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Orzian, engrenages et arcanes
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Orzian, engrenages et arcanes


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Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw]
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MessageSujet: Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw] Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw] EmptyMer 15 Fév - 11:43
04h45 - 30 Maïa de l'An 1999

Le Lieutenant fixait froidement la barricade. Hormis le remue-ménage qu'il avait provoqué par l'emploi de sa magie pour amplifier sa voie, il n'y avait aucune arrivée de cet enfoiré de Commandeur. Il serra les poings. Il aurait été trop facile de le voir débarquer après sa petite scène... Il devait trouver autre chose... ou se rendre à l'évidence qu'il ne pourra pas accomplir l'objectif qui primait dans son esprit ; plus fortement que celle de s'échapper par le point d'extraction. D'y penser vaguement raviva sa hargne. Bon ! Il était temps de descendre de son perchoir et de… de quoi au juste ? Il secoua sa tête. Ce n'était pas le moment de flancher !

Une fois le sol retrouvé sous ses bottes, il resta immobile, le temps d'écouter les parages. Les Teïderiens ne s'étaient pas lancés à des recherches.  Bon, la suite à donner...... Il peina à raisonner et cela l'agaça un peu. Alors, le point d'extraction… il devait retourner à la scierie. Voilà, il va faire cela. Et fuir ces marais, fuir ce putain de pays ! fuir... Ce mot tourna en boucla quelques secondes, avant qu'il ne fasse dos à la barricade et s'en retourne à la scierie.


04h58 - 30 Maïa de l'An 1999

Sans l'autre crétin de tantôt, Artane atteignit la scierie en peu de temps. Un instant, il leva le nez vers la voûte nocturne. Diantre, ses yeux étaient-ils fatigués ou était-ce la nuit qui commençait à doucement s'éclaircir ? Il maudit le temps qui s'écoulait trop vite. Beaucoup trop vite ! Ses yeux se reportèrent sur la scierie. Son point d'extraction était là. Dans quelques heures, il sera derrière le Mur. Il aura fui ce lieu maudit, en laissant que la mort de ses hommes derrière lui.

Ses hommes... sa patrouille.
Chaque visage qu'il revoyait, lors de leur départ. Tous déterminés.
Chaque visage, le cœur prêt à se battre, dévoué pour le mur.

Il se sentit tomber à genoux, ses mains pressées contre son visage.

Ils s'étaient battus, ils avaient donné leur vie et lui... Et lui ! Qui avait provoqué leur mort à tous, sans être capable de quoi que ce soit, il cherchait la fuite ! Le point d'extraction était là, plus que quelques pas... Et il aura fui ! D'un coup, la scène morbide et horrible de la barricade lui revint en pleine face. Il fuyait en laissant l'œuvre des Teïderiens faite sur la malheureuse Hestel comme cela... Non, il ne pouvait pas !

Pas fuir… Se battre !

Il se battra !

Il se remit debout, bien qu'encore tremblant et pénétra dans la scierie. Lentement, ses yeux s'adaptèrent à l'obscurité intérieure et il commença à discerner le contour d'une des lignes de sciage.  Il s'en approcha et se baissa pour tâter le sol. Dans l'empressement de débiter les troncs fraîchement abattus en planche ou en rondins grossiers, il restait encore une bonne grosse quantité de sciure et de copeaux. Frottant ses mains pour se défaire des restes de découpes, Artane se releva et fouilla un peu ce qui se trouvait autour de lui. Quand sa main se posa sur une lanterne, il la saisit vivement et la secoua. Il y avait encore du combustible liquide. Il revint vers la ligne de sciage et utilisa la lanterne pour asperger toute sa longueur, imbibant la sciure.

Il avait déjà provoqué l'incendie à Krùsevàtz, il ne se gênera pas pour cramer ces lieux. Ces fils de chiennes cherchaient à le coincer ? Il y répondra par la flamme de la hargne qui le rongeait plus ardemment. Et comme ils se targuaient de passer les hérétiques par le feu de leurs bûchers, il leur apportera une autre forme de purification. Il sortit sa dague et commença à la frotter contre la scie métallique, pour provoquer des étincelles. Il s'assura de trouver le bon angle pour que vienne à s'embraser le combustible improvisé de sciure et d'huile de lanterne.  Un crissement métallique lui agressa les oreilles.

Quand enfin une petite flamme naquit, il se recula. Doucement, elle prit de l'ampleur. Assuré que l'incendie se déclara sans avoir à intervenir avec sa magie, il sortit rapidement du bâtiment et courut vers le couvert des bois, après avoir dépassé le champ de souche. Se calant contre un tronc, il observa la scierie devenir la proie de l'embrasement qu'il avait sciemment provoqué.

Ne restant pas pour contempler son œuvre, il se remit à courir. Les ténèbres de la nuit étaient moins persistantes. Pour ce qui lui étreignait l'esprit, il ne devait plus perdre une seconde.


05h29 - 30 Maïa de l'An 1999

Un soldat en faction tomba en arrière, sous l'effet d'une bourrasque venteuse. Artane ne perdit pas de temps. Il avait été vu se rapprochant du périmètre et forcément, la nouvelle de sa présence allait se répandre comme une traînée de poudre tout le long de la barricade. Ce n'était qu'une question de minutes avant qu'il ne soit submergé. Il s'était précipité vers le crucifix où était attaché le corps profané d'Hestel. Il dut se mordre violemment les lèvres pour chasser toute culpabilité et tout remord de sa tête, pour se concentrer que sur une seule tâche : libérer la défunte pour ne pas la laisser aux mains de ces salopards. Et de Kela... ou de Varsaw ! Ou de tout autre Teïderien ! Plus aucun de ces bâtards ne la touchera ! Les cordes tranchées, retenant un haut le coeur au spectacle macabre, il escalada rapidement la barricade, avant de se concentrer pour appeler sa magie et amener les restes de la malheureuse jusqu'à lui. Cela lui prit malheureusement un peu de temps, car la Sergente, bien que morte, n'était pas légère. D'ordinaire, il employait ce sortilège pour des objets bien plus petits. Mais pour gagner du temps, et aussi lui accorder un minimum de respect, il n'avait eu que cette idée là à l'esprit. Jouer les grimpeurs en la malmenant comme un vulgaire sac... non, il en aurait été incapable. Quand Hestel fut à sa portée, il l'attrapa pour la tenir contre lui d'un bras. Elle était si froide.... . Il ravala vivement la peine qui l'assaillit. Un trait siffla à ses oreilles. Bordel, les soldats se rameutaient déjà ! Il invoqua un vent de sable, en exécutant un mouvement de lancer vers les soldats les plus proches, avant d'user d'une bourrasque pour ceux qui se rapprochaient à l'opposé ; derrière lui, sur la barricade.

Plaçant Hestel en travers de ses épaules, comme il le ferait pour porter un de ses subalternes blessés, il usa d'une nouvelle bourrasque pour repousser les ennemis trop proches de lui et sauta. Il se réceptionna brutalement sur le sol et employa toutes ses forces pour courir vers le lac. Là, plus personne ne pourra plus souiller le corps d'Hestel ! Oh, il savait qu'il s'était jeté de lui-même dans la gueule du loup. Mais tant qu'il respirera, ces chiens ne l'auront pas !
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MessageSujet: Re: Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw] Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw] EmptyJeu 16 Fév - 18:10
06:00 - 30 Maïa de l'An 1999

Un village illumine le ciel d’encre, les flammes qui le consument élèvent leurs bras languissants pour lécher la voûte céleste comme par désespoir de leur avidité éternelle. Varsaw est debout non loin, il tient un glaive à la main, couvert d’un sang qui n’est pas le sien, autour de lui les cadavres s’accumulent, l’odeur de la mort flotte dans l’air et se bat contre la fumée pour savoir qui des deux irritera plus les hommes que l’autre. Des sons diffus parviennent à se faire entendre par dessus la cacophonie brûlante, des cris, des hurlements, des éclats de lames qui frappent le métal. Leurs sources s’éteignent au fur et à mesure que les corps tombent, Varsaw regarde impuissant les hommes perdre la vie, les uns après les autres, et s’affaler au sol pour s’allonger là inanimés. La lune éclaire de sa lumière astrale le côté des corps laissé dans l’obscurité par le brasier ardent qui décime goulument les civils pris au piège dans leurs maisons. Mihkaï reporta son attention sur les soldats d’Eïlynster qui se battaient comme des créatures de l’Outre monde et terrassaient ses troupes, les mouvements lui parvenaient au ralenti, il entendait les bruits à travers une sourdine, il ne savait pas ce qu’il se passait. Tout était flou.

Il était seul.

Tout le monde était mort, il ne restait plus personne, Varsaw avait son couteau à la main, il avait achevé le dernier adversaire, mais il n’y avait plus que lui qui se tenait debout sur le champs de bataille, au milieu du charnier. L’épuisement lui força un genou à terre, sa tête baissée parce qu’il n’avait plus l’énergie de regarder l’horizon, de contempler les ruines mourantes du village qu’ils devaient protéger. Ses yeux se portaient sur le sol indistinguable derrière la marre de sang boueuse mêlée aux cendres noires et grises, Mihkaï fixait un point vague devant lui, exténué, et de l’océan d’hémoglobine commença à venir un mouvement. Le ciel s’éclaira pour prendre une teinte blanche éclatante, Varsaw paniqué tomba à la renverse et recula par terre en croupissant avec ses mains, il voyait le mouvement, les ondes au sol qui se répercutaient et le sang et les cendres, et les cadavres, et les armes et les brûlés et la peur. La peur qui s’accumulait devant lui en une amalgamation informe de chaire. Prenant lentement une forme humanoïde, elle. C’était elle, la Lieutenante qui… elle leva un bras vers Varsaw, il hurla mais aucun son ne sorti de sa bouche, l’air étouffé net dans sa gorge. Elle se tenait devant lui, la paume tendue. Les flammes vinrent et envahirent tout. Il ne voyait plus rien. Tout était blanc. Le sifflement aigu à ses oreilles était insupportable. Lorsque le calme revint, la Lieutenante n’avait pas de visage, et Varsaw non plus, mais il pouvait voir, ses mains parcoururent frénétiquement son visage à la recherche de ses traits, mais sa face était lisse, recouverte d’un amas de derme gluant, il creusa son propre visage de ses doigts pour trouver désespérément ses traits, son nez, ses yeux sa bouches ses joues ses pommettes. Rien, plus il griffait la peau lisse et plus il avait les mains pleines de chaire molle et humide, il poussa un cri étouffé comme par un coussin, l’air n’ayant nul part où sortir librement. Il releva la tête pour regarder la Lieutenante, les genoux toujours fichés dans le sol, incapable de se relever, elle avait un visage, mais ce n’était pas le sien. C’était le Sergent Roktan. La lumière ambiante se désintégra lentement, laissant à nouveau Mihkaï apercevoir des fragments du village, de la boue, du sang, autour de lui les cadavres qu’il apercevait à nouveau se redressaient, partout où il regardait il ne voyait que le visage de Roktan qui riait, ils, enfin, il se moquait de lui. Il se moquait de son échec…

”Huffff, huf, huf”

Varsaw ouvrit les yeux et instinctivement sa main se referma autour de la poignée de son couteau cachée sous son oreiller, il pivota dans son lit, sentant quelque chose lui restreindre les jambes, son bras balaya l’air à la recherche de la menace, la lame de l’arme sifflant dans le vide. À la fin du geste, le Grand Sénéchal resta immobile un instant, haletant lourdement, son souffle court et ses yeux écarquillés d’incompréhension. La couette à sa taille était ce qui bloquait un peu les mouvements de ses pieds, il la repoussa vers le bas de son lit et s’assit sur la toile tendue pour reprendre ses esprits, le cauchemar qu’il venait de faire lui passerait, il n’avait qu’à se plonger dans sa routine matinale et d’ici quelques minutes il aurait oublié tout ça…

***

Au même moment, à Meokrad…

Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw] E0beb2d23743b42ea12eb2a304102826

Le Commandeur Kela se réveilla et passa les mains sur ses yeux, se frottant les paupières en baillant, son corps se sentait lourd, il n’avait clairement pas assez dormi mais le choix de se lever ou pas ne se posait pas, il devait tout simplement le faire. Il s’habilla, sorti de sa chambre et descendit les escaliers de l’auberge pour arriver dans la salle principale de la taverne où ils s’étaient établis lui, quelques un de ses Mestres et ses agents de liaison et de communication. Ils avait réquisitionné tout l’établissement pour le transformer en centre de commandement temporaire auquel pourrait se référer les soldats qui opéraient au périmètre de recherche, sur le comptoir étaient déposés les différentes cartes tactiques annotées des mouvements de troupes de Varsaw, des barricades, de la topographie, sur les tables étaient disposées les diverses ressources qu’ils avaient embarqué pour subvenir à leur besoin ainsi qu’un peu de matériel militaire et dans un coin de la pièce le gros de leur chargement reposait encore là. Kela s’approcha du comptoir, passa derrière le petit portillon et saisit une des panière cachée en dessous du bar. Mordillant un pain froid il écouta son Mestre d’Arme se relever et venir l’aborder, les cernes sous les yeux.

”Mon Commandeur, des hommes nous ont informé cette nuit de la présence d’un mage du vent dans les parages de notre barricade sur le côté nord près de l’endroit où nous avions posté le corps de l’estienne.”

”-Hmm mhm.”

”-Et nous sommes certains qu’il s’agit du Lieutenant que le Sénéchal traque, plus tard dans la nuit il a affronté les soldats sur un passage du périmètre, décroché le cadavre de la Sergente et il a fuit vers l’intérieur du Lac Kolkaliev.”

”PFPFRFRRRT QUOI?” Kela avait craché la mie de pain dans sa bouche sous la surprise.

Comment ça le Lieutenant avait passé la barricade??? Il pensait le déstabiliser pour le pousser à l’erreur en affichant le corps mutilé de l’autre salope mais il ne s’était pas attendu à ce que le type trahisse sa présence, encore moins à ce qu’il se jette carrément dans le coeur du périmètre. six cents hommes l’entouraient désormais, qu’est-ce qu’il pouvait bien avoir en tête? Quelle que soit la folie qui passait par la tête de leur cible, il n’avait en tout cas aucun doute sur la suite des opérations.

”Détache un messager immédiatement aux trois corps de recherche qu’on a dispersé dans la mine, le bocage et Krùse. On ratisse toute la zone maintenant. Lâchez les chiens des maîtres canins, saisissez les embarcations des pêcheurs et surveillez les berges du Lac de l’intérieur, informez le reste de la surveillance d’ouvrir l’oeil et de se préparer au combat. Révisez les plans de route des patrouilles de pégases. On lève le camp maintenant, allez ALLEZ!”

Il sorti en extérieur, accueillant sans y penser le froid matinal contre sa peau encore toute douce du réveil, il n’y avait pas de temps à perdre, il mettrait le grappin sur ce type, et ce sera une victoire qu’il pourra écraser dans le visage de Varsaw.
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MessageSujet: Re: Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw] Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw] EmptyJeu 16 Fév - 20:11
6h00 - 30 Maïa 1999


Il sut qu'il était arrivé au lac quand il sentit la morsure de l'eau froide dans l'intérieur de ses bottes. Ne pensant qu'à courir le plus vite possible, pour s'éloigner de la barricade, de mettre une distance la plus grande possible entre lui et les forces teïderiennes qui devaient terminer de se rassembler pour renfermer et resserrer le périmètre sur lui, il avait verrouillé ses pensées. Courir, le plus loin, vers le lac, c'était tout  ce qui avait accaparé son esprit, occultant le reste.
Maintenant qu'il était arrivé à destination, il respirait si vite, trop vite...  Il crut défaillir devant le voile noir qui battait devant ses yeux. Son cœur cognait dans sa poitrine d'une telle force brutale qu'elle n'était qu'un âtre de feu et de douleurs. Aussi loin qu'il se rappelait, jamais, il n'avait eu à pousser son corps à tenir un tel rythme, à dépasser ses propres limites alors qu'il n'arrivait plus à suivre. L'eau lui arrivant désormais à mi-mollets, il se rendit compte de cette prouesse. C'était la première fois... et plus jamais il ne pourra la réitérer.

Les jambes pantelantes, sentant le poids du corps d'Hestel sur ses épaules, il ahanait encore à pleins poumons, pour répondre aux besoins urgents de son corps d'être pourvu en oxygène. À croire que par moment, il avait couru en totale apnée. Sue le coup, il était dans l'idée d'employer son sortilège de souffle... Avant de se demander quel effet, en contrecoup, il subirait. Jamais encore il n'avait eu à user de sa magie pour parer à cette semi-détresse. Soudain, il lâcha un rire nerveux. Pourquoi se souciait-il des conséquences ? Tout sera bientôt fini pour lui. Le point d'extraction n'était plus, le nœud étranglant de ce bâtard se resserra sur lui dans quelques heures. Quel espoir avait-il désormais pour s'échapper ? Plus aucun. Il lâcha un autre rire, plus amer cette fois.

Après plusieurs minutes à se battre pour récupérer son souffle, il sentit quelques forces lui revenir. Enfin... il en aura besoin, juste d'un peu pour accomplir un dernier acte.

Il fixa la surface sereine du lac, qui s'étendait en face de lui. L'aube était là. les lumières rougeoyantes inondant le ciel de cette nouvelle journée. La nature s'éveillait aux chants de quelques merles perchés dans les arbres qui bordaient les environs. Ces derniers redoublaient de vocalise pour contrer le chant plus intense des cygnes qui quittaient le couvert des joncs, qui accueillaient, eux aussi, ce nouveau jour, avant d'entamer la recherche de leur repas matinal.

Artane inspira un bon coup. Les senteurs qu'il perçut étaient celle d'un environnement sain, sans pourriture, sans vase en putréfaction. Ici, tout n'était qu'effluves de fraîcheurs, avec cet effluve si caractéristique de la vie végétale humidifiée de la rosée de la fin de la nuit. Les sens olfactifs de l'Estien ne captait que cela, se plongeant dans un étrange état méditatif, ce qui lui permettait de chasser totalement l'odeur de la mort qui émanait de la malheureuse Hestel.

Il s'avança un peu plus dans l'eau un peu trouble du lac. Et quand elle lui arriva à hauteur de sa taille, il grelottait, car elle était relativement froide. Doucement, il fit glisser le corps d'Hestel hors de ses épaules. Pour ne pas affronter visuellement le saccage provoqué par ce salopard de Kela, il avait fermé les yeux, s'accrochant au dernier souvenir de sa sergente, quand elle était avec son frère, se souriant l'un et l'autre. Et là, retenant son corps éteint de toute vie, il l'imaginait le visage serein, empreinte d'une toute dernière sérénité pour son dernier voyage vers le panthéon de ses Aïeux.

Toujours les paupières closes, il ne fit rien pour retenir les larmes. Leur chaleur quand elles coulaient sur ses joues le firent frissonner, avant qu'elles ne fassent plus qu'un avec le lac. Toujours imaginait le visage endormi dans la mort de la jeune femme, il murmura en eilynstérien.

''Hestel... C'est dans l'adversité que se forgent les héros et les légendes. Dans l'adversité, nous sommes tous nés, dans l'adversité, tu t'es illustrée... ''

Il serra les dents, sentant sa gorge se serrer dans tout ce qu'il avait perdu, de ce qu'il avait provoqué.

''Que vous vous êtes tous illustrés... Ce que vous avez fait dans votre vie résonnera dans l'éternité. Puisses-tu retrouver Valerian.. Nos hommes.. Nos compagnons. Nos Frères. Puissiez-vous tous vous retrouver pour rejoindre ensemble, le panthéon de vos fiers Aïeux... ''

Doucement, il poussa le corps de la jeune femme. Elle n'aura pas de tombe, elle ne sera pas enterrée sur la terre du Mur. Mais au moins, sera-t-elle hors de portée des Teïderiens. Puis, il ouvrit les yeux, voyant la défunte s'éloigner un peu de lui, avant de lentement s'enfoncer dans les eaux troubles du lac. Quand les dernières bulles cessèrent de crever la surface, il demeura là, plus d'une dizaine de minutes à regarder la surface liquide redevenue sereine... Comme si ce qui venait de se passer n'était qu'un mirage... un rêve.

Ses lèvres se crispèrent. Il recula,  ses yeux brillants d'un chagrin sans nom. Ses poings se serrèrent, affligé par cette cérémonie dépourvu de tous les honneurs dûs à sa sergente, à son frère, à ses hommes ! Il leva la tête vers le ciel rougeoyant, hurlant dans un total désespoir, poussant la nature même à faire silence. Au même instant, les premiers rayons du soleil apparaissaient, pour marquer un jour nouveau.

Artane s'était effondré, manquant de totalement s'enfoncer dans l'eau. La culpabilité était telle qu'il pourrait rester là et attendre la fin sans se battre... Il avait accompli son dernier acte, mais il vivait encore... Se laisser crever... ce serait si facile et cela mettra fin à ses tourments et ne serait que juste retour des choses après ses mauvais choix de commandement qui avaient entraîné la perte des siens...Un à un… Mais mourir sans se battre, ce serait déshonorer ce pourquoi ses hommes s'étaient battus, jusqu'au bout, en combattants courageux ; jusqu'au bout.

Tremblant, il se redressa. Il était trempé et frigorifié, mais il vivait encore. Si ces bâtards pensaient le cueillir avec aisance... Qu'ils aillent se faire foutre ! Il mourra, mais pas en se faire prendre comme une merde !

6h41 - 30 Maïa 1999

Il regardait le soleil se lever. Le dernier... ce lever de soleil sera le dernier, il en était convaincu. Pas à pas, Pataugeant dans la vase du fond aquatique pour rejoindre la berge, il sentait ses forces atteindre leurs limites. Il demeura quelques minutes sur ses jambes tremblante, avant de regarder autour de lui. Un nom lui revint en tête : Kela. L'envie de le pourfendre lui laissa un goût amer et écoeurant. Il devait avoir regroupé ses troupes. Et lui, il était seul. Bordel, il n'arrivera pas à tuer ce fils de salop. Mais s'il arrivait à tuer plusieurs de ses hommes avant de périr sous le nombre, autant le faire non ? Il avait été dans l'idée de rejoindre le sud du lac.. Mais ne pouvant pas savoir la composante des troupes de ce merdeux, peut être que le mieux d'essayer de se cacher sur place et d'attendre que la vague de recherche soit passée, pour les laisser ratisser plus au sud

Etait-ce de la folie ou de la raison cette réflexion ? Il ne le savait pas lui-même. Non loin de lui, il repéra de la mangrove. Il pourrait trouver de quoi s'y cacher. Il vérifia qu'il avait toujours la dague. Elle était toujours la, mais avec la lame dans un état un peu dégradée. Mais peu importait, tant qu'Artane arrivait à la planter dans les chairs de ces saloperies vivantes

6h56 - 30 Maïa 1999

Il avait peiné à rejoindre le couvert de la mangrove. Il avait réussi à trouver une partie un peu éloigné de la berge, avec assez d'entrelacs de racines et de tronc pour le dissimuler, et les feuillages épais pour le couvrir... Il avait cru voir des pégases. Ces foutus enfoirés avaient des chevaux volants. Il avait peut être été vu ! Tant pis ! Sans certitude d'avoir été repéré pour l'instant, il essayait de se reposer un peu, calé sur une racine plate au dessus de l'eau. Les bras croisés, les mains sous les aisselles, il cherchait à se réchauffer un peu. Au moins, demeurait-il alerte... pour le moment.

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MessageSujet: Re: Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw] Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw] EmptyDim 19 Fév - 14:01
07:22 - 30 Maïa de l'An 1999

Le soleil réchauffait lentement le sol tandis que les sabots des chevaux de Varsaw et de ses hommes le martelaient sans vergogne, ils se dépêchaient tous pour agir depuis qu’ils avaient reçu le message de Kela comme quoi le périmètre temporaire avait été violé et que le Lieutenant était désormais bloqué à l’intérieur. L’avantage que ça arrive maintenant était qu’une énorme partie de la superficie de cette zone était couverte par des tonnes de mètres cube d’eau et les recherches allaient donc se dérouler extrêmement vite. Le petit rat n’en avait plus pour très longtemps, Varsaw voyait la conclusion inévitable de cette traque se manifester lentement au fur et à mesure que les nouvelles arrivaient, et le signal d’un de ses soldats fut une étape de plus vers cette fatalité. Il se retourna pour regarder dans quelle direction son soldat pointait, et fut quelques peu surpris lorsqu’il vit celui ci le bras tendu vers le ciel. En levant la tête, il comprit de quoi il en retournait, et sourit en se doutant de ce qui allait se passer: une patrouille de pégases commençait à diminuer leur altitude et à s’abaisser dans leur direction. Les montures au sol s’immobilisèrent tandis que celles dans les airs vinrent atterrir devant eux, et le Sénéchal accueillit à bras ouvert le Sergent en charge de l’escorte. Ceux ci leur apprirent alors qu’ils avaient repéré la présence du fugitif vers le bord du Lac Kolkaliev, le type semblait s’être planqué à l’abri d’un des arbres jouxtant le plan d’eau et n’avait visiblement pas bougé depuis un peu plus d’une quinzaine de minutes, l’information était parfaite, que le Sénéchal pouvait-il bien demander de plus? Suivant les indications des éclaireurs ils arrivèrent donc sur un banc du lac, la terre fine descendait dans l’étendue d’eau et le sol s’enfonçait légèrement sous leurs pas, ils avaient dû continuer à pieds et laisser leurs destriers un peu plus loin.

Varsaw et une dizaine d’hommes parcouraient donc la berge, fouillant dans les environs de l’endroit approximativement indiqué par les unités de surveillance aériennes, ils allaient bien finir par le trouver quelque part par ici non? Une tape sur l’épaule de Mihkaï le fit sursauter et il se retourna brusquement.

”-Quoi? Tu l’as trouvé?”

Le soldat hocha la tête et se contenta de lui indiquer un arbre à une cinquantaine de mètres de leur position, en suivant le doigt le Sénéchal aperçu la silhouette d’un homme allongé sur une racine, immobile. Il y avait un peu de feuillage ça et là mais les mangroves étaient suffisamment disparates pour pouvoir avoir un visuel direct sur leur proie. Sans un mot, Varsaw plaça son index contre ses lèvres et s’avança lentement vers le lieu de repos choisi par le petit rat, brandissant ses bras en retrait pour signifier à ses hommes de ne pas avancer et d’attendre ici. Pas après pas, calmement, tout doucement… il se rapprochait du petit fils de pute qui dormait insouciant sur une grande racine perchée au dessus des abords du lac. La cime de l’arbre le dissimulait aux patrouilles aériennes et le tronc le cachait des sentiers qui faisaient le tour du lac donc ils seraient sans doute passé là sans l’apercevoir sur les premiers ratissages de la zone. Le Sénéchal rappela son armure afin de limiter le bruit qu’il ferait en s’approchant, il se retrouvait donc simplement en uniforme d’officier, et il enfila son masque d’acier pour couvrir son visage. Pas après pas… Il arriva au pieds de l’arbre, tout près de la base du réseau racinaire qui s’élevait au dessus du sol. Posant ses mains doucement sur l’écorce, il usa de sa force pour s’élever lentement pour se hisser sur la racine… Là il n’était plus qu’à quelques mètres de l’estien… Shhhh… Varsaw attendit quelques instants pour s’assurer que le Lieutenant était toujours endormi, visiblement il était assommé par la fatigue et dormait à poings fermés. Varsaw plaça une jambe en avant, déplia son genou, il balança ensuite son poids sur le pieds ainsi tendu et se pencha un peu plus vers l’homme qui somnolait devant lui. Une fois debout à quelques dizaines de centimètres de la tête du rat, il prit quelques secondes pour le contempler bien en face, silencieusement, il porta ses deux mains à l’étui de son couteau, déboutonna le rabat et saisi la poignée de l’arme. Il retira lentement la lame de la poche de cuir, décollant l’acier du matériau de l’étui pour éviter de produire du bruit en glissant la lame hors de son contenant. Une fois armé, il leva son bras droit et envoya son poing protégé par la garde du couteau tout droit au milieu du visage de l’estien. Immédiatement, il lui laissa tout juste le temps de se réveiller et de commencer à paniquer avant de lui planter la lame profondément dans l’épaule, proche du deltoïde, usant de l’autre bras pour pousser le Lieutenant sur le côté et le faire tomber deux mètres plus bas dans l’eau peu profonde du lac. Le corps gesticulant de sa proie s’écrasa dans la flotte et Varsaw se pencha pour regarder le rongeur mouillé qui prenait conscience de la situation, le Sénéchal le surplombait, il n’avait qu’un mépris sombre pour son adversaire, leur discussion dans la taverne lui revint à l’esprit.

”Tu te trompes l’Estien. Je n’ai nul respect pour ton espèce. Seulement la pitié de vous faire sortir de ce monde.”

Sur ces mots il sauta de la racine aérienne pour se laisser tomber dans l’eau sur le Lieutenant, atterrissant de tout son poids sur le pauvre homme et ils commencèrent à lutter dans plus d’un mètre d’eau.
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MessageSujet: Re: Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw] Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw] EmptyDim 19 Fév - 21:51
07h38 - 30 Maïa de l'An 1999

Demeurer vigilant.

