La vie citadine était très active dans les environs du Camélia Pourpre quand Ashan pénétra dans le quartier où se trouvait l'établissement. Dans une cité Etat comme Inveïs, cela fourmillait et cela n'était pas sans raison. La réputation de la cité était indéniable pour les mercenaires. Ainsi, pour trouver un travail en tant que mercenaire, ou inversément, pour trouver les meilleures lames à louer, c'était ici qu'il fallait se rendre. Le vieux mercenaire était déjà venu à de nombreuses reprises pour trouver des missions un peu plus rémunératrices, quand il se retrouvait par moment en limite de moyens financiers. Et de ce fait, par une telle affluence et influence, on trouvait des boutiques en tout genre, permettant à tout homme apte à répondre à un contrat de trouver ce qu'il lui fallait. Achats ou réparation d'équipements, vendeurs d'informations...De tout et de tout. Mais Ashan ne s'était pas rendu ici pour proposer sa lame... Il avait rendez  vous avec Madame Qin.

La veille, cette Dame Naga avait souhaité converser, sans préciser les véritables raisons. Au vue des circonstances qui avaient manqué d'être sérieusement dramatiques, durant le Grand Bal offert par le Duc d'Inveïs en personne, l'après coup de l'attaque n'avait guère été propice à une conversation sereine et posée, avec potentiellement des intérêts certains à partager. Et comme Ashan tenait à avoir toutes les voies abordées au vue de son ''retour'' parmi les Ducs...

Il arriva devant le ""Camélia"", regardant l'enseigne portant déjà son attention au dernier étage. Vêtu dans une tenue ducale sobre mais adéquate comme tout mercenaire digne de ce nom qui se respectait, il portait sa lame rangée au fourreau dans sa ceinture. Vu ce qui s'était tramé aux festivités, il demeurait prudent. Au moins, avait-il dans la soirée d'hier, terminer de soigner ses blessures et se laver avant d'avoir un repos réparateur convenable. Ainsi, il arrivait présentable et reposé. Bien, maintenant, il était temps de se présenter au rendez-vous.

Il pénétra dans l'établissement, énonçant la raison de sa vie à toute personne qui pourrait s'enquérir de la raison de sa venue et monta par les escaliers présents non loin de là, pour les gravir jusqu'au dernier étage. Là, il s'approcha de la porte qui devait donner sur les appartements de son hôtesse. Quoi d'autre, au vue de la nature de l'établissement ? Qui devait sans aucun doute lui appartenir. Ou alors, le louait-elle, n'ayant sans doute aucun soucis à dépenser pour loger dans ce genre d'endroits. Il y toqua donc, se demandant déjà ce que son hôtesse attendait de lui...

Kheizhidji était une véritable princesse. Pas le genre capricieuse ou précieuse, non. Le genre qui gagnait sa vie, dirigeait son royaume et aimait se faire plaisir. Après la soirée du bal, elle était rentrée dans ses appartements de location. Elle avait choisi la meilleure chambre ; celle du dernier étage, la plus grande et la plus luxueuse. Oui, elle aimait se faire plaisir, et elle s'était effondrée dans ses draps et coussins de satin pour un sommeil paisible et profond. Elle s'était levée tôt par la suite, comme à son habitude. Matinale, elle travaillait déjà sur ses papiers et la gestion de ses finances. Son éternel verre d'alcool, compagnon de travail de Kheizhidji depuis toutes ces années, c'était cette fois ci un bourbon Akkatonien de la plus excellente des qualités. La Lamia aimait bien vivre.

Elle gérait ses papiers, donc, gardant un œil sur le fonctionnement de son établissement en Ikhyld et en Akkaton, les fonds disponibles et les objectifs pour déployer son installation aux duchés. La plus grosse étape a été faite ; participer au bal pour se faire connaître. Maintenant, elle pouvait passer aux choses sérieuses...

Son invité était arrivé au pas de sa porte, et elle lui ouvrit, joliment apprêtée de bijoux et de tenue légère à la mode Nagate, comme elle avait l'habitude de faire ; un style berbère allant plutôt bien au personnage à la recherche d'exotisme et de merveilles.

Souriant aimablement tout en l'analysant brièvement de haut en bas sans se faire trop remarquer, elle l'invita à entrer.

Mon cher Duc, vous voilà en belle tenue. J'ose espérer que votre état s'est amélioré depuis la veille... Je vous en prie, entrez.

Elle se dirigea vers le bureau de la suite, suite parfaitement éclairée et sans cloisons donnant la vue sur le lit, le bureau, un espace de salon et une terrasse à l'extérieur. Le grand luxe. Elle saisit son verre de bourbon, et la bouteille avec un autre verre, lui indiquant le petit salon constitué de coussins et d'une table basse.

Je vous sert ? Du bourbon Akkatonien que j'ai fait importer, il est excellent. Cela dit, je me suis renseignée sur les coutumes des duchés, il est d'usage de considérer que toute boisson est empoisonnée. Installez vous donc ; je me suis permise de faire installer une table basse et des coussins, une assise que je préfère et qui est inspirée des peuples du désert. Mes établissements en Ikhyld sont inspirés du même style voyez vous.

Elle s'installa avec lui, prenant une gorgée de bourbon après l'avoir servi, ou pas.

Le service de cet établissement est radieux, et les appartements magnifiques comme vous pouvez le constater. Mais cela va vite changer. À vrai dire, j'avais loué cette suite pour m'installer à Inveïs le temps de m'adapter au pays, mais l'établissement m'a tellement plu que je l'ai acheté ce matin à bon prix. Ce n'est guère officiel encore, mais c'est conclu en interne et en voie de changement.

Elle marqua une pause, poursuivant par la suite dans une présentation personnelle sans vanité, cherchant à entamer la discussion.

