papiers. Sa chevalière, si chère à ses yeux, glissa jusqu’au bord du bureau, poussée par les papiers que remuait l’administratrice de la ville. Sa bague chuta du meuble et percuta le sol sans émettre un bruit, sinon celui mat et ténu d’un objet trop anodin pour que Farrell le remarquât.

Trouvant ce qu’elle souhaitait, elle se retourna vers le duchéen et lui tendit une enveloppe, à son nom. Elle était frappée du sceau de la famille Huweïn. Qui n’avait aucune valeur nobiliaire dans l’Empire mais l’influence de son nom permettait à Sofia d’être un peu plus entendue dans les contrées voisines. C’était aussi une meilleure preuve d’authenticité, en plus de lui accorder un peu plus de légitimité dans ses correspondances, publiques comme privées.

« La voici. J’espère que ton voyage jusqu’ici s’est bien passé ! » Elle se tut un bref instant avant de reprendre, à peine soucieuse. « Tout va bien, Yori ? »

La réaction de Farrell avait atteint toutes ses attentes. En l'espace d'une seconde, il avait retrouvé l'énergique thérianthrope qu'il connaissait. La voyant se lever d'un coup et lui foncer dessus, le kitsune ouvrit légérement les bras, comme devinant ce qui allait suivre. Il ne broncha donc pas du tout, quand la jeune femme l'attira à l'intérieur pour ensuite lui broyer les côtes. Enfin, plutôt, lui faire une étreinte dont la force trahissait le temps qui s'était écoulé depuis leur derniére entrevue. Touché, mais gardant sa pointe d'humour toujours dans un coin, le kitsune rendit l'étreinte, lâchant quand même :

"Aoh, hé, je vais finir par les rejoindre, à ce rythme !"

Lui n'était pas du tout gêné par cet acceuil, content de revoir Farrell. En la détaillant du regard, il se disait que ça faisait toujours bizarre de la voir habillée ainsi, dans un tel lieu, alors qu'il l'avait connu pendant plusieurs dizaines d'année dans la peau d'une mercenaire féroce. Il se rappelle que la premiére fois qu'il était venu au domaine, il l'avait regardé bouché bée en la voyant dans son nouveau rôle. Maintenant, il s'y était fait. En tout cas, Farrell l'interpella rapidement sur un sujet qui lui fit perdre son sourire. Effectivement, il avait tardé à donner des nouvelles. Certes, c'était pour conserver l'effet de surprise, mais c'est vrai qu'il n'avait pas habitué la thérianthrope à ce genre de délais. Et ça l'embêtait de la voir s'inquiéter.

Il n'eut toutefois pas le temps de répondre, car, survoltée, elle se tournait aussitôt pour le bureau pour chercher....une invitation. Ce qui fit sourire grandement le kitsune, qui avait particuliérement l'habitude de ne pas attendre les invitations pour aller au domaine comme dans un moulin. Mais il savait que Farrell y tenait, alors il se contenta de répondre à sa premiére interrogation.

"Comme si j'allais oublier ça, aprés tous les autres anniversaires, même ceux que l'on fêtait dans une taverne des duchés du sud, quand on était sur les routes. Je ne peux pas tout le temps venir jusque ici maintenant, mais cette année, j'ai tout fait pour !"

Du coin de l'oeil, il vit la chevaliére de Farrel chuter du bureau, et rebondir sur le sol, dans un petit bruit qui fit vriller une de ses oreilles de kitsune. Yori avait toujours été trés observateur. Du genre à relever des détails sans importance. Mais il avait vite apprit, dans les bas-quartier d'Hyllicia, que toute info était toujours bonne à prendre. Alors depuis, c'était un reflexe. Ses sens restaient rarement statiques : Ils étaient toujours à l'affut. Laissant donc Farrell chercher l'enveloppe, le kitsune se décala de quelques pas pour ramasser la chevaliére, l'observant un bref instant. Il ferma alors le poing dessus quand la thérianthrope se retourna, lui adressant un bref signe de tête en voyant l'enveloppe, qu'il prit de son autre main, celle libre.