Il se martelait ça à l'esprit depuis qu'il s'était perché sur cette large racine, pendant qu'il pliait et repliait ses doigts pour essayer de se réchauffer les extrémités un peu engourdies par le froid.

Demeurer vigilant...

Il serrait les dents pour ne pas les entendre claquer. Ou alors était-ce par crainte de se faire entendre, tellement qu'il commençait à grelotter.

Demeurer vigilant.

Il se mordit la lèvre pour essayer de rester concentré. Fixer sur ce simple objectif, il s'épargnait ainsi toute l'offensive qui s'amassait à la muraille mentale qu'il avait dressé pour éviter de craquer. Avec la fatigue qui le dévorait de plus en plus...

Demeurer vigilant !

Bordel, il sentait ses paupières se fermer. Il lutta en se secouant un peu le corps et la tête. Il ne devait pas s'endormir…  

Demeurer... Vigilant !

Depuis combien de temps n'avait-il pas dormi ? Avec tout ce qui s'était passé. Non, il ne devait plus y penser. Il devait

Demeurer vigilant !
Demeurer vigilant…  
Demeurer… vigi... Il n'arriva plus à lutter contre lui-même et ses paupières se fermaient, déjà emporté par le sommeil que son corps réclamait ardemment. Et ce dernier remporta la victoire.

La torpeur était si profonde, si abyssale que le Lieutenant ne percevait plus rien de son propre environnement.  Épuisement  physique profond, mental ébranlé, froid glaçant… Le corps réagissait pour se protéger, ignorant totalement les dangers inhérents qui étaient à proximité. Il avait relégué l'esprit derrière ses murs... il n'aurait pas dû.

Quand un cauchemar envahit votre cerveau, le seul moyen d'en réchapper est de se réveiller brutalement, pour quitter le monde de ces songes horribles et retrouver la réalité, tout couvert de sueur et le cœur battant la chamade. D'ordinaire, c'est ce qui se passe... Pour Artane, enveloppé dans les ténèbres d'une sorte de léthargie, le cauchemar, en fait, était réel. Très réel. Douloureusement réel.

Des profondeurs sans fond de son sommeil, il y eut un flash intense, éblouissant, accompagné d'une soudaine douleur, qui se propagea jusque dans les mâchoires. Une saveur ferrugineuse agressa brutalement les sens. D'un coup, arraché au sommeil  suave, Artane ouvrit subitement les yeux. Le premier réflexe fut de chercher à fuir, à reculer le plus loin possible de la vision cauchemardesque qui se tenait à une dizaine de centimètres de son visage

VARSAW !

Il n'eut pas le temps de se saisir de sa dague que le Teïderien lui planta une courte lame dans son épaule droite. Une explosion de souffrance irradia à partir de la source de la blessure, envahissant autant le bras que le haut du torse ; une douleur brûlante, intense, qui dépassait largement ce qui était plus commun à une perforation classique des chairs par le fil tranchant d'une arme blanche. Il ne put contenir cette torture soudaine et insupportable. Il aurait pu hurler, mais son adversaire le poussa pour le précipiter dans le vide.

Juste deux mètres de chute… On croit que ce n'est rien, mais quand on cherche vainement à se raccrocher instinctivement à quelque chose, tout en subissant un véritable supplice du couteau de couteau reçu dans les chairs, on n'a pas le temps de vraiment se préparer au choc avec la surface de l'eau.

Sa surface avait paru plus solide, plus dure, quand il fendit la surface, avant de sentir le fond vaseux. Une nouvelle onde de douleur traversa sa colonne, mais elle ne dura pas. Un flot conséquent d'adrénaline giclait dans tout son organisme, à chaque battant cardiaque. D'avoir vu Varsaw, ce fils de chien en face de lui, avait ravivé la flamme de la hargne qu'il avait ressenti à l'égard de Kela, quand ce dernier avait profané le corps d'Hestel. Varsaw, ce salop... VARSAW, ce fils de bâtard ! les souvenirs récents envahirent son esprit, non pour l'accabler, mais pour alimenter sa rage.

Malgré son bras droit paralysé par la souffrance qui l'étreignait, provoquant même un gémissement à chacun de ses mouvements, il sut se remettre debout, dégoulinant de flotte. Sa tête s'était levée vers cette saloperie vivante de Sénéchal.

Leurs regards se croisèrent. Et à ses mots, Artane grimaça. La pitié... Le Teïderien employait ce mot en l'avilissant !

Varsaw sauta de la racine, pour tomber sur Artane. Le Lieutenant n'eut guère le temps de s'écarter, se faisant emporter par la vile masse  qui lui tomba dessus, se trouvant sous l'eau. Il réussit, il ne sait comment, à se remettre debout, non sans lâcher un geignement à cause de la douleur qui lui labourait le bras. Bon sang, en plus d'avoir une blessure profonde, il l'avait enduite avec une saloperie de substance ou un autre truc, pour bien rajouter de la souffrance. Le poing de son bras gauche, heureusement valide, se serra et entreprit de reculer...   Oh bordel ! Il s'écarta juste à temps pour esquiver un sale coup du Sénéchal, qui ne perdit pas de temps pour enchaîner une nouvelle attaque.

Artane joua de son agilité, non sans lâcher un gémissement. L'adrénaline fouettait dans son organisme, alimenté le feu de la hargne. Cela repoussait temporairement la fatigue cumulée de ces derniers jours, mais comment il n'avait pas l'intention de se faire prendre... Malgré sa dernière carte mise en jeu, bien qu'espérant le frapper d'un coup de poing dans les côtes de son poing gauche, il ne put esquiver un coup frappant à son épaule droite. Le coup vrilla  dans tout son corps.

''Ahhhhh ! ''

Manquant de tomber dans l'eau, il tendit soudainement sa main gauche, paume ouverte vers son adversaire, pour le repousser avec une boule d'air, avant de se jeter sur lui, pour espérer profiter du mètre d'eau pour le maintenant sous l'eau et lui faire avaler une bonne dose de vase.


Il le chopa au cou, le forçant de toutes ses forces de le maintenir sous l'eau avec son bras gauche, reculant vivement en arrière pour l'empêcher de trouver des appuis sur le fond vaseux. Varsaw était malheureusement en forme lui, contrairement à l'Estien ; et surtout plus fort. Il sut ruer avec puissance. Artane fut emporté dans le mouvement brutal, se retrouvant à son tour dans l'eau. Mais que cela ne tienne ! S'il arrivait à le tenir avec lui dans la flotte.... Le Teïderien sut inverser la situation, au grand d'âme d'Artane 

Varsaw le tenait fermement, l'empêchant de refaire surface. Il se débattit de toutes ses forces, essayant de trouver une prise avec ses bottes pour se redresser et briser la fragile frontière entre l'air et l'eau. Bordel ! Allez ! Et il ne put retenir le peu de souffle qu'il avait pu emmagasiner dans ses poumons quand sa blessure à l'épaule l'élança brutalement, lâchant sa très faible réserve en un court chapelet de bulles. Il se débattit plus fortement encore, sentant la suffocation lui brûler les poumons. Et s'il cessait de se battre, s'ils inspirait une bonne goulée de flotte ? Il n'aurait plus à se battre....Cette sordide idée était la conséquence de tout ce qu'il avait eu à vivre depuis qu'il avait posé un pied dans ces marais plusieurs jours auparavant. Il lutta subitement moins fortement. Non ! Il n'était pas un lâche, il n'allait périr sans se battre.

Sa main gauche chercha fébrilement quelque chose... Vite ! La dague... il avait oublié qu'il avait la dague !

Ses doigts sentirent le manche de sa dague. Sans attendre, sa main l'étreignit et il frappa. Il sentit une vague résistance, mais il avait planté quelque chose chez ce fils de pute de masqué ! Libéré de son emprise, Artane cala ses bottes dans le fond et se redressa. À l'air libre, il inspira bruyamment, pour inspirer l'air salvateur. Et sans attendre, comme pour repousser l'inéluctable, il appela sa magie, usant de son seul bras valide. D'abord une bourrasque se leva, puissante et intense. Il ne laissa pas le temps au Teïderien de totalement se relever qu'il enchaîna avec une lame de vent. Qu'il crève ce fils de chien ! Qu'il sente la mort l'emporter comme elle venait à lui !

Il avait reculé, se butant le dos contre des racines d'un palétuvier qui lui offrit un soutien secourable, quand l'Estien sentit ses jambes fauchées par l'épuisement provoqué par sa perte de sang. Le coup de couteau reçu à l'épaule avait dû péter plusieurs vaisseaux importants. Ses yeux étaient braqués sur Varsaw.

''Fils de salopard... tu vas le sentir passer ! ''

Qu'il crève, Qu'il crève pour tout ce qu'il avait fait ! Il serra le poing, espérant le voir crever, appelant une dernière fois sa magie. L'objectif ? Quitte à mourir, autant le faire une ultime fois et bravement. Il employa ses ultimes ressources pour outrepasser ses propres capacités magiques. Il imagina Varsaw incapable de respirer l'air à l'intérieur de sa gorge, devenu trop léger pour que ses poumons puissent inspirer... Il avait tué ses hommes, Valérian et Hestel ! Qu'il crève à son tour !

Il sentit la magie s'activer... mais s'étioler assez rapidement, car drainant ses dernières réserves. Il se sentit vide... à bout de force... La tête lui tourna, chaque battement de son cœur devenait laborieux. Un voile noir s'amplifiait à chacun d'eux devant ses yeux. La mort venait doucement le chercher. Il eut un étrange rire dans sa gorge... Au moins, n'aurait-il pas fui.

''Tu sais quoi, sale masqué de merde...va te faire foutre !!''

Et il sombra dans les ténèbres.
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MessageSujet: Re: Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw] Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw] EmptyJeu 23 Fév - 20:03
08:02 - 30 Maïa de l'An 1999

Ses pieds s’abattirent sur les épaules et le torse de l’estien alors qu’il lui tomba dessus. Varsaw se réceptionna dans l’eau et tituba, reprenant son équilibre au même moment où son adversaire disparaissait sous son poids. Ce désarçonnement momentané permit à son adversaire de remonter à la surface et à se remettre debout, mais ce ne serait pas pour longtemps! Immédiatement après que le Sénéchal ait retrouvé ses appuis dans la vase boueuse il tenta de décocher un crochet qui arriva un peu court devant le visage du Lieutenant, l’estien l’esquiva en se penchant en arrière. Force était de constater que le sale rat était bien agile pour quelqu’un qui n’avait l’usage que d’un seul de ses bras, la blessure que lui avait infligé Varsaw n’était pas qu’une simple éraflure et pourtant le soldat continuait de se battre avec toute la fougue de désillusion dont faisaient preuve les petits misérables de l’Est.

Mihkaï était économe en attaque, pourtant il ne se ménageait pas, en réalité il savourait tout simplement l’instant, la confrontation était purement un plaisir pour lui, un défouloir en quelque sorte pour faire payer au responsable les ennuis qu’il avait géré ces derniers jours. Cependant, lorsque son ennemi décida de passer lui-même à l’offensive, Varsaw n’eut aucune pitié. Une tentative ridicule de direct du gauche, trop lente, trop imprécise, le geste si peu assuré. Pitoyable. Pathétique. D’une simple torsion du torse Varsaw s’orienta de biais et laissa le coup de poing le frôler et profita de l’élan de la rotation pour asséner un puissant coup de garde dans les côtes de son adversaire, l’envoyant trébucher vers l’arrière. Tandis que ce fils de pute battait des ailes comme un poulet pour garder son équilibre, il tenta une contre-attaque et envoya une boule d’air sur Varsaw pour créer un effet de surprise, le Sénéchal ne s’était pas attendu à cela et se prit la boule de plein fouet, tombant à la renverse et plongeant sous l’eau alors que le bras valide de l’Estien vint le maintenir sous la flotte. Le corps à corps, la lutte. C’était le coeur de la technique de Mihkaï. Il vouait une forme d’adoration à cette ars pour diverses raisons, entre l’emphase que le mano à mano mettait sur l’entretien du corps, la transcendance qu’il ressentait en terrassant un adversaire à un mains nues et le technique si profondément complexe et diverse nécessaire pour pouvoir se battre de manière effective avec pour seule aide ses bras et ses jambes… Ha! Il adorait ces ballets macabres qui se soldaient souvent par la mort de l’une des deux danseuses étoiles, alors forcément quand un adversaire tentait de lui faire face en usant de sa propre méthode de combat, Varsaw était exigeant. On ne lui faisait pas l’affront de prétendre le vaincre à main nue sans au moins avoir une chance d’y parvenir, or là le Lieutenant ne faisait rien de cela, si ce n’était lui faire perdre son temps dans un baroud d’honneur médiocre et futile. Qu’est-ce qu’il croyait exactement? Qu’avec un bras il arriverait à le maintenir sous l’eau sans même user de ses jambes? Quel crétin naïf! Qu’en forçant le Teïderrien à reculer tout en le noyant il l’empêcherai de prendre appui et ainsi de répliquer? Ignorant. Varsaw ne voyait aucune forme de réflexion, aucune intention cohérente se dégager des gestes du lutteur qui tentait de le faire couler, il allait lui montrer comment on faisait, une petite démonstration s’imposait grandement. Attrapant donc le poignet du bras gauche de l’homme et cherchant de l’autre main son corps qu’il trouva au niveau de l’abdomen, Varsaw se laissa enfoncer dans la flotte et souleva le tronc de l’estien tout en tirant le bras vers le bas, profitant de l’inertie du Lieutenant pour le faire décoller et atterrir dans l’eau. Il frappa ensuite des deux jambes à pieds joints tout en tortillant ses lombaires et il se retrouva à crever la surface alors que le rat lui, buvait la tasse en dessous de lui. Varsaw respira une bonne bouffée d’air et resserra sa prise autour de la gorge du merdeux tout en calant le corps de celui ci entre ses jambes, afiin qu’il ne puisse pas effectuer de mouvement de rotation sous l’eau.

Pendant une petite dizaine de secondes qui parurent durer une éternité, Mihkaï était là, debout sur la rive du Lac, de l’eau jusqu’au bas ventre, les deux mains plongées sous la ligne d’eau à broyer le cou de ce qui apparaissait comme un reflet trouble à la surface. Il pouvait sentir le corps de sa proie être parcourue de spasmes entre ses jambes, tremblant violemment du manque d’oxygène, trois petites bulles remontèrent cruellement de la bouche de sa victime, emportant avec elle les derniers espoirs de l’Eïlynsterien tandis qu’elle faisaient leurs ascension vers l’air libre. La première perça la surface d’un plop, Varsaw pouvait distinguer les cheveux du Lieutenant flotter autour de son visage, ses mouvements devenaient plus faible… La deuxième bulle s’épanouit sans éclater, flottant quelques instants avant que la troisième ne vienne la pousser un peu plus en dehors de l’eau et la faire exploser. Plop. La dernière petite bulle…

”AAAAAH! AAAAAAAAGGNNNNNNHHH”

Une violente douleur prit Varsaw à la cuisse, sa jambe céda et il posa un genou à terre dans l’eau tout en lâchant un cri de douleur. Au dessus de lui, l’air ambiant s’emballait, l’estien devait sans doute avoir recours à sa magie mais le Teïderien avait encore la tête sous l’eau, l’esprit obnubilé par le trou béant qui se trouvait maintenant dans sa cuisse gauche. Ce petit fils de pute! Bordel de merde! Il l’avait planté et le Sénéchal saignait abondamment, non… attends, si? Merde, putain de merde, difficile d’évaluer la gravité de la blessure dans l’eau, tout ce qu’il voyait c’était le nuage d’encre rouge qui se dilluait comme une volute de fumée dans la flotte trouble alors qu’il ouvrait grand les yeux pour y voir quelque chose. La surprise initiale commençait à passer, et la douleur de Varsaw devenait peu à peu gérable, comme cette vieille amie habituelle qu’il connaissait bien, il tapota sa cuisse de sa main pour vérifier qu’il pouvait encore marcher, sans mettre tout son poids dessus ce serait certainement faisable. Il commençait à en avoir ras le cul d’être le boiteux de service par ici, il allait sécher cette saloperie d’Estien une bonne fois pour toute, pas de quartier, que des morts ou des prisonniers. En s’aidant de sa jambe droite Varsaw réapparu en faisant tomber quelques gerbes d’eau dans son élan, il chercha du regard sa proie, ce sale rat de pacotille, et il le trouva. Il était avachi contre un palétuvier un peu plus loin à six ou sept mètres.

”Toiiii.”
Tu es finis toi…

Varsaw commença à avancer vers le soldat, lentement à cause de sa jambe et de la résistance aqueuse, demi-mètre par demi-mètre. Pas à pas, il se rapprochait. Il regardait fixement le Lieutenant, la rage bouillonnait dans son regard, son masque d’acier reluisant occultait sa furie mais la totalité de son langage corporel traduisait son envie de meurtre, il inversa sa prise sur le couteau pour le saisir comme un poignard et les poings serrés, la marche déterminée, il alla chercher sa victime épuisée pour mettre fin à ce chapitre.

”Fils de salopard… tu vas le sentir passer !” Il avait encore de la verve pour parler, plus pour longtemps.

”Toi et quelle armée? Bâtard de merde.” Un pas de plus.

Il vit l’estien fermer le poing en sa direction, et d’un coup, Varsaw ne put plus respirer, il eut une fraction de seconde de panique, se disant qu’il allait peut-être mordre la poussière sur ça, mais il se ressaisit tout de suite. Ha! Il ne s’agissait de rien de plus qu’un dernier soubresaut de veine vaillance. Il pouvait tenir une bonne vingtaine de secondes en apnée, ce n’était pas ça qui allait l’arrêter, il n’y avait que quelques mètres de plus qui le séparaient de lui, il pourrait juste l’égorger comme le goret qu’il était et mettre fin à ses tours de saltimbanques.
Un pas de plus.
Il se sentait un peu faible à cause du filet de sang qui n’arrêtait pas de teinter son uniforme trempé, dessinant une tâche d’hémoglobine exagérée sur son pantalon alors que la blessure n’était certainement pas si grave que ça.
Un pas de plus.
Sa vision était braquée sur l’homme mourant qui tremblait de plus en plus alors qu’il ne l’avait même pas encore atteint. Le monde autour d’eux aurait pu être consumé par les flammes qu’il n’en aurait rien eu à foutre, il n’avait là maintenant qu’un seul but, un seul objectif qui comptait à ses yeux.
Un.
Pas.
DE
PLUS!
Il vit l’estien murmurer quelque chose mais sa voix trop basse ne porta pas clairement jusqu’à ses oreilles, sa tête dodelinait, son poing vacillait, il le vit finalement s’affaler inconscient sur le palétuvier avant même que l’air ne s’engouffra librement dans ses poumons. D’un seul coup, la progression de Varsaw n’eut plus rien pour l’entraver, et il arriva jusqu’à l’homme qu’il avait le plus désiré voir mourir de cette dernière semaine.

”raaaAAAAAAAHHHHHH”

De rage et de frustration, Varsaw envoya son poing dans la joue d’un Eïlynsterien inconscient, le faisant rouler contre le tronc du petit arbre d’eau pour tomber dans la flotte comme un sac de pomme de terre. S’il ne le relevait pas très vite, il se noierait.

”MMHHNon, non pas comme ça non non non. Trop facile. Beaucoup, trop, facile.” Varsaw disait cela en se baissant pour chopper le bras gauche de l’homme inerte et le faire passer par dessus sa nuque, peinant à se redresser tandis que sa jambe blessée accusait maintenant le coup d’un corps de plus à porter.

Le Sénéchal serra les dents et tituba jusqu’à la rive, une fois sur la terre plus ou moins ferme, il lâcha sans cérémonie ce fils de pute pour qu’il s’écrase au sol face contre boue. L’officier leva la tête, contemplant le soleil qui s’élevait dans sa course céleste. Aujourd’hui, aujourd’hui c’était la première bonne journée qu’il passait dans la région de Krùsevàtz.

***

06:30 - 3 Junon de l'An 1999

”J’ai dit tu dégages soldat, ta réponse c’est oui, pas ‘pourquoi?’, est-ce que je parle Teïderien ou pas?” Varsaw se tâtait à l’envoyer ce faire fouetter le petit con de mage qui osait lui demander de faire demi-tour.

Deux jours de convalescence pour leur prisonnier, et deux jours de réorganisation pour Varsaw, Slawomir et Kela. Deux jours de paix, enfin. Deux jours où tout était carré, où tout roulait sans accrocs comme le Sénéchal le voulait. Là Mihkaï venait enfin rendre visite à son trophée de chasse et ce débile de Murlu le regardait avec ses deux yeux de merlan frit, ça se ressemblait un peu d’ailleurs Murlu et merlan, y’avait peut-être un lien de causalité en fait, à explorer. Le type avait dit à l’officier que son patient pourrait bien utiliser quelques jours de calme et de repos de plus, à la place de l’envoyer se faire fouetter une fois par chaque garde du QG, Mihkaï avait choisi de balayer ça de côté et se concentrer sur le moment présent, profiter de sa prise. Il entra dans la tente de soin, il y avait une odeur à réveiller un mort là dedans, le matériel de guérisseur sur le bureau dégageait une fragrance étouffante de plantes humides et mâchées qui envahissait tout l’espace, c’était presque déjà une torture en soi. Il tapota la joue du Lieutenant enchaîné à un lit d’hôpital militaire et devant la lenteur de sa réactivité il le gifla, l’adrénaline le ferait peut-être se réveiller un peu plus vite.

”Debout debout, petit rat d’égoût.” Varsaw tira une chaise en la faisant trainer par terre pour en obtenir le bruit le plus agaçant possible, il s’asseya dessus à l’envers, dossier en face de lui. ”Tu ne sais rien, tu ne vois rien. Tu n’es au courant de rien. Tu es aveugle, comme tout les autres de ta petite tribue de débiles candides retraités derrière votre Mur qui vous coupe du monde. Toi et tes petits camarades vous êtes tous si fiers de ce que vous avez, de l’illusion que vous avez réussi à créer et à entretenir depuis je ne sais combien d’années, et lorsque votre Dieu lui même en personne descend sur terre, vous apportant ne serait-ce que la preuve de son existence et de sa supériorité, vous n’êtes mêmes pas foutu de l’admettre.” Il hocha la tête de manière déçue. ”Eïlynster aurait pu être le plus grand allié de Teïder, et pourtant vous avez choisi d’abandonner votre humanité, de la teinter de vice, de la mêler aux races impures, de faire fi de tout et même de logique. Triste. Je n’ai aucun respect pour vous, je n’ai pas de pitié non plus, juste une once de déception, un goût amer devant ce gâchis de m’imaginer ce que vous auriez pu être si vous n’étiez pas tellement méprisables. T-t-t-t-t-t. Toi tu as de la hargne, je le reconnais, il est rare de trouver encore une bonne qualité parmis votre peuple mais je te l’accorde. Tu es une mascarade de leader, tu ne peux sauver ni toi ni personne, et tu ne sais pas te battre pour sauver ta propre peau. Mais tu as une fougue comme il est rare d’en trouver parmis les coeurs des hommes. Donne moi ton nom Lieutenant, je m’en souviendrai bien après que tu croupisses dans les mains des Inquisiteurs. Ton nom?”
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MessageSujet: Re: Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw] Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw] EmptyVen 24 Fév - 13:42
22 h 45 - 30 Maia de l'An 1999

Épuisé presque à l'extrême, physiquement comme psychologiquement, il n'était plus rien, juste un vague songe qui se perdait lentement dans le néant.  Il avait sombré dans une profonde inconscience, ne captant plus aucun stimuli du monde extérieur. Il n'était plus qu'une vacillante lueur d'une chandelle dans les ténèbres, luttant pour les repousser et ne pas se faire envahir par elles. On pourrait penser qu'elle s'éteindrait sous peu. Pourtant, elle émettait encore un peu de chaleur, montrant qu'elle était en vie et loin de cesser d'exister. Elle décroissait par moment, sur son bout torsadé de mèche, cette seule et unique ligne de vie. Elle perdait en taille et en combativité, mais elle sut faire preuve d'un petit sursaut de vaillance, pour redonner plus de lumière dorée et chaleureuse face à l'obscurité environnante. 

Cela piqua le fond de la rétine de l'humain convalescent. C'était la première chose qu'il avait pu apercevoir en ouvrant les paupières. D'abord, il était entouré qu'un voile de noirceur avant que ses yeux ne captent dans un flou lointain cette étincelle brillante. Maintenant, il la regardait, dansant au bout de sa mèche, ce simulacre de vie qui n'était là que pour bassement éclairer l'intérieur d'une tente... Il voulut tendre sa main gauche, pour la toucher, pour voir si elle était réelle. Ses doigts s'approchaient de la source lumineuse, avant qu'une entrave froide et solide lui empêche de l'atteindre, tout en émettant un cliquetis métallique bien connu à ses oreilles. 

*Des chaînes...*

Comment ?  Pourquoi ? Quelques brides de souvenirs réussirent à percer le voile d'épuisement qui l'abrutissait. Son cœur s'affola d'un coup, comprenant brutalement qu'il n'était pas mort. Il était encore en vie et… prisonnier ! 

*Non, ce n'est pas possible ! *

Il était en plein cauchemar ! Cela ne pouvait être que cela. Il s'était endormi sur sa branche, dans les marais, cela ne pouvait être que cela ! Il ne pouvait pas être prisonnier ! Il devait se réveiller. 

Il essaya de se redresser, bandant les muscles pour échapper aux liens métalliques. Dans sa tentative, un épanchement de douleur à son épaule droite lui raviva un épisode brutal.  Il écarquilla les yeux. Il revoyait Varsaw, en face de lui, lui planta son poignard dans les chairs de son articulation. Il voulut crier. Au lieu de cela, il tomba dans les abîmes...


06h35 - 3 Junon de l'An 1999

Et cette chute parut durer une éternité. Les entraves de l'inconscience l'empêchaient de réfléchir. Il avait la sensation d'être enlisé dans de la fange. Essayant de s'en dépêtrer, il sentit d'abord de forts effluves de végétaux. Sa chute ténébreuse ralentit, quelque chose cherchait à le tirer de là. Puis, brutalement, un choc percutant fit jaillir la lumière. 

Il grimaça, se redressa soudainement, croyant qu'il n'était qu'assoupi sur la branche. Et quand la première chose que capta sa vision sur le masque de Varsaw, ce fut comme un déclic, tout en ayant un recul soudain, comme cherchant à fuir. 
Ce n'était pas un rêve... 
Il ne s'était pas endormi sur son perchoir. 
Le coup de poignard à l'épaule avait été réelle. 
Il avait des chaînes. 
Il n'était pas mort… Il était prisonnier ! 
Devant son ennemi, il eut le souffle coupé, les yeux écarquillés face à cette vérité qu'il n'avait cru être qu'un cauchemar. Et d'un coup, tout lui revint en tête, comme une puissance déferlante se fracassant sur une grande et large falaise fragilisée par l'incertitude, la fatigue et le désespoir. Il crut défaillir, son visage devenant livide à ce qui l'attendait désormais. 

Prisonnier... Capturé par Varsaw ! Dans les mains de ces sales chiens de Teïderiens. L'effroi prenait doucement place. Bordel ! la mort aurait été préférable à ce qui le guettait. Pendant ce temps, le Teïderien masqué revenait vers lui, faisait exprès de laisser traîner la chaise qu'il avait été chercher. Artane ne put contrôler les tremblements qui envahirent tout son corps. Se rajouta à cela l'amplification de la respiration. Diantre, qu'est-ce qui lui arrivait ? Et il sut. 

La peur. 

Ce n'était pas la peur instinctive qui vous pousse à être plus prudent, où à réagir pour trouver une solution... Non, celle-là, elle est plus effrayante, pour froide, celle qui vous affole le cœur et l'esprit, celle qui vous dévore de l'intérieur et vous fige. 

La véritable peur. 

Celle qui vous brise la volonté et écrase le courage. 
L'angoisse qui vous étreint, qui vous accule. 

Et Varsaw parla. Chacune de ses phrases étaient comme une lourde charrue qui cherchait à labourer ses dernières convictions. Artane demeurait silencieux, toujours tremblant, déglutissant par moment. Ses poings se serrèrent quand le Teïderien aborda des faits qui se montraient si vrai au vu de la fracture psychologique qui s'était agrandi en lui ses derniers jours. S'il avait été un réel chef de patrouille,  Hestel, Valerian.... Tout le monde serait demeuré en vue et ils seraient derrière le Mur. Maintenant, par ses manquements, il sera incapable de résister à l'Inquisition. Combien d'Eïlynstériens périront à cause de lui ? Et l'autre enflure de masqué qui faisait semblant de complimenter sa hardiesse, tout en l'écrasant par ses sales mots... et quoi ? Il voulait son nom à présent ?