Voyez vous, je gère plusieurs établissements et ne cesse d'étendre mon commerce dans le monde ; mes établissements sont des lieux de loisir comptant parmi ses activités principales la consommation d'opium et le spectacle. J'en ai trois comme cela en Ikhyld, et en ai ouvert un en Akkaton il y a de cela quelques mois. Et, dès aujourd'hui, vous êtes le premier au courant de mon implantation à Inveïs. Si je vous ai fait venir, c'était surtout pour apprendre à vous connaître ; je ne suis guère le genre à ne pas m'intéresser à ce qui m'entoure, et vous êtes intéressant.

Elle lui glissa un regard furtif, tranquille, le laissant s'exprimer.

La porte s'ouvrit, laissant entrevoir la présence de la Nagate, splendidement parée comme savait si bien le faire les femme de cette espèce. Et comme elle était déjà dans de grande beauté en terme de critère humaine, il y avait de quoi se sentir un peu...désappointé. Mais heureusement, Ashan ne se laissa pas réellement prendre au jeu de l'apparente séduction qu'offrait déjà l'allure de la Nagate. Elle était belle, c'était indéniable, mais sa venue n'était pas pour l'affaire qu'on pourrait oser s'imaginer devants la splendeur de la tenue légère qu'elle portait. Il salua dignement l'hôtesse, avec un sourire léger.

''Merci de votre accueil, Ma Dame. Vous êtes également resplendissante. Quand à mon état, il est bien meilleur qu'au Grand Bal d'hier''

Il entra donc dans la suite de la Nagate, découvrant le luxe de cette dernière. Comme il y avait pensé, elle avait les moyens de se payer ce qu'elle désirait. A ce point, il essayait déjà de comprendre ce qu'elle pourrait bien lui vouloir. Mais comme à la soirée de la veille, les circonstances n'avaient pas pu permettre une plus longue conversation... Une fois dans le petit salon, elle lui tendit un verre de bourbon, qu'il accepta sans mal. Il serait malvenu à ses yeux de se montrer impoli, même après qu'elle lui ait cité une habitude duchéenne. Empoisonner les boissons était monnaie courante, cela n'échappait à personne. Comme d'avoir de quoi s'en prémunir aussi.

''Toutes les boissons ne sont pas systématique empoisonnées. Mais je comprends votre prudence. Un bourbon akkatonien demeure néanmoins un très bon choix. J'en arrive à croire qu'un jour, ce breuvage supplantera en qualité et en goût certains vins duchéens. ''

En disant cela, cela ne vaudrait que pour quelques vins. Tous ne seront pas relégués à l'oubli par un bourbon d'un pays concurrent.

Après s'être installé à son tour, nullement gêné par l'assise qui convenait au goût de Madame Qi, il écouta avec attention ce qu'elle pensait du ''Camélia''. Ainsi, elle en avait fait acquisition ce matin même ? Impressionnant. Comme il s'en doutait, elle avait une situation financière des plus confortables. Maintenant, restait à voir le but réel d'être en compagnie de la belle Madame Qi.

''il est vrai que pour s'adapter à la vie d'une contrée qu'on ne connait pas encore, il est bien plus agréable de se retrouver dans un lieu confortable et des plus plaisants le temps d'une certaine forme de transition. L'accueil qui m'a été fait à l'entrée a été agréable, appréciable même et voyant l'attention qu'on porte à l'intérieur même du ''Camélia'', ainsi que ses suites, on peut comprendre votre coup de coeur''

Il porta le verre de bourbon à ses lèvres, pour en savourer une petite petite gorgée. Il était un peu étonné d'abord que la Nagate apporte sa petite personnelle dans la conversation, avant d'aborder encore d'autres détails de sa vie de femme d'affaires ; oui, qu'elle tenait plusieurs établissements, il était indéniable qu'elle avait le sens du commerce dans le sang, et qu'elle avait des projets. Car mine de rien, l'opium et les spectacles, cela plaisait à tous, même si les drogues n'étaient pas vraiment la tasse de thé de notre Duc. Mais c'était un commerce lucratif. La preuve en était la Nagate. Aurait-elle donc besoin de lui pour assurer sa main mise sur Inveïs ? Il n'était pas le duc de cette ville pourtant....

Mais quand elle affirma qu'elle s'intéressait à lui sans plus grands détails, cela maintenait l'esprit intrigué d'Ashan en éveil. Peut être qu'il était trop tôt encore pour demander la raison exacte de sa venue, car pour lui, il n'y avait pas qu'une question d'une grande curiosité à son égard... Il se demandait ce qu'il pouvait avoir lui, d'intéressant, hormis son histoire actuelle. Mais il verra bien.

''Je serai bien curieux de savoir ce qui porte votre intérêt sur ma personne, Ma Dame. Je ne suis qu'un Duc de province, en comparaison du Duc d'Inveïs ou de la Duchesse de Vinche. Il est vrai que pour ma part, et ce n'est plus un secret pour personne, que j'ai retrouvé mon rang qu'après une vingtaine d'années à servir comme simple mercenaire dans les Duchés et quelques contrées environnantes. Mon Duché est encore en cours de reconstruction, mais n'aura plus à pâlir de sa petitesse en comparaison des autres. Pour satisfaire votre curiosité, vous pouvez porter quelques questions, si vous le souhaiter, j'y répondrai. Je ne voudrai pas vous porter de torts quand à votre souhait de mieux me connaître...''

La Lamia était plutôt à l'aise, et un peu joueuse. Accueillant le Duc comme il se devait sans pour autant faire trop de politesses en fonction du tempérament de ce dernier, elle avait une certaine facilité à s'adapter pour que la situation reste maîtrisée. Cependant, la situation en l'état actuel n'était pas critique, pour le moment, alors il n'y avait pas de quoi s'affoler. Elle appréciait ce petit jeu, maintenir éveillé la curiosité du Duc avec cette facilité était plutôt plaisant, comme une enfant appréciant jouer ainsi, innocemment. Elle sourit, donc, appréciant le parler et les manières du Duc, puis recevant avec plaisir les flatteries et autres qui lui parvenaient.

Alors, laissant son verre de côté, elle joignit ses mains avec son tendre sourire, le regard pomme figé dans le sien. Un regard soutenu, peut-être malaisant, mais surtout avisé. Elle avait cette impression analytique, calculatoire, comme si les ficelles des codes sociaux se présentaient devant elle, et il ne lui suffisait que d'en saisir une pour en manipuler les secrets.