"Je me disais bien que tout ce beau monde, dehors, était en train de préparer quelque chose. Pas facile de distinguer depuis les airs, quand même. C'est une sorte de réception ?" Il afficha un bref sourire "Merci. Du coup, je dois quand même te la remettre pour entrer, ou...?" la taquina t-il gentiment, avant de la voir s'inquiéter de nouveau.

Il s'en voulait quand même, de la voir soucieuse. Alors, profitant de sa proximité, il posa son autre main sur son épaule droite, l'air plus sérieux, pour le coup.

"Farrel, je suis désolé de ne pas t'avoir donné de nouvelles plus tôt. Je ne voulais pas t'inquiéter, je voulais juste te faire cette surprise" puis, avec un petit sourire, il reprit "Et je n'avais pas envie de me vendre d'une quelconque façon. Mais promis, ça n'arrivera plus !"

Puis, il releva la main, et la tourna paume ouverte vers Farrell. La chevaliére était dessus "Ceci est à toi, je crois. Au fait, ma venue n'est pas la seule surprise." Il recula alors d'un pas, et leva un doigt "Mais...! Pour celle ci, il va falloir fermer les yeux. Et il me faudra un bras, aussi. Celui que tu veux !"

Il tendit donc une main, attendant donc que Farrell obtempére, affichant un simple sourire énigmatique.

À peine revenu, Yori commençait déjà à déteindre sur la gouverneure qui devinait le caractère enthousiaste de son ami, très contagieux, prendre le dessus sur son sérieux et sa retenue. Elle ne lui avait pas broyé les os mais la remarque qu’il avait émise, concernant ses ancêtres, avait fait mouche. Pas de manière négative, mais elle avait compris par là que ce tempérament n’était pas le sien. Pas de manière familière, en tout cas.

Etrangement, elle ne se rappelait pas de ses anniversaires passés dans des tavernes. Probablement parce qu’elle en gardait de mauvais souvenirs passé trois grands verres d’alcool ingurgités. Sa mémoire faisait irrémédiablement obstacle à ces événements, sans grande surprise. Mais pour les autres, quand ils n’étaient pas tombés en plein contrat, Farrell s’en était gardé des souvenirs plus agréables. N’ayant plus eu beaucoup de personnes proches, Yori avait réussi à remplacer les absents pour ces jours-ci.

Elle n’aperçut pas les gestes vifs de Yori. Tout du moins n’y accorda-t-elle pas beaucoup d’attention, les mettant simplement sur le compte de l’excentricité de son camarade d’antan. Elle lui avait remis la lettre et lui sourit, en réponse à ses propos.

« Une très petite réception ! Pour remercier les employés du manoir d’avoir aussi bien travaillé, ces dernières années. On va donc fêter mon anniversaire, mais surtout les résultats de l’an passé ! Je souhaitais inviter de vieux amis mais… comme toi, ils sont indisponibles ou impossibles à joindre. »

Sa question la fit se retenir de rire. Elle lui bourra l’épaule d’un coup de poing en réponse, sans y mettre plus de force que celle nécessaire pour le faire légèrement bouger. Après, il avait déjà posé cette question auparavant. Et même dans le cas contraire, ce n’était pas un obstacle pour lui.

« Tu sais très bien quoi faire, ne joue donc pas au plus malin ! Si on te le demande, tu pourras montrer ton invitation. Mais c’est une réception privée. Si tu es déjà là, personne ne te la demandera. »

Même s’il avait voulu la rassurer quant à son absence et ses réponses manquantes, Farrell ne s’était pas pour autant leurrée à ce sujet. Le Kitsune se sentait bien mieux quand il était libre comme l’air. Et même s’il pouvait apprécier sa présence, la thérianthrope ne s’imaginait pas le brider dans sa quête de liberté. Son jeune compagnon animal, Finn, pourrait faire les allers-retours tant qu’il vivrait, assurant à leurs correspondances un voyage sûr et rapide. Cependant, il viendrait un jour où le faucon disparaîtrait. Ils reprendraient alors le quotidien vécu avant que le rapace n’ait rejoint le mercenaire. Moins de nouvelles, plus d’attente.