Cette question le bouleversa. Derrière le Mur, son nom ne sera celui d'un simple Lieutenant disparu en mission avec sa patrouille et qui s'oubliera dans la poussière des archives. Ici, dans cette partie du monde, puante et misérable, ce sera un sale chien qui s'en souviendra, parce qu'il aura été difficile à choper, semant la pagaille... Il tressaillit de dégoût avant de tourner la tête, pour essayer d'échapper au regard qui luisait derrière son foutu masque, symbole de ce que l'avenir lui réservait déjà. Ses yeux se figèrent sur la chandelle qui était éteinte. Avait-il rêvé de sa flamme ? Il ne restait plus qu'un trognon de ce qu'elle avait deux nuits auparavant, bonne à être jetée... elle n'était plus utile à rien.

Artane regardait ce reste lamentable, qui ne pourra plus servir. Pourtant, ce reste de cire ne sera pas perdue. On le fera fondre avec d'autres restes, pour reformer une nouvelle chandelle. Celle-ci délivrera une nouvelle flamme, pour briller dans l'obscurité ; cette flamme flageolante qui tenait encore et toujours. Ses mâchoires se crispèrent et il jeta son regard vers Varsaw.

''Tu veux mon nom, c'est ça ? ''

Il déglutit. Oh et puis merde… Il lâcha un petit rire nerveux.

''Non, mais t'entends-tu ? T'espère quoi avec ta morale ? J'ai déjà entendu ton discours à la taverne... ''

Il voulait son nom ? Il l'aura !

''Je sais que tu en as chié pour me choper, j'ai vu ta réaction quand le barrage s'est rompu. Tes propres hommes sont au courant que tu as promu un soldat au grade de sergent, alors que tu avais un Eïlynstérien sous ton nez. Tellement aveuglé de tes propres certitudes... T'as mis réellement combien de temps pour me capturer, Varsaw ? Hein ? Combien de temps ?  ''

Il ne put retenir un autre rire, un peu plus pris de folie celui-là. Diantre, il délirait lui-même. Peut-être qu'il réussira à pousser Varsaw dans ses retranchements, à le pousser à bout pour qu'il le tue. Ça réglerait tant de choses et préservera ses Frères du Mur.

''Ton petit roiletet est déjà au courant de ton échec pour la mine ? Ça doit jaser aussi, ça, dans les rangs de tes subalternes. Tu veux mon nom, Varsaw ? Parce que ce sera tout ce que tu auras de ma bouche ! C'est tout ce que tes connards d'inquisiteurs auront... ''

Il ne put s'empêcher de déglutir à nouveau, sa bouche était devenue sèche.

''Tu le connais déjà : le petit rat ! Tu sais, cette vermine qu'on croit éradiquée et pourtant, il y a toujours un qui traîne et qui fout la merde... Tu connais déjà mon nom, Varsaw, tu m'as nommé toi-même. Contente-toi de ça ! ''

Puis, il se pencha en avant, tirant vainement sur ses chaînes.

''Comment t'as pris la nouvelle de l'incendie de Krùsevàtz d'ailleurs ? Tu sais, le patelin qui était sous la garde de ton pote Slawonir. J'aurais bien voulu sa mine déconfite quand le brasier prenait une bonne partie des baraques... ''

Comme s'attendant à un sale coup de la part de Varsaw, il recula dans son lit. En même temps, il tendit sa main droite, limité par la chaîne, paume ouverte, pour invoquer une boule d'air. Cet enfoiré de masque prétendait reconnaître une fougue rare en lui ? Mensonge ! Et là, il sera servi !

''Montre que tu n'as pas de pitié, enfoiré ! Termine ce que tu avais commencé ! ''Cracha l'Estien, tout en se débattant vivement pour essayer de faire péter les chaînes qui le retenaient. C'était vain, inutile, sa raison le savait, mais elle était refoulée dans un recoin éloigné dans l'esprit d'Artane, effrayée du cyclone émotionnelle, totalement anarchique, qui tourbillonnait là-dedans.
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MessageSujet: Re: Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw] Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw] EmptyVen 24 Fév - 15:46
””
06:36 - 3 Junon de l'An 1999

Il avait posé une question simple, mais si celle ci recevait une réponse simple Varsaw en aurait presque été déçu. Lui qui venait tout juste d’adresser un demi compliment à son adversaire sur sa volonté, une phrase teintée d’une ironie sanglante puisque le Lieutenant s’était fait capturé pour avoir été emporté par ses émotions, il s’attendait donc à ce que le condamné lui fasse une énième démonstration de sa ténacité. Varsaw trouvait une réelle fascination à les regarder, ces hommes acculés qui avaient déjà tout perdu, la plupart des prisonniers étaient en général tétanisés par le désespoir mais ceux qui avaient encore la verve de se battre, ceux qui ne pouvaient rester de marbre même si le monde entier se liguait contre eux, ils étaient une bizarrerie de laquelle Varsaw se plaisait à tourmenter. Chacun était unique, ils se brisaient tous à un moment différent, ils craquaient tous tôt ou tard mais jamais au même endroit. Tandis qu’il avait exposé son propos, le Lieutenant était resté silencieux tout du long mais son visage n’en était pas pour autant inexpressif, il lisait le tourbillon de pensées incohérentes qui l’habitait, il pouvait voir la pression qui se construisait à l’intérieur de l’esprit de l’Estien. Il avait déjà entaillé une petite fissure dans le Mur psychique de sa proie, celle ci continuait de faire son bout de chemin apparemment. Le Sénéchal était maintenant silencieux, attendant la réponse du rat.

Le soldat était rivé sur son lit, mais il esquivait le regard du Teïderien, visiblement il ne savait pas exactement quoi penser et ses yeux ne parvenaient pas à se fixer sur un point particulier, les traits de sa bouche, de ses joues se crispaient sporadiquement, il était assaillit par la folie ou la colère, deux états terriblement proches l’un de l’autre, mais qui comportaient une différence cruciale: la rationalité. Ce fil de rasoir qui séparait les esprits fracturés des hommes consumés par la haine était dangereusement fin, Varsaw observait religieusement son captif pour pouvoir relever le moindre indice qui lui montrerait de quel côté le Lieutenant finirait par pencher. Quand enfin l’Estien tourna la tête vers lui et lui fit face, il lui dit:

”Tu veux mon nom, c’est ça?”

Une pointe de haine tressaillait à la fin de sa phrase, Mihkaï pouvait sentir l’envie de son interlocuteur de se jeter sur lui, un début de sourire se dessina sur les lèvres du Teïderien mais il disparu bien vite lorsqu’il entendit le rire de démence que le soldat poussa. Il était simplement devenu fou, son attache à la réalité avait lâché apparemment, et il devenait irrationnel, quel déception, quel disgrâce. Varsaw ne prêtait presque plus attention aux élucubrations de la coquille d’homme enchaînée sur son lit de mort, il repensait simplement à tout le temps qu’il avait coulé pour choper ce ramassis de merde tout ça pour qu’il perde la raison au premier interrogatoire. Si le Sénéchal avait trouvé pathétique l’excuse de combat que le Lieutenant avait produit lors de leur affrontement d’homme à homme, il était même énervé par le spectacle de faiblesse auquel il assistait maintenant. Pitoyable, si seulement Varsaw pouvait même en avoir pitié. L’Eïlynsterien ammena le sujet de la mine sur la table, il mentionna l’incendie de Krùse également, l’officier en avait assez entendu de ce petit ménage minable, il se leva et très lentement, il se dirigea vers l’entrée de la tente médicale, laissant comprendre à son captif qu’il n’allait pas partir mais qu’il faisait juste quelque chose, Varsaw écarta doucement le pan de l’ouverture pour jeter un coup d’oeil dehors, Murlu attendait patiemment en discutant avec les gardes à quelques mètres de la sortie. Tout en écoutant le fils de pute délirer et continuer de pavaner ses piètres accomplissements, le Sénéchal ferma les pans de la tente en les liants ensemble avec une corde, il revint ensuite près du lit pour se rapprocher du Lieutenant qui continuait de vociférer dans sa folie.

”Montre que tu n’as pas de pitié, enfoiré! Termine ce que tu avais commencé!” Le type se mit même à générer un peu d’air dans sa main, est-ce qu’il savait même ce qu’il comptait faire avec ça? Ou avait-il complètement abandonné l’idée d’utiliser sa tête?

Tout doucement, sans geste brusque, Varsaw s’assit lentement sur le bord du lit du patient, comme s’il allait lui susurrer des mots réconfortant pendant sa convalescence. Il ne dit rien pendant quelques secondes, et lentement il pouvait voir la folie quitter le visage de sa proie pour être remplacée par la peur soudaine de ce qu’il s’apprêtait à faire. Chacun de ses gestes étaient la source d’un regard affolé, le Lieutenant était crispé, prit au piège. Vulnérable. Varsaw ne prononça pas un mot, il leva doucement son bras et posa une main sur l’épaule droite de l’Eïlynsterien, comme un ami sur le point de prodiguer des conseils, mais lorsque ses doigts allèrent chercher la plaie à peine fermée du soldat pour s’enfoncer dedans et raviver la douleur et le saignement, attaquant férocement les tissus encore si sensibles de sa chair, l’alité ne put s’empêcher de lâcher un cri de douleur sincère. Aussitôt, la boule d’air se dissipa et la puissante poigne du Sénéchal attrapa le bras de l’Estien et son bras gauche dégaina son couteau pour en poser la lame au creux de la paume du soldat, puis il enveloppa les doigts du merdeux avec les siens et referma le poing du Lieutenant autour de la lame. Saisissant le poing à deux mains en le forçant à tenir la lame fermement.

”De la pitié? Où est la pitié? Est-ce que tu l’as déjà vu de tes propres yeux? As-tu eu de la pitié quand tu as mené tout tes hommes à la mort? Hmm? Est-ce que tu as eu de la pitié pour eux quand vous auriez pu faire demi-tour et que vous avez choisi à la place de foncer tête baissée dans un régiment entier? Est-ce que tu as eu de la pitié quand tu as fait explosé le barrage de la mine et que tu as tué un de tes hommes? On a retrouvé son corps en déblayant les gravats hier, on l’a reconnu à l’uniforme parce que sa tête était une bouille de cervelle sous un rocher. Tu ne comprends pas que la pitié est alien de ce monde.”

Varsaw tenait encore le poing de l’Estien dans sa main, son masque d’acier faisait face au visage du blessé. D’un seul coup il retira la lame du poing du soldat, envoyant une giclée de gouttelettes de sang sur les draps et le sol. Les doigts de sa victime se déplièrent en l’absence de tendons pour les actionner, l’enchantement du couteau amplifiant la douleur. Varsaw essuya son couteau sur la housse du matelas militaire et le rangea dans son étui. Il se releva mais n’alla nul part, à la place il porta les mains à l’arrière de sa tête et défit l’attache de son masque, il le retira pour laisser le Lieutenant voir son expression. Les yeux de Varsaw n’exprimaient rien, ni haine, ni joie, ni satisfaction, ni contentement. Il n’y avait que la froideur, la douleur encaissée à maintes et maintes reprises tout au long de sa vie qui l’avait rendu insensible au désespoir, à l’abandon, à la panique, à la faiblesse. Ce visage ne connaissait pas l’amour, il ne connaissait pas la chaleur de l’atama, il était une machine qui se battait pour un idéal plus grand que sa propre condition humaine, pour une cause divine. Il se pencha lentement en avant jusqu’à arriver à l’oreille du Lieutenant, et il dit en Eïlynsterien:

”La pitié serait de te finir là maintenant.”

Son visage toujours aussi proche de celui de sa proie, il empoigna la main meurtrie de sa victime et força sur la plaie, puis usant à nouveau de la langue du Mur, il répéta lentement:

”Ton nom.”
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MessageSujet: Re: Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw] Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw] EmptyVen 24 Fév - 19:47



06 h36 - 3 Junon de l'An 1999

À voir Varsaw s'approcher de lui, il eut un effet qu'il ne put maîtriser. Cette peur qu'il ressentait désormais s'intensifia, plus encore quand le Teïderien prit place à côté de son prisonnier. Artane se crispa, ses yeux affolés suivant le moindre mouvement de son geôlier. Il était impossible de savoir ce que son geôlier lui réservait.
Son état d'esprit était telle une balance à l'équilibre incertain, oscillant dangereusement vers la folie et l'effondrement mental. Un fil ténu de rationalité était le dernier lien qui peinait à résister. Si celui venait à rompre...

Il était devenu la proie acculée, qui se perdait dans sa propre frayeur. Ses vaines provocations n'avaient pas contraint le prédateur à l'achever. Il lutta pour demeurer concentré pour lancer son sort.

Il tressaillit quand la main du masqué se posa sur son épaule droite. Cette douceur avait quelque chose de sordide. Et il eut raison de s'en inquiéter. Les doigts de Varsaw glissèrent vers une prise encore sensible, à peine refermée du coup de poignard reçu deux jours auparavant. Quand ils sentirent le centre exact de l'entaille, ils s'y engouffrèrent pour meurtrir les tissus nouvellement cicatrisés ; Certains se déchirèrent sous leur pression, tranchant net les frêles vaisseaux sanguins qui s'étaient régénérés. Une moiteur chaude se fit sentir. Artane avait beau serré les dents pour taire l'acte blessant, il finit par céder et l'exprimer d'abord dans un gémissement étouffé, avant de crier la douleur qui lui labourait l'intérieur de son épaule meurtrie. Sa magie à peine invoquée s'évanouit.

Haletant, ses yeux s'écarquillèrent à nouveau, mais cette fois, ce fut en apercevant le poignard. Celui-là même qui lui avait infligé la blessure réveillée avec grand soin par son enfoiré de propriétaire ! Le convalescent crut comprendre ce qu'il mijotait avec son arme blanche et essayer de s'y soustraire. Le Sénéchal avait une force supérieure à la sienne et sut le tenir. Et toujours avec force, il contraint sa prise à enserrer de ses doigts le fil tranchant de la lame. Elle était si aiguisée qu'Artane sentit sa peau se couper en surface à son contact. Une sueur froide coula le long de sa colonne vertébrale. Son rythme cardiaque s'emballa.

Puis, Varsaw reprit la parole, froidement et ciblant un autre point sensible qui meurtrissait intensément l'esprit de son prisonnier. Son discours sur la pitié se transforma en culpabilité pour l'Estien. Avait-il raison dans les faits ? Avait-il eu seulement de la pitié envers ses hommes ? Il les avait poussés à la mort et pourquoi ? Parce qu'il s'était mis en tête comme un putain de crétin d'accomplir une mission qui dépassait celle qui lui était attribué de base. Et pour quel résultat ? la perte de tous ses hommes. Il se crispa, se prostrant quelque peu face à la résurgence de tout ce qu'il avait provoqué. Ses hommes entourés par les forces en surnombre, la capture de Valerian… Sa putain d'idée de se farcir le barrage tout seul, qui avait poussé Hestel et Sorio à agir de leur propre chef. Au lieu de leur ordonner de retourner au Mur, il avait accepté d'accomplir avec eux ce désir viscérale de rendre la monnaie de leurs pièces à ces chiens... sans mesurer les conséquences.

Sorio avait péri. Il avait frémi à la nouvelle faite par ce foutu bâtard. Mais Sorio était mort à cause de lui. Par SA FAUTE ! Il avait assisté sans rien pouvoir faire à la capture d'Hestel, qui s'était montrée brave jusqu'au bout. Lui, il avait quoi ? RIEN ! Il n'avait rien fait pour chercher la sauver ! Et à cause de lui, elle avait subi la mort de son frère, avant d'être égorgée froidement par Varsaw… avec ce même poignard qu'il lui forçait à enserrer entre ses doigts.

De sa faute... DE SA FAUTE ! Il ferma brusquement ses paupières, espérant ne pas offrir sa détresse croissante au regard de son ennemi. Il se trahit lui-même, ne pouvant lutter contre toute cette affliction qui pesait de plus en plus sur son âme. Quelques larmes échappèrent à tout contrôle, s'écoulant lentement sur ses joues.

BORDEL ! A CAUSE DE LUI QUE TOUS SES HOMMES AVAIENT PERDU LA VIE ! POUR RIEN !!

Il voulut hurler, ignorant totalement Varsaw. Celui-ci, comme s'il avait parfaitement calculé son acte, retira brutalement son poignard des doigts du Lieutenant, qu'il enserrait fortement. Artane frémit violemment, d'abord par la sensation écœurante de la peau et de la chair nettes. S'ensuivit la rupture de quelques tendons, réagissant comme une corde claquant à cause d'une trop forte tension. Là, il hurla.

Une synchronisation parfaite, entre la rupture mentale et le tranchant du poignard. Le sang gicla. Son fluide incarnat imprégna la lame qui avait sans nul doute goûté au sang de Valerian et qui avait arraché la vie à Hestel... Le fardeau de la souffrance, qu'avait balancé Varsaw, après avoir occis ses deux sergents...

Il trembla. Il avait rouvert ses paupières, fixant que le vide. Il ne voyait pas Varsaw et son visage hideux, libéré de son masque. Il n'entendait que sa voix, qui employait l'Eïlynsterien. Elle était sordide et s'infiltrait en lui, lui réclamant son nom… Il n'avait que son nom à dire et peut-être tout se terminait. Oui, tout serait certainement fini. Le fil ténu de sa conscience, de sa rationalité se tendit… S'il donnait son nom... lui, il n'aurait plus à subir... Mais derrière, s'il donnait son nom, quelles conséquences pour les prochains du Mur qui accompliront leurs missions dans ces terres maudites ? L'épisode de la mine lui revint, le visage d'Hestel... son cœur se serra. Il revoyait son visage décomposé quand elle avait cru au mensonge du Sénéchal quant à la possibilité ''trahison'' de son frère. Son nom avait retenti dans les galeries souterraines. Et lui, s'il donnait son nom, qu'est-ce que ce salopard en ferait ? Ses frères et sœurs du Mur… s'il parlait, ils subiraient les conséquences de sa faiblesse. Un nom suffirait à les duper... et il provoquerait leur mort.

NON !

Que faire ?

Il ne put retenir un autre gémissement quand Varsaw comprima sa main meurtrie et inapte à réagir à sa volonté. Et il réitéra sa demande : il voulait son nom !

L'Estien redressa la tête, et plongea son regard encore embué de larmes dans ceux de son adversaire. Les yeux de ce dernier n'exprimaient aucune émotion... et juste le gouffre de la froideur et de l'absence totale d'émotions. Outrepassant le côté morbide de son visage marqué par les cicatrices et autre drame de son existence, Artane, luttant contre la souffrance qui étreignait fortement sa main droite, retroussa ses lèvres dans une grimace de mépris. Il n'y avait pas que la souffrance physique qui l'écrasait. Il y avait ses remords, le poids de ses manquements comme chef de patrouille... Mais pour ses Frères et Sœur du Mur, il ne devait pas communiquer son nom. Un futile élément qui pouvait engendrer de lourdes conséquences...

Son mur mental était fissuré, il pourrait céder... Il pouvait céder à tout instant. Mais pour empêcher de rajouter d'autres trépas, à cause de ses fautes, il devait lutter.

Lutter !
Tenir !
Se battre !
Pour le Mur !
Pour préserver la vie de ses camarades !

Et le tout en se tapant l'horreur d'un visage horrible à contempler.

''C'est vrai, t'as pas de pitié… ''

Il le fixa, avec une détermination renouvelée. Malgré la souffrance physique, malgré sa torture psychologique qui n'avait été que croissante, poussée par les paroles de ce salopard, son mur fracturé tenait encore bon

Pour le Mur !
Pour ne pas engendrer d'autres morts à cause de ses fautes !

Ses yeux s'emplirent à nouveau à cause des remords qu'il éprouvait pour la perte de ses hommes.

''Mais tu peux toujours courir pour avoir MON NOM ! Et causer eïlynterien, c'est bien, mais ton accent est vraiment à chier ! ''balancera-t-il en teiderien.

Il lui avait murmuré à l'oreille, il était proche. D'un coup, il lui décocha un coup de tête. Tant pis pour la souffrance que cela engendrerait. Tant pis pour les conséquences qui s'ensuivraient. Maintenant, il avait un nouvel objectif : se taire. Il ne devait rien dévoiler à cette sale engeance teïderienne ! Il avait failli pour ses hommes, ses amis, mais sa faute ne devait pas s'étendre à ses sœurs et frères d'arme.

Mais arrivera-t-il à le tenir ?
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MessageSujet: Re: Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw] Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw] EmptySam 25 Fév - 13:17
06:39 - 3 Junon de l'An 1999

Varsaw se saisit le visage à l’endroit où le coup de tête l’avait impacté, il n’y avait pas de sang, c’était déjà l’essentiel. Le derme de son faciès était plus fragile que partout ailleurs mais il avait tout de même un crâne solide là dessous, il était prompt à saigner plus facilement au visage ce qui était toujours un peu plus effrayant que ce que ça en avait réellement l’air. Après avoir vérifié deux fois qu’il n’aurait rien de plus qu’un léger hématome, il se déplaça derrière le lit de son captif et passa une main à travers les barreaux pour attraper ses cheveux, puis il tira violemment, claquant la tête de l’estien contre celle du lit et le plaquant ainsi contre le métal. Il se pencha vers l’avant pour le regarder dans les yeux et lui dit en langue de l’est:

”Débats autant que tu veux le rat. Tout ce que tu fais ne servira à rien. le Roi n’entendra jamais parler de toi. Tout à l’heure tu me parlais de la mine qui s’est cassée à cause de mauvaise maintenance des mineurs ou de l’incendie accident causé par une cigarette éteinte pas bien?” Il marqua une pause. ”Tu es celui qui joue à des jeux, on va jouer.”

Il lâcha la tête du Lieutenant et avant de repartir, il se planta devant le lit, attrapa l’estien par le col avec ses deux bras et le souleva un peu, puis ajouta:

”Mon accent dans ta langue de merde est autant à chier que tes coups de tête, laisse moi te montrer, on fait…” Il tendit son bras, creusant de l’espace entre lui et l’estien. ”comme… ÇA”

D’un mouvement complet du torse, il envoya tout son corps vers l’avant, utilisant à la fois son abdomen, sa nuque, ses épaules pour gagner de la vélocité, repliant son bras pour rapprocher la tête de l’Eïlynsterien et enfin, arquant sa tête pour présenter la partie dure de son front, il envoya un coup de tête dans le nez de sa victime et un craquement sinistre se fit entendre. Varsaw jeta le corps sur le lit comme un sac de pomme de terre, regardant le petit fils de pute se tortiller pour atteindre son propre visage avec ses mains liées tandis qu’il pissait le sang. Son front à lui était barré de rides et d’une cicatrice mais c’était l’une des rares parties de son visage à avoir échappé à la défiguration totale qu’il arborait ailleurs, sa peau y était plus résistante, il accueillait cependant lui aussi un peu de douleur mais le faisait avec une certaine gratitude, cette souffrance légère était la satisfaction d’un coup bien porté. Il laissa le pauvre minable végéter un peu dans son lit pour enfin sortir de la tente tout en remettant son masque en place. Murlu et la poignée de gardes en faction se tenaient là et se retournèrent à son arrivée, le silence tomba et tous attendaient que Varsaw prenne la parole.

”Vous, continuez à surveiller. Toi, tu vas avoir un peu de travail supplémentaire n’est-ce pas.”

Le Sénéchal avait les yeux qui parcouraient le campement, depuis qu’ils avaient levé une énorme partie des troupes pour les recentrer sur leurs missions originelles et qu’ils avaient cessé de mobiliser un périmètre entier de patrouilles, le QG avait l’air bien plus vivant qu’avant. Les soldats allaient et venaient, rentrant de mission ou s’apprêtant à en partir, il y avait tellement plus d’unités de réserves en action qui participaient à la vie du camp en entretenant leurs infrastructures et en continuant d’aménager un peu les champs sommaires qu’ils avaient établis derrière eux. C’était agréable de voir la vie militaire reprendre son cours comme elle était sensée le faire. Il fit au mage de terre avant de partir:

”Toi tu as du travail n’est-ce pas. Mais laisse le mariner un peu dans son hémoglobine d’abord, il doit retenir la leçon.”

Varsaw reparti et laissa les quatre gaillards s’affairer à leurs tâches. Il était plutôt content globalement de l’altercation, même si le Lieutenant avait semblé vriller pendant un cours moment du côté de la folie, il avait su le ramener vers la raison ne serait-ce que de manière momentanée. Tant qu’il restait parmis les hommes, il y avait encore quelques choses à en tirer, surtout que l’Inquisition le tannait pour avoir accès aux prisonniers mais il n’avait pas encore signifié la capture aux hautes instances. Il allait prendre son temps pour le préparer un petit peu, un prisonnier c’était comme une recette de cuisine à base de viande, laissez mijoter juste à point et ça se mange facilement, fondant sous la langue, croquant sous la dent. Il alla voir un petit groupe de soldats qui s’acharnaient dehors sur des arbres pour consolider les palissades, c’était une tâche nécessaire bien sûr néanmoins il n’y avait rien d’urgent, ils ne s’attendaient pas à une attaque quelconque de la part de l’Est en particulier après qu’ils aient perdu une escouade entière. Ces lâches n’étaient pas du style à agir mais plutôt à se planquer au moindre signe d’averse, alors ils pouvaient être tranquilles quelques temps.

”Venez voir vous autres, rangez votre matériel et suivez moi.”

Le Sénéchal les emmena à l’extérieur du camp, près de la sortie sud qui menait vers le quadrant contrôlé par le Commandeur Leszek. La route était déserte et il n’y avait presque pas de patrouilles qui arpentaient cette zone parce que la végétation s’y faisait beaucoup plus rare, facile de surveiller les deux prochains kilomètres tout en restant simplement au camps. Le silence de ce côté là était pesant, l’absence de végétation rendait l’endroit facile à surveiller et le tout était parfait pour ce que Mihkaï avait en tête. Il dessina un rectangle au sol en trainant le talon de son pieds dans la poussière, traçant un carré de trois mètres par trois, puis il se tourna vers les hommes qui l’accompagnaient et le regardaient perplexe pour leur expliquer leur nouvelle tâche.

”Vous me creusez un trou, je veux que les murs soient aussi lisses que possible et de préférence en dévers. Quatre ou cinq mètres de fond. Compris?”

À la vue des hochements de têtes il reparti satisfait, il n’y avait plus qu’à attendre un peu.

***

12:23 - 4 Junon de l'An 1999

Les pans de la tente médicale s’écartèrent une nouvelle fois, et Varsaw rentra ce coup ci accompagné de plusieurs gardes. Sans un mot ils arrivèrent de part et d’autre du prisonnier et ils se postèrent là en attendant les ordres du Sénéchal. Varsaw contemplait le visage tuméfié du malheureux et la plaie mal fermée sur sa paume de main inerte, l’estien semblait un peu agité depuis qu’ils étaient entré et regardait autour de lui en dévisageant les soldats avec méfiance. L’officier fit un pas vers le lit et sans prévenir envoya un fort uppercut dans le bas ventre du captif, le privant d’air sans ménagement, il enchaina tout de suite avec une solide gauche dans la tempe de l’Estien pour le sonner un peu sans l’assommer.

”Aller debout.”

Les gardes se baissèrent et commencèrent à déverrouiller les fers qui retenaient le prisonnier. Il le fouturent debout et le forcèrent à se tenir en équilibre malgré son état. Varsaw était impassible pendant toute la scène, il attendait patiemment que le bagnard soit sur pieds. Il ne ressentait même pas de dégoût pour son adversaire, seulement de l’apathie la plus totale, il n’était qu’une loque, un insecte de plus sur son sentier de la gloire, il ne valait pas sa haine, il ne valait pas qu’il s’emporte pour lui. Pas encore. Le Teïderien voulait le déposséder en premier de son bien le plus précieux, son identité, il allait briser ses défenses, lentement mais sûrement, en prenant autant de temps que ça prendrais quitte à  y passer des jours ou des semaines. Ensemble ils sortirent tous de la tente, traversant le campement de part en part sous la huée des soldats qu’ils croisaient, certains s’approchèrent pour cracher au visage ou aux pieds du captif mais Varsaw et les gardes continuèrent leur procession impassible. Tout les regards étaient virés sur eux, tous souhaitaient voir l’ennemi vaincu, paradé comme un trophé de chasse. Tous voulaient voir un Eïlynsterien souillé et vulnérable.

Ils sortirent à l’arrière du camp pour arriver devant la fosse que le Sénéchal avait fait creusé. Faisant quelques pas vers le bord il jeta un coup d’oeil vers le fond, faisant signe aux gardes qui le tenaient fermement de le faire approcher lui aussi vers le bord du gouffre. Quatre mètres plus bas le sol humide et froid était à peine aplani, de la terre dure et glacée constituait les murs et le sol de cette cellule improvisée, l’officier remonta son regard vers l’Eïlynsterien qui plongeait ses yeux dans le vide, il lui dit:

”Ça va faire une sacré chute.”

Il saisit le col du rat d’une main, de l’autre il frappa son dos et d’une jambe il appuya sur le creux du mollet de l’estien pour le forcer à tomber vers l’avant, l’envoyant s’écraser en contrebas avec un lourd bruit sourd.

”Tu as dit que tu étais un petit rat, tes mots pas les miens. Je te donne un trou à rat pour méditer un peu, on se revoit quand tu seras un peu plus loquace.”