Eh bien, c'est simple. Vous êtes un homme très charmant.

Elle laissa quelques secondes, joueuse, avant de reprendre en un petit rire plutôt agréable.

Outre cela, vous n'avez pas hésité à défendre le Duc. Etait-ce votre devoir ? Je l'ignore, étiez vous sûr d'en sortir vivant ? Je n'en ai pas eu l'impression. Vous n'avez pas hésité, et c'est plutôt remarquable.

Elle reprit son verre pour en tirer quelques gorgées.

Vous avez un Duché, donc, et c'est là quelque chose de tout à fait louable. Bien que ce sont deux choses totalement différentes, au final nous ne sommes rien de plus que deux personnes à la tête d'une entreprise. Si je puis accéder à quelques questions, permettez moi donc d'en poser ; quels sont vos objectifs concernant le Duché ? Vos priorités ? Quels moyens envisagez vous d'appliquer ?

Paisiblement prélassée dans ses coussins, et son imposante queue enroulée sur elle même, elle regardait toujours Peddyr.

Suite à cela, je vous parlerai davantage de mes fumeries.

Peddyr porta une nouvelle fois son verre à ses lèvres, pour prendre une nouvelle et toute petite gorgée du bourbon akkatonien, histoire de cacher un peu son léger désappointement quand son hôtesse évoqua les véritables raisons quand à l'intérêt qu'elle lui portait. Il avait un peu soupçonné cela quand il était arrivé devant le Camélia, avant de songer que Madame Qi visait plus les affaires et certains intérêts commerciaux qu'un point plus personnel. Et pourtant... A voir cette étrange étincelle à la surface de ses pupilles, pendant qu'elle regardait. Elle l'observait en fait, d'une certaine intensité qui pourrait mettre mal à l'aise certains individus. Peddyr le fut peut être quelques secondes, mais ne laissait rien transparaître, gardant son regard dans le sien, pendant qu'il retira le bord de son verre de ses lèvres.

Madame Qi veillait à prendre des postures joignant l'agréable à sa confiance en elle. Elle était totalement à son aise, dans son élément même. Elle voulait peut être montrer qu'elle maîtrisait entièrement cette entrevue. Et dire qu'elle le trouvait charmant... Certains Ducs auraient apprécié le compliment, Ashan était moins sensible à cela, du fait que durant des années, il avait mené une vie au jour le jour en tant que mercenaire. Donc, savourer les mors suaves de la gente féminine n'avait pas été dans ses priorités. Et puis, avec le temps faisant son ouvrage, il avait vieilli. Malgré le passage des années, il demeurait un homme encore fringuant et en pleine forme. Ca, il ne le voyait pas lui même, donc forcément, c'était assez difficile d'appréhender l'intérêt des femmes à son égard, plus maintenant qu'il avait retrouvé son rang que tout récemment, alors il menait cette nouvelle existence avec prudence.

Alors, à cela, il ne pouvait faire qu'une chose correcte : demeurer courtois. Donc, d'un léger sourire, il remercia la Lamia de son compliment.

''Merci, vous me flattez que je vais finir par en rougir.''

Puis, d'autres questions fusèrent d'entre ses lèvres féminines, abordant des points tout autre, mais qui ne s'éloignaient guère de l'intérêt qu'elle lui portait. Selon lui, elle cherchait à en savoir un peu plus, avant d'aborder, un point final de comment la conversation pourrait se poursuivre. En somme, elle guettait la valeur de ses réponses, pour amener -peut-être- le sujet de leur échange verbal vers un aspect un peu plus financier. Ashan accepta de répondre aux questions un peu plus personnelles de son hôtesse.

''Quand nous avons été attaqués par ces fourbes, il y avait le Duc Giovanni, vous, La Duchesse de Vinche et tous les autres invités qui étaient à défendre. Dire que c'était mon devoir, je ne pourrai vous le dire que c'était cela dans son intégralité. J'ai pris les armes pour me défendre comme pour défendre les autres. Mon devoir était de repousser l'ennemi en essayant de limiter les pertes des alliés. Voyez cela comme un devoir de mercenaire duchéen...De plus, je n'ai jamais fui l'affrontement. Ce n'était pas avec ces soudards de Teïder que j'allais frémir de peur ou jouer de lâcheté. ''

Mais n'avait-il pas été lâche durant des années avant de se décider à affronter son propre passé ? Il préférait taire cette question, rebondissant sur l'autre question posée par la Lamia

''J'envisage de faire fructifier mon domaine, et dans ce sens, mes propriétés du moment sont de trouver les finances pour aider à sa reconstruction, car ces vingt dernières années ont été mal géré avant que je reprenne les rênes. Et pour les moyens d'y parvenir, c'est de voir quels services je peux apporter pour avoir un juste retour, qui m'aiderait dans mes desseins, tant que cela reste dans mes convictions....''

Par exemple, l'esclavage, il n'y adhérait pas du tout... Pour l'affaire des fumeries.... il n'y avait pas que la drogue au sens large dans ce genre d'activités. Les gens avaient besoin de d'autres denrées, comme de la nourriture, certaines choses plus matérielles, de la boisson... peut être qu'il pourrait être apte à fournir quelque chose, si c'est cela qu'elle cherchait.

Kheizhidji était attentive, à l'écoute. Chaque parole qu'elle captait était traitée, ne laissant place à aucun hasard, alors qu'elle conservait sa posture maîtrisée. Elle continuait d'observer le duc, avec la même intensité, et lorsque vint son moment pour répondre, elle s'y attela avec une certaine aisance.

Vous êtes modeste, ce qui est compréhensible et plutôt rare. Quoi qu'il en soit, vous pouvez être fier avoir combattu.

Quant à votre domaine... Si c'est une question de finances, me voilà. Bien évidemment, vous comptez sur votre indépendance alors je ne me permettrait pas de vous financer intégralement sans retour. Je suis ouverte à la négociation d'un accord, surtout si vous comptez vous lancer dans l'agriculture et la production locale. Mais... Nous en discuterons en détail plus tard, les affaires peuvent attendre.

