Dans les terres duchéennes et plus précisément dans la baronnie d’Astreïa se trouvait un petit restaurant sans prétention qui se vantait de servir la meilleure côte de porc de toutes les terres d’Orzian. Actuellement ouvert, le restaurant se trouvait être habité par un calme limite magique tandis que de nombreux clients portaient leur regard en direction d’une table en particulier. Enfin, presque tous les clients, d’autres faisaient plutôt tout afin d’éviter de regarder dans cette direction et semblaient assez angoissés.

À cette table, l’homme mangeait seul et calmement avec une certaine distinction dans ses gestes montrant les manières de la bourgeoisie. L’importance quantité de sauce présente dans le plat n’avait aucunement eu raison de sa propreté impeccable et ses vêtements plutôt luxueux restèrent intacte. L’homme leva la main et celui qui semblait diriger le lieu arriva dans la seconde afin d’assouvir les demandes de l’individu qui demanda un second plat. Lorsqu’il eut à nouveau fini, il allât à la rencontre du gérant et lui paya le repas. Le gérant refusa et offrit le repas, l’homme ne répondit que ceci : “J’ai mangé, je paye.” Et son regard suffit à faire accepter le gérant.

Quelques instants après, au portail du manoir du Baron Cromwell, un homme se présenta et fut accueilli par les gardes, l’un des gardes prit la parole et dit :  

“À c’que j’sache, l’Chef a pas d’rendez-vous aujourd’hui, alors t’as cru qu’t’étais qui pour v’nir comme ça ?”

De derrière le dragon, une voix se fit entendre :

“Il te l’a dit, il est là pour proposer ses services.”

La voix était calme et pourtant plutôt autoritaire. Le garde croisât le regard de celui qui venait de parler et pâlit. Si Zei’Lius se tournait, il pourrait voir alors le regard perçant et profondément malfaisant qui était dirigé contre le garde. Ce dernier salua alors l’homme en l’appelant : Monsieur Cromwell. L’homme reprit la parole :  

“La prochaine fois, pense à bien écouter ce que l’on te dit et surtout, apprends à articuler. Ceux qui viennent devant ce manoir, viennent à ma rencontre et tu es la première personne qui me représente en tant que garde, ne m’humilie pas avec des problèmes d’élocutions.”

“Quant à vous, cher Inconnu, vous êtes chanceux. Je n’ai pas grand-chose à faire pour le moment, je veux bien vous accorder de mon temps, j’espère toutefois que vos services vaillent la quantité de temps que je vous accorderai. Je me présente donc officiellement, je suis le baron que vous cherchez, je suis Salem Cromwell.”

L’homme qui avait été stoppé par le pseudo-garde se retourna lorsqu’il entendit la voix de Salem, il agissait avec respect en s’abaissant devant le mafieux. De son côté, Salem écouta attentivement les paroles qui suivirent tout en jugeant l’individu en face de lui, il le regarda de haut en bas dans les détails comme-ci il le sondait. Bien que cela ne dura qu’un instant après qu’il se soit retourné, le mafieux vit le froncement de sourcil de l’inconnu, chose compréhensible quand on se repasse la scène dans la tête.  

Toutefois, en regardant attentivement le blondinet, les pensées de Salem furent simples, sa tenue typiquement duchéenne ne lui allait clairement pas et bien qu’il essayât de le cacher, son agacement quant à l’idée d’être ici était bien présente. En bref, le Mafieux ne savait pas qui cela était, mais ces deux points étaient trop brouillons pour être l’œuvre d’un assassin.... ou alors un très mauvais.  

“Soit, entrons. Répondit simplement Salem”

Il s’avançât alors vers le portail et les gardes s’empressèrent de l’ouvrir tandis que celui qui avait été rappelé à l’ordre faisait tout pour éviter de croiser le regard de son patron en faisant son travail. Le thérianthrope continua jusqu’à la porte d’entrée du manoir qu’il ouvrit soi-même avant d’être accueilli par quelques domestiques et hommes de mains qui le saluèrent. Il fit signe à l’un des majordomes de le suivre, toujours accompagné par le blondinet, jusqu’à la grande salle au fond du manoir.

Salem invita le blondinet à s’asseoir tandis qu’il en faisait de même.  