Varsaw se retourna ensuite vers les gardes pour leur murmurer des instructions:

”Nourrissez le et descendez lui à boire une fois par jour, jetez la nourriture par terre et pour l’eau vous pouvez l’arroser avec une gourde, il n’aura qu’à rattraper. Arrosez le avec un seau d’eau froide dès qu’il s’endort, je ne veux pas qu’il ferme l’oeil. S’il s’endort à travers ça utilisez de longues perches pour lui donner des coups. Vous tournerez avec d’autre gardes toutes les six heures compris?” Les gardes hochèrent la tête. Et Varsaw satisfait reparti vers le QG s’occuper de vraie tâches.
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MessageSujet: Re: Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw] Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw] EmptySam 25 Fév - 17:36
06 h 40 - 3 Junon de l'An 1999


Artane grimaça au coup de tête qu'il avait offert à Varsaw, tout en le refixant froidement. Le Teïderien se palpa plusieurs fois son horrible visage comme pour s'assurer qu'il ne saignait pas ou qu'il n'avait rien de cassé. Le prisonnier n'avait pas eu assez d'élan pour lui décocher un coup plus violent. Même s'il avait réussi à le faire saigner, il n'en aurait eu guère de satisfaction, se crispant déjà à la réaction qui s'ensuivra. Ce sale chien n'acceptera pas de le laisser se rebiffer sans le lui faire payer. D'ailleurs, il se déplaça derrière le lit, chopa ses cheveux à travers les barreaux métalliques du lit et tira violemment la tête de son captif pour que son crâne les percute. La tête d'Artane émit un choc sourd contre ces derniers et émit un grognement, tout en sentant le choc redescendre du sommet de sa tête jusque dans le bas de ses mâchoires. La sensation n'était pas agréable, mais elle n'était rien en comparaison de ce qu'on lui réservait. Au plus profond de lui, il savait que Varsaw n'ira qu'en progressant dans la souffrance à lui faire subir, pour le contraindre à donner son nom. Sa fourberie de toute à l'heure n'avait pas fonctionné, alors il était passé à l'étape supérieure. 



Avoir voulu son nom en jouant de flatteries... Quelle blague. Il avait cru quoi ? 

Mais chose était que si Varsaw obtenait ce qu'il désirait, il n'aura plus grand-chose à faire pour obtenir de plus précieuses informations. À cela, Artane lança un regard empli mépris au sinistre balafré.  De l'entendre dénaturer la vérité sur les faits passés ces derniers jours lui donneraient presque de rire. Il n'en fit rien, redoutant de rebasculer dans la folie qui avait manqué de le submerger. Il garda alors le silence, pendant que le Teïderien le lâcha, refit le tour du lit et d'un coup, attrapa son col et le souleva. Le Lieutenant se crispa quand les bras se tendirent. 

*Oh mer.....*

Sa pensée ne s'acheva pas, coupée par le violent choc reçu au nez. Celui-ci s'était à peine remis du coup de poing de la dernière fois dans les marécages qu'à nouveau, il craqua sous l'impact, son cartilage se fracturant en émettant un son écœurant. L'Estien ravala son cri, pendant qu'il fut jeté comme un vulgaire sac à patates sur le matelas, tentant vainement de porter ses mains à son visage. Mais liées, il ne put rien faire. Surtout que l'épaule droite et la main du même organe, tranchée profondément, en tentant de les mouvoir, ne put que rajouter de la douleur. La seule chose qu'il put faire fut de se pencher un peu en avant, pour que le sang coulant en abondance n'envahisse pas ses voies respiratoires. Il cracha ce qui avait entretemps réussi à les envahir. Diantre ! Ça faisait un putain mal de chien ! Haletant plus qu'inspirant par la bouche, il ne fut pas mécontent de voir cet enfoiré se barrer… Lentement, la peur qu'il avait réussi à chasser revenait enserrer ses tripes. Ne pas savoir ce que Varsaw lui réservait était déjà une forme de torture. Il demeura prostré en avant, pendant que son fluide sanguin continuait de dégouliner de son nez fracturé. Chose certaine était qu'on ne le laissera pas mourir tant qu'il n'aura pas totalement brisé. 



12 h 24 - 4 Junon de l'An 1999

Demeurer dans l'incertitude durant plus d'une journée et une nuit avait enflé son angoisse. Hormis la venue de Murlu pour s'assurer d'un minima de soins à son égard, de lui amener un peu d'eau et du pain rassis pour ne pas trop qu'il s'affaiblisse, rien ne se passait. C'était le calme avant la tempête et cette attente avait de quoi lui peser. C'était le regard inquiet qu'il guettait les pans de la tente, qui s'ouvrirent soudain.  Varsaw entra, escorté de quelques-uns de ses soldats.  Artane grimaça et se tendit, avec une lourde interrogation en tête : qu'est-ce qu'on lui réservait ? Les soldats se rapprochèrent de lui. Tenter d'user de sa magie ne serait que folie et surtout... ne servirait strictement à rien. Varsaw s'approcha à son tour, et d'un coup, sans mot dire, frappa le prisonnier dans le bas-ventre. Le souffle coupé, l'Estien n'eut pas le temps de se recroqueviller qu'il fut frappé à la tempe. Étourdi, n'arrivant pas à faire pénétrer pour le moment de l'air dans ses poumons, il ne put que sentir qu'on le libérait de ses chaînes pour ensuite le forcer à se mettre debout. Ahanant, quand il put enfin respirer, il sut se tenir droit, se crispant de dégoût en sentant les mains des deux gardes qui l'encadraient. Puis, sans ménagement, on le mena à l'extérieur. 

Le cortège commença à traverser le camp. Certains soldats s'étaient rapprochés, fixant d'un air ravi ou narquois cette prise attrapée en personne par leur redoutable Sénéchal. Artane fixait la sortie arrière du QC. Les mâchoires crispées, son regard était rivé dessus, non pas pour essayer de trouver un plan pour fuir, mais pour garder la tête droite. Il était peut-être prisonnier et dans un sale état, mais il ne rajoutera rien pour satisfaire ses sales chiens. Il ferma les yeux quand un crachat se colla à sa joue. Hormis un tressaillement de ses muscles maxillaires, il ne fit rien. S'il avait été pris quelques jours auparavant, probablement aurait-il tenté le tout pour le tout pour s'échapper, malgré le volume de la troupe présente.  Un soldat maladroit aurait réussi à l'occire. La question aurait été réglée. Mais là, aujourd'hui, c'était que pure folie que d'espérer ce genre d'action. 

Ils sortirent du camp, marchèrent jusqu'à un terrain plat, qui tirait plus de la plaine sèche, sans buissons, sans arbre. Ce qui était parfait pour voir l'ennemi de loin, ou un prisonnier s'échapper, analysa l'esprit du Lieutenant. Puis quand il découvrit le trou, large et profond, son cerveau ne fit qu'un tour, voulant cesser de faire un pas de plus. On le contraignit de force à avancer, jusqu'à son bord. Artane ne put s'empêcher de regarder le fond de cette fosse. Qu'est-ce Varsaw lui réservait cette fois ? La bouche sèche, il réussit à ne pas trembler. Et le Sénéchal veilla à lui retirer tout habit sur lui. Artane crut comprendre le nouveau petit jeu qu'il allait lui offrir. Il frémit cette fois. 

L'enfant de salaud parla d'une sacrée chute, avant de le contraindre brutalement à tomber dedans. Le captif sentit son estomac remonter dans son abdomen, avant d'atterrir douloureusement sur le sol de cette cavité creusée. Les paroles de Varsaw lui parvinrent, pendant qu'il se redressait péniblement, couvert de terre. Son petit jeu durera plus qu'une journée. Il frémit. Le doute s'insinua sournoisement en lui. 

Observant le trou qui lui servait de geôle, il sut qu'il ne pourra pas s'en échapper. Nu comme un verre, la main droite invalide qui ne sera pas guérie avant plusieurs jours, il n'avait aucun espoir de sortir de ce trou. 

*Fait comme un rat*Pensa-t-il plus qu'amèrement. Quel humour sordide... comme si c'était vraiment le moment. 

Il se cala dans un coin, croisant les bras et s'accroupissant lamentablement dans un coin. Le faire poireauter là-dedans, avec quelles autres règles surprises ? Il les découvrira bien assez tôt...


19 h 14 - 4 Junon de l'An 1999

Il était demeuré éveillé jusqu'à la tombée de la nuit, l'esprit vide de toute pensée durant le début de son calvaire. Et quand la torpeur commença à poindre, il ferma les yeux. La nuit risquait d'être longue... Quelques minutes plus tard, une morsure liquide et glaciale lui tomba dessus, le réveillant brutalement. Bordel de merde ! Il leva la tête et entraperçut un garde avec un seau vide, le sourire satisfait de l'avoir réveillé en lui jetant cette flotte, pendant que son compère présent l'éclairait de sa torche. Voilà donc une des règles du jeu. 

*Fils de pute....*

Varsaw espérait l'épuiser par le manque de sommeil... l'usure par la patience... Artane pesta, tout en sentant l'angoisse revenir. Il se recala dans le coin, essayant de se réchauffer du mieux qu'il put. Frigorifié et trempé, il ne risquait pas de s'endormir tout de suite. 
 

06 h 20 - 5 Junon de l'An 1999

Artane tremblait. Il avait froid. Sourcillant, il se raccrochait à l'idée de tenir. Cesser de lutter, ce serait s'avouer définitivement vaincu devant cette raclure de Varsaw. Là, il arrivait à gérer... Mais demain ? Ses yeux le piquaient, un signe évident de son manque de sommeil. Il n'osait même pas imaginer l'état de sa tronche. Puis, il inspira un bon coup pour faire le vide dans sa tête. Ne penser à rien était pour le moment une bonne échappatoire... 


08 h 00 -  5 Junon de l'An 1999

Il sursauta quand un léger ''floc'' retentit à côté de lui. Une miche de pain rassis, légèrement moisi sur sa surface. Il leva la tête.  Un des gardes avait une gourde. Le goulot était ouvert, et il renversa son contenu dans la fosse. Artane regarda avec effarement l'eau s'écouler devant lui et imbiber le sol terreux. Cette fois, il comprit les règles du sale jeu de Varsaw. Il attrapa le morceau de pain sec, se releva et d'un bon mouvement de bras, jeta ce maigre repas hors de la fosse. Qu'ils aillent se faire foutre ! Après quoi, il retourna s'affaler dans son coin. Les règles, il les cernait désormais… l'empêcher de dormir, un peu d'eau et un reste de bouffe, juste au matin… Il n'y avait pas que l'usure par le temps qui était en œuvre...


17 h 12 - 5 Junon de l'An 1999

Il frottait vivement ses mains pour les réchauffer, se frictionnant une partie de ses bras et de ses épaules pour essayer de gagner un peu de chaleur. C'était le troisième seau d'eau qu'il recevait sur la tronche. Le premier, parce qu'il avait commencé à sombrer dans le sommeil, le second, même chose, mais le troisième, c'était pour étancher quelque peu sa soif. Il ne sut pas avoir grand-chose, mais ce fut juste assez pour soulager sa bouche sèche. Un apaisement temporaire, il le savait. Car s'il n'arrivait pas à se reposer un peu à la nuit qui s'amenait... Le manque de sommeil était un ennemi redoutable...Et là il trembla, se rendant déjà à l'évidence de la réalité dans laquelle il se trouvait. Il ne pourra pas tenir. Et pourtant, il le devait ! 


23 h 46 -  5 Junon de l'An 1999

Il était recroquevillé sur lui-même, claquant des dents tellement il avait froid. On lui avait encore jeté un seau d'eau. Il était éreinté, son crâne martelait sourdement d'une petite céphalée et son trou paraissait légèrement tourner autour de lui. Mentalement, il voyait un mur, un haut mur, duquel émanait une chaleur douceâtre. Un mur chaud, protecteur....
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MessageSujet: Re: Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw] Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw] EmptyLun 27 Fév - 0:36
12:16 - 6 Junon de l'An 1999

Les haricots dégageaient une fine vapeur chaleureuse et envoûtante, une volute parfumée qui emportait avec elle l’odeur délicieuse du bouillon de viande dans lequel ils avaient mijoté et qui régalait déjà par avance les narines des soldats et rendait les papilles impatientes. La sauce épaisse à base de tomates cuites et de pomme de terre pour le liant coulait généreusement sur les petits légumes pour baigner le tout dans le gobelet, et alors que la louche finissait de verser tout le contenu de sa portion, les petits morceaux de boeuf cuit à point remontèrent à la surface en flottant sur la flaque de jus. Le commis de cuisine rendit finalement son récipient au soldat avide qui lui faisait face et celui ci le saisi, remercia le chef cuistot et fit demi-tour avant de repartir s’installer à côté de son groupe de camarades de régiments. Le prochain soldat de la file d’attente s’avança pour tendre son propre gobelet et le cuisinier repris la petite routine culinaire du midi en continuant de servir inlassablement chacun des gars présents au Quartier Général. L’Homme d’Arme alla se rasseoir et comme tout les autres soldats qui avaient récupéré leur ration avant lui, il sorti un petit pochon duquel il tira un mélange d’herbes et d’épices ramassés par chance pendant les patrouilles pour agrémenter son plat à son propre goût, avant d’attaquer goulument le boeuf, les haricots et de boire le jus tout chaud avec plaisir.

Au milieu de la petite procession de foi qui s’alignait en face des chaudrons où chaque cuisinier servait les repas, Varsaw était debout, une assiette à la main, attendant patiemment son tour. Il aurait très bien pu couper la file en son statut de Grand Sénéchal et se servir avant ses hommes, mais cela aussi faisait partie de sa philosophie d’armée: s’il était plus important que ses hommes d’un point de vue stratégique et hiérarchique, il restait un homme, comme tout ceux autour de lui il se battait pour Teïder et il vivait pour leur Dieu et leur Roi. Cette considération était la même qui se retrouvait dans ses ordres de bataille, là où d’autre officier -comme le Connétable Czernyov que Varsaw méprisait allégrement- n’hésitaient pas à utiliser de l’avantage numérique pour effectuer des mouvements d’armée simples et irréfléchis, ces tactiques primitives résultaient souvent en des bilans plus lourds que nécessaires, il n’y avait qu’à voir la popularité au sein des troupes de certains officiers supérieurs pour s’en rendre compte. Varsaw menait sa division de manière bien différente et ne faisait d’écart sanglant que sous ordre express de son supérieur direct, ce qui n’arrivait que rarement. Pendant qu’il progressait pas à pas dans la file, il discutait avec son voisin de derrière, Mestre Sergeï, sur les avancements colporté ce matin par l’Inquisition de leur enquête à Krùsevàtz:

”...plètement terrorisé, je ne pense pas qu’il y ait encore grand chose à en tirer honnêtement, ils m’avaient l’air déjà bien paniqués.”

”C’est toi qui voit Sergeï, je n’étais pas sur place je ne saurait pas te dire, s’ils te semblaient sincères alors passe à la suite, s’ils ont menti ils se feront forcément exposés par d’autres lorsqu’ils parleront.”

”Oui, oui oui pas bête.” Le Mestre paraissait perplexe, ”Vraiment je n’ai pas l’habitude de travailler avec l’Inquisition, c’est quelque chose de si différent, et leur foi, leur dévotion, c’est impressionnant… C’est incroyable d’être à ce point pur non?”

”Ils ne sont pas l’élite de notre nation pour rien. Ne t’inquiètes pas tu t’y feras à force, j’avais un peu de mal à les comprendre au début, j’ai toujours un peu de mal à les cotoyer, leurs préoccupations sont parfois hors de notre compréhension, mais au bout du compte eux aussi servent le Père, nous, nous servons le Roi. Nos intérêts se rejoignent.”

Sergeï n’avait pas tout à fait l’air de comprendre ce que signifiait le Sénéchal, mais il ne répliqua pas pour autant, quelque part il avait sans doute raison, mais il devait manquer un peu d’expérience pour le voir. Après tout, il n’était dans l’armée que depuis six ans alors que certains racontaient que le Sénéchal avait rejoint les rangs à l’âge de quatorze ans… Peut-être était-ce une question de perspective, peut-être…
Varsaw quant à lui ne se posait pas de questions existentielles sur sa mission, il savait ce qu’il avait à faire, son Connétable le lui disait, il savait pourquoi il le faisait, parce qu’il fallait le faire, il ne posait pas de question. Les voies du Père étaient impénétrables pour de simples humains, hors de portée tout de bon pour les autres atamas. Il servait, c’était l’essentiel. Ce fut enfin à son tour d’être servi, il tendit une assiette et sa propre casserole et récupéra les deux récipient jusqu’à marcher vers sa tente, là il s’assit et mangea tranquillement sa portion. Quand il eut fini il se releva, fit un détour par la tente médicale pour se munir d’un spéculum puis revint dans son bureau pour chercher la casserole encore pleine de soupe au boeuf fumante puis il se dirigea finalement vers l’arrière du QG. Il vit les trois gardes qui jouaient aux dés en consommant leur repas respectifs se relever à son approche, mais leur fit signe de se rasseoir rapidement.

”Alors messieurs, comment Squeaky se porte-t’il aujourd’hui, il n’a encore rien mangé?” Un des soldats s’assit par terre et proposa ensuite sa chaise au Sénéchal, il accepta l’offre avec gratitude.

”-Nada Mon Sénéchal, on le laisse dormir depuis une demie-heure comme vous l’avez ordonné. Il ne bouge plus et il a les yeux fermés là, mais il respire quand bien même.”

Varsaw déposa la casserole au sol, prenant soin de la caler pour éviter qu’elle ne se renverse malencontreusement, il pointa les mètres de corde épaisse qui reposaient non loin du trou et signifia aux soldats:

”Bon, finissez vos plats et vous allez m’aider à interroger notre ami.” Les gardes hochèrent la tête, continuant à jouer au dés en finissant leur rations. ”Qui mène?”

Un des soldats leva la main, annonçant un pot à treize pièces d’argents. Les quatre Teïderien continuèrent à discuter pendant encore cinq minutes et quelques, après quoi les hommes se mirent en mouvement, l’un d’entre eux descendit la corde le long du dévers de la paroi jusqu’à atteindre le fond, et un par un Varsaw puis deux autres gardes descendirent à la corde, le prisonnier dormant à poings fermés devant le manque abyssal de repos qu’il avait accumulé sur les derniers jours. Le Sénéchal se pencha pour observer l’estien qui dormait par terre. Son visage et sa peau de manière générale étaient livides, le teint si blanc qu’en l’absence du faible mouvement de respiration irrégulier on aurait tout à fait cru qu’il s’agissait là d’un simple cadavre. Les poils de la barbe du Lieutenant avaient été bruns, maintenant tâchés par la poussière, l’humidité et la terre qui se consolidait dedans elle avait plus une teinte terre de sienne. La saleté faisait lentement son petit effet, on aurait dit un de ces hommes sauvages élevés par les bêtes en pleine nature qu’on ne retrouvait qu’au bout d’une quinzaine d’années, le type dégageait une puanteur exécrable, il avait tout de même trouvé le moyen de faire ses besoins dans le même coin de la petite cellule mais l’odeur de transpiration, de moiteur nauséabonde qui se dégageait de lui était infecte. La pestilence ambiante contrastait fortement avec l’expression du Lieutenant pendant qu’il dormait, un visage de profonde tristesse, la Souffrance se lisait sur chaque recoin de ses traits, chaque plis au creux de ses paupières, chaque arête de son visage. Il dépeignait à lui seul un tableau de la misère du monde, il semblait paisible d’avoir enfin un moment de répit, malgré la tourmente de son existence. Ce hiatus touchait à sa fin.

”TON NOM, QUEL EST TON NOM?” Varsaw hurla à pleins poumons dans les oreilles de l’Eïlynsterien tout en le saisissant brutalement par les épaules.

Les deux autres gardes lui sautèrent également dessus, saisissant ses bras et le plaquant contre le mur froid du fossé. Ensemble, ils commencèrent à le rouer de coups, frappant ses bras, son torse, son bas ventre, ses jambes. Les assauts se succédaient les uns après les autres, impitoyables. La privation de sommeil affaiblissait très certainement le corps, mais surtout elle pouvait mener à des hallucinations auditives, visuelles, parfois sensorielles et plus généralement, les victimes étaient plongées dans des états de désorientations profonds à chaque réveils. Varsaw avait donc choisi de brutaliser le petit rat après l’avoir laissé s’endormir pour lui provoquer un accès de panique.

”COMMENT TU T’APPELLES?”

Leur proie ne comprenait pas ce qu’il se passait, elle se recroquevillait sur elle même du mieux qu’elle le pouvait en étant tenue par les deux autres hommes, et si au début elle parvenait à se contenir, l’homme torturé se mit bientôt à pousser des cris plaintifs à chaque coups, tant de douleur que de la peur provoquée par cet attaque surprise.

”TON…”

Varsaw frappa lui même l’Estien à la mâchoire, de toute façon il comptait l'abîmer un peu plus si le type refuserait de manger dans pas longtemps.

”NOM.”

Sous la puissance du coup le garde laissa glisser le bras gras et glaiseux du captif, aussitôt celui ci sembla agir presque par réflexe et envoya une bourrasque magique contre les hommes qui le passaient à tabac. Dans le petit gouffre exigu, l’effet fut décuplé et les soldats se retrouvèrent à leur tours projetés contre les parois du petit cubicule, Varsaw senti son souffle quitter ses poumons mais il put également sentir son impatience s'insuffler dans son esprit pour former une boule de colère. Il n’avait pas retenu la leçon la première fois visiblement. Ce n’était pas grave, il apprendrait au bout d’un moment, parfois certaines personnes avaient besoin de temps pour retenir les informations, le Sénéchal s’assurerait que l’Estien s’en souvienne. Pendant qu’il prenait un instant pour récupérer son souffle il leva la tête et observa le captif, il restait sur la défensive, courbé sur lui même dans son coin, les mains au dessus de la tête en protection.

”Vermine de mage de merde!” Varsaw se rua sur le prisonnier, lui saisit les bras et les plaqua contre le mur, enfonçant son genou dans l’entrejambe de sa proie pour l’affaiblir.

Profitant de la douleur sourde qui devait se propager dans l’aine de sa victime, il sorti son couteau et transperça la main gauche de l’estien, plaquant la main contre le mur en la clouant comme il l’avait fait avec Hestel contre le sol près d’une semaine auparavant.

”Essaye un peu d’utiliser ta magie maintenant avec tes mains en compote, sale bâtard de merde.”

Entre la main droite inerte aux tendons coupés et la main gauche traversée par sa lame de part en part, le soldat du Mur se retrouvait maintenant bien handicapé. Varsaw retira son arme de la paroi ainsi que de la main de l'Eïlynsterien et se retourna vers le soldat qui restait encore posté tout en haut du fossé, celui ci les regardait avec amusement se mettre à plusieurs sur le type impuissant qui croupissait là depuis trois jours.

”Remonte nous.”

La corde se déroula donc une fois de plus et les hommes remontèrent un par un à la surface, abandonnant le corps meurtri de leur prisonnier en bas. Le but était d'attendre qu'il succombe une fois de plus à l'appel inévitable du sommeil afin de profiter d'un réveil brutal de plus et de le faire parler avec autre chose que son esprit comme levier. Varsaw ordonna aux gardes de placer la casserole de ragoût sur le feu, non seulement afin de la maintenir au chaud mais aussi pour que son odeur se propage jusqu'aux narines du captif et participe à ronger un petit peu plus son moral. Il y avait déjà une faille quelque part, l'officier le savait, il n'avait plus qu'à trouver l'endroit exact de cette brèche et appuyer dessus, avec suffisamment de persévérance il finirait bien par le casser en deux et l'ouvrir. Ils patientèrent donc une bonne heure de plus avant de remarquer que l'homme s'était à nouveau assoupi, ils descendirent donc une dernière fois, emportant ce coup ci la casserole, le spéculum caché sous l'uniforme de Varsaw dans la ceinture et un peu de corde supplémentaire. Une fois au sol, les deux gardes réveillèrent l'Estien en le secouant certes violemment mais sans pour autant le frapper comme tout à l'heure, le forçant à se mettre debout. Le Sénéchal se tourna vers le Lieutenant:

”J’espère que tu as faim, pourquoi ne mangerai tu pas un morceau hmm?” Puis à l’avis des deux gardes il ajouta ”Maintenez le.”

Les deux soldats lui attrapèrent respectivement l’épaule gauche et le bras droit pour l’empêcher de bouger, et Varsaw récupéra la casserole de ragoût qui lui avait été descendue dans un seau lié à une corde avec le spéculum. Il sorti précautionneusement le récipient encore un peu fumant et se mit face à l’affamé qui n’avait même plus la force de se débattre, le Teïderien pouvait voir la lumière dans ses yeux se raviver à l’odeur qui, si elle n’était pas déjà naturellement alléchante, devait ressembler à un festin de seigneur pour celui qui n’avait rien avalé en trois jours.

Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw] Cowboy_stew_recipes_no33tx

”Qu’est-ce que tu penses de ce délicieux repas soldat?”

”-Excellent Mon Sénéchal, un pur régale.” répondit l’un des gardes.

”-N’est-ce pas? Hmm ce fumet si délicat à mes narines…” Varsaw passa brièvement une cuillère remplie de soupe sous le nez de l’Estien, renversant quelques gouttes sur le sol qui se mêlèrent à la boue. ”Ça se mange presque sans faim, non?”

”-Pour sûr Mon Sénéchal!” Le garde ricana bêtement.

L’officier replaça la cuillère dans la casserole et conserva celle ci précieusement à ses côtés, hors de portée du captif. Il inclina ensuite tout doucement le récipient en fonte de biais, jusqu’à ce que le bouillon atteigne le bord, menaçant de couler par terre et de gâcher le précieux liquide. Lorsqu’il fit enfin déborder une petite lampée, il fit simplement ”Oups.” et il leva les yeux derrière son masque pour regarder le Lieutenant avant d’annoncer:

”L’accord est simple, tu peux manger à ta faim si tu me donnes tout simplement ton nom mon petit.” Il se garda de rajouter “rat”, il voulait faire levier au maximum sur le ventre vide du jeûneur.
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MessageSujet: Re: Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw] Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw] EmptyLun 27 Fév - 19:12
12 h 30 - 6 Junon de l'An 1999


Artane était effondré d'épuisement. Le manque de sommeil était tellement intense qu'à peine les yeux fermés, il s'était fait avaler par les abysses ténébreux. Aucun contenu de seau d'eau froide ne lui tomba dessus. Ce fut alors le premièrement répit qu'il avait, depuis qu'il avait été jeté dans ce trou.

Durant une bonne partie de la nuit et jusqu'à l'arrivée de l'aube, on lui avait jeté deux, trois seaux, voir plus. Il ne les comptait plus depuis longtemps. Une certaine forme d'ivresse avait commencé.  Des ombres fugaces apparaissaient étrangement au bord de son trou. Elles fuyaient aussitôt qu'il cherchait à les voir. Des ombres dans la nuit... comment pourrait-il en voir de base ? Son esprit devenait de plus en plus confus. Durant un bref instant de lucidité, le Lieutenant savait ce qui lui arrivait, pour avoir déjà eu, dans sa jeunesse, ce genre de d'entraînement, pour mieux comprendre ce qui se tramait, en plus de ressentir la soif, l'estomac grognant de famine, pour pousser le cerveau à demeurer prompt et capable de réaction viable. À sa situation actuelle, là, au fond de ce trou creusé à même la terre par ces fils de chien, il y avait toutes les mésaventures dramatiques de la semaine précédent sa capture. Tout ça n'était que de brefs et douloureux échos dans sa mémoire, quand il déviait un peu dans ses songes... Et d'ailleurs, avant de se faire emporter par le sommeil, il avait cru entendre des murmures, des chuchotements venant de voix familières. C'était impossible... il ne pouvait pas les entendre, car ils avaient tous péri… par sa faute. Il ne discerna distinctement qu'un mot avant de sombrer : Mur... le mur,  avait-il cru entendre

Un mur solide, chaleureux, rassurant, qui le mettait à l'abri de la rupture tant physique que mental… Voilà ce qu'il cherchait, pour se protéger, se mettre à l'abri. Il crut le voir se dresser dans les ténèbres, là-bas, éclairés par de puissantes torches enflammées. Des voix murmuraient dans sa direction, émises par des silhouettes amicales. Il crut reconnaître… Soudain, tout vola en éclat, avec une violence inouïe

Une voix puissante, synonyme de danger, hurla à ses oreilles, le sortant soudainement de sa torpeur. L'effroi envahit tout son être, incapable de comprendre la brutalité du moment. On le saisit, on le tint pour l'empêcher de se débattre, lors qu'il ne voulait que fuir. Juste fuir. Une pluie de coups lui tomba dessus, le frappant partout en même temps. Artane geignit, ne comprenant pas ce qui se produisait, ce qu'on lui faisait. Était-ce vrai ou faux ? Un cauchemar ? La douleur des coups était réelle. On brailla encore sur lui. Cette voix… elle était associée à un nom. Un coup de poing le percuta à la mâchoire, l'étourdissant. Sa pénible réflexion fut réduite à néant par le choc. Il se sentit choir, percevant par là même une libération de son bras gauche. Instantanément, pour répondre à toute cette agression extérieure, l'Estien fit un geste brusque devant lui avec ce membre libre de toute entrave, invoquant instinctivement sa magie. Repousser ce qui l'agressait, le meurtrissait... voilà tout ce qui arrivait à raisonner.