Elle marqua un instant, commençant alors à se relever de son assise pour se rapprocher d'Ashan, dans une sorte de mini danse serpentine par ses mimiques.

Maintenant que j'en sais de vous, il est temps pour vous d'en savoir sur moi. Voyez vous, je suis commerçante, je m'étend dans le monde et possède une affaire fleurissante... Mais je ne me contente pas que de ça.

Elle souriait simplement, posant une main chaste, pour le moment, sur la cuisse du Duc pour se permettre de se pencher davantage contre lui, nez relevé de manière à ce que son visage soit proche du sien, son corps n'en étant pas loin non plus.

En plus d'offrir des représentations et accompagnements d'officiels, je gère un réseau d'information privé qui commence à prendre une ampleur mondiale. Je commence à savoir un peu tout ce qu'il se passe dans le monde, si l'on veut le résumer.

Sur ces mots murmurés, elle était assez proche d'Ashan, son corps dominant le sien d'une certaine manière, alors que ce dernier sentit subitement la pointe d'une lame contre sa gorge, lame insoupçonnée qui lui apparu en main. Murmurant à son oreille, elle usait de son intimidation préférée.

Et je suis certaine qu'en plus d'apprécier mes services, vous ne risquerez pas d'y orter préjudice. Maintenant que les présentations officielles sont faites, que diriez vous d'apprendre à se connaître un peu plus personnellement ?

Sa lame, maîtrisée, toujours contre la gorge de son visiteur, elle semblait jouer avec un certaine amusement, comme un chat jouant avec sa souris.

Voilà qu'elle le complimentait encore un peu avant de commencer à aborder un début possible de négociation pour des intérêts commerciaux. Jusque là, cela progressait dans un certain sens, qu'Ashan guettait principalement d'ailleurs. Mais il déjanta rapidement quand, après s'être rapprochée non sans une certaine sensualité serpentine, elle avoua qu'elle ne se contentait pas que de conversation de négoces et de pourparlers financiers en vue d'agrandir son commerce. Il le comprit aisément quand elle posa une main douce sur sa cuisse, tout en s'étant rapprochée de son visage. Il ne plus guère de ses attentions premières, au vue de tous les signes significatifs qu'elle lui dévoilait. Ses yeux étaient rivés sur les siens, commençant à être quelque peu tendu. Certes, la Naga était une belle femme, et qui visiblement savait ce qu'elle voulait, au vue de sa magnificence. Mais était-ce simplement par jeu ou cherchait-elle réellement un aboutissement autre que commercial ? Sa proximité en tout cas, ne pouvait laisser un homme indifférent, même raisonnable comme Ashan. Mais il demeurait prudent.

Elle était désormais proche, très proche et qu'en cas de revirement impromptu, il ne pourrait esquiver ou parer.... Mais peut être qu'il se faisait des idées... Pourtant, son esprit de mercenaire lui demandait de ne pas baisser la garde et de reculer, pour mieux évaluer la situation. Malgré cela, elle avait apporté encore un autre détail quand à ses services : elle contrôlait un réseau d'informateurs, qui à l'entendre, étendait sa toile dans bien des contrées. Voilà qui était important à savoir, comme cela pouvait être dangereux d'ailleurs. Mais peut être qu'elle appréciait le danger, au point qu'elle s'était encore rapproché de l'humain. Cette fois, il envisagea de reculer un peu, par courtoisie. Mais avant d'exécuter le recul, comme si la Naga avait prévu le coup, lui fit sentir une pointe métallique acérée.

Se raidissant sous la menace, ses yeux s'étaient baissé machinalement pour tenter de voir la courte lame, avant de refixer à nouveau la Naga, qui susurrait déjà son oreille, se plaisant déjà dans l'action qu'elle venait de porter à l'égard de l'humain. Ashan serra les dents. Comment pourrait-il porter préjudice à ses affaires, vu que de base, il était venu pour discuter de cela ? Peut être qu'elle voyait en lui une possible menace, après avoir compris quelques points du caractère du Duc ? D'ordinaire, les serpents ne mordraient que s'ils se sentaient menacés.

Le coeur battait un peu plus fortement dans sa poitrine, face au risque mortel qui se profilait contre sa gorge. Il se retenait même de déglutir, craignant de provoquer une entaille tellement la pointe se pressant contre la peau fine qui retenait si fragilement le fluide vital. Et son hôtesse qui souhaitait qu'ils apprennent à se connaître mutuellement de manière plus... personnelle... Sous le coup de la menace qui plus était. Peut être qu'elle le testait... Ou alors, elle se plaisait à entrer dans le vif du sujet de cette manière, pour évaluer ses invités avant d'aller au delà... En tout cas, Ashan ne tenait pas vraiment demeurer immobile..

Sa main n'était pas loin de la Nage, tellement son corps était proche du sien ; il crut sentit la glisse de ses écailles, tout comme il crut percevoir les délicats mouvements musculaire qui la faisait se mouvoir avec volupté.

''Je ne vois pas comment je pourrai porter préjudice à vos affaires... parce que je n'ai aucun intérêt à le faire et ensuite.... parce que vous me tenez d'une certaine mesure sous votre joug...''

Il invoqua la lame d'Ilfrido, qui apparut sans sa main. La pointe appuyait légèrement sur le flanc de la belle naga ; rien de bien mortel pour elle, contrairement à lui. Là, il jouait dangereusement et il sentit même une légère sueur froide couler entre les omoplates.

''Par contre, je tiens à demeurer en vie. Il serait navrant que vous héritiez d'une cicatrice en plus de la perte de quelques écailles. Cela toucherait un peu à votre magnificence. Avouez que ce serait regrettable....''

La Lamia frémissait à chaque instant de cette situation. La proximité, le calcul avisé de ses mouvements, de sa position, sa lame contre le cou du Duc... Elle se plaisait à son propre jeu, et Ashan était un partenaire plutôt prometteur. Elle ressentait un soupçon de désir avant qu'il ne se tende, et devhinait aisément la pupille du Duc se réduire alors qu'il réalisait la situation. Que c'était excitant ! Son cœur s'accélérait...

