Le fait de toujours parvenir à faire sourire son amie était un point positif aux yeux d'Araki. Non seulement il aimait tout simplement la voir sourire, mais même au-delà de cela, il considérait que c'était toujours une bonne chose que d'éviter de sombrer dans la morosité et dans la noirceur, et ce même si les événements pouvaient se révéler graves... après tout, on ne trouvait pas de meilleures solutions aux problèmes en assombrissant son humeur, mais on pouvait par contre au final obtenir ainsi une façon de voir le monde plus noire, qu'il ne souhaitait pas pour son amie d'enfance, que du contraire. Lui venir en aide était donc toujours une bonne chose, mais lui venir en aide en profitant de l'occasion pour la garder de bonne humeur était encore mieux, fort logiquement !

Quoiqu'il en soit, ils ne tardèrent pas se mettre en route... par la voie des airs, Araki se changeant en hiboux à la suite de son amie pour la suivre. Après tout, ils étaient chez elle, et elle savait où aller ! De fait, ils furent bientôt sur place, et découvrirent les lieux ainsi que l'opposition qui les attendaient, à savoir huit combattants environs... c'était un groupe respectable pour seulement deux assaillants, mais les compétences des deux Kitsunes pouvaient malgré tout leur faire espérer la victoire. Alors qu'il étudiait les lieux, Osami, qui avait fait de même, s'approcha de lui pour conférer rapidement sur la stratégie à tenir. L'Arcane l'écouta avec attention, avant de répondre de la même façon.

« Hmmmm ça me semble une bonne stratégie, en effet. Après tout nos pouvoirs nous permettent de renverser l'avantage que devrait leur donner le nombre, notamment en jouant au mieux sur l'effet de surprise. »

Après tout, en prenant une forme discrète, puis en dévoilant une forme puissante, ou en restant discret jusqu'au dernier instant pour mieux frapper, un transformiste pouvait faire bien plus de ravages qu'un collègue qui aurait simplement arrosé la zone de boules de feu... même si bien sûr chaque type de magie avait ses petites subtilités mais rien d'étonnant à ce qu'Araki valorise plus ceux de sa propre école de magie, surtout qu'il était sensé en être le premier représentant, après tout !

« S'il y en a que tu veux absolument prendre vivant, le mieux est peut être que celui qui avancera discrètement les change en quelque chose pour les neutraliser... que ce soit en statue ou en objet ménager. Cela leur évitera aussi bien de souffrir d'un coup perdu, ce qui peut toujours arriver, que d'avoir l'idée de tenter de s'enfuir... après tout autant éviter de devoir les poursuivre en tous sens, ça n'aide pas non plus à la survie. »

C'était ce genre d'atout qui rendait certainement la magie transformiste pratique pour neutraliser quelqu'un sans risquer de le blesser, du moins aux yeux d'Araki. Bien sûr c'était toujours problématique quand l'adversaire avait de quoi résister, mais en l'occurrence il semblait peu probable que des marchands aient ce genre d'atouts en manche.

« Et ma foi, même si j'adore être ton champion au devant du danger, autant varier les plaisirs et te laisser attirer l'attention, non ? De toute façon tu attires toujours la mienne sans effort... et je sais que tu as le chic pour prendre des formes adaptées à toutes sortes de batailles ! »

Une fois le plan d'action décidé, Osami sembla résolue à ne pas perdre de temps pour l'exécuter, et s'envola rapidement pour se mettre en place. Araki fit donc de même de son côté, mais en jouant bien plus longuement la carte de la discrétion. Ainsi, il se posa un peu plus loin, à l'opposé d'Osami, et prit la forme d'un petit rongeur tel qu'il en avait aperçu plusieurs autres au sol de son perchoir précédent... après tout, il était dans la nature des hiboux de repérer les rongeurs, qui faisaient partie de leurs proies naturelles ! Quoiqu'il en soit, il ne fut guère remarqué par les occupants des lieux, ce qui était après tout le but rechercher : pouvoir venir au plus prêt d'eux pour avoir l'occasion de les frapper rapidement une fois que le désordre commandité par sa charmante amie commencerait – même si, pour le coup, et le grand malheur de l'assemblée, elle risquait bien de prendre justement une forme bien moins plaisante !