Sa défense aérienne répondit à son appel, et envoya le Sénéchal et ses quelques subalternes présents percuter les murs terreux et denses du trou. Les agressions physiques et auditives cessèrent d'un coup, hormis  quelques vagues gémissements douloureux émanant d'un garde qui s'était mal ramassé contre la paroi de terre. L'esprit embrumé de l'Estien essayait désespéré de comprendre la réalité, pendant que le corps, lui, se recroquevillait déjà, totalement apeuré des conséquences de cette audace magique. Pourtant, le prisonnier redressa la tête et croisa le masque qui couvrait le visage de son tortionnaire. Son cœur s'accéléra dans l'effroi. D'un coup, Varsaw était de nouveau sur lui, le contraignait à se mettre debout et en lui mettant une pression très douloureuse à l'aine. Sa lame étincela un instant, reflétant sa colère. Le captif ne pouvait pas se soustraire au fil acéré du poignard qui l'avait déjà meurtrie.

La lame transperça le cœur de sa main gauche, distillant son flux de souffrance qui imprégnait son métal mordant et froid. Le malheureux hurla ce supplice qui lui laboura les chairs de sa paume et qui remontait dans les fibres de son être malmené. Et quand Varsaw la retira violemment, il eut un soubresaut avant de se rouler en boule. Il ne pouvait pas saisir sa main poignardée, pulsant de sang comme de souffrance. Il étouffa qu'à moitié le gémissement résultant de ce nouveau tourment. Un spasme le secoua, quand l'image d'Hestel s'imposa à lui. Ce souvenir soudain manqua de le faire défaillir. Elle aussi avait eu sa main plantée par... Varsaw. Hestel... Valerian... Ses hommes ! Des larmes montèrent à ses yeux rougis d'épuisement. Comment... comment pouvait-il être encore en vie ! Il se prostra encore plus sur lui-même. Dans cette brève lucidité retrouvée, mais déjà vacillante, il revécut la perte de chacun de ses frères du Mur. Une délicieuse odeur d'un succulent repas chaud vint doucement agresser ses narines, provoquant un furieux sursaut de son estomac avide de se remplir de nourriture. L'Estien se plia en deux en sentant cette crampe soudaine ; une autre torture qu'il percevait en complément des autres. Il maudit Varsaw... et sa vision s'assombrit en même temps que ses paupières se fermèrent. La tête lui tournait. Il se sentit tomber. Des voix murmurèrent à ses oreilles. Des oiseaux ? Ou le rire des Teïderiens... Avant de fermer les yeux, il crut même voir le visage de ses frères sur le sol nu et froid de sa geôle... Le noir. "Soulagement" fut son dernier songe avant de s'endormir profondément, happé par le besoin impérieux de son cerveau de se reposer à tout prix.


Pour la première fois depuis plusieurs jours, il dormit plus qu'une demi-heure, répit extraordinaire en dépit des conditions actuelles qu'il subissait. Son endormît abyssal était proche du coma. Il baignait dans une froide obscurité.


Doucement, son esprit malmené fut attiré par un point lumineux à peine plus intense que celui émis par une luciole. Il s'en approcha, jusqu'à plus ou discerner un feu de camp, crépitant de hautes flammes joyeuses, laissant quelques poussières incandescentes monter dans les ténèbres. Dix silhouettes étaient assises autour, discutant entre elles, comme si la noirceur environnante n'avait rien d'oppressant. L'âme tourmentée les reconnut, les fixant une à une. Un pincement  de chagrin se porta sur son coeur. Le poids de la culpabilité ressurgit avec une telle force qu'il chercha à fuir. Quelque chose le retenait. Les dix individus avaient cessé de bavarder et avaient tourné leurs têtes vers lui.

Des murmures, des voix l'envahirent. Il ne comprenait rien. Où était-il ? Pourquoi revoyaient-ils ses frères d'armes ? Pour être jugé de ses fautes... Quoi d'autres ? Fuir ! Il voulait fuir ! Pourquoi ne parvenait-il pas à s'éloigner de ces fantômes ?

"Lieutenant..."

Il se figea, reconnaissant la voix de Valerian.

"Nous connaissions tous les risques... ''Hestel était aux côtés de son frère, la lumière dansante du feu éclairant leurs visages sereins.
''Protégez-vous derrière le Mur, pour que ces fils de putes n'obtiennent rien de vous ''balança Sorio.''Et nous savons tous, ici, que vous avez fait tout votre possible pour nous''

Il voulut dire quelque chose, l'angoisse lui enserrait trop la gorge pour réussir à parler. Puis tous ses hommes se levèrent, portant une main fermée sur leur coeur. Puis, d'une voix unique et forte, ils soufflèrent.

"Pour le Mur !''

Hestel apparut d'un coup devant lui, son frère à ses côtés. Le feu crépitait toujours derrière eux. Le reste de la patrouille avait disparu.

''Laissez nous partir Lieutenant. Laissez-nous dans les méandres de l'oubli pour que vous puissiez rejoindre le Mur... pour vous protéger derrière lui''
°NONNNNNN ! °Voulut-il crier ! Il était responsable de leur mort à tous, fautif de pas avoir pris les bonnes décisions, il ne pouvait pas les oublier, il ne devait ! Pourquoi ne pouvait-il pas leur dire !
''Vous saurez nous retrouver, le moment venu… Vous saurez vous rappeler… pour vous pardonner de vos propres tourments... Pensez à la protection du Mur…''

Le feu de campement perdait en force, agonisant doucement. Les deux Sergents lui adressèrent un dernier sourire apaisé, portant une ultime fois leurs poings sur leur coeur et s'éloignèrent dans la lueur mourante des flammes...



13h43 - 6 Junon de l'An 1999

Les deux gardes secouèrent brutalement l'Estien sans relâche, jusqu'à ce qu'il rouvre les yeux. Artane se contracta, inspirant d'un coup. Il eut la désagréable sensation de vouloir se rappeler quelque chose, qui s'effaçait déjà dans les brumes du réveil… On l'obligea à se redresser. Varsaw était face à lui, mettant déjà sous son nez un récipient contenant de la nourriture à l'odeur alléchante, qu'Artane sentit sa bouche devenir plus rêche. Déshydratée, sa bouche ne salivait plus, pourtant, il sentait son corps être désireux de cet apport, qui lui faisait défaut depuis plusieurs jours. En même temps, une désagréable sensation de nausée l'envahit, tellement son estomac se révulsait par la faim tenace qui le laminait de l'intérieur.

Varsaw, pour l'appâter, emplit une cuillère qu'il mit sous le nez de son captif, faisant tomber quelques gouttes. Il avait du mal à se concentrer sur ce que les gardes et Varsaw lui disaient. Ah si... ce petit jeu… un nom à donner et il pourra manger. Une règle simple. Une règle qui ne laissait aucune autre possibilité. Il était à bout de force. Un peu de bouillon fut renversé par terre. Un geste fait exprès bien entendu pour qu'il voie ce qu'on réservait à ce repas qui était source d'apaisement à ses tourments s'il répondait à l'exigence du Sénéchal.
Ses paupières papillonnèrent, limite à se clore. Juste un nom hein... Il ouvrit la bouche. La gorge sèche, il eut mal à essayer d'articuler.

''A...Atvar....''

Son nom pour les Duchés... qui était une partie de lui-même, qui le définissait hors du Mur…Atvar ou le Renard…
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MessageSujet: Re: Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw] Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw] EmptyMer 1 Mar - 11:46
12:20 - 6 Junon de l'An 1999

”Atvar?” Le Sénéchal avait prononcé le nom avec suspicion, de manière presque joueuse ou espiègle. ”Atvar, Atvar, Atvar…”

Il retournait le patronyme dans sa bouche presque pour tenter de le goûter tandis qu’il remuait un petit peu la cuillère dans la casserole de ragoût, provoquant de petites volutes de vapeurs alors que les parties plus chaudes de la soupe remontaient à la surface. Cette réflexion qu’il semblait avoir était en réalité feinte, il savait ce qu’il faisait, et là il jouait avec les nerfs déjà bien fatigués de sa victime. Ce petit rat n’avait pas à lui donner son vrai nom de toute façon, et le problème de la torture est qu’il est assez difficile de distinguer le vrai du faux, donc il était important d’avoir accès à des outils plus puissants pour pouvoir discerner les deux. Varsaw déposa précautionneusement le récipient de fonte au sol et se releva en fouillant à l’arrière de sa ceinture pour sortir un deuxième masque, celui ci plus grossier que le sien en acier noir mais orné de motifs plus évocateurs que les feuilles de lauriers archaïques. Le deuxième masque était orné de ronces entrelacées desquelles des yeux métalliques dardaient un regard inquisiteur, et ce mot était approprié puisque ce genre de masque enchanté était généralement utilisé par l’Ordre lors des séances d’interrogation. Tenant le masque du bout du doigt et son couteau dans l’autre main, Varsaw se pencha vers le Lieutenant et lui dit

”Mais dit moi Atvar, si je pose ceci sur mon visage et que je te demande si c’est réellement ton nom, est-ce que je vais ressentir ce petit… ” il caressa le torse de l’Estien du bout de sa lame, appuyant tâtant la chaire frêle de sa pointe ”Picotement? Mmh?” Il fit mine d’enfoncer le couteau dans la peau du prisonnier mais retint l’arme avant qu’elle ne puisse infliger de coupure significative, seulement de quoi faire tressaillir d’anticipation sa proie. ”Est-ce que je vais trouver un villain mensonge? Lieutenant Atvar Comment?” Il enfonça figurativement le couteau dans la plaie en tapotant littéralement le bout du nez du captif du plat de sa lame.

Varsaw se pencha en face du pauvre type, détachant son masque, ce coup ci il n’y aurait pas de culbute rebelle de la part de l’Eïlynsterien qui était solidement plaqué au mur par les deux gardes, il était forcé de soutenir le regard de l’officier les yeux dans les yeux, tandis que le Teïderien apportait tout lentement le fer à portée de son visage.
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MessageSujet: Re: Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw] Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw] EmptyMer 1 Mar - 12:56
Artane respira par la bouche, espérant fuir l'odeur du ragoût qui assaillait son nez. Son estomac se révulsa qu'il crut qu'il allait vomir. Un estomac qui rendait que du vide était plus douloureux que s'il était plein. Mais cette horrible sensation passa, laissant juste un point lourd dans son torse. Au moins, saliva-t-il juste assez pour soulager un peu la sécheresse qui emplissait sa bouche depuis des heures. Et les effluves qui étaient amplifiés sciemment par le touillage circulaire de ce fils de salop... Son corps criait famine, il le sentait. Mais à l'idée de possiblement avoir quelque chose à manger l'écœurait.  Recevoir ne serait-ce qu'une bouchée du contenu encore chaud de cette casserole serait juste la récompense accordée à un prisonnier ''conciliant'' ; vaincu et brisé. 

Après avoir maintes fois prononcé le nom donné par le captif, Varsaw posa le récipient au sol, s'assurant qu'il demeure bien stable sur le sol terreux. Cela fait, l'Estien le vit prendre un masque, un qui était différent de celui qui dissimulait actuellement la laideur couturée de son visage. Qu'est-ce qu'il se préparait à faire ? Surtout avec son couteau dans son autre main ? Les muscles de ses mâchoires se crispèrent face à l'incertitude du petit jeu que Varsaw se plaisait à adapter en fonction de ses besoins. Ce masque... n'était-ce pas un de ceux-là qu'employaient certains Inquisiteurs pour discerner le mensonge ? Si c'était le cas…

La pointe de son poignard passait sur sa peau, tel un doigt glacé, qui s'amusait à sentir la faire frémir. Puis, elle s'arrêta, avant de s'enfoncer subitement, stoppant juste assez pour ne pas l'entailler. Artane s'était contracté pour encaisser le coup transperçant, s'étant même arrêté de respirer. Le Teïderien avait la parfaite maîtrise de son arme et savourait silencieusement de le faire réagir de la sorte... Et voilà maintenant qu'il tapotait sa lame sur le bout de son nez, tout en confirmant l'emploi de son masque. Et voilà qu'il réitérait sa demande... Artane déglutit avec peine... Le Lieutenant Artane Nordan... un nom qui retentissait dans sa tête… Il était derrière le Mur, protégé, à l'abri. S'il était derrière le Mur, lui, il était qui lui ?  Nordan, ce n'était pas qu'un homme, c'étaient plusieurs individus dans un seul être.... . Nordan était derrière le Mur, Atvar, lui, pouvait plus facilement se balader dans les Duchés… comme le Renard quand il se masquait la nuit certaines nuits quand il rôde à Akkaton.... Ou encore... Frâlan...un pseudo Duchéen embourgeoisé... 

Varsaw détacha son masque, dévoilant l'horreur du visage. Artane ne détournait pas les yeux. La peau marquée à jamais de son ennemi correspondait tout à fait ce qu'il était  : un abject Teïderien, aussi effroyable qu'effrayant. Un frisson apeuré le fit trembler bien malgré lui. 

'' Est-ce que je vais trouver un villain mensonge? Lieutenant Atvar Comment ?''

Et il se pencha vers lui, tout en mettant son second masque en place. Ses deux gardes retenaient fermement le prisonnier, pour s'assurer de le maintenir bien plaqué contre le mur de terre. De toute manière, l'Estien était bien trop épuisé pour tenter un coup de tête... 

''.. Frâlan...''peina-t-il à dire, avec une voix enrouée et rauque... il essaya de saliver plusieurs fois.... ''Et... tu... causes.. trop....''

''Le silence sera ton fardeau...''Murmura-t-il en forçant sur sa gorge pour sortir des paroles articulées. 

Son coeur s'emporta dans des battements de panique, sans qu'il ne puisse rien y faire. Et il savait très bien pourquoi il avait cette réaction. La souffrance de ses deux mains était les conséquences de ses petites rebellions magiques. Certain qu'il allait ramasser très vivement... 

Nordan était derrière le Mur ; mais pas les autres.... 

Spoiler:
 
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MessageSujet: Re: Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw] Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw] EmptyMar 7 Mar - 0:32
12:22 - 6 Junon de l'An 1999

”Atvar Frâlan?” Varsaw vit que l’Estien ne releva pas sa menace de détection des mensonges, il sécurisa donc le masque sur son visage et se redressa, prêt à poser sa question alors que le captif murmura une phrase bien étrange. ”Hein, qu’est-ce que tu… Quoi? Aaa-aa-aaaaaaaa-aa-a-a-a? … ???”

Il y avait quelque chose de très étrange avec sa propre voix, quelque chose d’anormal, il parvenait encore à s’entendre parler mais c’est comme si quelque chose manquait. ”Aaaa. Mmmmmm” oui c’était ça, c’était le son extérieur de sa voix qu’il n’était plus capable de percevoir… Le petit fils de pute l’avait rendu sourd, quel sale merde, à quoi il pensait hein? Il essayait juste de délayer l’inévitable c’était ça? Il voulait jouer au plus abruti, alors très bien, Varsaw avait tout son temps, il pouvait bien tuer encore quelques heures avant de devoir repartir lire des rapports de patrouilles et de logistique. Le Sénéchal croisa donc les bras et s’adossa contre le mur de leur gouffre, contemplant le faiblard dans les yeux à travers le masque de perception, celui ci pour le coup laissait entrevoir ses yeux au travers, et ceux ci dardaient l’Eïlynsterien du regard. Patiemment, sagement. Comme un prédateur qui attendait le moment opportun pour pouvoir bondir sur sa victime, et dans les faits c’était ici un peu le cas. Le Sénéchal ne savait pas combien de temps exactement est-ce que le sortilège allait durer, donc au bout d’une paire de minutes il leva sa main à côté de son oreille et claqua des doigts, mais il ne parvint pas à entendre le bruit… patience, patience. Varsaw comptait bien arriver à ses fins, il n’allait pas abandonner et juste envoyer son trophée à l’Inquisition, c’était sa capture, sa proie. Quelque part il se surprit un peu lui-même avec cette pensée, normalement il n’aurait eut que faire de ce misérable ver de terre qui ne pouvait même plus se tenir debout en face de lui, mais là il se rendait compte que c’était devenu une affaire un peu personnelle. Est-ce que la destruction de la mine de Krùse l’avait peut-être affecté un peu plus qu’il n’y pensait? Il y avait certainement de ça sans doute.

D’un coup ses oreilles furent de nouveau habiliter à capter les bruits ambiants, il se rendit compte qu’il entendait les faibles sons de friction des gardes qui maintenaient le prisonnier contre la paroi. Le problème auquel il était maintenant confronté était le captif en lui-même, celui-ci ne soutenait plus du tout son poids et son visage se faisait de plus en plus tombant, et merde. D’accord, très bien, il gagne ce round le petit rat, mais ce n’est que partie remise, il ne pourra pas éternellement délayer la fatalité de sa condition. Maintenant que ce lâche perdait connaissance, le Sénéchal se redressa et fit signe à ses comparses de laisser tomber au sol. Le bruit humide qu’il fit en s’affalant par terre ne fit ni chaud ni froid à l’officier qui ramassait la casserole et sortait le spéculum de son dos pour s’agenouiller ensuite au pieds du corps inconscient.

”Toi aide moi à le maintenir immobile, et toi tu peux déjà aller chercher de quoi nettoyer un peu la merde et la pisse, on ne voudrait pas que ce soit la maladie qui l’achève plutôt que nous n’est-ce pas.”

Varsaw se baissa, calant solidement la tête de l’Estien inconscient entre ses genoux, puis il ouvrit prudemment la mâchoire du type, on ne sait jamais, juste au cas où il feignait être tombé dans les vapes. Si c’était le cas il allait d’ailleurs fortement le regretter, l’officier redressa la tête du captif pour que sa gorge s’aligne avec son oesophage et inséra lentement le spéculum contre la langue de sa victime, descendant dans la gorge en prenant soin de ne pas racler contre les parois interne des voies de l’homme. Il descendit calmement l’instrument jusqu’à atteindre le niveau de la glotte, c’était là que ça allait se gâter parce que même inconscient le réflexe de déglutition allait tout de même entrer en jeu et secouer le corps inanimé le temps qu’il s’y habitue. Il enfonça d’un coup le restant de l’outil et plaqua tout son poids contre le torse du fils de pute qui commençait à s’arquer en toussant violemment, le risque, c’était qu’il se vomisse dessus. L’avantage, c’était qu’il ne s’étoufferait pas vu qu’il n’avait rien à vomir de toute façon. Le garde et lui attendirent que l’Eïlynsterien se calme, puis Varsaw actionna la poignée du spéculum pour écarter les parois de l'œsophage et apporta la casserole à hauteur de la bouche ainsi ouverte, il renversa enfin le liquide dans sa gorge. Petit à petit. Si ça faisait bien trois jours qu’il n’avait rien mangé il fallait faire attention à ne pas lui refiler une crampe d’estomac, cette attention délicate en apparence n’était là que pour s’assurer qu’il ne finisse pas par mourir de faim malgré avoir été nourri. Alors qu’il versait la soupe, les quelques réflexes de régurgitation que le forçat poussait dans son inconscience leur envoyaient des gouttelettes de bouillon au visage, le type s’en foutait un peu au bord de la bouche ou dans les narines aussi, mais il pouvait toujours se brosser pour être essuyé, il était nourri c’était déjà pas mal.

”Bon, lâche le.”

Ils ressortirent donc du fossé et se hissèrent à la surface, Varsaw épousseta son uniforme un peu tâché de terre et de sang, il n’était plus à ça près.

”Hey, veillez à ce qu’il ne tombe pas malade ou que ses plaies ne dégénèrent pas, si c’est le cas laissez le s’endormir pendant quelques heures et venez me chercher.”

Il retourna en direction du camp en emportant sa casserole vide, de toute façon, le secret de la cuisine de ce qu’on lui avait dit, c’était de prendre son temps avec ses ingrédients. Il n’avait jamais été un très bon chef, mais certains plats il savait les préparer mieux que d’autres.

***

13:49 - 10 Junon de l'An 1999

Trois jours de plus s’écoulèrent ainsi en laissant l’Eïlynsterien mijoter un peu plus dans son gouffre, mais Varsaw qu’il ne soit pas seul non non non, il savait que la faim, la soif, la privation de sommeil et la folie étaient toutes là avec lui pour lui tenir compagnie, juste histoire d’éroder un petit peu plus le bougre. Pendant ce temps Varsaw avait fait un peu de ménage dans la région, à commencer par Meokrad, le grand village de pisciculture avait subit une première purge qui avait porté ses fruits en ramenant deux rebels qui avaient craqué sous la pression inquisitrice, les prêtres s’étaient donné beaucoup de mal pour déceler ces deux vermines et leur interrogation avait déjà commencé dans la carriole qui les menait à la geôle la plus proche, ce n’était désormais plus la préoccupation du Sénéchal.
En plus de cette rafle en ville, il y avait eu un petit remaniement d’autorité à savoir que Kela avait été congédié et renvoyé à Orzius pour y poursuivre la formation des dernières levées de recrues. Ce type avait un réel talent pour former ses soldats et Varsaw lui avait donné l’autorisation d’appliquer ses propres protocoles de formation pour forger des débutants de A à Z, donc autant en profiter même si ça signifiait de se délester d’un de ses meilleurs -et plus agaçant- élément. En parlant de Kela… il avait apprit que celui ci avait dépecé et affiché le cadavre de la pétasse qu’ils avaient capturé la nuit où ils avaient coffré le Lieutenant Frâlan… Quel mise en scène macabre, ce type parfois ne se rendait vraiment pas compte qu’il finissait sans doute par effrayer autant ses propres hommes que ceux d’en face hein. Il lui manquait ça, il avait le respect de son régiment à n’en pas douter, mais c’était une forme de respect qui venait partiellement d’une crainte de l’homme et de ce qu’il était capable de faire. Dans le cas du Sénéchal ses troupes le savaient extrêmement féral au combat mais il réservait justement ces excès sanguins a la bataille et pas aux moment de vie plus bénins de l’armée.
Si le Commandeur avait été démis de son poste à Krùsevàtz, les renforts qu’il avait apporté avec lui étaient pour le coup restés sur place, une bonne partie de l’Inquisition et des Maîtres chiens étaient toujours affectés au quadrillage des villages tandis que les troupes volantes parcouraient toujours le ciel des vastes plaines à la recherche des deux derniers soldats d’Eïlynster qui restaient encore dans la nature… c’était cependant une mission qui avait drastiquement baissé en priorité avec le temps. Dans la théorie où les deux fugitifs avaient réussi à survivre à la faim, la soif et la fatigue en restant cachés pendant autant de temps, il y avait encore la faune hostile des marécages qui rôdait inlassablement dans son écosystème. Les deux possibilités restantes et qui paraissaient donc le plus probable étaient soit que les deux militaires étaient parvenus à atteindre leur maudit Mur, soit ils avait péri quelque part dans la nature et leurs cadavres étaient enfouis quelques part dans un marécage où ils ne les retrouveraient jamais. Quel que soit la réalité des faits ce n’était plus le soucis du Sénéchal qui menait désormais le reste des missions qui lui avaient été confiées concernant son assignation. Il devait également reconstituer les informations que le putain de Bourgmestre avait brûlé avant de se suicider comme un lâche, et ça, quelle que soit la manière dont Varsaw le tournait dans sa tête ça lui donnait une sacrée migraine rien que d’y penser.

Heureusement que tout les jours il avait son petit plaisir mignon pour “décompresser”, il venait en haut du fossé qui renfermait le Lieutenant Atvar et craquait un oeuf mi cuit au dessus de lui. Il s’amusait à tapoter la coquille de l’oeuf du doigt, morcellant lentement la surface pour le fracturer ensuite totalement et laisser couler le jaune dans le trou, avant de lancer le reste du blanc en bas. L’allégorie était peu subtile, mais s’ajoutait certainement au reste de la torture.

Le troisième jour après leur dernière excursion dans le puit ceci dit, un des gardes vint chercher l’officier dans sa tente en début d’après midi pour l’avertir de l’état alarmant de leur prisonnier. Le geôlier improvisé écarta le rabat de la tente pour pénétrer à l’intérieur du bureau et attendit la permission de s’exprimer, tandis que Varsaw écoutait calmement le type lui expliquer qu’une odeur nauséabonde se dégageait du fossé et que les mains de l’estien semblaient s’être infectées. Ils avaient laissé le mutilé se reposer pendant près de cinq heures et ils étaient venus le chercher après le repas.

”Parfait. C’est l’heure de repayer une visite à notre ami le rongeur.”

Varsaw s’empara donc de son masque, d’une fiole de Don, de son couteau et d’un chiffon de lin épais qu’il fourra dans la poche arrière de son uniforme et tout comme auparavant, il descendit dans la profonde cellule où était retenu le Lieutenant Frâlan. Ce coup ci le type dormait à poing fermé mais semblait fiévreux, et si l’odeur était insupportable ce n’était pas tant la saleté qui s’accumulait de plus en plus sur le corps du captif que l’odeur purulente qui émanait de sa blessure récente à la main gauche. Une croûte peu ragoûtante d’un jaune trouble tirant sur l’ocre s’était formé à force de rejeter du pu et l’infection était évidente même sur l’aspect externe de la plaie, si ça continuait il était probable que ça dégénère en gangrène et que le soldat en meurt.

Il ne laisserait jamais cela arriver. Trop facile.

D’un geste circulaire de la main droite il ordonna aux deux gardes descendus avec lui de faire le tour du dormeur et d’être prêt à le saisir. Cette fois ci ils ne commettraient pas les mêmes erreurs deux fois, à commencer par saisir les bras du prisonnier et à les maintenir dans son dos. Les trois hommes saisirent brusquement la belle au bois dormant et le forcèrent debout, et profitant de son réveil en panique et des cris de débattement qu’Atvar poussa instinctivement, Varsaw força le torchon sale dans sa mâchoire tout en le maintenant fermement en poussant vers l’arrière, il obligeait la tête du prisonnier à s’arquer inconfortablement vers le haut comme une oie prête à être gavée. Et gavé il allait l’être. Le Sénéchal joint ses mains derrière le crâne de l’Estien pour sécuriser le baillon dans une seule main et utilisa l’autre pour saisir une fiole de Don de la Souffrance. Il ne la dégoupilla pas tout de suite, attendant que tout soit en place afin de ne pas prendre le risque de renverser le précieux liquide.

”Doucement sale bête, hooo hoo hue.”

Varsaw saisit son couteau de combat dans la même main, callant la fiole au creux de son petit doigt et de sa paume, et il inséra la lame lentement mais fermement entre les dents de l’Eïlynsterien et du chiffon, il esquinta peut-être un petit peu la gencive en passant car il senti le type se braquer et frémir subrepticement.

”Tiens toi tranquille et ce sera vite fini.” Qu’il interprète ça comme il voulait, s’il pensait qu’ils allaient le tuer ou pas, il se tiendrait sans doute immobile dans les deux cas.

Quoi qu’il en soit Varsaw fit levier sur le couteau pour augmenter l’espace entre la mâchoire du Lieutenant et le chiffon et inséra la lame un peu plus profondément dans la bouche d’Atvar jusqu’à ce que le métal tranchant repose à plat contre la langue de sa victime. Il déboucha ensuite la fiole assez facilement puisque le couteau bien calé tenait désormais tout seul et il versa ensuite le contenu de la fiole dans la gorge déployée du prisonnier, puis il massa allègrement la pomme d’adam du Lieutenant pour le forcer à avaler. Une fois tout le processus terminé, il rangea son couteau et le restant de fiole et rattrapa le chiffon des deux mains, parce que ce qui allait suivre nécessiterait toute la force qu’il pourrait déployer pour maintenir le type en place. Bientôt, le Don ferait effet et les maux de son ami Atvar le Rat allaient être purgés par la bénédiction du Père, mais ce ne serait pas sans contrecoups, si même un type comme Varsaw se souvenait de toutes les fois où il avait eu à boire une de ces redoutables potions, c’était qu’il y avait une bonne raison. Une fois que le fils de pute ne serait plus miséreux de maladie mais toujours désorienté par le manque de sommeil et la douleur incommensurable qu’il allait bouffer, une petite séance de torture par l’eau s’ajouterai à ça en l’étouffant à répétition. Ils le maintiendrait immobile avec le torchon sur la tronche et le noierait en boucle jusqu’à ce qu’il finisse par cracher une confirmation ou une infirmation quant au nom qu’il avait donné.
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MessageSujet: Re: Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw] Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw] EmptyMer 8 Mar - 20:01
12 h 22 - 6 Junon de l'An 1999

Son sortilège avait fonctionné si ce n'était que pure perte de temps et d'énergie. Il encourait plus le risque d'être corrigé par le Sénéchal. À chaque fois qu'il avait usé de sa magie, il en avait payé les conséquences. Sa main droite totalement paralysée et celle de gauche qui avait été transpercée d'un coup de poignard étaient là pour lui rappeler ce que provoquaient ses petites rébellions. Peu importait en fait pour l'Estien, si ce n'était de faire juste chier ce connard. Il en aurait bien ri tiens, si ses conditions de détention ne l'avaient pas trop affaibli. Quand Varsaw s'était mis à se mouvoir, Artane s'était crispé, se préparant au contrecoup. Rien ne vint, si ce n'était le déplacement de l'officier qui s'adossa contre le mur de sa prison terreuse. Le cœur palpitant de crainte, s'attendant toujours à un sale retour de la part de son geôlier, le captif attendait, guettait le moindre mouvement. Les deux hommes se fixaient, droit dans les yeux. Et durant le laps de temps que durait le sort de silence, le Teïderien testait son ouïe par un claquement de doigt. Là aussi, Artane aurait bien ricané à cet essai grotesque. Mais son esprit était autre part, ailleurs...