Voyez cela comme une manière d'entrer dans le vif du sujet, et...

Son corps frôlait celui du Duc, alors qu'il était sous son joug, puis fut prit d'un léger soubresaut en sentant la pointe de la lame adverse contre elle. Un autre frémissement. Son sourire grandit, sincère alors qu'elle plongea son regard dans celui du Duc, maintenant sa lame appuyée contre sa gorge. Elle poursuivit, sur un murmure, l'air plutôt satisfaite de l'instant.

Oh... Vous n'êtes pas sans réagir... Cela à tendance à me plaire, Mhh.

Subitement, avec délicatesse, elle ôta sa lame du cou du Duc, restant à proximité, son visage face au sien. Jouant un peu avec son couteau, elle vient poser la lame sur la joue de son interlocuteur sans appuyer, la caressant de la pointe distraitement. Sa main calée sur la cuisse du Duc n'avait pas bougée, conservant sa présence délicate.

Qu'en dites vous, je pense que nous avons trouvé un terrain d'entente... Dites moi donc, mon cher Duc, pourquoi avez vous accepté et honoré mon invitation ? L'accueil de Madame Qin vous convient-il ?

Elle sentait la lame d'Ashan, s'il la maintenait, contre son flanc, et elle ne s'en sentit pas dérangée pour autant, au contraire. Elle le regardait dans les yeux, sondant son âme, alors qu'elle jouait avec sa lame.

En sentant la pointe de l'arme du Duc contre sa peau écailleuse, elle avait eu un bref sursaut. Elle ne s'était pas attendu à la réaction de son invitée. Mais chose certaine, elle demeura maîtresse d'elle-même face à la menace métallique qui la menaçait en retour. En même temps, malgré cette petite surprise piquante, elle dominait toujours la situation. Ashan ne pourrait que la blesser alors qu'elle, elle lui arracherait la vie en quelques secondes rien qu'en faisant un simple mouvement de son délicat poignet.

Face à la réaction d'Ashan, elle avait fait un large sourire, comme captivée de voir que sa proie réagissait dans un bon sens et non à trembler de peur, ou à chouiner de le laisser en vie. Dans ce dernier cas, elle ne se serait pas donner la peine de l'inviter, après l'attaque traître des Teïderiens au palais de Giovanni. Elle l'avait vu se battre, dresser sa rapière contre l'ennemi, quitte à tenir bon malgré les blessures reçues. Donc forcément, si elle l'avait vu apeuré par un rude combat, elle n'aurait pas perdu de temps avec lui.

Ashan était toujours immobile, ne quittant pas du regard la Naga, qui profitait de la situation. Elle s'en extasiait même, et en plus de cela, elle avait toujours sa main posé sur sa cuisse, qui n'avait pas bougé. Clairement, l'humain avait parfaitement compris où elle voulait en venir, même si elle s'amusait à jouer avec lui, sa proie du moment. Malgré tout, il tenait toujours et fermement sa lame, la gardant en contact avec la peau saurienne de la jeune femme serpentine. Car même si la pointe ne menaçait désormais plus sa gorge, il sentait son contact glacial contre sa joue, passant telle une plume caressante, comme pour éprouver ses réactions, tout en entamant une démarche plus qu'avenante.

L'humain avait toujours le coeur battant, grandement provoquée par la présente lame maniée avec une douceur séductrice par Madame Qin. Puis, à nouveau, elle l'interrogea, pour savoir pourquoi il avait accepté son invitation. C'est vrai qu'il était venu de son plein gré, sans savoir de base pourquoi elle l'avait invitée. Certains Ducs diraient que c'est courir après le danger, mais elle avait été présente au Grand Bal, donc une invitée de marque qui n'était pas à négliger de prime abord... et puis, Ashan avait besoin d'étudier les diverses possibilités qui s'offraient à lui pour que son Duché puisse retrouver sa petite splendeur d'autan...

Sa respiration s'était un peu accélérée, il s'en rendait compte que maintenant. Sans doute était-ce pour compenser la réaction qu'il avait avec le danger que représentait cette lame qui se baladait langoureusement contre sa joue.

''Il aurait été inconvenant de refuser l'invitation d'une Dame telle que vous... Je suis venu en premier lieu, pour savoir si vous souhaitiez me rencontre pour parler affaires.... et visiblement, le terrain se porter à discutailler affaires, même si je ne voyais pas les ouvertures des négociations sous cette forme...''

Pour faire comprendre subtilement l'image, il se contenta de rappeler la présence de sa lame contre son flanc serpentin, mais juste en imposant une très pression.

''L'accueil est... spéciale, mais pas dénuée de charme, avec une petite touche piquante...''

Il finir par retirer sa rapière de sa place menaçante. Il comprenait très bien ce qui risquait de lui arriver par la suite, et dans un sens, cela ne serait peut être pas si désagréable que cela, malgré la présence du couteau toujours tenu en main par la Nagate. Si elle l'avait vraiment voulu, il serait déjà mort depuis plus d'une minute... Même si elle était Nagate, elle ne manquait pas de jouer de sa beauté, avec une séduction très vipèrine...

''Et je suis certain que l'accueil n'est qu'à ses débuts ? ''

L'instant semblait figé dans le temps, chaque seconde terriblement longue alors que Kheizhidji plongeait son regard dans celui de son partenaire. Elle sondait son âme, ou en tout cas le faisait de manière imagée, tout en maintenant son emprise sur lui. Elle souriait, satisfaite. Elle pouvait deviner le cœur du Duc qui battait sous cette emprise, et son regard. Peut-être même une goutte de sueur... La tension était à son comble. La lame contre la Lamia ne la laissa pas indifférente tout autant, frémissant au contact du métal froid tandis qu'elle faisait face à son invité. Alors qu'il répondait à ses questions, elle remonta sa main le long de la cuisse du Duc pour se caler contre son flanc, attentive. Elle ne répondit pas directement, ayant l'air d'être d'accord avec ses premiers propos d'un seul regard et d'un souffle amusé. Et quand il mentionna la touche piquante, elle sourit davantage en coin avec un air joueuse, comme une prédatrice avec sa proie.