Le geste qu’il esquissa de sa main droite, révélant la chevalière qu’elle avait possédée, fit ressurgir des songes de l’hier, enfouis au plus profond de sa conscience. Elle se rappela précisément qu’on lui avait présenté le bijou de la même façon, comme s’il était sorti de nul part. Elle fronça les sourcils, perdue dans sa mémoire, avant de reprendre ses esprits en se secouant légèrement la tête. Elle la releva, fixant le Kitsune, le regard indéchiffrable, même pour elle.

« Quel genre de magicien peux-tu être pour me dérober ces objets, je ne me… ? »

Elle se rappela aussitôt le son mat qui avait résonné contre le sol. Et le fait qu’elle avait utilisé l’emblème de sa famille pour sceller certains documents qu’elle aurait à transmettre dans les jours qui allaient suivre. Elle plissa les yeux, s’admonestant silencieusement de son manque d’attention. Elle lui décocha un regard espiègle lui signifiant bien qu’elle n’était plus dupe avant de pencher la tête de quelques infimes degrés, sa curiosité piquée.

« Une surprise, hein ? Je me demande bien ce que tu as pu faire pour penser réussir à me surprendre ! »

En guise de réponse supplémentaire, elle posa sa main droite sur celle présentée par le mercenaire. Elle hésita un instant sur le sérieux qu’elle adopterait puis décida de fermer les yeux et de ne point tricher. Quitte à jouer, autant jouer jusqu’au bout.

« Je te suis, Yori ! Mais je te préviens ! Ma vengeance sera terrible si c’est d’un piège qu’il s’agit ! Tu peux en être certain ! »

Le Kitsune attendit donc, main levée, jusqu'à ce que Farrell décide de s'éxecuter. C'est vrai qu'il y avait de quoi hésiter, connaissant le caractére taquin de Yori. Même s'il n'avait jamais fait de blague de ce genre à la jeune thérianthrope, elle l'avait sans aucun doute déjà vu transformer d'autres personnes, comme leurs cibles ou des adversaires de passage, en animaux, voir pire. Ou du moins, elle pouvait savoir qu'il en était capable. Mais dans ce cas précis, non, il était sérieux. Pas de mauvaise blague. De toutes façon, avec le voyage de ces derniers jours, sa réserve de mana était bien trop entamée pour s'amuser à ce genre de choses. Il faisait en sorte de ne jamais tout épuisé, de toujours avoir de quoi parer à l'imprévu. Une sorte de vieux réflexe de survie.

Finalement, elle lui fit confiance, ou du moins, assez pour lui donner sa main droite. Tout en ne manquant pas de l'avertir pour toute dérive de sa part, le faisant avoir un sourire en coin, devant sa méfiance.

"Allez, je suis sûr que tu adorerais passer une journée en lapin, ou en poulet. De nouveaux horizons en perspectives ! Tu ferais un malheur auprés de tes invités"

Surtout que ses pouvoirs pouvaient être rudement efficace. Celui de la transformation était même instantané, pour le coup. Mais il n'était pas irresponsable : Il utilisait ses dons avec parcimonie.

Pendant qu'il parlait, son autre main allait chercher dans sa sacoche ce qu'il avait prévu, profitant évidemment qu'elle ait les yeux fermés. Ce serait bien dommage, aprés tout, qu'elle voit son cadeau ! C'était un bracelet, de fabrication duchéenne, sans aucun doute. En or léger, ce n'était pas un accessoire de grand luxe, mais au vu de sa provenance, c'était déjà d'une trés bonne qualité. Serti d'une pierre verte, le bracelet restait discret, car Yori savait que la jeune femme n'était pas du genre à porter des choses extravaguantes.

Il l'avait obtenu dans la cité de Vinche. Yori n'avait pas souhaité arriver les mains vides. Mais depuis qu'elle ne parcourait plus les routes avec lui, il ne savait plus trop ce qui pourrait lui faire plaisir, dans sa nouvelle vie. La vie à Akkaton était bien différente de celle des Duchés. En flânant dans le quartier commerçant de la cité, il était tombé dessus, et s'était décidé assez rapidement, ayant une sorte de bon pressentiment.