La tension qu'il s'infligeait, sans savoir ce que lui réservait Varsaw, termina d'achever ses maigres forces. Le monde commença à tanguer autour de lui, tout comme de devenir doucement flou. Artane n'avait nul besoin de se questionner sur ce qui lui arrivait : il était en train de perdre connaissance, la seule et unique voie de soulagement dans son petit environnement à demi enterré de sa prison. Il ne lutta pas, se laissant lentement emporter dans l'évanouissement. C'était la seule fuite possible, pour échapper aux sales jeux de cet enfoiré ; pour ne plus rien ressentir, plus rien percevoir, de n'avoir que les ténèbres et l'absence de conscience comme seul et uniqueréconfort.


12 h 32 - 6 Junon de l'An 1999

Cette perdition dans les abîmes ténébreux ne fut que de courte durée. Une grande claque froide et humide tomba sur lui. Le prisonnier sursauta, le souffle coupé. En même temps, une crampe dans l'abdomen le prit, comme si une énorme main lui broyait l'intérieur, le contraignant à se recroqueviller. Il serra les dents pour ne pas crier par cette sensation intérieure des plus inconfortables. Haletant, il resta prostré, le temps que cela passe. Bordel ! Qu'est-ce que ces enfoirés avaient trouvé comme idée pour tenter de le pousser à bout ? Un léger refoulement gastrique lui déposa dans l'intérieur de sa bouche un goût acide et un autre moins amer, proche d'un souvenir tout récent. Artane se rappela et se sentit encore plus mal. Ses chiens l'avaient gavé avec le contenu de la casserole de toute à l'heure. Quand et comment, il ne voulut pas le savoir. Chose certaine était que pour le moment, on désirait le garder en vie. Il frémit. Tant qu'il ne parlera pas, Varsaw continuera à le torturer. Il chassa immédiatement le petit souhait de ce connard hors de sa tête.

Le malaise passa, bien qu'un instant, il crut autant s'évanouir que de vomir. Instinctivement, son corps s'était retenu de vider son estomac, ayant la nécessité de retrouver des forces, après ces derniers jours de jeûne forcé.

Se redressant comme il put, en s'appuyant sur ses poignets et ses avants-bras, il s'assit et s'adossa contre le mur de son trou, remontant ses genoux contre lui. Dès qu'il sentit que cela imposait une pression sur son abdomen, il ne força pas plus. Tout ce qu'il pouvait faire maintenant, était d'attendre et subir à nouveau les petits sales petits amusements de ces fils de chiens... Le seau d'eau était le glacial appel qu'on n'oubliait pas cette partie lancée. Et il ne pouvait rien faire, hormis demeurer éveillé le plus longtemps possible, et de retourner dans le cycle de plus en plus oppressant du manque de sommeil. Varsaw, fils de pute ! Il lui foutait la pression sur plusieurs fronts. Le doute et l'angoisse montèrent d'un cran.

En essayant de penser à autre chose, il se demanda un instant comment ses tortionnaires avaient fait pour le nourrir. Il regretta amèrement d'y avoir accordé qu'un bref instant, lorsque des sensations physiques lui revinrent, peut-être même une brève vision floue d'avoir eu cette saloperie de masqué au-dessus de lui, avec sa casserole, avec quelque chose qui sortait de sa bouche et qui entravait le fond de sa bouche et de sa gorge. Un goût écœurant emplit soudainement sa bouche. Il cracha plus loin, manquant de se trouver mal, encore. Heureusement, il ne régurgita pas ce qui emplissait son estomac. Il ne pourra que récupérer quelques forces, quand tout sera assimilé.

*Pour subir plus longtemps. *

Cette évidence l'affecta plus encore. Combien de temps pourra-t-il encore tenir sans craquer ? Viendra un moment où il cédera. Et là, il deviendra une mine d'informations pour ces chiens... Il chassa cette évidence, et se recroquevilla. Le temps jouait contre lui.


07 h 13 - 7 Junon de l'An 1999

Une frappe aqueuse et glaciale le sortit une énième fois quand le sommeil l'avait saisi quelques instants plus tôt. Il était éreinté. Une nouvelle nuit était passée, à claquer des dents, à ne rien faire d'autres qu'attendre, lutter pour ne pas s'endormir et subir un autre jet de flotte lancé par les gardes plus haut. Il avait bien tenté de se frictionner, mais avec ses mains mutilées, cela n'avait été guère possible ; hormis de les caler sous ses aisselles. C'est là qu'il avait commencé à sentir une pointe douloureuse poindre dans sa main gauche. La plaie était rouge et gonflée sur les pourtours de l'entaille. De temps à autre, ça pulsait.

*Pas bon signe ça...*

Avec les diverses privations, son organisme perdait sa capacité immunitaire, s'affaiblissant plus. Les barrières s'abaissant, l'infection avait pu gagner sa blessure et l'envahir. En même temps, on se trouvait à Teïder et dans son trou terreux, les miasmes qui pourrissaient les cerveaux de ces enflures de dégénérés pouvaient trouver une faille et apporter la maladie. Artane se rendait à l'évidence : son état général déclinait dangereusement. Il n'y avait plus qu'à espérer que cette daube l'achève rapidement, avant que sa langue se délie…

Plus tard, dans l'après midi, se secouant pour ne pas sombrer, il leva la tête, attiré par le passage d'une ombre. Son regard fatigué crut apercevoir une silhouette croisée à Krùsevàtz même... C'était qui déjà ? Le bourgmestre. Non... il ne pouvait pas être vie, il s'était donné la mort... Il frotta ses yeux avec l'aide de son poignet droit. Putain, c'était ce salaud de Varsaw ! Qu'est-ce qu'il foutait encore ? Que cherchait-il à lui faire subir cette fois ? Des morceaux de coquille d'œuf tombèrent sur lui, précédé d'un reste mi-cuit de blanc et de jaune. L'image était plus qu'évidente pour le prisonnier : le Sénéchal lui faisait comprendre qu'il le briserait dans ses mains, qu'il morcellerait sa volonté morceau par morceau. Une fois cette enflure parti, Artane ne put s'empêcher de trembloter involontairement.


10 h 40 - 8 Junon de l'An 1999

L'épuisement enivrait son corps et son esprit. Cette fois, ce n'était plus le seau d'eau qui le sortit brutalement de son endormissement involontaire, ce furent des coups de perche. Il avait sursauté quand on aiguillonna violemment son flanc, pour l'obliger à demeurer éveillé. Quand il reprit un peu plus conscience, c'est là qu'il sentit la morsure de l'eau froide sur sa peau. Cette information peina à se frayer un chemin à travers son esprit abruti de fatigue. Artane avait de plus en plus de mal à penser clairement. Ressentait-il seulement le froid maintenant ? Ah si, il tremblait... Il leva péniblement la tête vers le haut du trou qui lui servait toujours de prison. Il avait cru voir du monde remuer là-haut. Un garde ? Varsaw ? Une ombre apparut comme sortant du néant. Putain, c'était qui ça encore. La silhouette ne lui disait pas grand-chose... ah tiens, il paraissait être aussi effrayé que lui...

*Dégage....*

Il n'eut pas la force et l'envie de l'exprimer verbalement. Ce ne fut qu'après coup qu'il se remémora où il avait vu ce type. C'était l'autre pauvret de la scierie. Lui était demeuré en vie... pourquoi il viendrait le hanter ici ? Et la scierie... qu'est-ce qu'il y avait fait déjà ? Bon sang… Son esprit dériva, impossible de réfléchir, du pourquoi du comment. Une douleur pulsante se rappela à lui. L'infection était bien plus visible et s'était étendue. Pour comparer, il mit sa main droite mutilée côte à côte. Elle aussi commençait à enfler ? Ah oui, les tendons avaient été tranchés... et l'autre merlan... Merlu.. murlu.. L'autre qui l'avait soigné sommairement, avait juste employer une basse magie pour refermer l'entaille du tranchant du poignard de Varsaw...

Une autre forme ombreuse se profila au bord du trou. Plus tangible, plus sombre, plus réelle. Il la reconnut, il frémit, et ferma les yeux pour ne pas voir les fragments d'œuf lui tomber sur ses genoux repliés contre lui.


14 h 02 - 9 Junon de l'An 1999


Le temps s'écoulait grain après grain, faussant presque la vitesse de son passage journalier, rendant son passage presque insupportable pour l'Estien. Depuis combien de temps était-il là-dedans ? Il avait perdu cette notion temporelle. Une sombre forme passa encore au-dessus de lui, il ne prit même pas la peine de lever la tête. Il savait très bien qui venait encore le narguer. Le Lieutenant se refusait de lui offrir un visage marqué par le début de maladie et le sommeil qui cernait totalement ses yeux. Qu'il aille se faire foutre ! Ou alors, ce n'était pas ce connard masqué, mais juste une énième hallucination visuelle, venant de son cerveau épuisé. Réfléchir devenait quasiment trop difficile, dévorant ses maigres réserves de lucidité... Pourtant, il en avait besoin là, maintenant.

Une fois la silhouette imposante partie, il sut qu'elle avait été réelle, par la présence des fragments de coquille. Il les repoussa du dos de ses mains. La main gauche était atroce à contempler. Il la porta sous son aisselle droite et se mordit les lèvres pour ne pas crier à la douleur que le serrage de son bras provoquant sur la blessure purulente. Cela contraignit son organisme à réagir.

Réussissant à réaligner un peu ses capacités mentales par cette souffrance infligée, l'angoisse lui provoqua quelques spasmes. Quelques larmes coulèrent même sur ses joues sales. Bientôt, il cédera, il en avait la conviction. Et bientôt, les autres, ses frères et sœurs du Mur, en pâtiront.

*Bon sang !!*

Et il ne pouvait rien faire, si ce n'était d'espérer que l'infection se propage dans le sang pour terminer d'achever ce que ce fils de pute de Varsaw avait commencé. Il n'y aura rien de glorieux, mais au moins, il ne pourra pas être brisé. On ne brisait pas ce qui était mort, n'est-ce pas ? Surtout à Teïder.

Il cala son front sale sur ses genoux, serrant les dents à s'en faire mal. Il tremblait, dévoré par l'anxiété, par la peur, par l'échec proche. Pour la première fois depuis des jours, il ne put retenir des larmes de désespoir...


07 h 25 - 10 Junon de l'An 1999

Il frissonnait. Non pas à cause du froid, mais de la fièvre qui s'était manifestée avant l'aube. Artane n'avait guère besoin de voir l'état de sa blessure surinfectée pour savoir qu'elle en était la source. À moitié vaseux, il ne cherchait guère à savoir la suite. Il voyait qu'une chose : Le Mur. Comment avait-il pu l'oublier depuis ces derniers jours ? Non, il ne l'avait pas vraiment oublié... il avait toujours été là, c'était lui qui avait été ailleurs, voilà tout. Il entendit des murmures...

''Protégez-vous derrière le Mur..''que disaient des voix familières, mais dont les noms qui les soufflaient lui échappaient totalement.

Le Mur... Artane Nordan devait rester derrière. Il ne devait rester qu'Atvar, qui avait tenté une mission d'infiltration pour foutre le bordel dans la région et qui avait lamentablement échoué... Artane, lui, avait tout donné, tout. C'est lui devait être derrière le Mur, à l'abri. Atvar ne méritait pas d'être derrière...

Un instant, pendant que ses paupières se fermèrent, il crut se voir lui-même, fixant les hauteurs impressionnantes du Mur, avant de s'y engouffrer, comme pour se fondre dans les fondations à la résistance séculaire. Il soupira à peine. Artane Nordan était à l'abri désormais... Il se laissa emporter dans les bras du sommeil qui lui avait été si longtemps interdit.

Plusieurs heures s'écoulèrent, sans qu'on vienne l'arroser d'eau froide, le secouer ou le frapper. Ce temps fut presque du pain béni pour le prisonnier, qui n'avait pas conscience de ce petit cadeau ; cadeau juste nécessaire pour que la fièvre provoquée par la purulence de sa main ne l'achève trop vite. Un bref réconfort loin des tourments, du désespoir et de la peur… un réconfort qui n'était pas voué à persister.

Le prisonnier fut réveillé brutalement, quand des mains le saisirent sans ménagement et le forcèrent à se lever. Il se braqua, totalement désorienté, lâchant quelques cris ; ou des injures ? Quelque chose en tissu passa dans sa bouche, lui imposant à poindre le menton vers le haut. Bien qu'il eut pu profiter de quelques heures d'accalmie, son cerveau était encore embrumé par la privation de sommeil. Il sut voir le masque effrayant de Varsaw, il savait qui il avait en face de lui. Mais ça n'imprimait pas, ça demeurait coincé dans un recoin de sa tête. Il réagissait en défense instinctive pour le moment, entravé dans ses mouvements, vu que les deux sbires de Varsaw étaient là pour le maintenir fortement.

Quand il aperçut le poignard du Teïderien, celui-là même qui lui avait tranché les tendons de la main droite et transpercé la paume de celle de gauche, les brumes d'incompréhension s'affaissèrent aussitôt. Ce fils de chien faisait quoi avec cette lame, la rapprochant de sa bouche ? Il se démena, en pure perte. Il écarquilla alors les yeux, pendant que la pointe acérée se rapprochait toujours plus. Qu'est-ce qu'il voulait foutre ? Et puis cette fiole, c'était quoi ? Son cerveau ne fit qu'un tour. Dans un soubresaut, il trouva la réponse : leur putain de Don de la Souffrance.

Varsaw n'en avait pas fini avec lui et il était prêt à employer leur sordide mixture pour qu'il ne lui claque pas dans les pattes, avec les effets atroces que cela apportait en même temps. Tous les Estiens connaissaient les capacités de cette potion, qui s'adjoignaient à un lot de souffrance sans nom. À croire qu'elle avait été créée exprès pour répondre à leurs dogmes de dégénérés. Le Lieutenant essaya encore de se débattre, mais maintenu par ses tortionnaires et à bout de force, il ne put que subir l'approche du plat du couteau, qui fut inséré entre le bâillon et ses lèvres. Le fil parfaitement aiguisé ripa sur la gencive. Comme la dernière fois, quand cette lame l'avait blessé, un flot de souffrance s'instilla dans son corps. Il se crispa. Varsaw lui ordonna de se tenir tranquille.

*Plus facile à dire qu'à faire, pauvre salaud ! *

Il grogna à travers le torchon qui entravait sa bouche , avant de sentir l'effet levier du couteau. Varsaw avait anticipé un possible refus de son prisonnier, en agissant de la sorte. Puis, un liquide envahit la surface de sa langue. L'Estien se retint de déglutir. Il était hors de question d'avaler ce truc ! Encore une fois, ce fut un acte réfractaire en pure perte, car le Sénéchal le força à l'avaler, en portant sa main à la gorge. Le captif avait frémi à ce contact, comme si cela lui brûlait la peau. Le Don de la Souffrance s'écoula en lui et ne mit quelques secondes à agir dans son organisme.

L'officier Estien était fermement tenu lorsque tous ses muscles se crispèrent violemment au cyclone grandissant de souffrance qui envahissaient son être. D'abord, il avait mordu le torchon sale, pensant résister à l'enflammement de cette torture physique qui venait des tréfonds de ses chairs. Sa lutte fut une défaite quand il hurla. Il hurla à cette immonde impression d'être déchiré de tout côté. Il hurla pendant que ses muscles furent saisis de spasmes brutaux, sentant chaque fibre s'enserrer, se tendre à s'en rompre. Le captif se tortillait, comme pour s'échapper. Mais où ? Ça le transperçait de toute part, cela le broyait de l'intérieur. Même la surface de sa peau encrassée ressentait l'impression de brûler vive.

Il ne fut plus que cris de douleurs et totale souffrance.

Combien de temps cela dura-t-il ? une minute, plusieurs minutes ? Une heure ? Une éternité... Cela dura que trop pour lui, arrivant presque plus demeurer conscient. Il crut sombrer quand cela diminua lentement... trop lentement. Il serra les poings pour essayer de reprendre un peu de contenance, tout en haletant bruyamment. Bordel, comment pouvait-on créer pareille horreur ! Il enfonça ses ongles dans ses paumes. Sentir ses doigts remuer, sentir ses paumes, des deux mains... Quoi ? Quel choc de retrouver leur mobilité ! Mais à quel prix ? C'était quoi la suite désormais ? Ses yeux fixaient maintenant Varsaw. Fils de chienne, sale enfoiré… tellement d'insultes passèrent d'un coup dans son esprit libéré de la fièvre.

Sa respiration se fit un peu plus soupirante, la lassitude et l'épuisement reprenant déjà le dessus. Alors, c'était quoi la suite ? Qu'est-ce que cet enfoiré lui réservait comme sale jeu ? Il ne lui avait pas fait boire sa précieuse potion par bonté d'âme. Les Teïderiens ne connaissaient même pas ce mot, donc encore moins sa valeur. L'inquiétude s'accrût. Ce ne sera pas la fièvre qui déliera sa langue, c'est ce qui viendra, ce que lui réservait déjà Varsaw.

Celui-ci avait patienté que termine de faire effet le Don de souffrance, avant de passer à la suite de ses effroyables plans à l'égard de son prisonnier. Il ordonna à ses deux soldats de mettre à terre l'Estien, et de le maintenir dos contre le sol. Là, il prendra le torchon, pour délicatement le déplier. Pendant ce temps, un autre soldat apporta plusieurs seaux d'eau. Bordel, il avait tout prévu d'avance cette saloperie à deux jambes ! Le morceau de tissu lui couvrit entièrement le visage. La peur enfla dans sa poitrine. Là, clairement, il ne tiendra pas. Après tout ce qu'il avait subi, Varsaw montait d'un cran sévère.

Il crut l'insulter, il n'eut pas le temps quand un filet d'eau s'écoula sur son visage, imbibant d'abord les fils tissés. Quand ces derniers saturèrent d'eau, le fluide chercha d'autres moyens pour s'écouler. Il trouva une voie d'écoulement par le nez, s'y infiltrant. La sensation était d'abord désagréable, avant de devenir contraignante. Le Lieutenant essaya de tourner la tête, mais le torchon solidement tendu sur sa tronche l'empêcha de la mouvoir. Après la contrainte, ce fut l'entrave à la respiration. Et l'eau coulait toujours. L'air ne passait plus, provoquant un gargouillement liquide dans la fosse nasale et la bouche. Le supplicié tenta de la recracher, pour accéder à l'air ambiant. Ce fut l'eau qui reprit sa place après avoir eu une partie expectorée.

Après l'entrave, ce fut la suffocation.
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MessageSujet: Re: Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw] Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw] EmptyJeu 9 Mar - 19:01
14:02 - 10 Junon de l'An 1999

Putain de merde!

La réaction de l’Estien avait été si violente, Varsaw et les deux gardes se raccrochaient fermement à ses bras et à son torse mais le corps était pris de spasmes si intenses qu’ils peinaient à l’immobiliser complètement. Les soubresauts successifs devenaient de plus en plus impétueux alors que l’Eïlynsterien s’arquait vers l’arrière, ses bras se contractaient automatiquement et ses mains cherchaient à agripper quelque chose pour passer la douleur, les Teïderiens avaient prit bien soin d’éloigner leurs propres bras de la portée de leur victime afin d’éviter de se faire broyer un poignet ou un avant-bras. Le Sénéchal était anxieux, il se demandait si son rat n’allait pas lui claquer dans les doigts d’un arrêt du coeur ou d’un état de choc, il ne pouvait pas bien sûr, il ne devait pas. Il fallait qu’il survive. Il avait décidé d’opter pour le Don parce qu’il le pensait capable d’encaisser cette souffrance, cet enfoiré avait enduré tout ce que le Père lui avait jeté dans son chemin d’hérésie jusqu’ici, ce n’était tout de même pas pour qu’il lâche maintenant ça non. Aller. Aller. Le Lieutenant commençait à se calmer, épuisé par la douleur, il était apparent qu’il ressentait encore les effets de la décoction bénite mais il avait embrassé le supplice au lieu de le rejeter, c’était bien, la bonne chose à faire.

Aller.

Un dernier hurlement, et le type sembla reprendre partiellement un état normal, ses mains pour le coup revinrent à lui et il put à nouveau bouger ses doigts librement, Varsaw observa les mains se chercher elle mêmes, les ongles s’enfoncer dans les paumes tandis que les blessures finissaient tout juste de se résorber et que les plaies se refermaient à vue d’oeil tandis que le derme se régénérait à vitesse grand V. Parfait, non seulement il avait survécu, mais en plus de ça il demeurait conscient et en bon état. Bon il aurait peut-être encore un peu les effets de la fièvre mais ce ne serait que le temps que son corps comprenne qu’il était rétabli, ses jours n’étaient plus menacés par la gangrène. Par les Teïderiens par contre… Le Sénéchal ne perdit pas de temps, il relâcha sa prise sur Atvar et s’écarta du Lieutenant tout en ordonnant:

”Clouez le au sol sur le dos, et veillez à ce que ces mains ne puissent bouger.”

Chaque garde força donc la position du malheureux contre la terre boueuse du trou à rat en s’agenouillant sur ses bras et le groupe de soldats qui demeuraient en haut se relayèrent pour descendre des seaux d’eau les uns après les autres. Varsaw ne prit même pas la peine de dire quoi que ce soit ou de poser la moindre question d’entrée de jeu. Il cherchait à déstabiliser l’esprit de sa cible et à entretenir l’état de désorientation dans lequel il se trouvait après avoir subit autant de souffrance, donc il n’allait pas marquer de pause parlotte pour le moment. Il jeta le torchon nonchalamment sur le visage de l’Estien et le sécurisa proprement pour éviter qu’il ne tombe sur le côté, puis saisissant un baquet d’eau glacé d’une main il le versa lentement sur le chiffon. Litre après litre, l’eau s’écoulait et imbibait de plus en plus le morceau de tissu jusqu’à devenir totalement imperméable à l’air. Le Lieutenant tentait de tousser et de cracher. Ses jambes commencèrent à se débattre dans le vide, glissant sur la boue, cherchant désespérément à déloger un de ses tortionnaire pour se libérer de là. Rien n’y faisait.

”Eh bien alors ta magie ne te permet pas de respirer?” Non, il savait qu’elle ne pouvait pas faire cela, les sorts de vents, Varsaw les connaissait bien, Slawomir était lui même un manipulateur de ces artifices.

Il continua de vider le seau jusqu’à la dernière goutte, prenant le baquet à une seule main tandis qu’il arrivait vers la fin et que le bac devenait plus léger, il saisit un deuxième seau et dès qu’il vint à bout du premier, il interchangea rapidement les deux pour continuer un flot ininterrompu de liquide et étouffer sa cible. Le petit fils de pute cessa de se débattre, il crachait de moins en moins et avec peu de conviction, juste à ce moment là, l’officier releva le seau, le posa au sol et souleva le torchon du visage d’Atvar, aussitôt il le vit ouvrir grand la bouche pour aspirer goulûment plusieurs gorgées d’air précieux pour retrouver son souffle. Il avait l’air d’un poisson hors de l’eau:

”Et bah alors? On a oublié comment respirer?”

Il ne lui laissa même pas le temps de répondre, de toute façon il n’y avait rien d’intéressant qu’il aurait possiblement pu écouter de sa proie à ce stade si ce n’était des injures envers sa mère, et de toute façon il aurait beau insulter sa génitrice, Mihkaï ne se souvenait pas d’elle donc ça lui faisait une belle jambe. Il rabatta donc le chiffon immédiatement sur le visage d’Atvar et entrepris d’utiliser ce qu’il restait du seau déjà entamé, un nouveau round de noyade plus tard, il ôta à nouveau le torchon trempé, laissant ce coup ci le pauvre type récupérer un peu plus… jusqu’à ce que Varsaw lui envoie son poing dans la mâchoire puis un autre dans l’abdomen, remontant à l’impact vers le diaphragme afin de chasser l’air le plus possible des poumons de cette sale vermine. Le type hoquetait tandis qu’il se battait pour rattraper sa respiration évasive, ce serait dommage si le Sénéchal profitait de ça pour lui faire boire la tasse… Tellement dommage. Ce fut donc exactement ce qu’il fit, posant le bac au sol il saisit la nuque du prisonnier haletant et le plongea dans le seau, l’attrapant par les cheveux, les oreilles, la base du cou et quoi que ce soit qu’il pouvait lui saisir pour l’empêcher de se relever. Ils se débattirent ainsi pendant une vingtaine de secondes, c’était peu, mais c’était normal vu que le bougre n’avait pas pu prendre d’inspiration avant de se faire noyer. Lorsqu’enfin Varsaw lui permit de se relever et de respirer une bonne fois pour toute, il enfila son masque de perception, s’accroupit à sa hauteur, les mains pendantes entre ses genoux, les coudes sur les cuisses:

”Alors l’Estien, réponds moi par oui ou non sinon on va y passer l’après midi, est-ce que tu t’appelles Atvar Frâlan?”
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MessageSujet: Re: Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw] Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw] EmptyJeu 9 Mar - 21:59
Le Lieutenant avait vaguement perçu les paroles moqueuses de Varsaw pendant que la suffocation commençait à l'oppresser. Sa préoccupation première n'était pas de lui répondre, ou de l'injurier, il en était incapable de toute façon. Il cherchait à respirer, à emplir ses poumons d'air. Le torchon totalement imbibé de flotte l'en empêchait et l'enfoiré masqué maintenait un flot continu d'eau sur son visage. Il se démenait, de toutes ses forces, espérant pouvoir se libérer un bras et arracher ce qui entravait ses voies respiratoires. Mais rien n'y faisait. Les deux gardes de Varsaw avaient su se placer sur ses bras de telle sorte qu'il ne pouvait y exercer aucune force... et encore moins employer sa magie pour essayer de se dégager de l'emprise de ses tortionnaires.

Son organisme commençait à manquer d'oxygène. Son cœur se mit à battre plus rapidement pour compenser cette privation croissante, pour maintenir ce taux vital dans son sang. Mais à chaque pulsation qui poussait le fluide écarlate dans les veines, le précieux apport se faisait plus rare, brûlé entre ses vains débattements et la poitrine qui convulsait. Il s'arqua en sentant ses forces l'abandonner lentement. De l'air... DE L'AIR ! Il crut défaillir quand la loque plus que dégoulinante d'eau se retira de son visage. Là, comme un signal, sa bouche s'ouvrir en grand pour pouvoir inspirer le plus d'air possible, à en avoir mal à la poitrine. Chaque inspiration rauque était plus que bienvenue comme douloureuse.

Reprenant à grande peine son souffle, la voix de Varsaw retentit à ses oreilles, encore à se foutre de sa gueule. L'Estien n'eut pas le temps de lui jeter un regard injurieux que déjà, le petit jeu de la noyade recommença. Comme pour la première partie du sale jeu offert par le Teïderien, le captif se débattit comme il put, luttant pour accéder à l'air qu'on lui interdisait d'avoir une fois encore. La suffocation fut telle qu'il crut se retrouver dans les marais, Varsaw le retenant sous la surface de l'eau du lac... Il voulait... respirer. Ses poumons le brûlaient atrocement… Le torchon se retira et il put, une nouvelle fois, être autorisé à respirer. La tête lui tournait, sa poitrine était prise de spasme. Diantre… il ne tiendra pas si ce connard maintenait ce rythme... Il cracha le peu d'eau qui avait réussi à s'infiltrer dans sa gorge que d'un coup, un coup de poing l'atteignit brutalement à la mâchoire, avant qu'un autre s'ensuivit dans l'abdomen. À moitié plié en deux par la brutalité du coup, il ne parvint plus, une fois de plus, à respirer. Varsaw le saisit violemment par la nuque. Le Lieutenant eut juste le temps de comprendre en voyant le bac d'eau qu'on y plongea sa tête de force.