Puis, le Duc ôta sa lame pour paraître moins menaçant, probablement, et sur ceci la Lamia en profita pour coller son buste contre le sien, resserrant la distance qui les séparait. Son visage face au sien, elle laissa quelques secondes alors que son regard vert de pomme observa attentivement les traits du Duc, le souffle de la Lamia perceptible à cette distance, puis elle ôta sa lame de la joue d'Ashan. Aussitôt fait, vivement et habilement, elle fit tournoyer la lame entre ses doigts pour tendre le bras vers la droite sans regarder, propulsant le couteau de lancer pour qu'il se loge dans un meuble non loin... Puis elle prit la parole.

Mhh. Eh bien, poursuivons nos négociations.

Le regard charmeur, le visage plaisant, elle continuait de mener la marche alors que, sur ces mots, elle pressa délicatement sa main contre la joue de son invité, venant lui offrir un baiser spécial Madame Qin ; une exception saveur bourbon.

Totalement, son hôtesse appréciait la tension qu'elle avait provoqué. Doucement, pendant qu'Ashan gardait ses muscles aptes à répondre au moindre geste empli de dangerosité, la Nagate avait remonté sa main, non sans une douceur enjôleuse, de la cuisse de son invité vers son flanc. A chaque centimètre, elle avait dû savourer la contraction musculaire de l'homme qu'elle tenait en joue avec sa dague. Au vue de la situation, Ashan ne doutait guère que ce genre de ''provocation'' était comme un test avec les gens qu'elle appelait à venir chez elle, appréciant ou pas leur capacité à ne pas sombrer dans la panique ou la peur quitte à en pleurer. Ashan avait vu pire, avait déjà vue la mort d'assez près ; de trop près même, y a des années, mais même s'il se doutait grandement de la finalité de cette petite entrevue un peu tranchante, il demeurait toujours prudent, bien qu'il ait retiré sa lame.

A ce geste de bonne volonté, la nagate avait répondu d'une manière correspond à ses humeurs du moment : de manière très séductrice, dans un sens très compréhensible. A moins d'être un idiot, le message était très claire. Quand une femme  colle son buste plantureux et ferme contre le vôtre, rapprochant son visage pour réduire la distance entre vous et elle, on comprenait plus qu'aisément comment la suite de l'entrevue allait se poursuivre. Mais la question qui demeurait en suspens était la suivante : est ce qu'Ashan allait y succomber ?

Le visage de la Lamia était proche, tellement proche qu'il sentait son souffle contre sa peau, pendant qu'elle le détaillait avec un peu plus de minutie, toujours en le gardant sous la coupe du tranchant de sa courte lame, qui se pressait non sans une certaine subtilité contre sa joue. Puis, avec une maîtrise parfaite, elle joua avec son arme entre ses doigts, après avoir épargné son contact de la peau du Duc. Elle jongla brièvement avec avant de la jeter dans les airs vers une cible éloignée. Un meuble de ses appartements fit les frais de ses choix. Puis, elle parla de poursuivre les négociations, non sans un sourire d'un certain désir lisible sur son visage. Et là, elle l'embrassa

Il sentit le contact de ses lèvres chaudes contre ses lèvres, avec la saveur de son excellent bourbon en prime. Ashan ne put guère refusé cette approche de négoce, acceptant ce contact. Mieux même, il alla doucement à sa rencontre, acceptant ce baiser chaleureux, même s'il y avait un intérêt futur derrière. Depuis qu'il avait repris ce qui lui revenait de droit, vivre au jour le jour demeurait un peu de mise, surtout pour ce genre d'échange.

Se laissant totalement prendre dans le jeu de la nagate, Ashan rechercha le contact de son baiser, se montrant même un peu fougueux. Quitte à parler de négociations, autant prendre part non sans un certain plaisir aux préliminaires.....Dire que de base, il avait plus imaginé une rencontre de discussion de conversation commerciale entrecoupée d'un partage de quelques boissons alcoolisées, le tout se mêlant à quelques moeurs nagas. Mais pas au point d'avoir un échange plus... physique... Ashan aurait pu totalement refuser les avances de son hôtesse. Mais il demeurait un homme, un humain après tout, ayant préféré céder que de résister. La résistance aurait été plus que frustrante au vue de la... situation.

La Nagate aura tout le loisir d'avoir un partenaire pour la nuit se montrant prévenant qu'audacieux, tout en demeurant dans la prudence. L'épisode de la dague proche de sa gorge était toujours bien ancré. La proximité d'un autre possible danger donnera en tout cas des frissons. A rajouter à cela que Madame Qi pourra découvrir dans ses possibles explorations qu'elle avait bien pressenti les choses quand elle avait jugé Ashan comme un homme vigoureux malgré son âge qui commençait à être avancé.

En clair, l'invité de la nagate ne repartira pas avant la première moitié de l'après midi.

La lamia profitait de chaque instant. Sa main proche du corps alerte du mercenaire, son visage proche du sien. Elle en savourait chaque seconde. Puis, elle l'embrassa. Elle l'embrassa avec tendresse, et une pointe de fougue, alors que son corps restait collé à celui du Duchéen.

Kheizhidji avait plutôt apprécié la réaction du Duc face à la menace, et ce qui s'en suivit ne la laissa pas insatisfaite. Les négociations avaient prit un tournant agréable et plutôt pimenté, alors que la Lamia jouait habilement avec son invité. Elle prenait le dessus et menait la danse à chaque instant, dénotant d'un certain sens du contrôle et d'assurance de sa part, sûrement une déformation professionnelle...