“Allez-y, maintenant. Dit-il avant de l’écouter”

L’individu se mit alors à parler, Salem ne réagit pas quand il sembla demandé si l’individu l’ayant stoppé était son garde, mais il réagit à l’évocation de sa nature draconique. S’il y avait bien une chose que le mafieux acceptait, c’était le pouvoir et les dragons étaient reconnus comme étant une race plutôt puissante, voir comme étant la plus puissante. Enfin, en termes de puissance brute principalement.  

“Hum... Qu’entendez-vous précisément par capacités non négligeables pour moi ?”

La question était de voir les limites de l’individu, vu qu’il semblait se proposer comme employé. Il serait bête de disposer d’un individu draconique pour qu’il finisse à la comptabilité...

L’individu dévoila une proposition qui lui était fort défavorable, une telle proposition ne put qu’attiser la curiosité du thérianthrope qui lui demanda alors :  

“Oh, je suis curieux de savoir ce qui peut pousser un homme à offrir tant de sa personne. En quoi consiste donc votre demande ?”

Toutefois, le mafieux avait sa petite idée quant à la raison qui pousserait un individu à tant jouer.

Salem écouta patiemment les dires de Zei’Lius, tandis que ce dernier faisait l’éloge de ses compétences. Le mafieux s’intéressa à ses capacités et surtout aux diverses manières d’utiliser ces dernières de sorte à ce qu’elles servent ses intérêts… sans oublier que les êtres-vivants avaient tendance à surestimer ou se sous-estimer sans véritablement s’estimer justement... les dragons étaient peut-être différents.

Le thérianthrope demande à l’un de ses hommes de lui apporter un café tandis qu’il proposait à l’invité divers breuvages tels qu’un café, un thé ou un alcool… cette idée loin d’être uniquement faite par politesse, abordait la suite de l’aventure en glissant un petit quelque chose dans la boisson afin d’atténuer les compétences du dragon. L’idée était tout d’abord d’évaluer sa manière d’agir en situation d’affaiblissement, mais aussi d’évaluer ses compétences générales sans qu’il y ait trop de risques pour les sbires du mafieux… mais aussi de lui donner une petite leçon quant à la confiance envers autrui.

Lorsque l’invité vint à définir la raison qui l’a poussé à venir voir un mafioso, ce dernier perdit un peu d’intérêt en dévoilant qu’il recherchait la personne qui avait fait du tord à sa famille. La vengeance était un moteur très commun, mais aussi si doux poussant facilement les gens à faire des choses qu’ils n’oseraient pas s’abaisser à faire. Ainsi les gens finissaient dans l’étreinte du monde des ombres et du vice… mais bon cela permettait de signer des contrats très avantageux. Lorsque Zei’Lius demande ce qu’il en disait, Salem répondit que :

« Tout cela est fort intéressant. Toutefois, je ne peux vous croire sur parole et vous accordez confiance quant à vos dires. Ainsi, j’aimerai vous proposer que l’on aille en direction de ma cour afin que vous puissiez prouver vos talents que ce soit votre forme draconique ou vos compétences martiales et physiques. »

Après cela, le Tigre demanda à son homme de main d’appeler une dizaine de membres et que ces derniers les rejoignent dans la cour afin de venir affronter à dix contre un notre invité ici présent.

Bien que le dragon eût quelques hésitations quant au breuvage, il accepta finalement de le boire. Tout cela montrait qu’il avait tout de même un certain instant de survie de présent chez l’invité, la question étant de savoir si cet instinct de survie lui avait fait défaut pour qu’il finisse par boire ce poison ou si au contraire, son intellect lui avait fait comprendre ou supposer la situation et les intentions du mafieux. Dans le cas de la seconde possibilité, l’individu démontrait donc une profonde détermination - ou une incroyable bêtise - pour boire sciemment un breuvage aux effets inconnus et possiblement dangereux. Surtout que les individus de l’espèce draconique se vendaient à un très bon prix sur le marché noir – que ce soit pour leurs organes et leur chair étant vus comme un mets raffiné par certains ou en tant qu’esclave -. En tout cas, dans ce cas-ci, Salem aurait préféré inclure le dragon dans l’une de ses arènes afin de proposer ce dernier comme spectacle supplémentaire... après tout, spectacle supplémentaire signifie revenu supplémentaire.

Heureusement pour son invité que l’hôte en question possédait des principes et agir de la sorte avec un individu venu demander un service en échange de la mise à disposition de ses propres capacités ne faisait aucunement partie des potentiels intentions du thérianthrope.