"Aucune triche ! Sinon je change d'avis !" l'avertit-il à son tour, avant de passer le dit bracelet autour de son bras, puis de le refermer. Tout ce que pouvait avoir Farrell comme indice, c'était évidemment le contact de l'objet, mais aussi le petit clips quand il fut fixé. Le Kitsune vérifia rapidement qu'il était bien mit, avant de reculer, lâchant sa main. Il fit quelques pas, avant de croiser les bras.

"C'est tout bon !" Et une fois qu'elle ouvrit les yeux, il ajouta, commentant avec un bref sourire "Joyeux cents soixante-cinq ans, Farrell"

Il attendait de voir, donc, assez simplement, si ça allait plaire. Il avait choisit en se disant que ça lui ferait un petit souvenir des Duchés. Et que ça pourrait rattraper, même un tout petit peu, ses absences et le manque de nouvelles. Il s'en voulait toujours un peu pour avoir laissé Farrell repartir seule. Le jour ou elle lui avait proposé de l'accompagner en Akkaton, le kitsune avait vécu un petit combat interne. Il avait finalement refusé, déjà car il savait au fond de lui qu'il n'aurait pas tenu sur place trés longtemps, mais aussi pour d'autres raisons, connu seulement de lui.

L’idée d’être ainsi transformée en autre chose que ce qu’elle pouvait normalement être la révulsait. Du moins quand il s’agissait d’une chose pour laquelle elle n’était pas d’accord. À cette réflexion, donc, la thérianthrope n’avait pas pu s’empêcher de frémir, son dos parcouru par un long frisson désagréable. Déjà qu’elle éprouvait de singulières difficultés à tempérer son anima, elle ne pouvait concevoir l’existence d’une seconde forme animale. Ou de plusieurs autres. Elle se demandait comment le mage pouvait ainsi réaliser ce tour de force sans segmenter, parceller, sa conscience. Ne risquait-il pas de devenir fou ? Farrell ne lui avait jamais posé la question. Peut-être le ferait-elle, un autre jour.

Les yeux toujours clos, elle sourit néanmoins à l’amusement de son compagnon. Elle le connaissait depuis suffisamment longtemps pour savoir qu’il ne lui ferait ce genre de farce qu’à condition qu’il soit pleinement ressourcé. Et les voyages l’épuisaient, sous tous les aspects physiques et psychologiques du terme. Bien qu’espiègle et taquin, ce joyeux drille savait faire preuve de raison et de prudence, s’économisant quand il le fallait. Pour éviter les mauvais coups. L’avait-il appris seul ? Ou bien avait-il suivi quelques conseils de Farrell durant leurs errances ? Peu importait. Il ne pourrait de toute façon pas mettre ce plan en action, faute de moyens.

« Oh, je suis sûr que toi, ça t’amuserait ! Et que mes invités crieraient de panique ! » Elle sembla rire avant de se taire subitement, pour reprendre. « On ne sait pas comment mon… Anima le prendrait. Que ferais-tu si je devais être hors de contrôle ? Je ne veux pas… »

Cette fois-ci, elle s’obligea au silence le plus absolu. Elle avait manqué de dire une chose qu’elle avait tue depuis très longtemps. Les souvenirs refluèrent mais elle les combattit d’une telle force qu’elle en ravala les larmes montées au coin de ses yeux. Yori n’aurait probablement pas pu être témoin de cette lutte intestine mais la contraction du visage de Sofia demeurait parlant. Elle tint bon et garda ses paupières closes.

Il s’était mis en mouvement. Elle avait décelé le froissement de tissus, comme s’il sortait quelque chose. Elle s’était surtout attendue à être guidée dehors, alors que faisait-il ? Elle sentit ses doigts effleurer son bras puis le contact froid du métal toucher sa chair. Sa peau s’électrisa et son poil se hérissa soudainement, comme si ce simple échange avait eu l’effet d’un danger imminent. Son pouls s’accéléra soudainement si bien qu’elle se demanda si elle craignait d’être frappée par la colère divine ou s’il s’agissait simplement de la situation plus qu’incongrue qui causait cet effet. Elle s’abandonnait, toute confiante, à ce mercenaire qu’elle avait connu, sans même s’être méfié de quoi que ce fut. S’il avait retourné sa veste, il aurait pu la poignarder, ici et maintenant, sans que son sourire ne s’étiolât sous le coup.
Un dernier son retentit, témoin qu’une chose avait été refermée. Ce qui était loin d’anodin. Le son venait de son bras, était assez évocateur pour qu’elle en comprit le sens. La sensation de froid, typique des substances métalliques. Et cette impression… Il y avait eu de rares fois où cet événement s’était produit. Et biens rares encore où elle n’avait pas souffert… De l’or ?