Une vingtaine de seconde, ça ne paraissait rien... sauf quand on n'avait pas eu le temps de prendre ce qu'il fallait pour tenir un peu. Là, l'Estien avait été frappé justement pour ne pas avoir le temps de prendre son souffle avant la nouvelle apnée forcée. Une vingtaine de secondes... un temps atroce à subir, quand on luttait contre ses propres réflexes respiratoires. Ses muscles bandés pour essayer de sortir de cette prison aqueuse, il fut secoué de quelques spasmes, juste avant de… Il fut relevé hors du bac avant l'instant fatidique de la vraie noyade. Toussant, il s'affala sur son flanc, les forces sapées par ces suffocations aquatiques répétées. Pendant ce temps, Varsaw s'était mis dans une posture adéquate, pour lui faire face. Le Lieutenant se soucia plus de récupérer un réel rythme de respiration, que de sa putain de présence de merde... L'envie de l'insulter vint quelques secondes à son esprit, avant de vite s'étioler dans les méandres de son esprit à ce qu'il venait de subir. À l'instant, Varsaw venait de lui poser une question. Le prisonnier ne put s'empêcher de frissonner... il ne pouvait plus lutter, il n'en pouvait plus vraiment... Atvar n'en pouvait plus. Et Artane ? Artane n'était pas là... il était loin, loin derrière le Mur.

''Oui...''dit-il sur un ton las.
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MessageSujet: Re: Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw] Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw] EmptyLun 13 Mar - 13:28
14:08 - 10 Junon de l'An 1999

Atvar Frâlan.

Rien, pas le moindre picotement. Aucun stimulis extérieur. Rien d’autre que la plus pure des vérités. Au final il avait dit vrai, maintenant qu’il en avait la confirmation Varsaw poussait un léger soupir de satisfaction. Il ferma les yeux derrière le masque de ronce et le remplaça par le sien en acier noir, laissant le visage torturé de métal pendre à sa hanche tandis que son propre visage se déformait en un sourire carnassier. Il pointa du doigt les deux seaux d’eau et fit signe à un des hommes en haut de descendre pour venir le remplacer.

”Finissez donc sa douche.”

Il remonta à la corde jusqu’à sortir du fossé, s’asseyant sur le rebords pour observer l’estien continuer de se faire étouffer en boucle et cracher ses poumons à chaque fois. Ses jambes pendaient dans le vide, il ressentait tout l'abattement des deux dernières semaines retomber d’un seul coup sur ses épaules, il venait tout juste de clore ce chapitre, maintenant il pouvait passer à autre chose. Enfin. De nouveaux gémissement furent émis d’en dessous du torchon tandis qu’un énième seau d’eau se renversait sur le sol et sur sa tête. Petit fils de pute, Lieutenant Atvar Frâlan. Ce nom au moins il ne l’oubliera pas, c’était un nom qui l’en avait fait bavé, il l’avait battu de ses propres poings, il devait admettre qu’il y avait quelque chose de personnel entre lui et ce sale con. Varsaw se releva et rentra au camps, dans sa tente, au chaud. Il s’assit sur sa chaise, soupira une fois de plus devant la fatigue qui l’assaillait avec malice, il ne pouvait cependant pas se permettre de tirer au flanc, il avait toujours du travail à faire. Il saisit la pile de documents et une recharge de papier vierge pour se mettre à table et gratter, rapports de missions pour son Connétable, résumés de patrouilles, ordres de préparation de la frontière, permissions d’investigations pour les Inquisiteurs, répartition des ressources pour les campements provisoires et budgétisation des prochaines semaines à venir, il y avait encore tellement à faire. Plusieurs heures passèrent, interrompu momentanément par les différents sergents qui venaient le trouver pour demander son expertise sur les entraînements et les routines d’exécution il ne progressa pas autant qu’il l’aurait souhaité. Il reposa son porte-plume à côté de l’encrier, juste histoire de faire une petite pause, il alla dehors pour s’aérer un peu l’esprit et vit un des gardes d’Atvar marcher vers lui d’un pas languissant. Derrière son masque l’officier leva un sourcil interrogateur, il attendit patiemment que le soldat arrive devant lui et lui adresse un salut militaire avant de poser sa question:

”Mon Sénéchal, moi et les autres on se demandait quand arrêter la torture, c’est que la terre au fond du trou est si humide qu’elle n’absorbe plus l’eau, on patauge là dedans.”

”Pardon?” Varsaw regarda le type avec hébètement, mais qu’est-ce que ce débile venait de lui dire au juste? ”Non mais attendez soldat, ça fait depuis combien de temps que vous y êtes là? Ne me dites pas que vous ne vous êtes pas arrêté depuis que je suis parti si?” Le silence stupide lui apporta sa réponse. ”Bande d’abrutis finis, je vous ai dit de finir sa douche, SA DOUCHE putain pas de finir le prisonnier. Bon allez le chercher et refoutez le dans sa tente, vous pouvez le ré-enchaîner au poteau, assurez vous juste que ses attaches sont solides.” Il rajouta au soldat qui se retournait déjà: ”Et vous profiterez de sa fatigue pour faire une petite patrouille toi et tes camarades, vous courrez autour du camps une dizaine de fois histoire de vérifier qu’il n’y a pas d’ennemis autour hmm? Vous pourrez en profiter pour réfléchir un peu et développer le bon sens que vous n’avez visiblement pas.”

Alors que le garde repartait la queue entre les jambes, il l’observa s’éloigner et visualisa la scène, les soldats fatigués de manier les seaux pendant plusieurs heures, le torturé qui devait être au bord de l’inconscience, tout ça pour absolument rien. Il rit. C’était la première fois depuis le début de ce merdier.

Il est temps de retourner bosser un peu. Il avait aussi une notification de capture à envoyer à ses supérieurs et à l’Inquisition.

***


20:30 - 11 Junon de l'An 1999

Les gardes postés en faction autour de la tente d’Atvar étaient assit dehors, attendant la venue de la relève. Ils avaient effectué un tour de 6h et ils avaient les jambes engourdies par l’inactivité, au moins c’était calme et le repos supplémentaire n’était jamais de refus. Le prisonnier n’était pas chiant en plus de ça, il ne hurlait pas, il ne se débattait pas, ça les laissait tranquille pendant les longues heures d’oisiveté. Les trois prochains gardes étaient en vue, Ruk fronça les sourcils, ce n’était pas les gars habituels, il leva une main pour les accueillir et leur échangea une poignée de main.

”Vous êtes qui vous? Ils sont où Kahl, Piotr et Cornatcov? ”

”Salut déjà.” Le type lui répondit l’air un peu ronchon, il avait l’air d’avoir une humeur massacrante. ”Cornatcov est là, sympa pour lui, pour les deux autres ils sont tombés malade, nous deux on vient de la réserve donc je t’assure qu’on est bien content de saquer notre sommeil pour venir surveiller ce type.”

Le gars avait en parlant un fort accent que Ruk ne savait pas replacer, il se pencha vers la droite et aperçu effectivement Cornatcov qui se tenait un peu en retrait, celui ci lui fit un petit acquiescement de la tête pour approuver les dires des deux gars de réserve. Apparemment ils ne se connaissaient pas et le caractère un peu timide de Cornatcov le mettait un peu à l’écart. Bon, ils auraient de toute façon tout le temps de faire connaissance cette nuit.

”Bon eh bien, amusez vous.”
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MessageSujet: Re: Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw] Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw] EmptyMer 15 Mar - 11:27
Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw] 884b7011Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw] Ac299411
Ruth et Mezno

Spoiler:



20 h 35 - 11 Junon de l'An 1999

''Et vous, bonne nuit hein ! "fit le ronchonneaux.

Il regarda les trois Teïderiens partir, bien ravis de pouvoir aller se pieuter. Bien, maintenant, à eux de prendre ce tour de garde, alors qu'il faisait nuit.

Ruth regarda Mezno. Un simple regard suffit pour la suite qu'ils avaient convenu tous les deux.

''Hé, Cornatcov ! ''fit Mezno. ''Ça te dit une partie de dés pour démarrer la soirée ?
''Oui, mais on est sensé....''
''T'inquiète pas rhôoo. Ruth gardera un oeil dessus. Et puis, tu crois qu'il va s'échapper ? ''
''Euh.. non...''
''Quand l'ennemi passe dans les mains de notre Sénéchal, c'est plus un ennemi, c'est un homme réduit ahaha. ''

Ruth s'était rapproché de l'entrée de la tente, pendant que son compère s'occupait avec le Teïderien, qui peinait déjà à comprendre la blague de l'autre soldat. Ils avaient six heures avant la prochaine relève de la garde. Six heures pour tenter cette folie, alors qu'avec Mezno, il aurait pu attendre patiemment que les renforts de troupe retournent à leurs bases d'origine. Là, ils auraient pu décamper... Mais nonnnn ! D'avoir eu simplement l'idée d'abandonner le Lieutenant à son sort l'avait écœuré de lui-même. Il poussa le rabat de la tente.

Il ne manqua pas de se mordre la main pour ne pas insulter haut et fort les Teïderiens en voyant l'état d'Artane. Un simple drap grossier le couvrait à peine de sa nudité, histoire qu'il n'ait pas trop froid ; tu parlais d'un réconfort ! De la boue séchée couvrait une partie de ses jambes et ne parlons pas de la crasse qui n'était pas partie sur le reste du corps. Au premier abord, pas de blessures visibles, hormis les meurtrissures provoquées par les menottes de fer qui enserraient ses poignets et le retenaient à un solide poteau. ... étrange, ces enfoirés n'étaient pourtant pas des enfants de chœur. Ah, mais peut-être leur foutu Don de la Souffrance ? Après avoir frémi au fait que son chef avait dû en boire, Ruth se rapprocha du prisonnier. La fatigue et la privation de nourriture marquaient les traits de son visage. Les paupières closes, il était soit profondément endormi ou évanoui. Putain ! Il ne pouvait pas traîner trop longtemps. Il tapota doucement la joue du Lieutenant

''Hé Lieutenant, réveillez-vous...''murmura-t-il en teïderien, pour ne pas perdre sa couverture.

Les paupières du captif papillonnèrent un instant, avant qu'il ne prononce faiblement :

''Frâlan....Lieutenant Frâlan...''
''Soit. Si vous voulez. Réveillez-vous. ''

Frâlan ? Il délirait ou quoi ? Où est-ce un nom qu'il avait donné pour donner le change durant ses derniers interrogatoires. En tout cas, vu qu'il ne reprenait pas véritablement conscience, soit il délirait vraiment, soit il s'était raccroché à cette identité pour tromper les Teïderiens. Comment le savoir réellement. Il tapota à nouveau les joues du comateux, qui finit par ouvrir les yeux.

''Lieutenant, c'est Ruth. ''

Artane fixa le soldat teïderien. Ruth ? Il ferma les yeux. Non... ce n'était qu'une hallucination. Ils étaient tous morts.

Ruth le vit sombrait. Avec tout ce qu'il avait subi... Il sortit de la tente.


21h42 - 11 Junon de l'An 1999
''Encore ? ''s'étonna Cornatcov quand Ruth se dirigeait déjà vers la tente ?
''Quoi ? Les gars l'ont ramené à moitié mort noyé, parce qu'ils sont trop cons pour comprendre les ordres du Sénéchal. S'il clamse, on fait quoi ? Je te laisse expliquer ça à notre Sénéchal ? ''

Cornatcov blêmit quelque peu.

''Euh... non, c'est une bonne idée de vérifier qu'il est pas mort. ''fit-il en imaginait déjà la réaction de Varsaw si son joujou du moment venait à crever.

Ruth retourna sous la tente. Le Lieutenant n'avait pas bougé depuis son précédent passage. Est-ce que leur folle idée fonctionnerait, vu son état ?

Quand Ruth et Mezno s'étaient "intégrés" dans les rangs de la réserve régimentaire du QC, ils avaient entendu les autres soldats parler des récents événements, apportant la confirmation que quelques membres de la patrouille avaient survécu, dont le Lieutenant. Puis, plus tard, ils avaient cru le reconnaître parmi la soldatesque. Dans leur objectif de fuir cette chienlit, ils n'avaient pas cherché le contact. C'était lâche, ils se l'étaient avoués, mais c'était chacun pour sa poire. Même en sachant la présence de leurs deux sergents prisonniers. C'est quand ils apprirent la mort de leurs deux sous-officiers et de la fuite de leur officier qu'ils sentirent un désagréable noeud dans leurs tripes. Chacun pour sa pomme qu'ils s'étaient dit... alors pourquoi la mort des deux sergents les affectaient ? Bon, ils avaient leur mission non ? Retourner au Mur ! Le Lieutenant l'avait ordonné lors de la débandade. Alors pourquoi se sentir pris de remords ?

L'Estien se rapprocha du prisonnier, et lui tapota la joue, un peu plus fortement cette fois. Son geste lui arracha un faible gémissement. Artane revit la silhouette de la dernière fois, un peu flou...Il hallucinait encore... Son cerveau, privé d'air régulier durant la torture qui avait duré une éternité, devait dérailler. Déjà il referma les paupières avant de se sentir secoué.

''Lieutenant, restez avec moi, c'est Ruth ! ''
''Ruth ? ''
''Oui ! ''
''Comment.. non... t'es juste un délire... ''
]''C'est vrai ! Putain, après ce que vous avez bouffé...fallait pas attendre à avoir de la lumière au plafond.''

Peut-être que ce fut le grommellement du soldat qui rendit un peu de lucidité au captif

"Si c'est vrai.... casse-toi... ne reste pas là... "
"J'avais cette idée à la base. Mais cette putain de loyauté, elle, elle veut pas. Alors, essayez de retrouver un peu de raison dans votre caboche, car on va se casser, mais avec vous.  "

S'échapper... Etait-ce seulement possible encore ? Il crut entendre Ruth lui murmurer quelque chose, pendant qu'il refermait ses paupières, resombrant une fois encore. Reprendre des forces lui soufflaient son subconscient, voilà ce qu'il devait faire.



23h30 - 11 Junon de l'An 1999

''Dépêche-toi...''grommela bassement Mezno, qui faisait le pied de grue devant la tête.
''La ferme''eut-il en retour.

Ruth faisait de son mieux. Après avoir réussi à ouvrir les menottes qui retenaient solidement le captif à son poteau, le déplacer un peu plus loin, y placer Cornatcov totalement dans les vapes et totalement à poil n'avait pas été une mince affaire. Surtout pour le dévêtir, pour ensuite habiller un Lieutenant à demi-hagard, peu réactif au fait qu'on était en train sortir les fesses de toute cette merde.
Ce n'était pas la première fois qu'il avait à faire ce genre d'échange vestimentaire. Mais le truc était que cela était plus rapide sur soi que sur un individu ramolli. Oui, ce n'était guère flatteur pour le Lieutenant, ce genre de pensée, mais un rien pouvait faire tout foirer.

Après avoir pris la décision de libérer leur officier, Ruth et Mezno avaient mis rapidement un plan en place. D'abord, il fallait approcher la tente et pour cela, il fallait être de garde, et comme ils étaient assez mal vus de leur hiérarchie qui attendait que la bonne occasion pour leur faire des tâches supplémentaires. Alors pour être de garde, fallait qu'on tape dans la réserve. Et pour cela, fallait des mecs malades. Mezno avait habilement rajouter à la tambouille de chou pour le repas des gardes du jour des feuilles hachées d'Hortensia, histoire de leur raboter un peu la tripaille. Et ça avait fonctionné. Et il ne fallait pas traîner pour la suite.

Une fois le malheureux Cornatcov mis à la place du Lieutenant, Ruth termina d'ajuster la tenue sur lui. L'officier tenait à peine debout. Ruth le secoua un peu.

''Faudra tenir bon. ''

Artane... non.. Artane était derrière le Mur.. Il était Frâlan. Il cligna plusieurs fois des yeux. Oui, Ruth, Mezno, se barrer d'ici. Ses muscles étaient douloureux, courbaturés des longs spasmes de suffocation  de la longue séance de fausse noyade. Il s'était débattu, encore et encore...  Même de respirer était pénible maintenant qu'il n'était plus cloîtré contre son poteau. Demeurer sur ses deux jambes devenait presque une autre forme de torture... Et le passage dans le trou... Il frémit violemment l'espace de quelques secondes.

Ruth n'oublia pas le dernier acte de sa supercherie : il plaça sur la tête de Cornatcov un sac en toile de jute. Puis, restant proche du Lieutenant, il sortit de la tente. Pour la dernière fois, espérait-il.

Là, l'air frais assaillit les poumons souffreteux du libéré. Il frémit autant à la douleur que cela provoqua comme cela le revigorait. Bien qu'étant à moitié flottant, son esprit s'accrochait à l'idée de la fuite.

''Bon et maintenant ? ''Demanda Mezno
]''Si on n'a pas foiré l'enchaînement du plan, on va nous relever plus tôt que prévu pour aller porter les rapports de la nuit à l'autre camp. Tu sais, comme on est si bien vu du Sergent... ''
''On en chie avec lui, putain. Mais quel plaisir de voir sa tête quand on s'exécute sans trop tirer la tronche''gloussa Mezno
''Ce qui le pousse à nous mettre très souvent de corvées. Et quand j'ai glissé qu'on détestait jouer les estafettes...''

Et s'ils ne s'étaient pas lourdés sur la mentalité de ce débile de sergent, il ne les aura pas oubliés.


23h45 - 11 Junon de l'An 1999

Mezno commençait à ronger son frein. Ce qu'il avait prévu avec Ruth n'arrivait pas. Ils vont se bouffer tout le tour de garde avec le risque que l'autre corniaud se réveille sous la tête et se met à brailler. Essayant de pas péter un câble, il lorgna un moment Ruth qui avait aidé le Lieutenant à s'asseoir sur une souche taillée grossièrement pour servir de tabouret, quand il avait manqué de s'effondrer. Faiblard comme il était, comment allaient-ils donner le change ? Il s'était rapproché des deux lascars, tirant une mauvaise figure d'incertitude.

''Putain Ruth. ca marchera jamais. ''
''C'est un peu tard, tu crois pas ? ''
''Il n'est jamais trop tard pour sortir d'un seau de merde. Non mais regarde le sérieux..''
''ferme-la, Mezno....''murmura faiblement le lieutenant. ''ferme ta gueule...''
Mezno manqua de répliquer, et se tut. Peut-être pas si faiblard pour lui répondre après tout.
''Et cassez-vous de là... Je ne sais pas pourquoi ou comment vous êtes là... mais cassez-vous vers le Mur...''
''On s'est cassé le cul pour...''
''C'est bon, ferme-la comme il a dit. coupa Ruth. ''Bon, dans les grandes lignes, on attend qu'on nous foute dans une mission d'estafette pour ramener des rapports, à dos de canasson. Ca tarde un peu, mais on y croit. Et il vous faudra tenir en selle. Vous pensez que cela ira ?
''Autant que je m'appelle Frâlan...''
''Quoi ''s'étonna Mezno. Ruth lui intima de se taire.
''Oui, vous êtes le Lieutenant Frâlan, et vous allez réussir à tenir debout, jusqu'à ce qu'on rejoigne les chevaux et qu'on sorte du QG"

En voyant la mine interloquée de Mezno, Ruth lui adressa un regard de ''laisse tomber, on verra plus tard''.

L'officier porta ses mains à son visage. Il peinait à réfléchir. Tout se bousculait dans sa tête que cela lui donnait envie de vomir, en même temps qu'une migraine pointait sournoisement dans son crâne. Allez, bordel ! Ruth et Mezno étaient là, bien là et vivants. Ils avaient réussi, il ne sut comment, à être de parfaits petits soldats Teïderiens. Donc... décamper de là, en portant des messages… Ils allaient donc fuir. Il allait réussir à fuir ? Il se retint presque de lâcher quelques larmes, doutant presque de cette réalité. Alors... pour ne pas tout faire foirer... se taire, respirer tranquillement, tenir...

Non, ce n'était pas la réalité, il divaguait. Il se mordit la lèvre, faisant un double effort pour se raccrocher à la réalité.

Et au loin, approchaient trois soldats. C'était pas trop tôt. Ruth secoua le Lieutenant pour lui intimer de se lever, ce qu'il fit.

''Alors les gars, tout se passe bien ? ''
''Tranquille... mais vous êtes en avance non ? ''
''Mouais... le Sergent a demandé à ce que vous nous remplaciez pour l'estafette de cette nuit. J'ai cru entendre qu'il tenait à vous faire une belle nuit blanche.''

Ruth fit mine de ronchonner, ce qui arracha un sourire au soldat teïderien.

''Il vous a dans le nez. Fallait pas avoir joué aux cons les gars. Dommage que Cornatcov vienne à payer pour vos conneries. Mais nous avons été gentils. Les chevaux sont prêts. ''

Quel bol !

''Trop aimable. Clair que vous êtes chanceux. 3 heures de garde encore à faire à notre place, un prisonnier qui roupille si profondément que vous aurez la paix... pensez à nous quand vous retournez vous pieuter. ''
''On n'y manquera pas, ahahah!

Après un dernier salut de la main, les trois "Teïderiens" cédèrent leur tour de garde et partirent... vers l'écurie.

Ruth regarda Mezno, dans ''tu vois, tout va''. Pour l'instant... tant qu'ils ne seront pas au galop pour rejoindre le Mur, ils n'étaient pas encore sortis d'affaires. Et jusqu'ici, le Lieutenant arrivait à marcher, manquant une ou deux fois de trébucher. Encadré de Ruth, il aurait été retenu avant de choir par terre.

Une fois à l'écurie, ce fut Mezno qui sortir les trois bêtes, effectivement déjà sellées. Bien... encore quelques minutes et ils seront en dehors du QG
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MessageSujet: Re: Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw] Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw] EmptySam 25 Mar - 6:48
23:47 - 11 Junon de l'An 1999

”Où est-ce ti pa que vous allez comme ça bande de débiles?” Un homme sorti de l’ombre, un marteau à la main. ”Déjà de un, vous touchez certainement pas à mes chevaux. De deux, j’espère pour vous qu’l’initiative vient pas de vous parce que vous allez douiller mes cons.”

Le nouvel arrivant portait un tablier en cuir lourd taché de cendres noires et de terre, son front était luisant de transpiration ce qui en faisait la première chose qui se reflétait à la lumière des lanternes portée par les trois Teïderiens qui se préparaient en face de lui. L’homme avait une ceinture qui sécurisait son bleu contre son corps, munie de plusieurs poches dans chacune desquelles un outil de forge était rangé dans les petites boucles. Les deux Eïlynsteriens déguisés se consultèrent du regard, peu sûr de ce qui était entrain de se passer alors qu’une cinquième voix retentit derrière eux avec un ton inquisiteur.

”Que se passe t’il Maréchal-Ferrand?” Le Sergent Ruktz fit irruption derrière le petit groupe, prenant un malin plaisir à toute la situation, visiblement il était parfaitement conscient du problème qu’il venait lui-même de créer pour embarrasser ses bêtes de foire préférées

Le maréchal vint récupérer les rennes des mains de Mezno, une expression indignée sur le visage. Il tira sur les guides pour faire faire demi-tour aux canassons tout en s’exclamant avec colère:

”C’est vos homme Sergent?”

”-Tout à fait.”

”-Donc c’est votre ordre de venir chercher des montures alors que leurs sabots sont tout crottés jusqu’à la moelle?”

”-Tout à fait.”

”-Eh bah c’est un ordre de merde, vous prendrez pas de bestiaux ce soir va falloir attendre demain matin que j’en finisse avec le remplacement des fers, vous allez leur user les pattes jusqu’au nerfs ou leur tordre les rotules à les faire galoper avec tout ça aux guibolles. Faut être dérangé du bocal, profondément stupide ou avoir été bercé trop près de l’Est pour y songer.” Le ferrand peu commode se retourna une nouvelle pour pointer Mezno du doigt. ”Quoiqu’j’me méprends, t’as pas l’air de beaucoup songer à voire ta tronche. T’inquiètes don’ pas qu’si tu réfléchis d’trop tu vas prendre feu au crâne mais t’es chanceux j’ai un baquet d’eau pour refroidir là bas.”

La tête que les Eïlynsterien tiraient était une mine d’inquiétude profonde que le Sergent interpréta simplement comme le questionnement de savoir s’ils allaient devoir faire leur estafette à pieds, il leur apporta leur réponse sans plus attendre en feignant l’ignorance et la surprise. Il porta donc le dos de sa main à son front comme s’il venait tout juste de découvrir l’indisponibilité des montures et dit avec un ton plus que feint de désespoir:

”Oh mais suis-je sot, je vous demande pardon Maréchal j’avais complètement oublié que vous remplaciez les fers ce soir, pourtant vous me l’aviez dit hier matin mais ça m’était complètement sorti de la tête.” Ruktz plaça ses mains contre ses hanches, apparaissant exagérément circonspect. ”Rah mais comment vous allez bien pouvoir effectuer votre mission mes deux chérubins? Ces missives contiennent les lettres de permission pour certains des soldats de Commandeur Slawomir, ce serait dommage si ces hommes ne pouvaient pas obtenir leur perms au réveil non? Ça leur gâcherait tout l’effet n’est-ce pas.”

Le maréchal était lui toujours aussi ronchon, blague de mauvais goût ou douce vengeance il n’en avait rien à faire, il préférait ses animaux à ses camarades humains et n’éprouvait pas de pitié pour les suppliciés à la mercie de l’officier à côté de lui, il commença à partir avec les montures alors que le Sergent lui demanda:

”Avez-vous déjà commencé à remplacer les fers de quelques bêtes Maréchal?”

”Oui.” Le type maugréa, effectivement il avait déjà ferré une paire de coursiers mais il aurait voulu ne pas les faire porter de charge immédiatement. ”Faut qu’ils se reposent pour que les fers prennent, donc oui y’a bien des bestiaux de ferrés mais ils sont pas prêts, et c’est moi qui dit pour ça, pas vous.”

”Oh s’il vous plaît Maréchal, par pitié vous auriez bien au moins un cheval pour nous?” Le Sergent vint se placer entre Ruth et Mezno en déposant ses mains sur les épaules de ses deux victimes comme s’ils étaient d’anciens camarades. ”Juste une seule au moins?”

Le forgeron soupira et pointa du doigt une des étables à contre-coeur, indiquant le premier compartiment de la rangée dans lequel un étalon brun et gris regardait toute la scène. Le Sergent riait à gorge déployée en disant aux malchanceux:

”Hahahaha j’ai l’impression que vous allez devoir ”

***

00:10 - 11 Junon de l'An 1999

”Mon Sénéchal, réveillez-vous Mon Sénéchal!”

D’un seul coup les yeux de Varsaw s’ouvrirent et une injection d’adrénaline se libéra dans ses veines, la trentaine d’années de service militaire entra en action et l’homme se releva instantanément sur son lit, dévisageant le sous-officier qui était venu le réveiller. Sa main droite saisit son couteau de combat sous son oreiller et sa main gauche vint ramasser le masque sur sa table de nuit pour le sécuriser sur son visage. Il commençait déjà à se mettre debout et à s’habiller sommairement alors que son subalterne lui expliqua l’urgence:

”Le prisonnier s’est échappé, on ne sait pas où il est parti mais on a retrouvé Cornatcov attaché au poteau et sacrément sonné, y’a pas d’autre corps donc on est presque sûr que c’est le tour de garde précédent qui est parti avec lui.”

Varsaw avait tout juste commencé à ralentir la cadence quand il avait compris que le campement ne se faisait pas attaqué mais il accéléra à nouveau le rythme en entendant qu’Atvar s’était fait la malle. Sortant de sa tente pour trouver le quartier général en agitation malgré l’heure de la nuit, il eut tout juste le temps de murmurer avant que plusieurs charges éclairantes s’élèvent dans le ciel pour signaler aux patrouilles environnantes l’état d’alerte:

”Le rat a rongé les barreaux de sa cage. Va me chercher Dojovich et les maîtres chiens, ce soir on chasse.”
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MessageSujet: Re: Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw] Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw] EmptyMer 29 Mar - 11:47
Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw] 884b7011Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw] Ac299411
Ruth et Mezno




23 h 47 - 11 Junon de l'An 1999

Les deux Estiens se figèrent en entendant une forte voix les interpeller. Le lieutenant avait carrément sursauter sur place, manquant de devenir aussi blanc qu'un linge quand il avait entendu les mots teïderiens tonitruer à ses tympans.

Ruth et Menzo s'étaient retournés, se demandant ce qui se passait encore et ce qui venait perturber leur plan. Si proche de partir et un grain de sable perturbateur venait encore se rajouter dans le délicat engrenage de leur fuite si minutieusement préparée. Menzo tourna sa tête vers son camarade, lui lançant un regard de "qu'est-ce qu'on fait maintenant'' ? S'il n'y avait pas eu le forgeron, il lui aurait balancé ''je te l'avais bien dit !''

Les muscles des mâchoires de Ruth se crispèrent. Bon sang de bordel. Il se préparait à dire qu'il avait eu des ordres quand la voix du Sergent Ruktz se fit entendre derrière eux. Un autre grain de sable se rajouta au premier, faisant grincer de plus en plus leur dernière ligne droite pour se barrer du camp. Ça grinçait, manquant de tout faire déraper. Ça grinçait comme les dents de Menzo. Il n'avait qu'à observer le visage du sous-officier teïderien pour savoir que l'intervention du forgeron était de son fait. Il ne manqua pas d'exprimer visuellement son indignation quand le lourdaud de forgeron lui arracha carrément les rênes des mains. Putain Ruth ! Il avait tellement asticoté le sergent que cet enfoiré avait décidé de les faire chier jusqu'au bout ! Restait à voir ce qui leur avait concocté pour parfaire son amusement à leurs dépens. L'envie d'insulter tout le monde lui monta à la tête ; surtout quand le doigt à la peau durcie par le travail de force et de feu qu'était la forge du métal se pointa sur lui. Menzo sut se tenir, se mordant un peu les lèvres, ce qui s'accorda parfaitement à l'air inquiet qu'arborait Ruth. Le forgeron avait de la chance qu'ils devaient se casser d'ici... lui péter le nez aurait été une très grande satisfaction.