“Vous contenir ? Oh, voyons ! Ce ne serait pas aussi amusant comme spectacle. Répondit-il avec un sourire des plus sadique. De plus, je ne veux pas vous voir dans la retenue, mais dans une situation compliquée. Être fort ne suffit pas, il faut être capable de le rester peu importe la situation.”

Présentement dans la cour où se trouvaient dix hommes de mains de la famille Cromwell, le temps était venu de voir l’étendue des capacités de l’entité draconique prénommée Zei’Lius. Surtout que ce dernier semblait suivre exactement le script à la lettre, son agacement et son envie de se venger de Salem étant parfaitement retranscrit par les traits de son visage.

Le dragon se dévoila enfin sous cette apparence tant désirée par le maître des lieux, ce dernier semblait d’ailleurs apprécier tout particulièrement la vision d’un dragon, même si cette apparence n’était pas la vision dont Salem s’en faisait. En tout cas, l’apparence désormais draconique de Zei’Lius sembla décontenancer les hommes de mains de la famille Cromwell, mais la provocation du dragon leur rappela très vite de qui ils avaient le plus peur et se souvinrent alors de l’ordre émis par le baron Cromwell précédemment. “Attaquez pour tuer”. Malheureusement, le combat fut des plus triste, les attaques touchant le dragon lui passaient au-travers et les malheureux combattants furent rapidement tous immobilisés par les pouvoirs magiques de Zei’Lius.

Au même moment, du côté du félin, un homme était venu à lui afin de lui souffler des informations de diverses importances à l’oreille. Le mafieux montra un mécontentement, mais aussi une légère satisfaction. Il répondit alors aux paroles du dragon :

“Que diriez-vous de me montrer désormais votre plein potentiel face à d’insolents voleurs ?”

L’emprise du Tigre écarlate sur ses hommes était totale, aucun n’oserait agir sans l’aval du Patron ainsi même avec la plus grande haine dans leur regard à l’encontre du dragon qui venait de les humilier devant leur chef en étant sous l’effet d’un poison en supplément, aucun homme n’agit. Ceux debout aidèrent les autres à se relever et attendirent les ordres du Parrain afin de savoir ce qu’il devait être fait, ce dernier leur fit signe de disposer afin qu’ils puissent aller se faire soigner leurs blessures qui ne semblaient pas être trop grave avant de reprendre leur poste originel.  

Du côté du dragon, sa réaction concernant la proposition de Salem sembla décevoir ce dernier qui ne le cacha et exposa une expression faciale conséquente avant de répondre à Zei’Lius :

“Voyons, ne soyez pas idiot et n’insultez pas votre propre intelligence. Je suis un marchand et un homme d’affaires, la confiance que les autres m’accordent est mon premier argument de marché. Si je trahissais ou me moquais d’autrui, pensez-vous que cela serait bénéfique à mon business ? Toutefois, il est vrai que si je vous tuais avant que vous puissiez en parler à qui que ce soit, il n’y aurait pas de problème. Le thérianthrope laissa une pause et fit semblant de réfléchir avant de reprendre. Mais bon, le coup en hommes et matériels serait bien trop important pour une si petite affaire, ce serait stupide.”

Le mafieux se rapprocha tranquillement du lézard volant jusqu’à être à moins d’un pas de lui et reprit en le regardant bien dans les yeux :

“Vous êtes venus de votre propre chef à moi, je n’ai ni cherché à vous recruter, ni cherché à découvrir qui vous êtes. Je n’ai que les informations que vous me donnez à ma disposition actuellement et derrière vous me demandez un contrat – un acte fort dans les Duchés - afin que je vous aide, n’ai-je pas le droit de vous tester ? Je viens de vérifier que vous étiez capable de vous défendre sans qu’on vous dorlote même dans une situation défavorable, toutefois les situations réelles sont bien plus convaincantes, je vous propose une chance de me montrer tout ce dont vous êtes capables, même vos aptitudes hors du combat. Acceptez-vous donc de rendre votre proposition de contrat intéressante en acceptant d’agir ou préférez-vous repartir ?”

Sans attendre de réponse de sa part, Salem lui tourna le dos et avança en direction d’un espace plus grand avant de rajouter :

“De plus, tout travail mérite salaire. Ainsi, même si je juge que vous n’en valez pas la peine pour un contrat, vos actions en tant qu’homme de main seront payés, ce qui est bien normal.”

Il mit alors ses doigts dans sa bouche et siffla très fort, presque immédiatement une créature apparut venant du ciel, il s’agissait de Vika, la wyverne du thérianthrope qui attendit patiemment que son maître monte sur elle.