Et en effet, cela ne tarda guère, et c'est sous la forme d'une salamandre qu'elle ne tarda pas à apparaître. Araki se tenait prêt de son côté, et il avait déjà commencer à incanter, même si, vu qu'il était un rongeur parlant à voix basse, cela n'avait pas été perçu par qui que ce soit. Quand la puissante créature attaqua en crachant du feu, il était prêt, et il « s'enfuit » en même temps que le marchand le plus proche, cependant que l'un de leurs gardes les regroupait fort opportunément pour qu'ils puissent s'enfuir, ou du moins se mettre à l'abri. Bien entendu, il ne pouvait pas savoir qu'il ne s'agissait pas du simple assaut d'une bête sauvage, ni que, du coup, il ne faisait que jouer le jeu de l'assaillant en regroupant ainsi les cibles dans un coin.

Bientôt, alors que les deux mercenaires restés au front tentaient de gérer la bête, et que leur comparse reportait son attention sur eux, semblant hésiter sur l'opportunité de les aider ou non maintenant que leurs clients semblaient directement hors de danger, Araki passa à l'action. Le rongeur qu'il était passa entre les pieds des marchands diversement apeurés, en fonction sans doute de leur expérience des situations mouvementées, et en quelques instants le rat eut frôlé la jambe de chacun d'entre eux. Un eut un mouvement de recul, mais non sans que la bestiole l'eut touché. Bien sûr, il ne touchait pas la peau, mais il n'était pas difficile de les toucher à travers leurs pantalons, et comme ils portaient tous des habits de bonne qualité mais, forcément, en tissu, cette maigre barrière ne leur fut guère d'utilité. Si bien que, alors que le rat filait entre deux caisses, le mercenaire surprise se retourna... en entendant le bruit de cinq tasses qui s'écrasaient sur le sol, tout ce qui restait, jusqu'à retransformation, de son employeur et de ses sbires.

Un mercenaire plus expérimenté – ou plus intelligent, au choix – aurait certainement pu comprendre ce qui venait de se passer, mais visiblement celui auquel ils avaient affaire ne faisait pas partie de cette catégorie. Il ne comprit pas que ses employeurs avaient été transformés en tasses impuissantes, même si, à son crédit, on pouvait noter que se faire attaquer par une puissante salamandre cracheuse de feu n'était pas vraiment une circontance qui permettait de réfléchir sereinement. Quoiqu'il en soit, lui et le reste des mercenaires, constatant que leur employeur avait disparu mais que la bête qui les attaquait, elle, était toujours là, décidèrent de se replier, puisqu'il n'y avait, apparemment, plus personne à protéger, choisissant de se réfugier dans le sous-sol, où la salamandre ne pourrait pas les suivre facilement et où ils pourraient temporiser, le temps qu'elle se lassent ou qu'ils puissent se disposer à riposter.

Mais bien sûr ce n'était pas une simple salamandre qui les attaquait et une fois qu'ils furent hors de vue, Osami reprit sa forme naturelle et s'approcha d'Araki, qui sortit de sa cachette et redevint lui aussi un Kitsune. Visiblement, la belle n'était pas entièrement satisfaite de la situation, puisqu'elle souhaitait égalerment punir les mercenaires en question, plutôt que de simplement les laisser partir dans la nature une fois leur peur passée... Araki ne commenta pas, puisque, après tout, ils étaient chez elle, et qu'en la circonstance il était à son service : si elle voulait frapper les mercenaires de son courroux, ce n'était pas lui qui allait spécialement prendre leur défense. Il la regarda donc prendre l'apparence de leur employeur et les suivre au sous-sol, sans aucun doute pour les ramener. Charge à lui, très probablement, de régler ensuite le problème.