Ruth était soucieux et c'était peu de le dire. Il n'avait pas prévu que le sergent Ruktz aille aussi loin dans son désir personnel de les enfoncer plus dans la merde. Et maintenant, il ne pouvait qu'attendre le bon vouloir de ce petit chef qui croyait tourmenter trois malheureuses fortes tête. Et pendant que ce crétin de Ruktz faisait son petit manège, Ruth essayait de fixer Artane. S'il y avait bien quelque chose qu'il redoutait par-dessus tout était de le voir s'évanouir et s'étaler par terre. Il ne pouvait discerner clairement le visage de son officier, mais chose certaine était qu'il demeurait debout. Il sursauta quand la main de Ruktz se posa sur son épaule, la seconde faisant de même sur l'épaule de Menzo.

*Putain ! Qu'il cesse de jouer avec nous là...*

Un seul cheval ? Non mais c'était une blague ? À voir la mine résolue du forgeron, ils n'auraient véritablement qu'un canasson. En voyant l'animal, un étalon brun et gris, il se retint de soupirer. Au premier abord, la monture paraissait fringante et forte. En même temps, avec une armée en faction, une cavalerie apte au combat devait s'épargner d'avoir des carnes. Mais avec le sergent et le forgeron, autant demeurer prudent. Restait à voir si cette buse n'aura pas un caractère de cochon. Et l'autre qui s'esclaffait bien joyeusement. Ah ! Il était content le sergent !

''Ca nous fera les pattes, c'est cela Sergent ? ''fit Ruth ?

Il n'eut pas besoin de regarder Menzo pour sentir son regard lourd d'injures à son égard.

''Les missives de permission arriveront avant le lever du soleil, Sergent. On va courir... hein les gars. ''

Menzo hocha de la tête, de mauvaise grâce. Artane ne réagissait guère. Tant mieux dans un sens, vu qu'il était censé être Cornatcov, un soldat réservé.

D'un pas décidé, non sans faire mine de ronchonner en teïderien, Ruth rejoignit le box où se trouvait l'étalon. Les oreilles pointées dans sa direction, l'animal guettait la venue de son cavalier. Seule chose qu'il attendait était de sortir de son box, ayant reconnu les sacoches à missives. C'était là un objet usuel qu'il reconnaissait sans mal, signe qu'il faudra galoper. Il secoua la tête quand Ruth saisit ses rênes avant de le sortir de son box. L'Estien s'assura en le sortant qu'il n'était pas boiteux et que le quadrupède ne lui montrait pas les dents. Pour l'instant, cela allait.

Il regarda Menzo, qui s'était placé non loin d'Artane. Très bien, il se préparait à parer à l'imprévu avec le Lieutenant. Il devait mettre ses maigres forces à demeurer sur ses deux jambes et ne pas faire foirer l'évasion.

''Je monte le premier, vous deux, vous courrez et on se relaiera toutes les dix minutes. ''

Menzo lui lança un regard noir. Puis une fois en selle, Ruth vérifia que l'étalon lui obéissait sans rechigner. Tout allait bien, on dirait. Puis, il prit la sortie nord du campement, ses deux compagnons le suivant à grands pas ; Artane avait été secoué d'un geste de Menzo. Quelques rires retentirent quand ils franchirent de la sortie et s'enfoncèrent dans les ténèbres de la nuit.


00 h 15 - 12 Junon de l'An 1999

Une charge explosive claqua puissamment dans les cieux ténébreux. Artane, à moitié conscient, se contracta sous la surprise. Revenant à la réalité, il sentit une pression angoissante lui prendre la poitrine. Des souvenirs reminiscents tenaient de se frayer un chemin dans son esprit. La pression se montra plus encore quand un autre signal pétardant sourdement éclata dans le ciel nocturne. Il frémit. Ruth, qui le soutenait, son bras gauche par-dessus ses épaules, raffermit sa prise pour mieux le soutenir.

''Putain ! Ruth ! Je te jure que si on en réchappe, je te pète ta sale gueule ! Si on crève, je veillerai quand même à te la péter ! ''
''La ferme et avance ! ''

Ils traînaient dans la fange, l'eau leur arrivant jusqu'à la taille. Une fois en dehors de la vue des sentinelles, Menzo avait été aidé le Lieutenant à monter derrière Ruth, pour partir au trot pour totalement s'éloigner du campement, et une fois dans la nuit totale, loin de toute lumière, il avait poussé l'étalon à rejoindre les abords du marais. Là, ils avaient décidé d'essayer de rejoindre leur planque boueuse de la dernière fois. Et là, les choses avaient commencé à foirer. Artane était tombé à moitié conscient, les forces sapées après avoir tenu aussi longtemps sur ses jambes, se concentrant qu'à cette tâche. Et cinq minutes plus tard, le premier feu d'alerte avait éclaté dans la nuit, suivi de plusieurs autres.

''On aurait dû garder le canasson !
''Pour faire quoi ? t'as vu dans quoi on nage ? Et à trois dessus, on aurait perdu plus de temps qu'autre chose ! Et c'est pas le moment de péter un câble, Menzo ! ''
''Je ne...''
''La ferme ! ''

''On va où comme cela...? ''grommela faiblement Artane. Secoué par les alarmes aériennes, son esprit s'était à nouveau raccroché à un peu de lucidité. Il avait vaguement résumé la situation. Ruth et Menzo... se faire passer pour des soldats... une mission d'estafette... La fuite... le cheval poussé au galop... avant d'être relâché sur la route... maintenant, de l'eau, de la boue... ils avaient marché rapidement, essayant de mettre le plus de distance avec la route principale qui remontait vers le Nord. C'était clair sans être clair dans sa tête, perturbé par des souvenirs qui cherchaient à l'assaillir alors qu'il était écrasé par l'épuisement. Le Don de Souffrance avait certes guéri son état physique, mais n'avait pas compensé le long manque de sommeil.

''On est dans les marais, on rejoint le Mur. ''souffla Ruth.
''L'alarme est donnée... Laissez-moi là et cassez-vous...''
''Bordel, Lieutenant, après tout ce foin, vous voulez qu'on vous lâche là ? Mais allez vous faire foutre !
''Menzo, ça....''commença Ruth
''Non, ca ne suffit pas ! On n'a pas trimé jusqu'ici pour lâcher votre cul ici. Alors, on marche jusqu'au Mur où on crèvera en se battant ! ''

Artane avait l'impression de revivre un moment dramatique qu'il avait rangé dans un recoin inaccessible de sa mémoire. Il trembla en la sentant se démener pour refaire surface. Il grinça des dents en luttant contre lui-même. La déferlante fut finalement contenue. Mais ils étaient loin d'être tirés d'affaires. Pour Artane, il n'y avait plus vraiment d'issue.

''Très bien… ''soupira-t-il bassement. ''Mais si je te donne un unique ordre, est-ce que tu jures de l'accomplir... ''
''Et lequel ? ''[b]
[b]''Obéiras-tu oui ou non ? ''

''Oui...dit Menzo de mauvaise grâce.

Ruth se demandait ce que foutait le Lieutenant, quand il sut. Il garda le silence.

''Si jamais les Teïderiens nous encerclent, on ne s'en sortira pas. Et pour le bien du Mur, je t'ordonne de me tuer ! ''
''Quoi ? Mais vous êtes devenu malade ma parole ! ''
''Tu ne sais pas ce que leur Sénéchal est capable de faire et…c'est moi qu'il cherche à choper vivant. Vous, vous ne serez que des pantins qu'il prendra plaisir à trucider sous mes yeux et......''

Il blêmit tellement que Menzo crut qu'il allait s'évanouir.

''Et quoi ? ''insista-t-il brutalement.
''Et qu'il vaut mieux se battre jusqu'à la mort pour le Mur que de se laisser capturer vivant par ses enfoirés. C'est clair Menzo ? Tu suivras cet ordre ! Tu comprends ça Menzo ou t'es devenu trop crétin pour saisir ce qu'un ordre veut dire ? ''

Devant l'assurance retrouvée de son officier, l'Estien se tendit. Il fixa intensément Artane, essayant de trouver quoi parer, avant de finalement de se rétracter

'' Très bien, Lieutenant.''
''Quelque chose à rajouter Ruth ? ''
''non, Lieutenant…Ah si... On va tenter quand même de s'échapper hein et si ca ne marche pas, ben, on se battra. Et.... on est tous des cinglés. ''lâcha-t-il avec un sourire idiot.

Artane soupira, s'affaissant un peu. Menzo avait détourné la tête, pour demeurer sur ses gardes. Le lieutenant lui en demandait peut-être trop... Mais quelque chose dans sa tête lui soufflait ce qui pourrait se produirait si ce merdeux de Varsaw mettait la main sur eux… Il en était même à espérer croiser la route d'un monstre des marais qui terminerait de l'achever, pour lui faire cesser tout cet enfer, et qui résoudrait définitivement le risque encouru par le Mur s'il venait à parler...

Les trois hommes avançaient toujours, et péniblement. Artane se concentra un peu pour savoir s'il arriverait à appeler de sa magie. Il porta sa main libre sur le torse de Ruth, qui surprit par ce geste, put sentir sa vitalité un peu plus amplifiée. La magie du vent ne lui échappait pas de son contrôle... Bien, avait-il alors songer. Il pourra alors l'employer si les choses tournaient mal... et elles viendront à tourner mal, car les trois fuyards crurent entendre au loin des aboiements…

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MessageSujet: Re: Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw] Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw] EmptyMer 12 Avr - 0:40
00:32 - 12 Junon de l'An 1999


Les chiens aboient tout autour. Leurs truffent s’enfoncent dans la terre, en quête de l’odeur flagrante d’Atvar Frâlan. Il ne leur est pas difficile de traquer cette odeur si forte, c’est un véritable chemin olfactif qui s’offre à eux, les références ne manquaient pas, entre la tente dans laquelle avait reposé brièvement l’Estien, les linges qui l’avaient pouponné lorsqu’il était malade à l’infirmerie, la toile du lit d’hôpital dans lequel il avait dormis, couplés à ses vêtements et son uniforme récupérés sur lui lors de sa capture, les chasseurs avaient une image parfaite de l’individu qu’ils pourchassaient. Varsaw était perché sur sa monture, donnant des coups de rennes de temps à autre pour inciter le destrier à tenir le pas avec les chiens de traque. Il n’y avait en lui qu’un seul objectif: retrouver Atvar. Il était déçu en quelques mesures de la piètre tentative d’évasion à laquelle celui ci se livrait, non pas qu’il possédait des attentes envers un Eïlynsterien, mais plutôt qu’en considérant que c’était celui là même qui l’avait mené en bourrique pendant des semaines, il vivait un peu comme une insulte à son égo que le Lieutenant se risque à une telle aventure précaire. Le garde avait été assommé, deux autres soldats manquaient à l’appel, il n’était pas difficile de mettre en place les pièces du puzzle surtout quand l’ennemi avait déjà tenté le même coup une première fois. Ils n’étaient pas simplement entrain de remonter la piste du Lieutenant, mais de lui et de ses deux petits acolytes portés disparus il y a moins d’un mois. Si la progression des Teïderiens était endiguée par la chappe d’obscurité qui tombait sur le monde, il en allait de même pour leurs cibles, Varsaw ne se faisait pas de soucis quant à leurs probabilités de les rattraper à temps, ce n’était pas une question de si, mais plutôt une question de où et de quand.

Les chevaux trottent à vive allure, les soldats éclairent leur voie de leurs torches du mieux qu’ils le peuvent, l’absence totale de lune met en relief le ciel étoilé, mais les astres lointains ne sont pas suffisant pour leur donner la lumière nécessaire à leur traque. Ils se retrouvent donc à se repérer au bruit pour suivre les chiens, et à naviguer avec seulement une vingtaine de mètres de visibilités ce qui rends le parcours légèrement dangereux. Afin de limiter les risques ainsi que d’élargir le périmètre de fouille, Varsaw a donné l’ordre d’étaler ses forces sur la largeur, balayant une grande partie du marécage boueux en remontant vers le nord. Soudain, les canidés s’emballent, leurs aboiement se font de plus en plus archaïques, les bêtes sont clairement excitées par quelque chose, impossible pourtant qu’elles aient vu leurs cibles dans cette pénombre, les chiens n’ont pas ce genre de nyctalopie, par contre il est très probable que l’odeur se renforce en passant là. Battant sa monture d’un coup d’éperon pour diriger son cheval dans la direction des jappements, le Sénéchal augmente la cadence.

”Aller tchop tchop!”

En accélérant un iota, il prit un risque inconsidéré, son canasson se braque, hénit, et rue en se redressant sur ses deux pattes arrières. Un des chiens de traque a fait demi-tour pour revenir galoper à toute berzingue dans l’autre sens, tout en aboyant fermement en direction du marais qui borde leur chemin. Varsaw perds l’équilibre sur sa selle, il se sent glisser sous le poids combiné de son corps et de son armure lourde qui, si lui la supporte très bien, pèse tout de même son montant d’or. Le sol relativement ferme de la berge lui offre un accueil rustre tandis que ses omoplates encaissent la chute, le militaire laisse s’échapper un grognement sourd alors que la douleur l’endors au niveau des épaules. Merde. Légèrement sonné, Mihkaï entends les sabots des chevaux des autres soldats qui l’accompagnent s’arrêter à sa hauteur, un des Sergents descend pour l’aider à se relever, lui prêtant une main bienvenue.

”Tout va bien Mon Sénéchal?”

”Oui oui, aller, j’ai connu pi-”

Les aboiements ininterrompus des cabots lui coupent la parole, mais bordel qu’est-ce qu’ils ont ces cabots? Pourquoi ils se mettent à agir comme ça? Le Sénéchal se relève et peste allègrement contre les canidés qui semblent avoir perdu la tête, il les voit courir de long en large autour d’un marais en particulier, une surface d’eau boueuse de plus d’un bon hectar, entichée de végétation suffisamment dense pour pouvoir procurer une couverture à quiconque s’introduirait là dedans. D’après les mouvements des chiens, il semblerait que les Eïlynsteriens soient à l’intérieur, mais ce qui interpelle Varsaw, c’est que si c’était le cas alors ils sauteraient tout simplement dans la flotte pour poursuivre leur traque, alors pourquoi diable n’avancaient-ils pas? Ces caniousses ne savaient pas nager ou bien? Ce sont pourtant des chiens de chasse et de traque alors il y devait y avoir quelque chose qui clochait. Regardant attentivement l’intérieur du bassin marécageux, Varsaw plisse ses yeux derrière son masque dans l’espoir vain de voir quelque chose, une ombre suspecte, un indice de déplacement, mais rien.

C’est à ce moment là que le Père leur donnèrent un signe.

L’instant précédent, l’obscurité dominait le monde. Un clignement d’oeil plus tard, l’étendue toute entière s’illuminait comme en plein jour. Dans les airs, une multitude indénombrable de lucioles s’agite et virevolte, mécontente d’avoir été dérangée dans son sommeil. Des lucioles, on raconte dans les villages non loins qu’elles vivent par plus de dizaines de milliers dans ce marais précis pour honorer un ancien héros de Teïder mort au combat contre les démons du Mur. On raconte également qu’elles comptent ici même un grand nombre de Lumignonnes parmis leur essaim, ces petits insectes indistinguable de leurs consoeurs normales mais dotées de l’étrange capacité de pouvoir discerner le vrai du faux. Tout cela, ce sont des racontars passés entre les habitants de villages de campagne dans lesquels il ne se passe jamais rien d’excitant, ou les légendes transmises entre soldats pour égayer un peu les soirées de gardes. Ce que Varsaw croit, ce n’est que ce qu’il voit. Et en cet instant précis, il voit Atvar Frâlan. Debout, au milieu du marais. Un court moment, leurs yeux se croisent, le Sénéchal sait qu’il l’a vu, le Lieutenant le sait aussi. Il le voit ôter son masque d’acier tandis que le casque de son armure se matérialise par magie autour de son crâne. Il n’a que faire des deux autres petits fils de pute qui sont avec lui.

Le Sénéchal avance avec défi dans la flotte, il se laisse submerger par la vase jusqu’à la taille, à l’instar de leur premier combat mano à mano, ils sont encore dans l’eau. Ce coup ci, il ne saurait cependant déterminer si le Lieutenant était plus ou moins fatigué que la première fois qu’il l’avait affronté, mais ça n’avait pas d’importance. Ce rat pouvait bien être élevé au grain et dans les meilleures conditions du monde, la force de détermination de Varsaw, ses dizaines d’années d’expériences et sa force physique ne cèderaient pas contre un vermisseau misérable de son espèce. Ses hommes le rejoignent. Lentement, ils s’approchent de l’échappée. Les armes sont tirées au clair tandis que les lucioles les drapent de leur fragile lumière scintillante. Posant sa bague contre sa gorge, le Sénéchal provoque sa nourriture, ce n'est pas bien de jouer, il devrait se contenter d'effectuer son travail le plus vite possible, pourtant il y a quelque chose de personnel dans cette scène. Le Lieutenant a insulté son égo, et celui ci demande donc réparation. Ce n'est pas habituel pour l'officier de réfléchir de la sorte, mais ce n'est pas habituel non plus pour lui d'autant fournir d'effort pour une simple opération de capture... ni de comptabiliser une évasion dans ses rangs. Il avait le besoin irrépressible de l’humilier. Il allait éliminer le plus vite possible ces deux merdeux qui avaient sorti le captif de ses liens, oui, les balayer, de manière propre, sans bavure. Sans cérémonie. Jusqu’à présent il avait toujours fait l’inverse en présence de l’Estien, il se jouait de lui à chaque exécution, soignant ses mises en scène parce qu’il devait produire ses petits effets, ses bras de leviers pour grignoter son esprit morceau par morceau et faire tomber ses défenses. Là il n’était plus question de tout ça. La violence résiderait dans la rapidité des actes.

”C’est terminé Lieutenant Frâlan. Vous avez échoué.”
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MessageSujet: Re: Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw] Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw] EmptyJeu 27 Avr - 16:18
Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw] 884b7011Le Rat n'est pas encore attrapé [pv Varsaw] Ac299411
Ruth et Mezno

L'aboiement des chiens se rapprochait. Artane se figea, le regard empli d'une crainte profonde. L'idée de retomber à nouveau dans les mains du Sénéchal lui serrait les tripes. Son corps fut pris de tremblements. L'assurance retrouvée s'était déjà à moitié délitée.

''Putain ! ''cracha Menzo, frappant la surface de l'eau vaseuse du plat de sa main. Là où d'ordinaire, il était un véritable moulin à parole, il était là, très peu loquasse. Ruth se contenta de hausser de la tête, sortant lentement l'épée qu'il portait à sa ceinture. À ce stade de leur fuite, espérer se rapprocher du Mur ne serait que repousser l'inéluctable. Le feu d'alarme tiré dans le ciel obscurci de la nuit était l'appel à refermer l'étau sur les fuyards.

À croire que le Destin se jouait encore d'eux, réalisant leurs paroles précédentes comme un funeste souhait.

Le Lieutenant crut s'effondrer, alors qu'il était bien sur ses deux jambes, de l'eau lui arrivait à hauteur de la ceinture.  Tout lui retombait sur lui comme une chape. La fragile flamme de détermination manquait de définitivement s'éteindre. Plus loin, vers la terre ferme, plongée dans les ténèbres, on entendait le remue-ménage des troupes teïderiennes. Elles étaient toutes proches. Varsaw l'était aussi. L'officier Estien se recroquevilla presque, comme pour se cacher, dévoré petit à petit par le désespoir. Son mur mental oscillait soute la pression de ces jours de traque et d'emprisonnement. Tout ce qu'il avait réussi à enfouir en lui exigeaient de remonter, forçaient sur son bouclier intérieur. Son esprit s'effritait. Il croisa ses bras, comme pour essayer de leur entraver la route. Sa main droite percuta quelque chose de métallique, accroché sur le côté. Instinctivement, ses doigts se refermèrent autour de la poignée d'une épée calée dans son fourreau. Il avait totalement négligé ce détail, quand il avait revêtu la tenue de  Cornatcov.

Menzo, sa lame au clair, ayant imité Ruth, observait le Lieutenant. En le voyant saisir la lame rangée à sa ceinture, il avait cru quelques instants qu'il ne pourrait pas compter sur son officier pour cette dernière bataille. Il était tellement loin d'imaginer le terrible ouragan qui menaçait de le balayer.

Artane dégaina son épée hors de son fourreau.

''Qui a du Veilleur sur lui ? ''murmura-t-il dans une voix chevrotante…  

Menzo ouvrit la bouche, croisa le regard de Ruth et ne souffla point de mots. Se contentant de se pincer les lèvres, il sortit une flasque hors de sa chemise et la tendit au Lieutenant. Artane s'empressa de la boire dans son intégralité. La flamme moribonde de sa volonté s'échinait à vouloir demeurer présente, jusqu'au bout. Doucement, la fatigue qui oppressait son corps et son esprit perdit de son  emprise.  

Les tremblements de la peur demeuraient pourtant. La drogue ingérée n'effaçait pas tout ce qu'il avait subi et éprouvé depuis le premier jour où lui et sa patrouille avaient posé le pied dans ces damnés marécages. Mais l'exténuation n'était plus là, son cerveau était ragaillardi. Cette sensation trompeuse l'aidait cependant à voir plus clair la situation, à être moins erratique.

L'épée dressée, il regarda un à un ses deux hommes. Ruth et Menzo lui accordèrent un hochement de la tête. Il n'y avait rien à rajouter. Chacun savait ce qui les attendaient désormais.  Et là-bas, à proximité, les Teïderiens se faisaient entendre. Qu'est-ce qu'ils attendaient pour foutre un pied dans l'eau et les rejoindre ? Avaient-ils peur de se mouiller ? Où guettaient-ils la fuite des Estiens, pour mieux les localiser avec l'éclaboussement des eaux vaseuses ?

Artane se tourna en direction de l'hypothétique position de Varsaw. Et d'un coup, la nuit s'illumina de milliers et de milliers de points lumineux, qui virevoltaient silencieusement, dans une douce et apaisante valse aérienne. Des lucioles, comme mues par une volonté unie, s'étaient envolées, dérangées par la présence des bipèdes avides de s'affronter. L'imposante silhouette du Teïderien se distingua parfaitement.

Pourquoi maintenant ? Pourquoi, à l'instant où les deux hommes, le poursuivant et le poursuivi, le prédateur et la proie, se confrontaient du regard, face à face ? Bien des mythes couraient sur de telles nuées soudaines, quand elles venaient comme cela, de nulle part. Derrière le Mur, il se raconte que lorsque la nuit devient jour, les héros des temps passés se préparent à recevoir les âmes des Frères du Mur tombées au combat. Ou bien encore pour apporter une lumière d'espoir... Pour Artane, elles étaient là pour éclairer cet affrontement, s'étant envolées pour s'imposer face à l'aura sordide du prédateur qu'était le Sénéchal.

Entouré de cette lumière étincelante émanant d'une myriade d'insectes luminescents, le Lieutenant faisait face à son ennemi avec un calme apparent. Bien que son visage portait encore les stigmates d'un grand épuisement, son regard était fixe, résolu, prêt à déjouer les attaques de son ennemi. Il tressaillit à peine, durant la fraction de temps où il put contempler l'horreur du visage du Sénéchal, entre le retrait de son masque et l'invocation de son armure. Se concentrant sur l'affrontement proche, il ne laissait plus toutes ses émotions le tourmenter.

Varsaw entra dans l'eau froide du marais, auréolé des scintillements des lucioles. Artane tenait fermement son épée, ses yeux fixés sur l'homme qui n'avait totalement terminé de jouer avec lui. Non pas jouer... Se battre. En analysant son approche, dans chaque mouvement qu'il faisait pour réduire la distance entre eux deux, chaque contraction musculaire, le Teïderien était clairement dans l'objectif de frapper vite et fort. Mais ne devait-il pas trop se méprendre sur l'état de sa proie ?

L'Estien n'avait pas la pleine certitude de remporter le combat. Il n'omettait pas ce qu'il avait pu apprendre sur l'expérience combative de cette enflure. Il ne recula pas. Et cette fois, il ne fléchira pas. Il n'était pas en fuite, il n'était pas acculé. Il n'était plus plongé dans le désespoir et la détresse. Il était un homme qui se tenait prêt au combat. Son cœur battait rapidement dans sa poitrine, alimenté par l'adrénaline de la confrontation imminente.

Varsaw porta sa bague à la gorge, amplifiant ses paroles. En réponse, le Lieutenant pointa son épée dans sa direction.

''Ce ne sera jamais terminé, Sénéchal Varsaw. Il n'y a que la mort pour apporter la conclusion. ''

Il regarde Ruth et Menzo, campés sur leur position. Leurs yeux étaient rivés sur la soldatesque visible sur la berge, qui étaient tels des êtres presque irréels dans la faible distance portée par l'éclairement offert par les insectes bioluminescents.

''Au nom de la patrie...''entonna Artane en Estien
''Jusqu'au bout, nous nous battrons... ''terminèrent ses deux subordonnées.

La lame toujours pointée vers ce sale chien, l'Estien appela sa magie pour invoquer un sortilège, qui lui donnera qu'un bref avantage et encore, rien n'était certain, au vu de sa force physique. Varsaw cherchera sans aucun doute à le choper vivant, peu important son état après leur combat. Artane devait assez le provoquer pour que la mort l'emporte. Ainsi, le Mur serait sauf. Et ses deux hommes ? Ils connaissaient leurs devoirs...

Et maintenant ? Maintenant, C'était l'heure d'affronter ses peurs, ses angoisses, ses tourments... tout ce qui se rapportait à un seul homme était là, en face ce lui. Varsaw, cet être qui ne méritait de voir se mélanger son sang à la boue de son damné royaume de souffrance

Le combat débuta donc, dans les eaux de ces marécages puants et vaseux. Artane n'attendit pas que le Sénéchal s'avance pour lancer les hostilités. L'eau avait beau les submerger jusqu'à la taille, ce ne freina pas les deux combattants , qui exprimaient leur savoir-faire martial et leur expérience militaire, l'un contre l'autre. Les mouvements d'Artane étaient rapides et habiles, là où ceux de Varsaw étaient maîtrisés et précis, en jouant de ses poings et de sa force physique. Poing contre métal, Estien contre Teïderien, le chat contre le rat... non, pas le chat contre le rat. C'était  le loup perfide contre le renard qui réussissait à lui filer entre ses griffes.

Bien qu'il savait qu'il n'avait pas vraiment de chance de l'emporter sur son adversaire, Artane ne se laissait pas intimider. Varsaw était là, en face de lui, se battant contre lui. Il lui avait tellement fait subir ! Il ne devait pas perdre pied devant lui. Garder son sang-froid, voilà ce qu'il devait continuer à tenir fermement en lui.

Le combat était intense, les coups s'enchaînaient, les corps se heurtaient avec violence. Les lucioles du marais tourbillonnaient autour d'eux, éclairant brièvement la scène de leur pâle lueur scintillante. La boue du marais s'agitait autour d'eux alors qu'ils se déplaçaient, leurs pieds s'enfonçant dans la vase à chaque mouvement.

Là où Varsaw usait de sa force brute contre Artane, Artane, lui , réussissait à esquiver les coups de poings puissants. A contrario, bien qu'il avait une bonne maîtrise de son épée, là où il pensait pénétrer les failles du Sénéchal, le Teïderien parait avec précision, ses réflexes à fleur de peau.

Les lucioles étaient toujours présentes dans les airs, volaient dans d'étranges danses complexes, comme pour illustrer l'attirance qu'elles semblaient avoir par le combat, virevoltant autour des combattants comme pour observer leur affrontement. Leurs lumières créaient un contraste saisissant avec l'obscurité du marécage, ajoutant une dimension étrange comme irréelle à la scène

Évitant de se laisser envoûter par  le ballet des insectes nocturnes, Artane prit un peu de distance, vis-à-vis de l'autre saloperie de Varsaw. Sa respiration était haletante et ses muscles tendus à l'extrême, mais à sa posture, on voyait qu'il se maîtrisait, s'étant déjà mis en défensif. Il grimaça pourtant des coups reçus, gratifiés avec force par les poings de son adversaire. Mais qu'était cette douleur en comparaison de tout ce qu'il avait subi, physiquement comme psychologiquement ? Ce n'était rien, absolument rien ! Les sourcils froncés, ses yeux bruns fixés sur Varsaw, il guettait déjà sa prochaine offensive. S'il pensait que c'était terminé, il se trompait !



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