Et Ashan pouvait avoir la satisfaction de ne pas se sentir menacé tout le temps que lui et Kheizhidji jouaient mutuellement. Elle avait laissé son poignard planté là où il l'était, et si, au fur et à mesure que chacun découvrit l'autre, le Duchéen constata la présence d'un second poignard identique au premier caché dans la tenue de la Nagate, il ne fut en aucun cas un danger et fut jeté plus loin.

C'était donc ainsi que la relation entre la commerçante Ikhyldienne et le Duc en rédemption commençait avec un certain point d'apothéose, la Lamia n'ayant pas lésiné sur la manière d'apporter les choses... Et c'est une bonne partie de l'après midi passé ensemble que, sur la fin, la Lamia finit par "s'asseoir", comme le faisaient les Nagas, sur le bord de son lit en observant très silencieusement son invité. Elle prit un instant pour saisir une petite boîte le temps que son partenaire se remette, préparant tranquillement sa pipe à opium alors que la Lamia effectuait son petit rituel quand elle se sentait bien. Alcoolique et consommatrice de drogues, elle glissa la pipe dans sa bouche pour entamer la substance. Elle laissa la fumée s'échapper dans l'air, la recrachant en un souffle long et constant, avant de reposer son regard sur Ashan. Elle le détaillait alors qu'elle fumait élégamment de sa pipe longiligne, légèrement coincée contre la paume de sa main, ses doigts la maintenant avec délicatesse, elle offrait une jolie vision de sa personne prenant la pose avec sa pipe.

Elle souriait finement, satisfaite alors qu'elle reprenait son souffle, puis finit par faire face au Duchéen tout en jetant un oeil sur ses vêtements jetés un peu partout dans la pièce.

Bien. Je suppose que nous pouvons conclure d'un accord commercial, et d'une amitié prometteuse.

L'odeur particulière de l'opium montait légèrement dans l'air, pendant que la Nagate prenait une pose sereine et posée, tenant sa pipe comme s'il s'agissait d'une plume précieuse, fragile au point de rompre au moindre mouvement de ses doigts. Sensuelle jusqu'au bout des ongles, me diriez vous... Ou qu'Ashan percevait la vision quand il se cala mieux sur un langoureux coussin. Mine de rien, Dame Qi avait bien caché son jeu, durant cette... frénétique rencontre. Elle avait su profiter de sa maîtrise comme s'il était confronté à tout risque potentiel en cas de dérive. Elle s'était même plu à lui faire découvrir un second poignard, comme pour jouer un nouvel air de menace silencieuse... avant qu'elle ne se défasse de cette seconde lame habilement dissimulé sous sa tenue. A croire qu'elle avait guetté sa réaction lors de la découverte de l'objet tranchant. Mais tout s'était sensuellement bien passé, même si les deux partenaires avaient su joué l'un avec l'autre. Peut être même plus la lamia qui avait mené la danse.

Lui aussi reprenait son souffle et il ne pouvait s'empêcher d'avoir un léger sourire satisfait. Y avait pas à dire, cela n'avait rien à voir avec des femmes qui vous tient compagnie l'espace d'une nuit contre rémunération. Mais là... Lui aussi regarda où se trouvait ses vêtements et se retint de rire en les voyant un peu éparpillés partout. Il y avait pas à dire, ca avait été actif !

Non, réellement, il ne regrettait pas d'avoir cédé, même s'il y avait eu la menace des dagues, qui trônaient chacune dans leur coin depuis que leur propriétaire s'était défaite d'eux.

Il observait la lamia, appréciant le spectacle de son corps. Mais, peut être qu'il était temps de parler affaire.

''nous pouvons conclure des deux en effet. Pour le premier, il faudra voir ce que vous souhaitiez mettre en avant. Mon duché est modeste et commence seulement à se remettre des combats menés pour que je le reprenne. Peut être que je peux proposer des plantes médicinales. Si je ne me trompe pas, vous avez des employés qui pourraient bénéficier de quelques petits avantages à portée de main, sans que cela vous coûte trop cher....''

Elle prenait son temps. La fumée spectrale et volatile de la drogue se répandait dans la pièce avec une extrême légèreté, erratique, le bec de la pipe se coinçant de temps en temps entre les lèvres hypnotisantes de la Lamia. Elle en tira une bouffée. Son corps, reposé en posture de relaxation, ne bougea pas davantage, si ce n'est les mouvements de son buste animé par sa respiration calme et sereine. Elle recracha la fumée. En un mince filet projeté ainsi dans l'espace aérien, les volutes se chevauchant et se succédant avant de se fondre dans l'atmosphère.

Puis elle planta son regard dans celui du Duchéen. Non sans détailler son corps pour mieux apprécier l'issue merveilleuse de leur interaction, elle revint le fixer, son iris vert de pomme toujours aussi éclatant. Elle serrait sa pipe entre ses doigts toujours aussi fermement sans pour autant l'abîmer, puis étira un sourire avant de s'exprimer.

Je perçoit plusieurs choses. La première, c'est que mon établissement sera doté d'un service de restauration conséquent qui nécessitera des matières premières en quantité. C'est là que je vous propose donc d'acheter vos produits régulièrement, lorsque vous pourrez l'assumer à terme bien sûr.

De l'autre côté, le bonheur de mes employés pourraient passer par une visite de vos duchés et autres services, une bonne chose à déterminer à terme.

Elle marqua un petit temps, calmement, avant de reprendre.

Ça, c'est un début. Ensuite, pour vos projets d'avenir, souhaitez vous développer la médecine ? À vrai dire, ça vous regarde. Mais comme tout projet ça se travaille. J'ai quelques idées néanmoins, la première étant d'organiser un festival chez vous et d'en faire la promotion dans mon établissement. Les intéressés pourront être escortés en calèche, par exemple. À développer, mais sachez que vous disposez d'un... Outil de communication précieux.

Elle avait légèrement marqué le mot outil en parlant d'elle même, avec un certain amusement.

Quant à mes intérêts, comme dit de la production locale serait intéressante. D'un autre côté, concernant mon réseau d'informations, recruter et disperser mes employés dans votre duché comme lieu de rendez vous récurrent me permettrait de me détacher d'Inveïs, et me doter d'une meilleure flexibilité dans cette activité.