Il aurait pu prendre une forme offensive et les attaquer, mais cela aurait voulu dire livrer bataille et les affronter peut être longuement, sans compter qu'il n'avait pas spécialement soif de leur sang, ni ne se croyait investit bourreau par sa charmante amie. Il préféra donc opter pour une solution plus simple, et prit la forme de l'un des autres marchands et commença à incanter. Quand les mercenaires remontèrent l'un après l'autre, il se précipita avec la mine d'un homme impressionné par un grand danger proche, et avança vers eux, se raccrochant à chacun d'eux avec une mine paniquée, aggripant leur main, leur bras, et ainsi de suite. Chacun se dégagea avec un mouvement irrité, regardant autour d'eux pour tenter de comprendre... mais avant qu'une éventuelle lumière ne puisse se faire, en voyant les tasses au sol par exemple, eux-mêmes rejoignirent leurs patrons, sous la forme de petites cuillères complétant l'ensemble. Une fois cela fait, le Kitsune reprit à nouveau sa forme naturelle.

« Et voilà... un joli service à thé de criminels. À toi d'en faire ce que tu voudras ! »

Qu'elle remette les mercenaires à ses juges, les exécute directement ou même détruise totalement les cuillères avant retransformation, les condamnant ainsi directement, ce n'était pas vraiment son affaire, mais puisqu'ils étaient chez elle, il jugeait plus sage et plus logique de la laisser entièrement juge, d'autant qu'il était plus simple de transformer quelqu'un sans méfiance de la sorte que de tenter de le tuer directement, particulièrement sans alerter le suivant.

« Voilà une bonne chose de faites, en tous cas ! As tu encore d'autres tords à redresser dans ton beau duché ? Je reste bien sûr à ton perpétuel service, tu le sais bien ! »

Finalement, Osami décida d'être magnanime, au moins pour un temps, et de juger les criminels de façon plus classique. Cela la regardait, comme il l'avait sous entendu au part avant, et le second Kitsune ne fit pas de commentaire, la laissant maîtresse de sa justice en son propre Duché, après tout. Il était du reste relativement confiant qu'après s'être donné tout ce mal pour arrêter tout ce petit monde elle ne se contenterait pas d'une petite tape à l'arrière de la tête pour ensuite les renvoyer battre la campagne... on pouvait certainement lui faire confiance pour cela ! Quoiqu'il en soit, cet épisode était maintenant terminé, et visiblement son amie d'enfance estimait avoir assez jouée les redresseuses de tord pour la journée, ce qui forcément s'étendait également au fidèle acolyte dont Araki avait de son plein gré endossé le rôle ce jour-là.

En effet, quand elle reprit finalement la parole, ce fut pour traiter d'éléments plus personnels et aussi plus doux, qui amenèrent un sourire plein d'affection sur le beau visage de l'Arcane en charge de l'éducation. Si ses airs charmeurs étaient distribués avec libéralité – c'était dans sa nature, on pouvait le dire – ce genre de mimique tendre se faisait plus rare, mais il fallait dire qu'il entretenait peu de liens aussi profonds que ceux qui entrelaçaient son être et son esprit avec la belle Osami. De fait, il ne fallu guère attendre longtemps qu'il ne réponde d'une voix à la fois joyeuse, car le sujet l'était, et affectueuse.

« Hé bien tu sais fort bien je pense que je ne renierai jamais aucune occasion de profiter de ta compagnie, que ce soit aujourd'hui ou plus tard... j'avoue que je serai très heureux si nous pouvions aménagé nos vies d'une façon qui nous permettrait d'être plus souvent ensemble, car cela fait bien longtemps que tu as entortillé les fils de ma destinée autour de tes douces mains, ma très chère Osami. »

Et ils se dirent bien d'autres choses encore, alors qu'ils s'éloignaient du lieu et que, après avoir déposé sous bonnes gardes les quelques objets qui redeviendraient bientôt des prévenus à juger, ils prenaient le temps pour eux deux qu'ils s'étaient promis. Des choses germèrent sans aucun doute ce jour là, des graines plantées bien des années au part avant, quand ils étaient plus jeunes et plus insouciants, et qui devenaient devenir quelque chose de bien plus épanouis et robuste dans les temps qui se trouvaient alors encore à venir...