Elle ouvrit les yeux, observant son poignet avec un mélange de désapprobation et d’incrédulité. Elle n’aurait pu donner d’épithètes plus appropriés au bijou si ce n’était celui de magnifique. Elle porta son autre main à sa poitrine, son souffle s’étant coupé. Elle avait certainement raté un battement, ça ne faisait aucun doute. Il s’agissait d’un bracelet d’or, au sertissage d’une pierre verte qui n’était pas sans rappeler les émeraudes. Bien qu’érudite, Farrell ne trouvait pas de nom à la pierre précieuse. Peut-être qu’il s’agissait d’un famille cousine à l’émeraude, au prix moins élevé et plus abordable. Yori n’aurait pas pu se permettre les services d’un artisan pour une pierre aussi précieuse. Cependant, la couleur jouait son rôle à merveille. Bien qu’elle ne le lui ait jamais dit, elle ne s’en rappelait pas en tout cas, le vert était sa couleur favorite.

Elle observa le Kitsune un bon moment après avoir longuement fixé le présent offert. Son sourire s’étira d’un bout à l’autre de ses traits puis elle rompit le peu de distance entre eux pour le serrer contre elle. Ayant, une fois encore, bien peu d’égard pour ses os. Elle ne manqua pas de l’embrasser sur chaque joue sitôt qu’elle le pouvait.

« Oh, Yori, il est magnifique ! Combien as-tu pu payer pour cette folie ? Je me le demande… »

Cela ne pouvait rien effacer, naturellement. Ni son absence, ni ses correspondances retenues. Il n’avait pas été là et sa disparition avait été perçue par chacun dans la domaine. Où chaque jour avait vu son lot de questions et de réponses. "A-t-on des nouvelles ? - Aucune, Sofia, je suis navré." Et toujours, ce regard morose qui se perdait vers l’océan avant de retourner vaquer à ses occupations de gouverneure. Parfois, elle le regrettait. Elle regrettait son choix, pour avoir ce jour-là perdu son plus proche compagnon.

Elle soupira, posant la tête contre l’épaule du Kitsune. Sa voix pouvait paraître éteinte. Peut-être parce qu’elle combattait ses vieux démons et ses éternels regrets. Peut-être qu’elle cherchait à se convaincre du bien-fondé de son choix.

« Tu m’as manquée… Par les ancêtres, je ne pourrais pas être plus exacte en disant que j’ai souffert de ton absence… Cruellement. Qui pourrait me faire sourire, sinon toi ? Tu veux que je vieillisse avant l’heure, c’est ça ? »

Le Kitsune était donc à l'étude de la réaction de Farrell, qui allait découvrir ce qui se trouvait à son poignet d'ici quelques instants. Mais avant ça, même, il avait eu l'occasion de noter sa mine contrariée, à l'évocation d'une possible transformation, et des conséquences de celles ci sur son Anima. Ce que Yori avait toujours appelé, à défault de vraiment comprendre précisement ce qu'il en était, le sorte d'esprit animal qui vivait en Farrell. Il n'en savait pas grand chose, en fait. Mais ce n'était pas du manque d'intêret, au contraire. Il avait deviné que cet Anima était lié à l'évenement dramatique qui avait précipité leur rencontre. Ce jour, ou il avait trouvée une Farrell décomposée. Le jour même, il lui avait, et il s'en souvenait encore, qu'il n'avait pas besoin de connaître les détails. Quel seul sa guérison importait. Et que plus tard, si elle le souhaitait, elle pourrait lui en parler, mais que ça viendrait d'elle. Et Yori avait toujours tenu sa parole, n'insistant jamais et ne revenant pas sur le sujet. En fait, cette promesse tenait encore jusque là. Depuis un peu plus de soixante ans maintenant...Le Kitsune ne savait toujours pas ce qu'il s'était passé. Il pouvait seulement faire des suppositions. Et celle, que son Anima soit dans le coup, était la plus probante qu'il est sous la main.