Salem venait d’appeler sa wyverne, Vika, il s’avançât dans sa direction et lui caressa légèrement la tête avant de lui monter dessus, le geste du Tigre écarlate ne montrait aucune forme d’affection à l’égard de la créature, plutôt une légère félicitation pour sa vitesse ainsi qu’un rappel de son maître. Par la suite, il ne dit rien et se contenta de décoller laissant ses hommes s’occupait du manoir, tandis que le Dragon se transformait afin de suivre le mafieux. Lorsqu’ils furent dans les airs, le Cromwell fit signe à sa wyverne de poursuivre sa route là où ils devaient se rendre et quand Zei’Lius demanda des informations supplémentaires concernant ce qui l’attendait, Salem resta silencieux un instant. En effet, plusieurs faits le dérangeaient concernant une possible discussion dans les airs, tout d’abord que cela n’était pas pratique quand on voyageait dans les airs, mais aussi le fait qu’entre le Dragon et la Wyverne une distance était établi pour éviter de se rentrer dedans, cette distance était suffisante pour obliger un être humain à crier à pleins poumons pour espérer être entendu correctement par un autre humain, si l’on ne comptait pas le vent.  Le Dragon en était peut-être capable facilement et le mafieux n’aurait peut-être pas besoin de crier, mais il préférait tout de même attendre, surtout qu’il y avait une troisième raison, il ne voulait pas réexpliquer la situation une fois au sol.  

“Plus tard.”

Ce fut les seuls mots que dit Salem de tout le voyage, toutefois ce voyage n’était pas si long et surtout en volant, leur destination se trouvait qu’à quelques kilomètres de la ville. Arrivé sur place, la Wyverne se posa à terre et une troupe d’hommes de main se présenta devant le mafieux et le Dragon. Ces derniers saluèrent Salem Cromwell dignement en lançant quelques regards d’intérêt pour l’accompagnateur Dragon, ils étaient curieux, mais aucun n'aurait le courage de poser la question de lui-même au Tigre écarlate.

D’un simple geste, Salem renvoya Vika dans le ciel pour qu’elle parte avant de regarder ses hommes et de dire :

“À partir de maintenant et pour la durée complète de cette mission, cet individu – dit-il en montrant Zei’Lius - vous dirigera. Offrez-lui la même dévotion qu'à mon égard, car il me représente pour cette intervention. Donnez-lui toutes les informations concernant la situation.”

Il sembla se rappeler de quelque chose et rajouta donc :

“Qui est Syr Valleim ? Un homme se présenta un peu stresser devant le Tigre écarlate, ce dernier dit : Bien, pour cette mission, vous resterez à mes côtés et ne participerait pas.”  

L’homme accepta et se mit à l’écart du reste de la troupe en compagnie de Salem Cromwell, Salem se permit de rappeler toutefois à ses hommes d’une voix ferme et d’un regard perçant : “Ne me décevez pas.”

Il dit alors à Zei’Lius : “Vous comprenez désormais pourquoi vous êtes ici, je vous laisse me montrer ce dont vous êtes capable en condition réelle.”

Après cela, il se contenta de s’éloigner de la troupe afin d’observer pleinement les choses.


L’homme qui semblait être le chef du petit groupe d’individus se présenta brièvement à Zei’Lius en tant que Barreth, comme exigé par le mafieux, ce dernier commença alors à définir pleinement la situation :

“Il y a une semaine, un marchand a rejoint notre protectorat et a commencé à faire du commerce. Il y a deux jours, une attaque à son encontre nous a été signalé et nous avons donc chercher les responsables derrière l’assaut, il s’agit d’un groupe de bandits qui s’est établi ici, dit-il en montrant la grotte visible plus loin, nous avons donc commencer à les observer pour notre Boss. Ils sont un peu plus de quarante et semble posséder une certaine expérience, sûrement des anciens mercenaires ou soldats d’autres pays cherchant l’argent facile. Leur équipement n’est pas de la meilleure qualité, mais suffisante pour tenir tête à des gardes du corps. Quant à leur chef, aucune information n’est disponible, il n’est pas sorti une seule fois de la grotte. C’est tout concernant les informations générales.”

La troupe d’hommes était composés de dix-sept membres de la mafia Cromwell, ils étaient plutôt bien équipés, mais peu d’entre eux possédaient des armes à distance.