Puis, elle poursuivit peu après.

Et dans les projets immédiats, je préparerai une cérémonie d'ouverture pour cet établissement dans les semaines à venir. Je vous tiendrait au courant, et êtes bien sûr invité. Ce sera une occasion supplémentaire de vous faire connaître.

Ashan l’observait toujours, pendant qu’elle portait la fine pipe à ses lèvres pour en tirer quelques bouffées. L’air commençait à être envahi de voluptés de fumée, qui s’entortillaient entre elles tels des serpents, avant de s’épandre et se déliter lentement. Ne restait que l’odeur de l’opium, si reconnaissable à l’odeur. Bien entendu, pour un fumeur régulier, ces effluves ne posaient pas de soucis, mais pour un individu n’en consommant pas du tout comme Ashan, l’odeur pouvait avoir une autre odeur, même si c’était un poil familier. Ashan avait déjà visité des lieux où on fumait l’opium, mais pas pour en profiter. La drogue était a consommer avec parcimonie selon lui et le risque d’en devenir dépendant se résumait juste à un faux pas. Mais ce n’était qu’un détail sur le moment et Ashan ne s’y attarda pas ; ou presque. Car inconsciemment, il savait que malgré ses convictions sur ce point, il devra faire quelques concessions, malheureusement.

La Lamia, après avoir retiré sa pire, avait émis un large sourire. Il semblait que ce que proposait Peddyr l’intéressait. Il l’écouta avec la plus grande attention. De ce qu’énonça son hôtesse était intéressant, mais il guettait la contrepartie. Car une dame de sa position ne donnait pas tout cela simplement pour gagner de l’argent. Il y avait plus en jeu.

Bien, maintenant qu’il y avait de nombreux projets possibles et qui seraient avantageux pour eux deux, Ashan reprit la parole.

’’Vu que l’agriculture est un des piliers à remettre en état pour le fonctionnement de mon Duché, il est certain que ce ne sera qu’une questions de saisons pour réussir à fournir des denrées pour fournir votre établissement. Je ne vous gage pas de vous pourvoir en quantité, mais la qualité sera présente. Quand à la visite de vos employés, il faudra voir un peu plus tard ce que je pourrai réellement proposer dans la mesure où je n’ai pour l’instant aucun installation adéquate pour la détente ou encore le repos de vos gens. Comme vous le dites, à voir à terme, mais je ne suis pas fermé à cette idée‘’

A voir dans quelques années possiblement, et dans quoi, quand la guerre avec Teïder sera passée et que le dynamisme économique provoquée par ce conflit pousse à trouver d’autres parts de marché.

’’C’est bien quelques projets, mais il faut que je vois après si j’ai les reins assez solides pour soutenir ces projets. D’abord, je m’occupe des principaux, pour la remise en état du Duché. L’idée du festival est bonne. Cela aussi je garde cette idée sous le coude….’’

Il ne manqua pas de répondre au sourire de Madame Qi par un autre sur ses lèvres. Il avait compris qui était l’outil… Par contre, pour le renseignement, il devait poser les pieds avec prudence. Quand il était mercenaire, ce genre d’activité lui importait que pour ses contrats. Mais maintenant qu’il était à nouveau Duc, il devait composer avec et ne pourrait s’en détacher, plus encore qu’il devait faire quelques petites choses comme la plupart des Ducs le faisaient ; difficile de préserver ses convictions sans pour autant frôler avec quelques petites choses inverses.

’’Il faudrait développer cela d’une manière lente, pour pas que vous attiriez l’attention. Il est vrai que la concurrence est rude dans les Duchés pour ce domaine là. Par contre, je ne suis pas contre de vous servir… de point d’intermédiaire, mais j’aimerai pouvoir exercer un certain contrôle. Ou alors peut être trouver un terrain d’entente pour partager judicieusement certaines informations ? Il ne faudrait pas qu’on se retrouve tous les deux pris en étau au moindre dérapage. ‘’

A voir comment elle réagira à cela.

’’Ce sera avec plaisir que je répondrai à cette invitation. ‘’

Pour mieux se faire connaître…. Pour ne pas se louper surtout à se faire connaître.

La Lamia était toujours aussi sensuelle et satisfaite. Tirant une nouvelle bouffée sur sa pipe, elle recracha la fumée spectrale avec toujours autant de panache alors qu'elle se pencha sur le côté pour déposer sa pipe... La déposer délicatement sur le rebord du lit, le métal et l'ivoire la constituant entrant en contact avec la charpente du meuble dans une légèreté presque surréaliste. Puis, elle se redressa, plantant de nouveau son regard dans celui de son interlocuteur, alors qu'elle s'approche de lui presque menaçante pour simplement se poser, plus proche, et répondre avec calme.

Bien, concernant l'agriculture cela reste en développement et nous sommes tous deux conscients des avantages que cela peut engendrer malgré l'attente imposée. Voyons cela comme un investissement.

Puis elle réfléchit un bref instant concernant la potentielle installation de son réseau dans son Duché, et elle s'apprêtait à répondre. Il avait bien évidemment raison de vouloir garder un certain contrôle, et l'activité de la Lamia, bien que toujours reconnaissante d'avoir de l'aide extérieure, nécessiterait une rigueur et un respect des deux partis, sans équivoque.

Oui, bien entendu. Nous restons dans le cadre d'une collaboration, et votre territoire n'est pas le mien. Je suggère même de réfléchir à un système mêlant nos deux activités sans les rendre indispensables les unes des autres, plus dans le sens systémique que financier. Si vous ou moi sommes dans quelconque urgence, il serait bien d'avoir un plan de secours, voyez ? Pour nettoyer votre Duché de toutes traces de mon activité. Cela vous laisse une certaine marge de manoeuvre et vous décharger de toute responsabilité.

Puis elle sourit aimablement.

Sur ces mots, si nous n'avons plus rien à se dire à ces propos... Je ne vais bien évidemment pas vous jeter à la porte, alors je ne dis pas non à passer davantage de temps à discuter ou boire, qu'en dites vous ?