La preuve en est, qu'il ne l'avait jamais vu sous son autre forme. Autrefois, elle évitait même le sujet. Tout compte fait, il ne connaissait pas tant de chose que ça sur le passé de Farrell, tout court. Mais le Kitsune ne s'en était jamais formalisé. Il était un homme d'honneur, et tant que la jeune femme souhaitait garder le silence sur toute cette histoire, il respectait sans poser de questions. Toutefois, ce lapsus confirmait sa pensée. Même s'il ne donna pas de réaction à ceci, il conservait bien en mémoire ce qu'elle avait dit.  

Ensuite, il vit d'abord son incrédulité -ce qui, au passage, était tout à fait compréhensible- puis sa joie. Enfin, il fit plus que la voir, pour le coup. Ses côtes à peine remise de leurs retrouvailles criérent au désastre. Mais il était vraiment ravi que ça lui plaise. Une sorte de satisfaction et de fierté qui ne le faisait pas regretter son choix. Elle tenta quand même de connaître la valeur du dit cadeau, mais le kitsune répondit rapidement, avec un sourire en coin.

"Tu sais ce qu'on dit à propos des cadeaux. Le prix, c'est tabou. Je garderais cette info secréte, jusqu'à mon lit de mort, qu'importe les moyens utilisés !"

En plus, il était sûr qu'elle se serait fâchée s'il avait avoué qu'une partie de sa derniére prime était partie dans l'achat. Alors mieux valait garder le silence ! Il commençait à prendre un air déterminé, de celui qui gardait un secret d'état d'importance, quand il sentit la tête de Farrell se poser sur son épaule. L'étreinte se faisait plus sérieuse. Ce qui était loin de le gêner. Au contraire, lui aussi était dans un moment ou il se rendait compte à quel point la thérianthrope lui avait manqué. Ce contact, leur petit jeu de provocation et de défi, son caractére doux...Voilà qui faisait bien longtemps, maintenant. Lâchant un petit soupir, il répondit au geste en remontant ses bras dans son dos, pour la serrer contre lui.

Il se sentait bien, en compagnie de Farrell. Enfin, difficile de quantifier quand on parle d'une personne qui respire l'optimisme et la joie de vivre à grande bouffée, mais il avait l'impression de retrouver quelque chose qui manquait. En même temps, aprés plus de trente ans passé ensemble avec la même personne, rien d'anormal là dedans. Du moins, il se sentait bien, jusqu'à ce que son ancienne compagne de route se mette à parler, d'une voix éteinte qui ne faisait qu'appuyer ses propos. A son tour, il sentit les regrets, et même la culpabilité, frapper à grand coups. Pour tout dire, s'il devait revenir en arriére, il ne savait pas du tout s'il ferait le même choix.

"Tu m'as manqué aussi...C'est pas pareil, sans toi." Il souffla légérement, avant de continuer "Tu sais, je m'en veux de t'avoir laissée seule comme ça. Quand...tu es partie, je pensais avoir fait le bon choix. Tu avais retrouvé goût à tout, et tu tenais beaucoup à reprendre ton domaine...Et je voulais surtout pas t'en empêcher, ou t'influencer...Ni être un poids. Je suis désolé..."

Car il ne fallait pas se mentir, il savait qu'il en aurait été un énorme, s'il avait accepté. Il ne connaissait rien à l'Empire, rien à la politique. Il aurait sans doute eu énormément de mal à trouver ses marques. Et il n'aurait certainement pas voulu infliger ça à Farrell, avec toutes les épreuves qui l'attendait déjà à ce moment là.  

Il avait songé, fut un temps, à déporter ses activités en Akkaton. Mais, il y avait beaucoup moins d'opportunités, et il fallait bien survivre, à un moment. Surtout qu'aux Duchés, il avait déjà sa réputation et ses contacts. Difficile d'abandonner tout ça, aussi.

"Je compte bien rester un bon moment dans le coin. Jusqu'à ce que tu ne puisse plus me supporter" fit-il avec un bref sourire, ajoutant toujours sa petite pointe d'humour personnelle, à la fin.